mardi 7 juillet 2015

ALGERIE. INTENSIFICATION FOURRAGERE.

  Préambule: Nous pensons que plusieurs techniques sont utilisables. Comme utiliser le semoir Aitchison (ou un semis à la volée et une herse) pour semer les jachères pâturées en faisant du "sur-semis" en implantant des mélanges d'espèces fourragères. Nous ne manquerons pas d'actualiser cette rubrique.

FOURRAGES. 

"L'herbe en semis direct économise deux passages"

Un article très intéressant concernant l'utilisation du semoir Aitchison pour semer des fourrages en "sursemis". Nous pensons que ce type de semoir pourrait permettre de semer à l'automne sur sols réservés aux jachères pâturées des mélanges fourragers. L'idéal serait de choisir des espèces à implantation aisée. 
Au moment où Mr Ferroukhi cherche des moyens pour relancer la filière viande rouge, voila un moyen qui pourrait permettre de produire plus de fourrages.
Il y a là un sujet à creuser pour les importateurs de matériel, la recherche agronomique et les étudiants souhaitant une idée de sujet de mémoire de fin d'études. D  BELAID 20.8.2015.
 
Le 27 octobre 2006 - La France Agricole n°3156 - page 28
«Sur des terres aussi arides et caillouteuses, les prairies doivent être ressemées tous les ans » (on dirait des conditions algériennes . ndlr), explique André Gras, qui mène en extensif une troupe de 250 brebis viande et une quinzaine d'Aubrac en race pure à Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère). Sécheresses à répétition, gel jusqu'en mai sur des parcelles exposées au vent, trop faible nombre de DPU : son revenu agricole diminue chaque année. Ce qui l'a encouragé à démarrer une activité de fabrication de bûches à façon.
« J'ai moins de temps disponible pour la ferme, constate André. Je passe la journée sur la scie à bûches, je n'ai donc que trois heures par jour à consacrer à l'entretien des 114 hectares de prairies, le soir après 20 heures. Mais il est hors de question de bâcler le travail lorsque c'est la seule culture de l'exploitation. J'ai donc choisi de m'orienter vers le semis direct pour réduire le nombre de passages. »

Le semis direct de l'herbe avec un matériel spécifique est une pratique courante en Nouvelle-Zélande mais encore peu répandue dans l'Hexagone. « Je me suis dit que si ça marchait là-bas sur des milliers d'hectares, ça pouvait fonctionner chez moi, explique André Gras. C'était un pari risqué parce qu'il fallait remettre en question tout mon itinéraire cultural ». Jusqu'en 2004, André labourait systématiquement ses prairies puis semait à la volée après un tour de cover-crop, soit trois passages entre 4 et 8 km/h pour un résultat moyen avec des levées assez hétérogènes.
« Avec le semoir à herbe je travaille sans retourner la prairie, ce qui me permet de conserver les repousses de la campagne précédente et d'augmenter un peu mon volume de fourrage. Le Aitchison étant assez léger et peu tirant, je peux semer à 12 km/h sans trop solliciter mon tracteur de 90 chevaux », raconte André Gras.

Grass Farmer 1414 - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=plIp8DTJFKM
25 févr. 2010 - Ajouté par simclarke

Ce semoir à distribution mécanique dispose d'un système d'enterrage à socs. Un train de disques montés en avant du semoir assure un premier tranchage du sol en conditions très dures mais c'est bien le soc qui réalise l'essentiel du travail. Le semoir d'André Gras comporte 14 dents, toutes montées sur ressort. « Dès que la vitesse augmente, le ressort fait bouger le soc dans le sillon, explique André. Cette vibration éclate la croûte de terre et forme un lit de semence fin dans lequel on dépose la graine. Compte tenu des conditions anormalement sèches sur le plateau, cette terre fine est indispensable pour obtenir des levées homogènes. » Le semoir n'est pas équipé de herse de recouvrement ou d'efface-traces ce qui fait que les sillons sont bien visibles. Un aspect inesthétique qui ne plaît pas trop à l'agriculteur mais qui disparaît à la levée.

La nécessité de gagner du temps a orienté André Gras vers le semis direct, mais c'est la simplicité de l'engin qui lui a fait sauter le pas. « Tout est mécanique et très simple. Tellement simple qu'un bon bricoleur pourrait se le fabriquer », plaisante-t-il. Le semoir Aitchison de 2,10 m de large lui a coûté 8 000 ?, un investissement important pour une structure comme la sienne. « Mais je me rattrape avec des frais d'entretien très faibles », rassure André Gras. Un soc à pointe traitée au carbure coûte 30 ? et chaque éponge utilisée au niveau des sélecteurs de la distribution revient à 1 ?. Ces dernières s'usent peu au travail mais sont régulièrement grignotées par les rongeurs.

Le passage au semis direct a également apporté son lot de mauvaises surprises. « L'avantage du cover-crop, c'était que les disques ne faisaient pas trop ressortir les pierres. Les socs en revanche me remontent des blocs qui cassent les couteaux de la faucheuse à la récolte, raconte André Gras. Or je n'ai pas investi dans le semis direct pour perdre mon temps à ramasser les pierres ! » Dès la seconde campagne avec le semoir, il a investi dans un rouleau à fort report de charge qui, en plus de taller les cultures, enfonce les pierres dans le sol (voir encadré). « Ma charge de travail n'augmente pas puisque je roulais déjà à l'époque du cover-crop », constate André Gras. Sa préoccupation actuelle est l'apparition de pissenlits dans certaines parcelles. « Le labour me protégeait de cette invasion mais aujourd'hui, je suis obligé de traiter au glyphosate avec un petit pulvérisateur de 8 m », regrette André.
Loin de lui pourtant l'idée de revenir en arrière. Il a même convaincu un voisin de s'engager dans la voie du semis direct. « Je voulais lui vendre ma charrue et mon cover-crop et il a finalement racheté la moitié du semoir », se félicite André Gras. Aujourd'hui, les deux agriculteurs veulent profiter de la régularité de levée du semis en ligne pour tester des variétés rustiques plus résistantes à la sécheresse et au gel comme le seigle et le moa, seules garanties de maintenir leur rendement fourrager.

