samedi 25 juillet 2015

MADR: LES MINISTRES PASSENT, LE FELLAH RESTE.

AGRICULTURE
LES MINISTRES PASSENT, LE FELLAH RESTE
djam.bel@voila.fr 24.07.2015
Par un communiqué de presse, il a été annoncé un changement ministériel. Ainsi le ministre de l'agriculture, Mr Nouri a été remplacé par le ministre de l'hydraulique. Il n'était en place que depuis quelques mois. Que restera-til de son passage boulevard Amirouche ? Que restera-t-il du passage de Mr Nouri et de ses prédécesseurs ? Ainsi, les « responsables » de l'agriculture, les uns après les autres, passent. Chacun avec sa politique propre, même si les grandes tendances sont pour le moment fixées dans le marbre, notamment la politique de renouveau agricole avec de fortes subventions au secteur agricole. De tout ce remue-ménage, qu'en tire le fellah ?

DES POLITIQUES CHANGEANTES
La conséquence de ces changements ministériels sont des alternoiements qui peuvent modifier le contexte agricole. Quelles conséquences pour les exploitations agricoles ? Comme politique spécifique d'un ministre, il y a eu le « club des 50 quintaux ». L'actuel possesseur du portefeuille axera son travail vers l'irrigation du fait de ses responsabilités antérieures. En l'absence d'une communication ministérielle, seuls les proches du ministère pourraient préciser les caractéristiques de chacun des occupants à ce poste.
Ces mouvbements laissent un quelque chose d'inachevé et un sentiment d'incertitude.
Mais au fait, quel est le poids réel d'un Ministère sur l'agriculture du pays ? Est-ce vraiment les ministres qui font évoluer la vie des exploitations agricoles ?
Dans le cas de l'intensification céréalière et de la production de lait, la fixation de prix rémunérateurs a certainement un effet sur le revenu des agriculteurs. Mais concernant les décisions techniques et l'amélioration des marges des exploitations agricoles, il nous semble que l'administration du boulevard Amirouche peut actuellement peu de choses.

Et cela n'est pas propre à l'Algérie. Au Maroc ou en Tunisie, les agriculteurs sont confrontés à la dure loi du marché. Aussi tempérons l'effet de ces changements ministériels sur l'avenir des exploitations.
Il nous semble que s'il y a changement profonds, le changement viendra plus de la baisse de la rente gazière.
POUR UNE REPRENSATION PAYSANNE

Ainsi donc, les exploitations agricoles peuvent être impacter par des changements brusques et majeurs (baisse des subventions publiques agricoles) et des changements tout aussi importants mais impliquant les exploitations sur le long terme (diffusion du progrès technique, organisation du marché, représentation des élus paysans).

Aussi, la solution pour les exploitations est de développer des associations agricoles représentatives capables de défendre leurs intérêts. La solution est également de construire des filières agricoles solides dont les représentants peuvent dialoguer avec les pouvoirs agricoles.

Actuellement le contexte est marqué par un soutien massif aux principales productions. Le blé dur est ainsi acheté par l'OAIC aux céréaliers 40% au dessus du prix mondial. Les éleveurs laitiers perçoivent un prix du lait qui permet de maintenir en équilibre maintes exploitations, notamment les élevages en hors-sol.
Cette politique s'accompagne de l'émergence d'un secteur agro-industriel privé avec parfois des capitaux étrangers.
L'agriculture algérienne actuelle est marquée par l'absence d'une représentation forte des paysans dans les organes de décision et l'absence de subsidiarité. En Algérie, les paysans n'ont pas voix au chapitre. Où sont les groupements de producteurs, les coopératives, les syndicats, les associations professionnelles représentatives ? Où sont les cadres paysans dans les organes agricoles ?
Certes, dans des organisations professionnelles agricoles commencent à émerger des cadres paysans. Il y aurait à écrire sur les luttes que mènent des responsables paysans dans la défense du bien public. Des sujets de mémoire d'études seraient à proposer afin de décrire la progressive émergence du monde paysan dans les organes de décision du terrain.

