dimanche 5 juillet 2015

ALGERIE: REDUCTION DE LA JACHERE : DU NOUVEAU.

JACHERE.
REDUCTION DE LA JACHERE : DU NOUVEAU.
Djamel BELAID 17.06.15 djam.bel@voila.fr

Pour réduire les surfaces en jachère, « on a tout essayé » pourraient dire les responsables du MADR. Un peu comme ces responsables économiques français à propos de la lutte contre le chômage. Pourtant, en matière de réduction de la jachère tout n'a pas était essayé. Ainsi, le non-labour avec semis direct pourrait être la solution à cette question cruciale pour plus d'autonomie alimentaire en Algérie.

PRENDRE EN COMPTE LES CONTRAINTES DES EXPLOITATIONS

Réduire la jachère afin de produire plus ne peut se faire d'un simple coup de baguette magique. Cela nécessite de prendre en considération les contraintes des exploitations. Or, celle-ci sont nombreuses si on en juge le damier que ces parcelles constituent dans les camapagnes. En effet, à la moisson des parcelles couleur or cotoient des parcelles de couleur marron corespondant à la jachère travaillée. Ces contraintes sont multiples : disponibilité en matériel, besoin en financement, gestion de l'eau du sol ou disponibilité en pâturages.
A cela, il s'agit de rajouter la taille des exploitations et le niveau technique des agriculteurs.

SEMIS DIRECT ET VITESSE DE TRAVAIL

Pour une exploitation céréalière, l'une des principales contraintes est représentée par le facteur temps. Labourer, préparer le lit de semences et semer prend beaucoup de temps. Or, en non-labour avec semis-direct (SD), le temps d'implantation de la culture sont réduits de 6 fois. Avec le même matériel de traction, on peut donc emblaver plus de surface. Les pointes de travail automnales sont ainsi réduites. Le semis du blé peut être réalisé en temps voulu. Trop souvent, les semis en mode conventionnel traînent jusqu'en décembre réduisant ainsi le potentiel de rendement des cultures. Par ailleurs, avec le SD, il n'y a plus concurrence entre semis de céréales et semis de fourrages de vesce-avoine.
C'est d'ailleurs cet argument qui a séduit de grandes exploitations. Dans la région de Constantine et Sétif, des exploitations privées de 300 à 750 sont intégralement passées en SD. Le même phénomène s'observe en Tunisie ou au Maroc. Malgrè son prix élevé un semoir pour SD est amorti dès la première année à condition d'emblaver au moins 500 hectares.

SEMIS DIRECT ET COUTS DE MECANISATION

La conduite conventionnelle avec labour revient relativement chère. Outre le coût de la main d'oeuvre, il faut tenir compte du carburant utilisé. En SD, les réductions de carburants sont de l'ordre de 40%. Ces réductions de coûts sont fondamentales pour l'agriculteur. Car, en début de campagne celui-ci doit avancer les fonds nécessaires pour financer le travail du sol, l'achat de semences et d'engrais sans avoir la certitude de rentrer dans ses frais en cas de sécheresse. Par ailleurs, il ne faut pas oublier la faiblesse des rendements en zone semi-aride ; en moyenne moins de 15 qx/ha. Si la rentabilité de cette céréaliculture passe par l'augmentation des rendements, elle passe également par la baisse des charges.
Le SD permet la localisation de la fumure de fonds et donc une meilleure efficacité de ce type d'engrais en sol à fort pouvoir fixateur et à faible C.E.C.

SEMIS DIRECT ET GESTION DE L'EAU DU SOL

Tous les agriculteurs vous le jureront : en terre profonde, une jachère labourée à temps permet les meilleurs rendements. Cela est à mettre sur le compte de l'enmagasinement de l'eau de pluie, la minéralisation de la matière organique et la réduction du stock de semences de mauvaises herbes dans le sol.
Or, le SD présente également certains avantages qu'une jachère travaillée (préparés de printemps). En effet, le SD permet une économie de l'eau du sol. Les résultats obtenues à Settat (Maroc) montrent qu'en année de sécheresse, là où le labour ne donne que 2 qx/ha, le SD permet d'obtenir 10 qx/ha.

Il devient donc possible de réaliser une culture après un blé sans avoir à se soucier d'essayer d'emmagasiner de l'eau comme avec la jachère. On peut envisager des cultures en remplacement de la jachère : légumes secs ou fourrages (foins, ensilage, grains) avec tout l'effet en matière de précédent (enrichissement du sol en azote, élimination des mauvises herbes ou du cycle de certains parasites).

SEMIS-DIRECT ET ELEVAGE OVIN

L'un des facteurs qui freine la résorption de la jachère provient également de la présence fréquente de l'élevage ovin associé à la céréaliculture. Celle-ci étant d'un faible rapport, l'élevage ovin permet d'équilibrer les comptes de l'exploitation. Des terres en jachères pâturées représentent autant de terrains de parcours.
Le SD, ne nécessitant pas de labour, les terres de parcours ne sont donc pas menacées dès le printemps de retournement par la charrue. Elles peuvent donc êtres pâturées jusqu'à l'automne. Mieux encore, le SD en permettant une augmentation des rendements en grains et en paille s'avère être un atout pour l'élevage ovin. Il a d'ailleurs été testé avec succès par le HCDS dans les zones steppiques à sol profond.

En réduisant à l'automne la durée nécessaire à l'emblavement des céréales, le SD permet d'envisager une extension des superficies en fourrages à pâturer ou à récolter (foin ou ensilage de vesce-avoine).
Il est également possible de réaliser un sursemis (re-seeding) des jachères pâturée avec des semoirs SD fourragers comme le GrassFarmer d'Aitchison.

Grass Farmer 1414 - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=plIp8DTJFKM
25 févr. 2010 - Ajouté par simclarke

SEMIS-DIRECT, CULTIVER LA JACHERE PATUREE

Mais c'est dans le domaine de l'amélioration des jachères pâturées que des progrès pourraient être attendus. Ces jachères sont en fait des prairies temporaires. Elles sont composées d'une flore spontanée et variée. En automne, le SD pourrait permettre de re-semer ces prairies temporaires afin d'enrichir leur flore et d'arriver à une meilleure valeur alimentaire de ces jachères pâturées. Précisons qu'il ne s'agit pas de remplacer la flore spontanée mais de l'enrichir par exemple en graminées fourragères telles le ray-grass. Des mélanges d'espèces (méteil) pourraient être testés. Les graminées fourragères sont intéressantes du fait de leur port dressé ; la production de semences est facilitée par rapport au port rampant des légumineuses.
La vitesse d'implantation que permet le SD est intéressante en matière de semis fourrager. Il permet une implantation juste après un orage. A ce titre, il permet une « agriculture d'opportunité ».

SEMIS-DIRECT, REVISITER LE DRY-FARMING

Le SD permet de revisiter totalement la pratique de l'arido-culture de type « dry-farming » longtemps pratiquée en Algérie. Aussi, dans toute réflexion sur son intérêt, il s'agit d'examiner l'ensemble des aspects dans lesquels il intervient.
Certes, son utilisation vue dans l'angle de la résorption de la jachère nécessite de maîtriser parfaitement le désherbage ainsi que de nouvelles cultures dont les légumes secs. Le SD peut également être envisagé sur couvert de chaumes. Cela implique une certaine technicité.

Le prix des semoirs pour SD reste élevé. Cela nécessite d'imaginer la fabrication de modèles locaux demandant moins de force de traction comme cela est le cas au Maroc.

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