 

ALGERIE: L'INTENSIFICATION DE LA PRODUCTION FOURRAGERE PASSE PAR LE SEMIS DIRECT.

D. BELAID 15.06.2014

Lorsqu'on parle semis direct, il est souvent question de céréales. Or, différentes expérimentations montrent que les semoirs pour semis-direct sont des outils incomparables pour leur rapidité d'implantation des fourrages sur sol nu, en culture associée voire en sur-semis.

AVEC LE SEMIS DIRECT, TROIS RECOLTES PAR AN.
Une des applications les plus spectaculaires du semis direct est de pouvoir implanter rapidement une culture. Ainsi, selon Lucien SEGUY1 « si des pluies supérieures à 30-40 mm surviennent dès fin août-septembre, il faut être prêt à semer, en semis direct, des espèces telles que : la vesce velue, le ray grass, le radis fourrager, en culture pure ou en mélange ». Selon cet auteur, le mélange est « toujours plus efficace pour garantir un couvert en pluviométrie aléatoire ».
Début novembre, est implantée en semis direct de l'avoine. Elle sera récoltée en tant que « céréale immature » par ensilage. Ce qui permet de libérer assez tôt la parcelle pour un semis de sorgho.

AVEC LE SEMIS DIRECT, DEUX CULTURES ASSOCIEES SUR UNE MEME PARCELLE
L'exemple le plus remarquable est celui décrit en 2002 par Lucien Séguy. Sur une luzernière en repos végétatif a été semé en octobre 2001 avec un semoir de semis direct de l'avoine. En décembre 2001, la céréale était bien installée (stade début tallage). Au mois de mars de l'année suivante, l'avoine a été récoltée en tant que « céréale immature » par ensilage permettant un rendement de 16 T de MS/hectare.
Cette pratique est permise par le fait que:
  • l'avoine a bénéficié de températures permettant une croissance rapide,
  • la luzerne possède une période de croissance décalée par rapport à celle de la céréale; il lui faut en effet des températures de l'ordre de 30°C afin d'arriver à son maximum de croissance.

La récolte de l'avoine par ensilage permet d'obtenir des fourrages de meilleure qualité par rapport à un foin.

Chedly Kayouli: avantage de l'ensilage d'avoine par rapport au foin:
"Le projet FAO/GCP/TUN-10/SWE a développé des périmètres d’embouche semi-intensifs dans le nord de la Tunisie (450 - 650 mm), fondés sur l’ensilage des céréales (avoine et avoine-vesce pour l’essentiel). Le plus grand succès de ce projet a consisté à introduire des techniques d’ensilage qui sont toujours bien implantées sur les lieux. Comparé au foin, le fourrage ensilé est récolté plus tôt, ce qui libère la terre et facilite ainsi le semis de cultures d’été. Par ailleurs, le fourrage ensilé étant moins mûr, sa valeur nutritionnelle est plus élevée et la performance animale meilleure avec besoin de moins de concentrés. Au cours d’une expérience menée sur l’engraissement de bovins locaux au moyen d’avoine ensilée ou de foin ad libitum avec 3 kg de concentrés par jour, Sansoucy et al. (1984) ont constaté une prise de poids quotidienne et un taux de transformation des aliments de 20 à 35 pour cent plus élevé avec une ration d’ensilage qu’avec une ration de foin".

AVEC LE SEMIS DIRECT, OPTIMISER LA RESORPTION DE LA JACHERE
L'implantation de fourrages de vesce-avoine sur les terres anciennement en jachère entre souvent en concurrence avec le semis des céréales. L'adoption du semis direct permettrait une implantation plus rapide de ce type de fourrage, d'autant plus que la question du désherbage parfois délicate en semis direct ne se pose pas dans le cas de ce type de fourrage. Il est donc possible d'écrêter les pointes de travail lors des chantiers de semis.

Une autre application possible est l'ensemencement des jachères en légumineuses pour le pâturage2.

En Tunisie, l’ICARDA (1986), « a mené des expériences sur site trois ans durant, dans les zones les plus sèches du pays, pour remplacer les jachères par une culture productive autre que l’orge; d’après les résultats, les producteurs tireraient grand profit à semer des légumineuses fourragères, notamment la vesce commune, Vicia sativa, et la vesce de type Lathyrus sativus, dans l’année séparant deux cultures d’orge ». Là encore, l'implantation de ces légumineuses pourraient se satisfaire d'un simple semis direct.

1 RAPPORT DE MISSION EN TUNISIE du 29 septembre au 4 octobre 2002. Lucien SéguyCirad-caDocument obtenu sur le site Cirad du réseau http://agroecologie.cirad.fr

2 Profil fourrager TUNISIE Chedly Kayouli Institut National Agronomique de Tunisie 43. Av. Charles Nicole, 1082 Tunis – Tunisie E-mail: chedly.kayouli@gnet.tn

3 RECOLTES/AN? YES, WE CAN !
D. BELAID 28.03.2014
Arriver à 3 récoltes fourragères par an sur une même parcelle? Oui, cela est possible sur de petites surfaces fourragères à proximité d'étables. Mais à condition de les doter de kits d'aspersion afin de procéder à une irrigation d'appoint.