Mais quelles sont les responsabilités confiées à ces cadres ? Notamment, concernant l'attribution de budgets, le recrutement, le poids dans des commissions d'évaluation de projets d'investissements. Car, c'est là que se manifeste le pouvoir réel.
Certes, nous ne sommes pas naïf au point d'oublier les dysfonctionnements pouvant provenir de dirigeants paysans. Mais cela ne permet en aucune manière d'exclure des centres de décision le monde paysan. On ne peut développer le secteur agricole sans participation du monde paysan à la prise de décision.


LE REGNE DU DIRIGISME ADMINISTRATIF

L'agriculture algérienne est actuellement le règne d'un dirigisme administratif. Mais elle est aussi marquée par un fort libéralisme ou souvent le profit immédiat l'emporte sur toute autre considération1.

Une telle situation ne profite pas aux producteurs. Chacun peut le constater dans le domaine du maraichage, ou du marché de la viande, mais cela est également le cas dans le domaine laitier et céréalier. Or, il nous semble que cette situation n'est pas prise en considération par les occupants actuels du Boulevard Amirouche. Comment expliquer cette situation ?

Il nous semble que la non-association de cadres paysans aux décisions provient du manque de connaissances en développement agricole des cadres du MADR, de leur origine sociale ainsi que de leur statut de fonctionnaire d'Etat. Cela, bien sûr lorsqu'il ne s'agit pas d'un parti pris en faveur d'une option ultra-libérale. Examinons ces trois points.

Le développement agricole peut se faire en partie par une politique d'orientation graâce aux subventions et à la fiscalité. Mais, il existe un pilier fondamental, c'est celui de la participation des premiers concernés. Or, ces notions sont très peu enseignées dans le cursus universitaire. La plupart des cadres agricoles ne connaissent pas par exemple le modèle coopératif français poyurtant très proche culturellement.

Pour la plupart d'entre eux, les cadres du MADR sont issus des classes moyennes. Aussi, souvent sont-ils dans des attitudes paternalistes certes confortées parfois par des dysfonctionnement observés sur le terrain2. Par ailleurs, ils ont peu participé à des luttes sociales et de ce fait n'ont pas conscience des notions d'évolution de rapport de forces. Trop souvent, ils restent dans des attitudes figées.

Enfin, même en étant de bonne volonté, ces cadres sont influencés à leur insu par l'assurance de l'emploi et donc de leur revenu. De ce fait, ils ne peuvent correctement appréhender la notion de prise de risque continuelle dans laquelle évoluent journaliérement les exploitations agricoles.

UN POUVOIR ECONOMIQUE PAYSAN
Au lendemain d'un énième changement de ministre, le monde agricole se doit voir plus loin. La protection des marges des exploitations agricoles passe par plusieurs points : peser sur la politique des prix à la production, la commercialisation des produits agricoles et la transformation de ces produits.

Il s'agit ainsi pour le monde paysan d'acquérir un véritable pouvoir économique. Un tel poids passe par la mise sur pied de groupements de producteurs. Différentes formes existent : depuis la simple entente ponctuelle pour vendre la production de plusieurs exploitations, en passant par le Groupement d'Intérêt Economique (G.I.E) ou la coopérative3.

(à suivre)

1C'est le cas dans la filière tomate industrielle.
2El Watan note en ce mois de juillet 2015 que des agriculteurs ne touvant pas de pièces détachées de moissonneuse-batteuses en ont prélevé sur celle qu'il avait loué à la CCLS locale.
3Nous ne donnons pas au terme « ccopérative » le sens attribué couramment en Algérie mais plutôt le sens originel avec notamment le fait que les sociétaires acquièrent des parts sociales.

jeudi 23 juillet 2015

CONSEIL TECHNIQUE: L'ENQUETE CULTURE, UN MOYEN POUR PROGRESSER .

ALGERIE, PREPARER L’APRES-MOISSON

C’est en juillet-août que se gagne la prochaine campagne !
D.BELAID 1.06.2014*

La moisson de céréales a déjà commencé. Pour les zones les plus tardives, les dernières interventions concernent l’irrigation d’appoint. Mais, pour les techniciens, déjà la prochaine campagne céréalière est à préparer. Comment ? Par la pratique de l’enregistrement des performances ou « l’enquête culture » trop peu utilisée en Algérie.

