dimanche 5 juillet 2015

ALGERIE, NOURRIR 38 MILLIONS D'ALGERIENS

NOURRIR 38 MILLIONS D'ALGERIENS

Djamel Belaid     djam.bel@voila.fr actualisé le 28.06.2015

Depuis une cinquantaine d'années le consommateur algérien mange à sa faim. Par ailleurs, une transition alimentaire s'opère: la part de protéines dans sa ration alimentaire journalière est en progression. Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. Durant les années 1800, avec la colonisation, de terribles famines ont décimé la population. Plus proche de nous, durant les années 1930 des disettes ont touché les campagnes algériennes. Albert Camus a décrit cette misère noire dans les campagnes et ces hordes d'enfants affamés errant en haillons. L'aisance financière actuelle liée à la rente gazière fait que nous vivons dans l'illusion de l'abondance alimentaire. Mais sommes nous totalement à l'abri de ces épisodes terribles ou de troubles sociaux tels ceux liés à l'augmentation des prix des denrées alimentaires comme en 2011?

DU CHAMPS A L'ASSIETTE.

A travers le monde, le travail des agriculteurs les plus performants permet en moyenne de produire 4 600 kcal par jour et par personne. En fait, il ne s'agit que d'une disponibilité alimentaire apparente. Car, à ces 4 600 Kcal, il s'agit d'en ôter 600 perdues lors du transport et de la conservation des récoltes. Des 4 000 restantes, 800 sont perdues par gaspillage. Sur le lot de calories restantes, il faut encore déduire celles devant servir à l'alimentation des animaux d'élevage (1700 Kcal). En retour, les produits animaux ne procurent à l'homme que 500 kcal. En définitive, l'agriculture moderne n'apporte au consommateur que 2 500 kcal par jour.

Avant d'aborder la question de l'augmentation de la production agricole dans les champs, examinons le parcours de ces produits du champs à l'assiette du consommateur algérien.

LES PERTES A LA RECOLTE.

Le climat local sec et la consommation principale de glucides sous forme de grains de céréales permet une meilleure conservation des récoltes. Il faut cependant tenir compte de l'évolution de la ration alimentaire. Avec l'augmentation du niveau de vie, les protéines animales (lait, viandes, œufs), les légumes et fruits sont plus présentes. La consommation de pomme de terre prend une part de plus en plus importante. Or, il s'agit là de denrées extrêmement périssables. Lait, oeufs et pommes de terre doivent être conservées à des températures inférieures à 5°C voir moins parfois. Cela exige tanks réfrigérés pour le lait et chambres froides pour les autres produits.

Il y a encore quelques dizaines d'années, à l'Ouest du pays, les récoltes de pommes de terre étaient entreposées à l'ombre des arbres. La capacité des entrepôts rérigérés est en constante augmentation, mais an passé, face à l'abondance des récoltes de pomme de terre, la presse nationale rapporte qu' il a été question de recourir aux chambres froides de l'armée.

Mais même les céréales récoltées ne sont pas à l'abri des rongeurs et oiseaux. Les organismes de collecte telles les CCLS disposent de silos modernes, mais elles ne collectent pas toute la production locale. Qu'en est-il des conditions de conservation dans les petites exploitations ne disposant pas de cellules métalliques pour le stockage des grains.

Que faire?
  • Développer la production locale de silos métalliques, encourager le stockage des céréales à la ferme par un système de primes.
  • Développer l'industrie locale du froid et de la ventilation à 5°C.
  • Développer la transformation des fruits et légumes à faible durée de conservation par les procédés de séchage (figues, abricots, prunes, tomates), de déshydratation (flocons de pomme de terre), de mise en conserve ou d'ionisation.
LES PERTES ET GASPILLAGES DE PRODUITS ALIMENTAIRES EN ALGERIE

Le développement de l'équipement des ménages en réfrigérateurs et congélateurs permet une meilleure conservation des aliments et donc de réduire les pertes de produits alimentaires. Le gaspillage est sans commune mesures avec celles existantes en Europe. Mais, concernant le pain, il est encore fréquent de voir des baguettes entières finir dans des poubelles. Dans les cantines scolaires et restaurant de collectivités, il n'est pas rare de voir des assiettes à moitié entamées finir dans les poubelles.

Que faire?
  • sensibilisation du consommateur,
  • distribution de portions adaptées en restauration collective,
  • utilisation des restes alimentaires en alimentation animale (signatures d'accords entre collectivités et élevages, développement de micro poulaillers familiaux de poules pondeuses),
  • compostage ou méthanisation des déchets alimentaires,
  • « vérité des prix » concernant le pain ou du moins accès privilégié pour les ménages au revenus modestes 1?