Le choix de la parcelle consacrée à l'intensification fourragère est primordial. L'idéal est de disposer d'un sol profond, voire en dépression afin de bénéficier du maximum d'humidité.

La méthode? Début septembre semer du colza fourrager. La petite taille des graines nécessite un roulage. Une irrigation d'appoint permet une levée rapide. Les pluies automnales viendront progressivement prendre le relais de l'irrigation d'appoint. Ce fourrage donne rapidement une forte masse de feuilles durant l'automne. Il est possible de le faire pâturer jusqu'aux premières gelées. Gare cependant à l'effet « tassement du sol » en conditions humides. Etant donnée sa richesse en eau, le colza fourrager ne peut être conservé. Son exploitation passe uniquement par le pâturage. En novembre, avec un chisel ou par semis direct, implanter de la vesce-avoine, pois-avoine ou sulla-avoine (comme en Tunisie). La fauche est à réaliser de façon précoce au printemps. Cela présente deux avantages. Le premier est de permettre de maximiser l'énergie et la matière azotée du foin récolté. On obtient alors de belles bottes de foin à la couleur verte et non cet horrible "foin" couleur paille. En effet, trop souvent le foin est récolté tardivement et alors il a plus la composition de la paille que d'un véritable foin. Une partie du foin peut être récoltée en vert au début du printemps. Le second avantage est de libérer assez tôt en saison la parcelle.

Aussitôt le foin récolté, installer dans la foulée le sorgho fourrager. Choisir une variété multi-coupes qui permet de couvrir tout l'été.

Le maïs fourrager constitue également un aliment de choix pour les vaches laitières. Cependant, il est gourmand en eau et ne permet qu'une seule coupe. Sa culture peut être envisagée par goutte à goutte comme cela se pratique déjà dans le grand Sud ou au Maroc.

De l'eau, mais aussi des amendements.

Une telle intensification fourragère nécessite une certaine technicité et une disponibilité en semences. Il s'agit également de disposer du matériel adéquat pour une implantation rapide des fourrages sans labour. Enfin, le sol doit être copieusement amendé avec le fumier en provenance de l'atelier lait. Avec le fumier de leur étable, les éleveurs laitiers ont en main un atout stratégique. Trop souvent le fumier part vers le maraichage ou l'arboriculture. Etant donné la difficulté de produire des fourrages verts, la priorité dans l'utilisation de ce fumier doit être donnée aux surfaces fourragères. Les éleveurs en hors-sol peuvent procéder à des échanges fumier contre foin ou paille. Il est même indispensable de rechercher d'autres sources d'amendements: boues de station d'épuration, composts urbains, composts de déchets verts, … Seul un sol fertile est à même de retenir un maximum d'eau et d'assurer une alimentation minérale correcte aux plantes. Il est même envisageable d'améliorer un sol pauvre en installant une prairie de légumineuses pérennes. Des expérience réalisées en Tunisie montrent un spectaculaire enrichissement en matière organique du sol (Voir l'association Abel Garnier).

Afin de pouvoir récolter une partie du mélange céréale-légumineuse et du sorgho, la disponibilité en ensileuses et faucheuses de faibles capacité est capitale. Des faucheuses adaptables à des motoculteurs peuvent permettre à de petites exploitations de gagner en autonomie fourragère. Ce petit matériel peut permettre un affouragement en vert sans passer par l'ensilage ou l'enrubannage. A ce titre le groupe PMAT a une lourde mission dans la réussite de l'augmentation fourragère.


Raisonner en terme de système fourrager.

Il existe des variantes à ce calendrier fourrager. Les rotation peuvent être imaginées sur deux ou trois années et comprendre de la luzerne ou des graminées pérennes. Des éleveurs marocains utilisent de la betterave fourragère. Pourquoi ne pas la tester en Algérie?

Le drame en Algérie, c'est que personne ne travaille sur la succession d'espèces fourragères; même pas l'ITGC. Quant aux mémoires des étudiants en agronomie consacrés aux cultures fourragères, ils sont nombreux. Cependant, en général, ils ne concernent qu'une seule espèce à la fois. Par ailleurs des espèces fourragères aussi stratégiques que le sorgho fourrager, le maïs ou le colza fourrager ne font pas assez l'objet d'essais variétaux locaux.

En attendant, il serait bon de proposer à chaque acquéreur de génisses disposant d'un minimum de surface un kit d'aspersion Anabib. Enfin, en absence de références techniques locales, l'analyse des pratiques des éleveurs les plus performants peut permettre à l'avenir de trouver les voies d'une intensification fourragère.

D. BELAID 28.03.2014.

SYSTEMES FOURRAGERS EN ALGERIE, PRODUIRE MALGRE LE DEFICIT HYDRIQUE
D.BELAID 7.06.2014 actualisé le 9.06.2014
Le contexte local est marqué par une forte demande en produits laitiers. La production fourragère locale est nettement insuffisante. Le déficit est estimé à 4 milliards d’unités fourragères. Depuis quelques années, on note une réelle volonté d’intensification des productions fourragères. Nous nous proposons d’analyser les systèmes fourragers et les perspectives d’amélioration.