L’ENQUETE CULTURE, COMMENT ?

L’enquête culture consiste à enregistrer les pratiques agronomiques des agriculteurs sur leurs parcelles. Elle concerne tout type de cultures. Elle est réalisée par un technicien sur une petite région. Dans le cas des céréales, il s’agit de faire remplir par des agriculteurs un formulaire avec différentes rubriques et cela pour plusieurs de leurs parcelles.

Le sol. On demandera la profondeur du sol et sa nature (limoneux, argileux), la pente. On demandera également la nature du précédent cultural.

Le travail du sol. On demandera le type et date de labour, le type et nombre de façons superficielles.

Fertilisation. Pour chaque engrais on demandera le type, la dose et la date d’apport. On questionnera sur les éventuels apports d’amendements organiques, la dose et la date d’apport. Demander également si les chaumes sont enfouis ou pâturés.

Le semis. On demandera le mode, la dose, la variété, la date et la nature des semences (de ferme non traitées ou certifiées).

La protection phytosanitaire. On demandera pour la lutte contre les adventices, les maladies à champignons et les insectes la nature des produits apportés, la dose et la date d’apport.

L’irrigation. On demandera le type d’irrigation, le nombre, les dates et les doses.

Rendement. On demandera le rendement de la parcelle et le poids spécifique.

Il est évident que selon les spécificités locales, on peut développer certaines rubriques. Il nous est arrivé de demander lors d'enquêtes culture le coût des postes fertilisation, herbicides, fongicides, insecticides. Il devient alors possible de procéder à des calculs de marges brutes. Une autre fois, nous avons axé une enquête sur l’aspect fertilisation. Il avait été demandé aux agriculteurs qui aient des analyses de sols de les indiquer. Imaginez le plaisir technique d’avoir des analyses de sol et d’avoir les rendements obtenus sur ces parcelles.

L’ENQUETE CULTURE, POURQUOI, POUR QUI ?

L’enquête ne touche pas tous les agriculteurs d'une petite région, même si le maximum est convié à y participer. On doit viser les agriculteurs leaders et ceux en contact avec les techniciens afin de viser le maximum de retour du formulaire d'enquête.

Ce formulaire peut être publié sur un site, dans un bulletin agricole ou envoyé par courrier

Dans le cas des adhérents d’un groupe suivi par un technicien, le formulaire peut également être rempli lors d’une réunion. Certes, si les agriculteurs n’ont pas sur eux tous leurs chiffres, les renseignements risquent d’être approximatifs (ils peuvent être prévenus à l’avance). Cette façon de faire à l’avantage de forcer un maximum d’agriculteurs à participer et à aider ceux qui sont analphabètes. Il est également possible de faire appel à un stagiaire qui aidera à remplir les questionnaires tout au long de la campagne agricole.

Pourquoi tant d’efforts pour remplir ces questionnaires? Pour avoir personnellement pratiqué cette façon de faire, il nous est possible d’affirmer qu’il s’agit là d’un moyen extraordinaire pour avoir des références techniques locales. Cette façon de faire est la meilleure façon pour être efficace, pour peser sur les façons de faire des agriculteurs. Tout technicien sérieux engagé dans des actions de vulgarisation de terrain se doit de développer ce type de méthode. Il peut ainsi se construire des références et pouvoir ensuite diffuser des préconisations. Cette méthode peut également être utilisée par un chef de service dans une DSA ou un chef de silo de CCLS.

Pour qui ce genre d’enquêtes? Evidemment pour les agriculteurs me direz-vous. Cela semble évident. Pourtant, je connais au moins un cas en Algérie, où des animateurs d’un réseau céréales ont demandé aux agriculteurs de remplir de tels questionnaires sans que ceux-ci soient exploités et que des conclusions soient renvoyées aux agriculteurs.

Disons le tout de suite : s’il n’y a pas de retour aux agriculteurs sous forme de conseils pratiques, le nombre de réponses aux questionnaires chutera les années suivantes.