Le compostage des déchets organiques peut être une source de fertilisants naturels pour l'agriculture. A l'étranger, une directive européenne prévoit l'interdiction progressive de la mise en décharge des déchets organiques. A partir de 2016, ceux-ci devront tous avoir été mis en plate-forme de compostage.

PERTE A LA CONVERSION PAR LES ANIMAUX D'ELEVAGE.

Pour un équivalent calorie produite par un animal, il en faut 5 d'origine végétale. C'est dire la faible rentabilité des élevages. La production de volailles possèdent cependant un taux de conversion des produits végétaux supérieur à celle des ruminants. Et, en Algérie, l'accent a très tôt été mis sur la production de viande blanche afin de satisfaire la couverture protéique des consommateurs. Cependant, l'élevage avicole local présente plusieurs inconvénients:
  • importations croissantes et massives de maïs et de soja,
  • importation de souches de poules étrangères.
Quant à l'élevage de ruminants, les inconvénients sont divers:
  • forte mobilisation de l'irrigation pour produire des fourrages,
  • surpâturage ovin à l'origine d'un grave processus de désertification de la steppe.

Si l'élevage des ruminants présente un faible rendement de conversion, il représente une production rémunératrice pour l'agriculteur. Il permet également la production de fumiers permettant la fertilisation des champs.


Que faire?
  • produire au moins partiellement localement des substituts au maïs et soja. Ces deux cultures sont difficiles à produire localement car elles nécessitent de grandes quantités d'eau.
  • produire localement du maïs par les techniques les plus efficientes d'irrigation (goutte à goutte enterré),
  • produire des fourrages locaux adaptés aux conditions climatiques (médicago sur jachères pâturées, sorgho, sulla, ...),
  • proposer aux consommateurs des substituts protéiques à la viande: soja, pois-chiches, lentilles. A ce jour, malgré le niveau des importations de viandes et d'aliments d'élevage, il n'a jamais été proposé au consommateur algérien du lait et fromage de soja, de la charcuterie hallal au soja. Quant aux pois-chiches et lentilles, si leur culture est largement subventionnée, le secteur agro-alimentaire n'a pas exploité toutes les possibilités d'utilisation de ces deux légumineuses.

ENCADRE: Remplacer partiellement le maïs par de l'orge.
L’ITELV (Institut Technique des Elevages) a réalisé des essais d'alimentation de poulets de chair avec de l'orge. Cet organismes conclut: « nous confirmons l’incorporation de l’orge sans additifs enzymatiques dans l’aliment du poulet de chair à des taux atteignant les 20% et 25% (respectivement pour les phases croissance et finition).
Ces taux ne détériorent pas l’efficacité alimentaire (Indice de Consommation), engendrant ainsi des niveaux de performances ( Poids vifs et gain de poids) qui ne présentent aucune différence sur le plan statistique par comparaison au témoin (Aliment à base de Maïs – soja) 2205gr Vs 2150gr et 1.85 Vs 1.83 pour (le poids vif et l’indice de consommation).
L’aliment présenté sous forme de granulé a permis l’obtention des meilleures performances (meilleure conversion alimentaire). Les facteurs antinutritionnels que renferme l’orge ne semblent pas avoir d’effets négatifs sur la consommation d’aliment et le taux de mortalité. Par ailleurs, la formule contenant l’orge permet une économie de 14% et 16% de Maïs pour (les phases de croissance et finition) par rapport au témoin, et a réduction du coût de production du kg de viande blanche pour le traitement orge ».Sources: Bulletin Trimestriel N°1–Janvier 2012



PRODUIRE, MAIS AVEC MOINS DE TERRES AGRICOLES.

Une fois les pertes, entre parcelles et assiettes, réduites éliminées voyons comment produire plus de produits agricoles. L'un des premiers facteurs est la terre. Or la terre agricole algérienne est menacée par plusieurs dangers. C'est le cas du béton et du bitume.

Les pouvoirs publics ont une responsabilité première quant à la préservation des terres agricoles. Ils peuvent s'appuyer sur plusieurs outils: plans locaux d'occupation des sols (avec destruction des constructions illicites), définition d'un mode de construction en hauteur, politique fiscale (instauration d'une taxe d'habitation élevée en zone Nord), …

Mais les terres agricoles ne sont pas seulement menacées par le bitume et le béton. Elles sont guettées par l'érosion hydrique et éolienne, la désertification (parcours steppiques) et la salinisation* par l'eau d'irrigation en absence de drainage.

Sans vouloir minimiser la grave menace que constitue l'urbanisation, il reste à souligner une évidence: même sous le béton, la Mitidja reste. Une urbanisation réduite et maîtrisée ne doit pas faire oublier la nécessité de développer une agriculture urbaine et péri-urbaine. Celles-ci peuvent prendre différentes formes:
  • jardins familiaux privés ou sur mini-concessions annuelles accordées par les APC,
  • jardins potagers dans les parcs des entreprises et administrations,
  • encouragements à la plantations d'arbres fruitiers et de vignes dans les cours privées ou allées publiques mais aussi en pied d'immeubles fertilisées par du compost de déchets ménagers et arrosés par de l'eau recyclée,
  • ceintures d'exploitations maraichères voire d'élevages autour des villes, voire parfois maillées à la ville comme au Japon.