UN ETAT DES LIEUX DES ELEVAGES
Les prix rémunérateurs en production laitière incitent les éleveurs à la diversification fourragère : installation de kit d’aspersion, introduction du sorgho fourrager ou de la luzerne. Mais le mouvement reste lent. On note l’introduction, certes encore limitée, de l’enrubannage sous forme d’ensilage de maïs. Mais la majorité des rations sont composées d’aliments concentrés et de paille ou de foin de mauvaise qualité.
De nombreux élevages laitiers sont en hors sol ou ne disposent pas de surface fourragères suffisantes ; d’où des apports importants de paille et de foin extérieurs à l’exploitation à la place de fourrages verts. Par ailleurs, le manque de diversification fourragère empêche toute autonomie alimentaire des exploitations. Analysant 62 exploitations, BOUZIDA et al. (2010) notent que les exploitations exploitant 4 espèces fourragères produisent entre 3900 à 4200 UF/ha contre seulement 3300 à 3400 UF/Ha pour les exploitations produisant respectivement 2 à 3 espèces.
A la demande en fourrages pour l’élevage laitier se greffe la forte demande en fourrages pour l’élevage ovin.
L’insuffisance en fourrages se traduit par une plus forte consommation de concentrés. L’alimentation et les conditions d’élevage ne permettent pas d’exploiter le potentiel génétique des animaux. Par ailleurs, ces dysfonctionnements peuvent se traduire par une perturbation de la reproduction d’où un allongement de la période entre 2 vêlages, des boiteries ou des carrières plus courtes ce qui réduit la rentabilité de l’élevage. Des études analysant les courbes de lactation montrent que « les démarrages de lactation sont plus faibles que le potentiel des animaux ne le laisse attendre » (SRAIRI, ER-ROUSSE, 2010). Dans les cas les plus graves de manque fourrager, on peut assister à des phénomènes de décapitalisation. En effet, 1 UFL d’aliment concentré revient à 0,22 euros contre seulement 0,06 euros pour 1 UFL d’avoine verte ensilée (SRAIRI, ER-ROUSSE, 2010). L’autonomie en fourrage des exploitations est rare.
Face aux coûts des concentrés, chaque fois que cela est possible sont rajoutés aux rations des issues de meuneries. Cependant, l’absence de compléments minéraux vitaminés se traduit par des rations déficientes.

UN ETAT DES LIEUX DES CONDITIONS PEDO-CLIMATIQUES
L’un des principaux obstacles à la production fourragère vient du climat qui provoque un déficit hydrique saisonnier. En zones littorales, ce déficit est plus restreint qu’en zone semi-aride ; cependant les fortes chaleurs estivales peuvent constituer un frein à la croissance des plantes. A contrario, en hiver la douceur des températures permet la poursuite de la croissance des plantes. Les sols sont en général profonds. Un bémol cependant, les superficies sont limitées et sont en régression du fait d’une absence d’une politique cohérente d’aménagement du territoire.
Les zones semi-arides comprennent 7 millions d’hectares. Les surfaces fourragères comprennent essentiellement du foin de vesce-avoie, de l’orge grain et de la jachère pâturée. Les sols sont moins profonds. Leur faible taux en matières organiques du sol réduit leur fertilité et leur capacité de rétention en eau. Outre les fortes chaleurs estivales les températures froides de l’hiver sont un frein au développement des cultures.
Le milieu aride présente un avantage incomparable : des températures clémentes en hiver permettant une pousse des fourrages. Cependant, il y a bien entendu l’obligation d’irrigations continues. Se pose ainsi, la question de la mobilisation d’une eau souterraine souvent fossile et présentant une forte concentration en sels.