Dans la pratique, les questionnaires sont à envoyer aux agriculteurs avant la récolte. Ils devront être récupérés après la récolte. Ainsi, à partir de juillet-août les données seront enregistrées sur un tableur type Excel. Des « tris » pourront être réalisés, des conclusions tirées et une réunion « bilan de campagne » organisée fin août. Un document papier sera également remis à l’agriculteur.

ENQUETE CULTURE, DES RESULTATS

La méthode d’enquête culture est intéressante à plus d’un titre :

  • Des références provenant des parcelles agriculteurs. Une fois que la méthode est comprise par les agriculteurs, il y a une adhésion totale[1] de leur part. L’explication vient du fait qu’il s’agit de données qui viennent de leurs propres parcelles. Il ne s’agit pas de résultats venant de stations d’essais. Ils comprennent qu’il s’agit d’analyser leurs propres pratiques par rapport au « peloton » de tête. C’est un moyen puissant d’évolution technique.
  • Des références multiples. Un autre avantage est la quantité de références obtenues. Il y a ainsi des informations qui donnent une photographie. Ainsi, on peut connaître les précédents culturaux les plus représentés ou les variétés les plus utilisées. Mais le fait de connaître le rendement des parcelles permet de savoir quel précédent cultural ou quelle variété est le plus intéressant. Idem quant à l’emploi d’un herbicide, d’une date de semis ou du fractionnement ou non des apports d’azote. Nous avons eu l’occasion de réaliser une enquête où nous avions demandé le taux de protéines du grain, l’analyse du sol en azote et la quantité d’engrais azotés apportés. Les agriculteurs avaient été ravis du rendu des résultats. Certains avaient pu voir comment en mettant trop d’azote, ils avaient pénalisé leur rendement.

Nous espérons vous avoir convaincu de ce type d’approche. Il est possible de commencer avec 50 parcelles. Cela ne signifie par qu’il faut toucher 50 agriculteurs puisque chaque participant peut renseigner sur la fiche l’itinéraire technique de plusieurs de ses parcelles. Pour tout technicien qui croit en son métier, l’enregistrement de performances ou « enquête culture » est l’outil de base.

[1] L’idéal est quand même d’avoir plus de 100 parcelles et de réaliser des analyses statistiques de type AFC. Cependant, il faut le réaffirmer, avec un simple tableur, on peut tirer des conclusions très intéressantes.
(*) ré-actualisé le 23.07.2015

BUSINESS: ORGE, AVOINE DE NOUVEAUX ALIMENTS.

 
BUSINESS
L'AVOINE, UNE CEREALE MULTI-USAGE.

En Algérie, nous cultivons de l'avoine. Mais curieusement malgrè ses différentes qualités nutritionnelles, cette céréale est uniquement donnée aux animaux. Elle n'entre pas dans l'alimentation humaine. Il y a pourtant différents formes d'usage alimentaire pour ce produit aux hautes valeurs diététiques. La société Quaker.fr est un des spécialistes des flocons d'avoine quelle décline sous la marque « Quaker Oats ». L'expérience de cette entreprise offre des possibilités pour de jeunes investisseurs désirant développer ce produit en Algérie.

L'AVOINE AU PETIT DEJEUNER

Curieusement, en Algérie ce sont les plus jeunes qui sont susceptibles de connaître les flocons d'avoine. En effet, la mode des céréales au petit déjeuner fait souvent appel à l'avoine. C'est par exemple le cas avec la société Kellog's.
L'intérêt des flocons d'avoine au petit déjeuner consiste en leur capacité à entrer dans différents types de préparations. Sur ses paquets d'emballage, la société Quaker conseille de mélanger dans un bol les flocons d'avoine avec du lait puis de les chauffer deux minutes au four à micro-ondes. Bien sûr, du lait chaud versé sur les flocons donne le même résultat. Il est également possible de les plonger dans une casserole de lait bouillant. Mais, il est surtout possible de réduire la dose de lait et de mettre du café. Une autre solution peut être de mélanger les flocons avec du chocolat en poudre et de rajouter de l'eau chaude. D'autres préparations existent : ajout de fruits, de noix, de miel, … etc. La société Quaker développe même un partenariat avec la Société Tropicana afin d'accompagner les flocons du matin avec un verre « 100% pur fruit pressé Tropicana ».