Au moment où le consommateur est de plus en plus un urbain coupé de ses racines rurales, la pratique du jardinage est le moyen de rappeler la difficulté de faire pousser des plantes et donc de lutter contre le gaspillage de produits alimentaires.

Que faire?
  • Promouvoir les techniques dites « d'agriculture de conservation » (abandon du labour qui fragilise le sol et l'expose à l'érosion),
  • résorber la jachère travaillée grâce à un matériel adaptée et améliorer la jachère pâturée par le resemis des « prairies » annuelles.
  • adapter la charge de mouton à la richesse des parcours steppiques et impliquer les éleveurs par une politique de concession contrôlée et sur le long terme de ces parcours,
  • développement du drainage en zones irriguées,
  • développer les cultures maraichères « hors-sols » sous serres (tomates, concombre, salades, …). Les plantes poussent alors sur de la fibre de coco ou plongent directement leurs racines dans une solution nutritive.


LES TECHNIQUES RAISONNEES AU SERVICE DE L'AGRICULTURE.

Malgré les énormes progrès techniques réalisés ces dernières années, les exploitations agricoles présentent encore des gains de productivité non négligeables.

L'irrigation: L'eau reste le principal facteur limitant des rendements. Face aux colossaux investissements réalisés par l'Etat, il reste à développer les techniques d'irrigation les plus efficientes: aspersion, goutte à goutte.
La fertilisation des cultures: Les engrais sont encore insuffisamment utilisés. Cela est dû à leur prix mais également à une mauvaise adaptation de ces engrais aux types de sols.
Les produits phytosanitaires: De plus en plus décriés en Europe, les herbicides, insecticides et fongicides constituent pourtant de puissants outils d'augmentation des rendements. Utiliser de l'engrais et des semences sélectionnées en absence d'herbicides, c'est perdre 50% du potentiel de la culture. Ne pas traiter un champ de blé contre le risque de rouille (attaque de champignons), c'est risquer de perdre 80% de la récolte.

Des progrès énormes peuvent être également attendus par l'utilisation de variétés sélectionnées et par la mobilisation des sources de matières organiques afin d'en faire des amendements organiques (le terreau agricole constitue une véritable éponge pour le sol). En élevage, le manque d'amélioration des races de bovins et ovins locaux est à l'origine de gains de croissance faibles. Alors que les ressources fourragères sont limitées, il faut plus de temps et donc plus d'aliments aux animaux locaux qu'à ceux sélectionnés en Europe.

En la matière des évolutions récentes sont riches d'espoirs:
  • implication (certes encore non suffisante) de techniciens et d'ingénieurs agronomes et vétérinaires au plus près des exploitations,
  • dynamisation de Chambres d'Agriculture et d'associations professionnelles de plus en plus représentatives,
  • développement de réseaux de vulgarisation et de vente d'agro-fournitures par des firmes privées.
Il faut relever que si l'innovation technique a pour but d'augmenter les rendements et la qualité des produits, cela passe avant tout par la levée de l'incertitude qui pèse sur l'investisseur agricole. Que ce soit le petit paysan qui s'apprête à louer un tracteur pour labourer et ensemencer 10 hectares de blé ou à l'agriculteur décidé à installer des serres. Dans tous les cas, ils sont confrontés à l'incertitude des prix mais surtout à l'incertitude climatique.

Or, une innovation majeure est apparue ces dernières années avec le non labour avec semis direct. Cette technique économise l'eau du sol et stabilise les rendements même en année de sécheresse. Il s'agit là d'une possibilité de levée de cette incertitude pour le secteur des grandes cultures: blé, orge, légumes secs, fourrages de vesce-avoine qui représentent la majorité des cultures.

LA DIFFUSION DE L'INNOVATION TECHNIQUE EN AGRICULTURE.

A ce propos il est à remarquer la diffusion remarquable de nouvelles techniques par le biais de contacts accrus des agriculteurs avec des sociétés étrangères ou des sociétés locales d'agro-fournitures:
  • emploi de produits contre les carences en fer et autres oligo-éléments des cultures dont les arbres fruitiers,
  • emploi de fongicides contre la rouille du blé.
  • MATERIEL : enrubannage, remorque distributrices, …



AMELIORATION DE TECHNIQUES ANCIENNES.