ZONES SEMI-ARIDES, POUR DES SYSTEMES FOURRAGERS MIEUX ADAPTES AU DEFICIT HYDRIQUE
Le maïs ensilage constitue une ressource de choix en élevage laitier. Cependant les forts besoins en eau limitent son extension. Il pourrait convenir dans les cas d’irrigation : kit d’aspersion, enrouleurs, goutte à goutte ou voire même goutte à goutte enterré.
Le sorgho grain ensilé, une alternative de choix au maïs ensilé. Beaucoup plus économe en eau, le sorgho s’avère un candidat de choix pour l’ensilage. Il présente des performances approchant celles du maïs ensilage (LEGARTO 2000). L’inconvénient pour les bovins provient du manque de digestion des grains qu’on retrouve intacts dans les bouses.
Des travaux menés en France, à Lusignan, montrent que les quantités journalières de lait produites par des vaches alimentées en maïs ensilage ou sorgho ensilage sont pratiquement identiques : 30 kg lait/j. Seule les quantités ingérées varient : 17 kg MS/j concernant le maïs contre 19,9 kg MS/j pour le sorgho (EMILE et al 2006).
Par ailleurs, la diversité des variétés de sorgho permet également de réaliser plusieurs coupes en vert et d’assurer un affouragement durant la saison estivale. Il existe même des sorghos sucriers aux feuilles riches en saccharose.
Les céréales immatures, une option possible contre la sécheresse estivale. En zone semi-aride, l’étendue des superficies permet d’envisager l’exploitation de céréales immatures pour des fourrages sans trop handicaper la production de céréales. En effet, cela pourrait s’envisager sur les parcelles traditionnellement en jachère[1]. En année sèche, il serait possible de convertir une partie des superficies emblavées en céréales en foin ou en ensilage.
Les céréales immatures permettent une régularité de rendement supérieure à tout autre fourrage en sec. Lorsque la décision de conduire ces parcelles vers une récolte sous forme de fourrage est prise dès le semis, c’est toute une stratégie qui peut être alors mise en ouvre : choix de parcelles riches en mauvaises herbes afin de bénéficier de l’effet nettoyant pour la culture suivante, apport d’amendements organiques sans craindre un éventuel échaudage du fait d’une minéralisation brutale et d’un fort apport en azote, implantation en mode semis-direct sans désherbage total préalable.
La technique de l’enrubannage convient bien à l’association céréales et légumineuses. Il permet notamment la récolte de l’ensemble des folioles de la légumineuse contrairement à ce qui est obtenu lors d’une récolte en foin. Les ensilages de céréales immatures présentent une valeur nutritive élevée (LE GALL et al. 1998).
Les associations de céréales et légumineuses sont particulièrement intéressantes. Elles améliorent la qualité des fourrages. Du fait de leur capacité de fixation de l’azote atmosphérique, les légumineuses contribuent à la nutrition azotée de la céréale. Outre la classique association vesce-avoine, on peut penser à des mélanges triticales-pois fourrager ou orge-pois fourragers. En Tunisie est testée l’association sulla-avoine.
De telles associations profitent de la période humide. C’est dire tout l’enjeu de leur intensification. Un choix variétal adéquat peut permettre une concordance de maturité des deux espèces et une implantation rapide avant le froid hivernal. Là aussi, la technique du semis direct peut permettre d’optimiser les conditions d’implantation en respectant les dates de semis.
Les foins récoltés permettent la constitution de réserves hivernales. Ces fourrages sont essentiellement récoltés sous forme de foin. Il serait possible de réaliser des affouragements en vert ou de l’enrubannage. Cette diversité des modes de récolte et de conservation permettrait de réduire les pointes de travail et d’améliorer la valeurs nutritive des fourrages.
La luzerne est une solution intéressante afin de valoriser les sols les plus profonds. La plante possède en effet un système racinaire puissant et profond. Il peut atteindre 1,20 mètre de profondeur. On lui choisira donc des parcelles lui permettant d’exprimer tout son potentiel. L’optimum de croissance se situe à 30°C d’où une production possible alors que les graminées fourragères réduisent leur pousse.
Les foins sont délicats à réaliser surtout pour la première coupe. Aussi, on peut penser à  la technique de l’enrubannage. Elle peut permettre une récolte plus facile et de meilleure qualité (LE GALL al., 1993). L’association à la luzerne d’une graminée (dactyle ou fétuque) peut permettre d’améliorer la fenaison (LAVOINNE et PERES 1993). La maîtrise de l’enrubannage et de la fenaison de la luzerne peut permettre de délocaliser sa production depuis les zones d’élevage vers des zones de grandes cultures. L’avantage pour ces dernières étant de diversifier leur assolement et de bénéficier de la réduction des coûts en fumure azotée.
L’extension de la période de pâturage. En milieu semi-aride, à part au printemps, du fait du climat, il existe peu de pâturage à l’herbe. Au printemps, il s’agit le plus souvent de prairies naturelles. Or, pourtant, il existe des opportunités. Il s’agit de la période automnale. Les températures sont alors clémentes comparées à celles de l’hiver. Certes, il existe un facteur limitant à la croissance : l’absence de pluies. Il existe pourtant une pratique traditionnelle. Il s’agit de la pâture de « l’orge en vert ». Fin août, des éleveurs ensemencent de petites surfaces espérant d’éventuels orages qui assureraient une levée rapide. D’autres pratiquent l’irrigation. Le développement de kit d’irrigation permet certes de développer cette pratique mais aussi d’envisager d’autres fourrages. Dans le cas du colza fourrager, des implantations sous irrigation sont possibles dès août. La levée et la croissance sont rapides. Il est alors possible d’obtenir jusqu’à 2T de matière sèche/ha à pâturer au fil de façon rationné à l’automne et cela jusqu’aux premières gelées. Outre le colza fourrager la navette fourragère ou le chou constituent d’autres possibilités pour « obtenir rapidement en 50 ou 60 jours un fourrage vert appétant, de bonne valeur alimentaire et riche en protéine[2] ».
Les variétés précoces de colza de printemps permettent de disposer en octobre-novembre, en semant dans la deuxième quinzaine d’août, d’une production de 3 à 4 tonnes de matière sèche/ha. Le colza fourrager pourra être affouragé en vert ou pâturé au fil de façon rationnée. Etrangement, il n’existe pas de tradition de culture des crucifères[3] en Algérie.
La betterave fourragère est pratiquement inconnue en Algérie. Elle possède des qualités intéressantes. Dans les années 70, a déjà été cultivée avec succès la betterave sucrière. Et le Maroc qui continue à le faire a obtenu cette année, des résultats plus qu’honorables. C’est dire que la betterave fourragère peut s’adapter localement. On pourrait imaginer des semis semi-mécaniques avec des semoirs de jardinier ou des semoirs conventionnels pour de plus grandes surfaces. L’irrigation serait assurée par des kits d’aspersion voire par du goutte à goutte.
La betterave fourragère, cousine de la betterave à sucre, possède plusieurs avantages. Le premier est sa richesse en énergie. Pauvre en cellulose, elle est le complément idéal des rations actuelles de paille et de foin. Un autre avantage est sa conservation. Il suffit d’aller déterrer chaque jour ou chaque semaine la quantité de racines à utiliser et la laisser en tas dans un endroit frais. Les références techniques locales manquent cependant.

STRATEGIES EN MILIEU ARIDE
Dans les oasis existent des systèmes traditionnels durables où sont présents sorgho et luzerne. Le développement du goutte à goutte et l’utilisation de l’eau recyclée à partir de station d’épuration ou provenant de foggaras permet d’imaginer des systèmes fourragers de taille moyenne. Les sols sableux exigent des amendements organiques réguliers afin de mieux valoriser l’irrigation.