Bref, chacun l'aura compris, les flocons d'avoine permettent de réduire l'utilisation du lait de vache. En effet, le mélange de tout liquide avec les flocons donne une consistance laiteuse similaire à celle du lait. Cela est tellement vrai, qu'il est possible de fabriquer du « lait d'avoine ». Des sociétés telles Bjorg.fr sont des spécialistes reconnus des lait végétaux. Outre le lait d'avoine, cette société fabrique également du lait de riz, lait de soja et du lait d'amandes.
Que ce soit au niveau de la cellule familiale ou au niveau macro-économique, en ces temps de tension sur le lait de vache, les flocons d'avoine s'avèrent être une des alternAtives possible au « tout lait de vaches ». Il ne s'agit pas de la négliger. Des tests de consommation devraient être réalisés afin de connaître les réactions des différentes tranches d'âge du public visé.

L'AVOINE CONTRE LE CHOLESTEROL

Mais l'avoine n'a pas que la qualité de pouvoir faire économiser le précieux lait de vache. Comme l'orge, l'avoine est riche en un type de fibres particuliers : les béta-glucanes. Des études scientifiques attestent l'effet anti-cholestérol de ce type de fibres. Fibres, qui n'existent pas dans le blé tendre ou le blé dur que nous consommons en grande quantité en Algérie. La société Quaker en fait même un argument de vente. Cette allégation figure en effet en gros caractères sur chaque paquet d'avoine. Un astérisque renvoi en bas de paquet à une explication plus détaillée. «  Les béta-glucanes contribuent au maintien d'une cholestérolémie normale, dans le cadre d'une alimentation variée et équilibrée et d'un mode de vie sain ».

L'action anti-cholestérol des béta-glucanes est liée à leur capacité à fixer le cholestérol. Or, ce type de fibres ne sont pas assimilées. C'est à dire qu'elles ne pénètrent pas, à travers la paroi intestinale, dans le sang. Ainsi, à son tour le cholestérol fixé aux béta-glucanes ne peut franchir la barrière intestinale.
Cette action est si puissante qu'elle est même reconnue par des organismes aussi sévères que la FDA américaine. Outre l'éducation à la santé et la prise de conscience de chacun, on peut se demander si l'ajout de quelques grammes de béta-glucanes ne devraient pas être incorporés d'office dans le pain, les pâtes alimentaires ou la semoule. De telles actions de santé publique ont cours dans le cas du sel de cuisine. Elles consistent en l'ajout d'iode au sel de montagne afin de lutter contre le goitre lié au manque d'iode chez les populations vivant loin du littoral marin.

Comme pour le petit déjeuner, la consommation de flocons d'avoine peut se faire sous différentes formes. La société Quaker propose par exemple une préparation à froid. Il s'agit de mélanger les flocons avec du lait froid, du yaourt ou du fromage blanc.

COMMENCER DANS SON GARAGE

Pour un jeune investisseur urbain sans trop de moyens et qui souhaiterait se lancer dans la fabrication de flocons d'avoine l'investissement de départ est relativement minime. La raison est à rechercher dans la facilité de préparation des flocons. Après s'être procuré un stock de grains d'avoine et de les avoir trié, il s'agit tout simplement de les concasser. La société Quaker ajoute une autre étape : les flocons sont « dorés au four ». On le voit, nul besoin d'appareillage sophistiqué pour démarrer. A tel point que les premiers pas pourraient même être effectués dans une … cuisine ou un garage.
Bien sûr ? Il s'agit de disposer d'un packaging attrayant et de sensibiliser les consommateurs par des campagnes de publicité. Mais, en Algérie, on peut compter avec le développement d'une classe moyenne de plus en plus au fait des questions de diététique.
Pour un agriculteur souhaitant valoriser l'avoine qu'il produit, il s'agit là d'une opportunité très intéressante.