En agriculture, certaines façons de faire peuvent se trouver du jour au lendemain dépassées.
De nouvelles techniques de densification des plantations d'arbres (agrumes, oliviers, …) permettent de produire plus par unité de surface. Dans le cas de l'olivier, des densités de plantations très élevées combinées à la fertigation permettent d'entrevoir des récoltes mécanisées.

En élevage, l'orge traditionnellement donnés aux ovins et bovins peut être enrichie par de l'urée. Ce produit est assimilable par la micro-flore de la panse des ruminants. Diluée dans de l'eau, l'urée peut servir à hydrater les pailles et ainsi les enrichir en azote assimilable par les animaux.

La culture de la tomate sous serre a depuis peu évolué. Les racines ne sont plus en contact avec le sol. Elles plongent dans un substrat riche en fibres de coco et reçoivent une solution fertilisante avec l'eau d'irrigation. La serre étant fermée aux éventuels insectes parasites, la pollinisation se fait par élevage de bourdons pollinisateurs.

Depuis peu, afin d'améliorer la nutrition azotée mais aussi en phosphore se développe la technique des cultures associées combinant une céréale à une légumineuse.
ENCADRE: le goutte à goutte enterré.
Les nouveaux équipements goutte à goutte, en particulier les gaines en polyéthylène diffusées par certains fabricants ont bénéficié de perfectionnements qui permettent de les enterrer, à une profondeur inférieure à celle du labour (30 cm environ). En effet, ces gaines sont équipées de goutteurs (espacés de 30 à ou 40 cm, en général) présentant un débit qui reste proche du débit nominal, et avec une bonne uniformité, lorsqu’ils fonctionnent dans la plage de variation de pression (0,5-1 bar) recommandée par le fabricant. Le caractère innovant de cet équipement réside dans le fait qu’il s’oppose à l’intrusion dans les goutteurs des particules du sol et des racines. De plus, les goutteurs sont dotés d’un système anti-siphon et la gaine se vidange automatiquement sitôt l’eau coupée. Ces caractéristiques les éloignent des systèmes testés il y a plus de vingt ans en France, comme les tuyaux poreux. Enfin, d’après les constructeurs, la durée de vie serait de l’ordre de quinze ans pour ce SDI. Dans la mesure où cette durée peut être effectivement atteinte, le SDI surpasserait largement d’un point de vue économique la technique du canon enrouleur selon Lam et Trooien (2003), surtout si l’on se situe dans la partie basse de la fourchette de prix affichée par les fabricants (entre 2 500 et 5 000 euros/ha).Sources: Sciences Eaux & Territoires n°11 – 2013 Jean Claude MAILHOL, Pierre RUELLE, Cyril DEJEAN et Patrick ROSIQUE Irstea, centre de Montpellier, UMR-G-EAU Gestion de l’eau, acteurs et usages 361 rue J.-F. Breton, BP 5095 34196 Montpellier Cedex 5 􀀛 jean-claude.mailhol@irstea.fr 􀀛 pierre.ruelle@irstea.fr 􀀛 cyril.dejean@irstea.fr 􀀛 patrick.rosique@irstea.fr


NOUVEAUX PROCEDES ET NOUVEAUX TYPES D'ALIMENTS.

En la matière, de part le monde les innovations sont nombreuses.

La culture de micro algues permet un rendement photosynthétique plusieurs fois supérieur à des plantes cultivées.

Les insectes convertissent de façon plus efficace les végétaux en protéines nobles. En Asie depuis longtemps larves et insectes sont cultivés à des fins culinaires. En Afrique sahélienne et dans le Sud de l'Algérie, les criquets sont utilisés en alimentation animale. Une jeune entreprise française prévoit de produire de façon industrielle des vers de farine afin de produire un aliment pour le bétail.

La production de sucre est traditionnellement permise par la canne à sucre, la betterave sucrière. En Algérie, il serait intéressant de se pencher sur la culture d'agaves. Au Mexique sur des terrains pratiquement désertiques, cette plante produit jusqu'à 70 litres par pied d'un sirop très riche en sucre.

EN CONCLUSION: PRODUIRE, MAIS ...

Le rôle de l'agriculture et des secteurs en amont et en aval est immense: éviter les famines qui autrefois décimaient la population. Il ne s'agit pas seulement de produire des aliments mais également de veiller à l'équilibre du milieu naturel: absence d'érosion et maintien de la biodiversité.

Elle doit également être source d'emplois. Cela implique une aide aux exploitations familiales et pas seulement à de grandes exploitations rivalisant techniquement avec leurs homologues à l'étranger.
L'agriculture est également un secteur qui demande d'importants investissements.

(*) un observateur de ce phénomène a pu dire qu'en Algérie nous avons même réussi à « désertifier le désert ».
1En Egypte, en 2015 des cartes magnétiques ont été fournies aux ménages à revenu modeste ce qui leur permet un accès plus aisé au pain subventionné par les pouvoirs publics.

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