EN CONCLUSION.
Des cas d’intensification fourragère ont été observés avec l’emploi du maïs ensilage en complément de la paille et du foin. Cependant, étant données les périodes de sécheresse et le recours obligé à l’irrigation un tel système n’est pas viable économiquement et du point de vue de sa durabilité. Une alternative peut être d’utiliser du sorgho grain ensilé.
Le sorgho possède une meilleure efficience de l'eau que le maïs en situation de déficit hydrique.
Il permet des niveaux de production bien plus supérieurs et plus réguliers qu’avec le maïs ensilé.
Hors zone aride, le déficit hydrique fait que la meilleure stratégie consiste à valoriser l’eau de pluie et les réserves du sol.
Dans cette optique sont à favoriser :
-l’enrubannage de céréales immatures seules ou associées à des légumineuses,
-la constitution de réserves de foin de bonne qualité en misant sur des associations nouvelles de céréales-légumineuses et l’amélioration des conditions d’implantation (semis-direct),
-le développement de luzernière avec de la luzerne seule ou en mélange avec des graminées,
-l’utilisation de pâturages d’herbes automnales telles les crucifères fourragères ou le ray-grass d’Italie, en effet le développement de l’irrigation d’appoint (kit d’aspersion, enrouleurs) permet aujourd’hui d’envisager dans certains cas des semis dès le début du mois d’août.
Afin d’améliorer l’autonomie des exploitations il semblerait être plus judicieux de passer par « le choix d’espèces et de variétés adaptées au milieu, la maîtrise et le respect des itinéraires techniques de production, la maîtrise et la diversification des techniques de conservation des fourrages et l’entretien de la prairie et de la jachère » au lieu de privilégier les aliments concentrés (BOUZIDA et al., 2010)..
Reste une question. A qui revient la tâche de vulgariser ces nouvelles techniques ? L’ITGC a pour rôle l’acquisition de références. Il lui revient d’assurer une expérimentation fourragère dans ses stations régionales. La vulgarisation passe par les associations d’éleveurs, les Chambres d’Agriculture, les groupes techniques d’appui lait des laiteries[4], voire l’agrofourniture[5]. A ce titre, il s’agit également d’encourager la constitution d’un réseau d’entreprises de production de semences fourragères.
Références bibliographiques.
BOUZIDA S., GHOZLANE F., ALLANE M ., YAKHLEF H., ABDELGUERFI A., 2010 Impact du chargement et de la diversification fourragère sur la production des VL dans la région de Tizi-Ouzou (Algérie). Fourrages. 204, 269-275.
EMILE J.C., AL RIFAI M., CHARRIER X., LE ROY P., BARRIERE Y. 2006. Grain sorghum silages as an alternative to irrigated maize silages. Proc. XXI Europ. Grassl. Fd., Badajoz (Spain), 80-82.
LAVOINNE M., PERES M. 1993 Intérêt des associations fourragères graminées-luzerne pour économiser la fumure azotée. Fourrages. 134, 259-267.
LE GALL A., CORROT G., CAMPAGNAUD M., GARRIGUE G. 1993 L’enrubannage, une technique pour optimiser la récolte de la luzerne. Fourrages. 134, 234-250.
LE GALL A., DELATTRE J-C., CABON G., 1998 Les céréales immatures et la paille : une assurance pour les systèmes fourragers. Fourrages, 156,557-572.
LEGARTO J., 2000 L’utilisation en ensilage plante entière des sorghos grains et suc99riers : intérêts et limites pour les régions sèches. Fourrages. 163,323-338.
SRAIRI M.T., ER-ROUSSE E.H. 2010 Cas d’un élevage laitier intensif en zone pluviale au Maroc : des cultures au cheptel bovin, quelles voies d’amélioration ? Fourrages, 201, 61-65.
 

[1] Le semis direct est une option pour ensemencer plus vite les parcelles sans tout en réduisant les frais d’implantation.
[2] GNIS « Sécheresse : comment répondre au déficit de fourrages ».
[3] Cela est d’autant plus regrettable que les crucifères tel le colza, outre l’huile permet la production de tourteaux.
[4] La filière lait et notamment les laiteries, en l’absence de relais technique, se doivent de prendre en charge la diversification fourragère. A ce titre, ils pourraient ré-éditer le travail du Groupe Benamor vis-à-vis des producteurs afin d’améliorer la qualité du blé dur.
[5] Il est à noter l’excellent travail réalisé par la société Axium de Constantine pour la production de semences fourragères.

 

