mardi 7 juillet 2015

ALGERIE: LAIT, LE TEMPS DES VACHES MAIGRES?

LAIT
LE TEMPS DES VACHES MAIGRES?
Sous le titre « Wilaya de Tizi Ouzou : Malaise dans la filière lait » le 7 mars 2015 Salah Yermèche dans El Watan
relate les doléances des éleveurs bovins suite à la réunion de leur fédération et des collecteurs de lait. Il écrit: Les mêmes producteurs ont dénoncé dans ce contexte la «main basse» de barons de l’aliment du bétail, malgré que ces derniers n’aient aucune relation avec une telle activité, tout en interpellant les hautes autorités du pays à «mettre un terme aux importations effrénées» des produits dont ils estiment pouvoir toujours réaliser des excédents. Ils pensent qu’il est inadmissible qu’une botte de paille de 10 kg leur soit vendue 1080 DA, tandis que le lait cru leur est acheté à 34 DA le litre, avec tout son contenu bénéfique (matières grasses et autres vertus) pour être revendu épuré de ces matières (beurre) à plus 70 DA le litre. Pour dire que la botte de paille coûte 30 fois plus que le prix d’un litre de lait cru de vache…

Face à cette situation les participants souhaitent une augmentation « des subventions de l’Etat, actuellement de 12 DA/L ».

« VACHES MAIGRES », PAS UNE FATALITE
Les problèmes que rencontre la profession sont réels, mais la baisse des revenus pétroliers fait que les éleveurs doivent chercher d'autres solutions. A notre avis, voici quelques pistes.
Se constituer en coopérative de collecte de lait et de transformation de ce produit. Sinon, ce sera le secteur agro-alimentaire qui réalisera des marges sur leur dos.
Se constituer localement en groupements d'éleveurs et exiger la mise à disposition par le MADR des cadres actuellement dans les bureaux. A cette fin, des postes budgétaires devraient être transférés au niveau de tels groupement. Les groupements contribuant également par des cotisations, ce qui devrait leur donner une liberté de recrutement et donc de licenciement.
Les références techniques existent afin d'améliorer l'alimentation des animaux. Par exemple, l'orge peut être complétée par de l'urée. La paille peut être enrichie en ammoniac qu'on obtient en l'arrosant par de l'eau dans laquelle on dissout de l'urée. Mais actuellement qui explique cela aux éleveurs. Qui? Sans parler de l'alimentation minérale, de la nécessité d'un abreuvement en eau à volonté et des mesures prophylactiques à vulgariser.
Par ailleurs, comme beaucoup d'éleveurs sont en hors sol, il s'agit de se grouper en collectif d'achat afin d'acquérir des moyens de transport et de s'affranchir des grossistes. Sur les parcelles en plaine, l'ensilage avec enrubannage peut permettre d'accroître l'offre en fourrage de qualité. On peut penser à des échanges fourrages contre fumier. En montagne, sur de petites surfaces amendées de fumier, il est possible de produire en irrigué des fourrages verts comme du sorgho. Mais pour cela, il s'agit d'améliorer l'infiltration des eaux de pluies ou leur rétention et d'assurer un équipement en kit d'aspersion.

DES INGENIEURS ET TECHNICIENS AUX PORTES DES ETABLES
S'il y a des élus professionnels responsables, et nous ne doutons pas que ces cadres paysans existent, ils doivent se tourner vers l'action commune. A eux, d'avancer des fonds, de poser les bases de groupements d'éleveurs puis de demander alors aux pouvoirs publics l'affectation de cadres de terrain et l'attribution de prêts. A eux d'apporter des parts sociales pour construire ateliers de fabrication de fromage et de vente de la viande au détail. Ils pourront alors, par exemple, assurer eux même leur production et leur approvisionnement en aliments du bétail, en fourrages et bénéficier d'un encadrement technique à la porte de leur étable.
Assurer une disponibilité en cadres techniques au sein de groupements d'éleveurs peut permettre également l'enregistrement de performances et la comparaison entre ateliers laitiers et d'engraissement. La comparaison des façons de faire entre éleveurs est la voie royale pour progresser.
Ce principe vaut également pour les fruits et légumes et pourquoi pas aussi pour les céréales.
Demander encore et encore aux pouvoirs publics de signer des chèques en pétro-dinars est une erreur. Il faut préférer la voie de groupements seule façon pour les éleveurs de protéger leur marge. Il n'y a pas d'autres solutions.

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