Enfin pour un industriel pouvant disposer ou disposant déjà d'une chaîne de conditionnement TetraPack ou de lait en sachet, il y a là une autre opportunité : produire du lait d'avoine. On peut également imaginer des mélanges de lait d'avoine avec lait de vache. De tels laits peuvent également convenir aux personnes suivant des régimes ou présentant des allergies au lactose contenu dans le lait de vache. Pour un industriel en semoulerie et pâtes alimentaires, il est possible de rajouer une dose d'avoine dans ses produits. Cela permettrait de se différencier de la concurrence en apposant sur ses paquets « anti-cholestérol ».

Il y a là un vaste champs d'investigation pour les ingénieurs sortant de l'école des techniques agro-alimentaire de Constantine. L'avoine d'Algérie n'a pas fini de nous étonner.

CONSOMMATION
ALGERIE, PLAYDOYER POUR LA CONSOMMATION DE SEMOULE D'ORGE
djam.bel@voila.fr 08.07.2015
En Algérie, la culture de l'orge est très répandue. Du fait de son cycle végétatif court, cette céréale présente la particularité d'être bien adaptée aux conditions séchantes. L'agriculture pourrait en produire de grandes quantité car elle répond bien à l'intensification. Etrangement, nous ne consommons pas l'orge, nous la donnons aux animaux d'élevage.

ZLABIA CH'IR , ET SEMOULE D'ORGE

Selon les années, la production d'orge peut représenter près de la moitié de la production de céréales. Ainsi, entre 2008 et 2012, si la production moyenne annuelle de blé a été de 19 millions de quintaux, celle d'orge a atteint les 13 millions de quintaux.
La semoule obtenue à partir de la production locale d'orge peut être utilisée de différentes façons. Ainsi, il existe des galettes traditionnelles faites entièrement de semoule d'orge. On pourrait penser au développement de pain en utilisant un savant dosage de farine et de semoule d'orge. Un autre exemple de l'utilisation de la semoule d'orge en alimentation humaine nous est donné avec l'exemple de la fabrication de zlabia. El-Watan indique dans son édition du 06.07.15 qu'un artisan de d’Ouled Braham (56 km au sud-est de Bordj Bou Arréridj), Aâmmi Azzedine, a mis au point une recette de zlabia à la semoule d'orge.

Cet artisan a acquis en peu de temps « une notoriété qui dépasse de loin les limites de la wilaya de Bordj Bou Arréridj comme l’attestent les immatriculations des voitures stationnées autour de sa boutique. Des clients se sont déplacés depuis de nombreuses communes de Bordj et également des wilayas limitrophes, telles que Béjaïa, M’sila et Sétif ».

DEVELOPPER LA RECHERCHE DE NOUVEAUX PRODUITS
A l'étranger, les spécialistes de l'industrie agro-alimentaire ont tendance à dire que 50% des produits des rayons des grandes surfaces n'existaient pas 5 ans auparavant. C'est dire les potentialités de création de ce secteur.
Il serait intéressant que les spécialistes en meunerie ou en industrie agro-alimentaire sortis de l'école de Constantine se penchent sur l'utilisation de la semoule d'orge. On pourrait imaginer du pain incorporant une dose de ce type de semoule. D'autant plus que l'orge est produite en grande quantité. Durant cette campagne agricole, dans la région de Tiaret, la presse nationale faisait état « d'une superficie emblavée de l’ordre de 330.000 hectares dont 125.000 pour le blé dur, 60.000 pour le blé tendre, 135.000 pour l’orge et 10.000 pour l’avoine ».
Particularité intéressante le prix de l'orge est beaucoup moins cher que celui du blé. Ainsi au niveau des CCLS, le quintal est payé 2 500 DA contre 4.500 DA pour le blé dur et 3500 DA pour le blé tendre.
Rajoutons à cela que l'orge est riche en fibres de béta-glucanes. Or, ce composé qui ne passe pas la barrière intestinale fixe les molécules de cholestérol qui de ce fait sont éliminées. Pour les industriels des pâtes alimentaires, semoule et couscous, cela peut être un moyen de valoriser leurs produits. En effet, en rajoutant l'équivalent de 3 grammes de béta-glucanes pour chaque portion individuelle, ils ont le droit d'apposer sur les paquet la mention « produit anti-cholestérol ».