BILLET. ALGERIE, «B’HIRA LAL BAGRATT[1]? »
D. BELAID 8.06.2014

Récemment, au cours d’une discussion entre deux ingénieurs agronomes est venu ce questionnement. A priori saugrenu, il a déclenché l’hilarité générale: « El gamh it’hamar ? » (peut-on biner du blé[2]?). Nous aimerions poser une question du même genre. Ne faudrait-il pas des jardins potagers pour nos vaches ? Question étonnante direz-vous. Mais quand on a passé une partie du week-end à lire l’état des lieux[3] de l’élevage bovin laitier en Algérie tel qu’il est décrit par nos agronomes locaux ou par des ingénieurs Marocains concernant le Maroc, on ne peut qu’être convaincu de la nécessité d’une diversification fourragère dans nos exploitations laitières.
La question mérite donc d’être posée à l’heure où les élevages laitiers manquent de fourrages verts. Ceux-ci pourraient compléter l’horrible paille et le foin de mauvaise qualité avec lesquels sont nourries les vaches. Alors que paille et foin sont produits sur de grandes surfaces non intensifiées, ne faudrait-il pas ajouter à ce système des parcelles plus petites, choisies pour leur sol profond et où l’agriculteur « mettrait le paquet » ? Un peu comme une b’hira. Ces carrés de maraichage où les légumes sont bichonnés et reçoivent des doses copieuses de fumier et d’eau d’irrigation.
Sur de telles surfaces réduites, les éleveurs pourraient cultiver des fourrages verts à haute valeur ajoutée. Déjà, l’idée fait son chemin. Il existe de petits éleveurs dont les vaches produisent 40 litres de lait par jour au lieu d’une moyenne nationale de 12 L/j. Il n’est par rare de voir ci et là de petites parcelles de sorgho fourrager ou de luzerne. Comment amplifier cette pratique? Cela est d’autant plus nécessaire que nos vaches ont faim[4] et que le coût de l’aliment ne pourra qu’augmenter à l’avenir. Il suffit de constater l’envolée du cours du soja et du maïs importés. Or, différentes études montrent que les fourrages produits à la ferme coûtent moins cher[5].

BETTERAVE COLZA ET LUZERNE DANS LA B’HIRA

Parmi les plantes à mettre dans notre b’hira, il en est une pratiquement inconnue. Elle possède des vertus intéressantes. Il s’agit de la betterave fourragère[6]. Qu’on ne nous dise pas que cette plante n’est pas adaptée à nos conditions. Dans les années 70, en Algérie, nous avons déjà cultivé avec succès de la betterave sucrière. Et le Maroc qui continue à le faire a obtenu cette année, des résultats plus qu’honorables. On pourrait imaginer des semis semi-mécaniques avec des semoirs de jardinier ou des semoirs conventionnels pour de plus grandes surfaces. L’irrigation serait assurée par des kits d’aspersion voire par du goutte à goutte.
La betterave fourragère, cousine de la betterave à sucre, possède plusieurs avantages. Le premier est sa richesse en énergie. Pauvre en cellulose, elle est le complément idéal des rations actuelles de paille et de foin. Un autre avantage est sa conservation. Il suffit d’aller déterrer chaque jour ou chaque semaine la quantité de racines à utiliser et la laisser en tas dans un endroit frais.
Les références techniques locales manquent. Nos agronomes locaux, restent enfermés dans des schémas routiniers ou pour les plus imaginatifs, restent coupés du monde agricole. Lui-même longtemps forcé à un immobilisme infantile lié à un « dirigisme administratif » n’émerge que progressivement notamment par le biais d’association professionnels, de conseil de filière ou quelques coopératives de services.

Dès la fin de l'été, penser colza fourrager.
Bref, il s’agit de constituer des référentiels techniques afin de proposer aux éleveurs toute une palette de solutions. C’est la pratique des agriculteurs qui permettra de faire le tri selon les conditions des exploitations et les conditions climatiques locales.
Un autre type de plantes à cultiver est représenté par la famille des crucifères. Alors que les crucifères sauvages locales parsèment avec de belles taches jaunes le moindre terrain nu dès l’apparition des pluies, leurs homologues cultivés tels le colza fourrager, le chou fourrager ou la navette restent inconnus en Algérie. La situation est telle qu’en tant qu’agronome, le conseil qui pourrait être donné aux éleveurs algériens serait de profiter de leurs liens familiaux de l’autre côté de la Méditerranée pour se procurer une poignée de ces précieuses semences[7].
Qu’on en juge. « En colza fourrager en semant dans les quinze premiers jours d’août avec des variétés d’hiver qui monteront moins en fleur, on pourra disposer à l’automne d’une production de 2 tonnes de matière sèche/ha. Le colza est principalement pâturé au fil[8] de façon rationnée. En semant dans la deuxième quinzaine d’août avec des variétés précoces de printemps, on peut disposer ainsi en octobre-novembre, d’une production de 3 à 4 tonnes de matière sèche/ha [9]». Depuis longtemps déjà, des éleveurs pratiquent le « gsil » ou orge en vert qui consiste à semer de l’orge en irrigué dès le mois d’août. Pourquoi ne pas leur proposer le colza fourrager qui pousse plus vite ?
Une autre solution consiste en l’utilisation du sorgho. Il peut être utilisé en affouragement ou conservé en ensilage. Il existe même des variétés aux tiges riches en sucres. Des investisseurs privés devraient se pencher sur la multiplication de ces semences stratégiques pour la filière lait. L’enrubannage est un mode de conservation nouveau. Il demande certes un matériel spécifique, mais il est intéressant car il permet de préserver la valeur nutritive du fourrage.
La luzerne est une autre parade au manque de fourrages. Son enracinement profond, jusqu’à 1,20 mètre lui permet de résister au déficit hydrique. Le maximum de croissance est obtenu sous 30°C c’est dire son adaptation à nos latitudes. Ce n’est pas pour rien que traditionnellement ce fourrage est présent sous les palmiers dans les oasis. Alors que les graminées fourragères présentent un pic de production au printemps, c’est en été que se situe le pic de production de la luzerne. En année sèche, ce fourrage produit plus que les graminées fourragères. De même en conditions sèches, sa production est plus élevée et plus régulière que le maïs. Enfin, la luzerne convient parfaitement aux fortes productrices bénéficiant de rations élevées en concentrés.
Par ailleurs, on peut penser que du petit matériel : faucheuse, ensileuse ou matériel de distribution pourrait être utile aux exploitants.
B’HIRA, MAIS PENSER AUSSI FILIERE
La diversification fourragère peut être une action personnelle au niveau d’éleveurs pionniers. Mais elle peut être également prise en charge par des associations d’éleveurs laitiers dynamiques comme celle qui a organisé la fête du lait d’Imaloussen près de Tizi-Ouzou ou par les groupes appuis-lait de laiteries dynamiques engagés dans la recherche du développement d’une production locale de lait frais (Soummam, Danone, …).
On peut se demander ce qui pousse les pouvoirs publics à concentrer les agronomes dans des bureaux dans des emplois fonctionnarisés. Une partie devrait pouvoir être recrutée et donc éventuellement licenciée par des Chambres d’Agriculture représentatives et par des associations d’éleveurs représentatives bénéficiant de subventions pour des postes budgétaires. Les laiteries devraient avoir obligation de collecter du lait frais au prorata du quota de la poudre de lait obtenu. De même qu’elles devraient avoir obligation de constituer des groupes techniques d’appui-lait.
En attendant, les vétérinaires et agronomes des universités[10], des CCLS, de l’ONAB et des DSA pourraient être mobilisés pour des sessions de formation en direction des éleveurs[11]. Une étude menée dans la région de Sétif montre que seulement 4% des éleveurs ont bénéficié d’une formation agricole. Il pourrait être envisagé de courts modules destinés à tout éleveur désirant bénéficier des subventions. Seul ce sésame devrait permettre d’accéder aux subsides publics.
A l’heure de la diminution progressive des revenus de la rente pétrolière, nul ne sait combien de temps les pouvoirs publics pourront subventionner la filière lait. Il est temps que celle-ci gagne en maturité. Il est du devoir de tous de favoriser la diversification fourragère et une animation technique non pas de type « top-down » mais prise en charge par les premiers concernés, du moins par les éleveurs leaders. Notons au passage que la préservation des marges des éleveurs passe par la constitution de groupement de producteurs qui pourraient développer artisanalement la production de fromages fermiers.



 

[1] Un jardin potager pour les vaches ?
[2] En fait, il est possible de désherber mécaniquement du blé avec une herse étrille. Voir les vidéos sur Arvalis.fr
[3] On consultera notamment les articles très documentés de la revue en ligne « Fourrages ». www.afpf-asso.org/download.php?type=1&id=1819&statut=0
[4] Pour la plupart, elles ont aussi dramatiquement soif du fait de l’absence d’abreuvoirs automatiques dans les étables. Il faut savoir que les vaches consomment un maximum d’eau 3 heures après la traite du soir alors qu’elles sont enfermées dans des étables sans eau.
[5] Cas d'un élevage laitier intensif en zone pluviale au Maroc www.afpf-asso.fr/download.php?type=1&id=1790&statut=0
[6] Luzerne, sorgho et betterave : trois cultures fourragères sécurisantes en conditions froides ou sèches. www.afpf-asso.org/download.php?type=1&id=1436&statut=0

[7] Bien sûr en respectant la législation nationale dont celle sur les OGM.
[8] Il s’agit de clôtures le plus souvent électrifiées et déplacées chaque jour. Cela permet de faire exploiter correctement la parcelle par les animaux en évitant tout piétinement.
[9] GNIS. « Sécheresse : comment répondre au déficit de fourrage ».
[10] Le Pr Slimane BEDRANI note dans un de ses articles la prédominance des budgets destinés aux écoles d’agronomie au détriment de la formation des agriculteurs.
[11] Bon nombre d’éleveurs ne connaissent pas les besoins en sel (NaCl) et en Ca et P de leurs bêtes. Les vaches souvent taries tardivement ont du mal à reconstituer leurs réserves de Ca pour la gestation. Combien de fois ais-je vu des vaches mâchonnant des cailloux calcaires glanés autour de leur étable. Combien de ais-je vu à Kaïs Mme BELAID Baya, docteur vétérinaire, appelée en urgence par des éleveurs pour traiter des vaches victimes de fièvres vitulaires par injection intra-veineuse de solutés calciques.

LES DEROBES, A PATURER SANS MODERATION

Lu dans la Revue "Patre" un article sur les cultures dérobées qui s'installent dès août en irrigation d'appoint. C'est maintenant qu'il faut y penser pour vos moutons. D. Belaid 12.07.14

"Les dérobées présentent un coût d'implantation modeste, une aubaine pour le pâturage d'automne. Du choix des espèces au mode de pâturage, un point sur les dernières références du sujet.




 
La sécheresse 2011 et le manque de fourrages stockés qui a suivi a relancé la culture des dérobées en zone herbagère. Semée entre deux cultures, la dérobée s'insère dans l'assolement sans modifier la cohérence de la rotation. Dans un objectif de pâturage comme de stocks, le choix des espèces à implanter est primordial. Pour être utilisées en pâturage, les plantes doivent être appétentes et non acidogènes afin de permettre un pâturage libre.
Les brassicacées, anciennement appelées crucifères, sont particulièrement bien adaptées. Colza fourrager, navet, navette et radis fourrager présentent en effet l'avantage d'être pâturés deux mois après le semis sous réserve de choisir les bonnes variétés et de bénéficier de pluie après le semis. Leur degré de tolérance au gel est plus élevé que les dérobées gélives qui doivent impérativement être utilisées avant les premières gelées. Tant que les températures ne sont pas trop basses (-5°C), plusieurs cycles de végétation peuvent se succéder grâce aux repousses régulières. Par contre, compte tenu de leur faible taux de matière sèche (12 % pour le colza et 10 % pour le navet), la fauche pour la réalisation de stocks n'est pas possible".

La suite dans Pâtre 604

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