L'ORGE, UNE INTENSIFICATION POSSIBLE
L'orge est une culture qui répond bien à l'intensification . Dans la wilaya d'Oum El Bouaghi à Meskiana aidé des chercheurs1 de l'Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie (ex-INA) d'El-Harrach un agriculteur a procédé à des essais comportant semis direct, désherbage mais aussi fongicides ainsi que l'apport, en pulvérisation foliaire, d'un mélange d'oligo-éléments et de phosphore. La combinaison des différents traitements a ainsi permis une augmentation de 65% du rendement. Cet essai montre que même en zone semi-aride, les fongicides sont d'un apport indéniable. Par ailleurs, les sols étant riches en calcaire ils fixent les engrais phosphatés. On comprend donc la valorisation époustouflante par la culture de la pulvérisation foliaire (+ 48%) appliquée dans l'essai.
Les rendements en paille valorisent également les traitements. Quand on connait la forte demande en paille (700 DA la botte) consécutive à l'élevage ovin et la possibilité de louer les chaumes omme parcours estival, il apparaît que la marge brute dégagée est appréciable (80 000 DA/ha pour le témoin contre 150 000 DA/ha pour la conduite avec le plus d'intrants).

Traitements
Rendement grains
(qx/ha).
Rendement en paille
(qx/ha)
T1 : Sans fertilisation foliaire, ni fongique ni désherbage
T2 : Fertilisation foliaire
T3 : Protection fongique au stade montaison de la culture
T4 : Désherbage antidicotylédones
T5 : Fertilisation foliaire et protection fongique
T6 : Fertilisation foliaire et désherbage antidicotylédones
T7 : Protection fongique et désherbage antidicotylédones
T8 : Fertilisation foliaire, protection fongique,désherbage.

26,4
39,4
35,6
35,4
34,9
41,1
43,1
43,8
40
48,2
47,6
47,1
47,1
49,8
71,7
73,4

Résultats d'un essai d'optimisation de la protection phytosanitaire et de fertilisation foliaire mené 2009 en zone semi-aride sur orge (Meskiana).


Récemment a été re-découvert chez un agriculteur de l'orge céleste qu'on croyait à jamais perdu. Cette orge nue à des caractéristiques qui restent à étudier. L'orge n'a pas fini de nous étonner.





1Contact Ingénieurs de l'ENSA: hanifileila@yahoo.fr

lundi 13 juillet 2015

ALGERIE, QUEL AVENIR POUR LA FILIERE CEREALES ?

CEREALES
ALGERIE, QUEL AVENIR POUR LA FILIERE CEREALES ?
Djam.bel@voila.fr 13.07.2015
En Algérie, le niveau de la production céréalière progresse suite à l'effort conséquent des pouvoirs publics. Les produits des céréaliers sont largement subventionnés grâce à rente gazière. La baisse de cette mane ainsi que la perspective d'une adhésion à l'OMC pourrait signifier l'abandon de l’objectif d’autosuffisance alimentaire au profit de l'objectif plus large de sécurité alimentaire. Pour les incrédules, il suffit de se pencher sur la période 80 ou sur l'état de la filière céréale au Maroc suite à l'adhésion à l'OMC.
Dans une telle perspective, face à un scénario catastrophe, quelle pourrait être la stratégie des céréaliers ?

CEREALIERS DZ, CAP VERS L'INCONNU

Dans les prochaines années, la conjoncture internationale pourrait imposer à la filière céréalière nationale une nouvelle réglementation : baisse du soutien des pouvoirs aux producteurs, liberté des agro-industriels de s'approvisionner sur le marché international et modification du système de subvention du prix du pain. Une telle conjoncture pourrait entraîner de sérieuses modifications dans les façons de travailler au niveau des exploitations agricoles.
Avec l'adhésion à l'OMC, le Maroc a connu une telle situation.
Cet accord a aboutit à la libéralisation du marché des céréales. Il prévoit en effet l'abandon du commerce d’État ainsi que des monopoles d’importation. Quant aux politiques de restriction quantitatives à l'importation des céréales celles-ci sont revues à la baisse.

Dès la signature de ces Accords, les pouvoirs publics marocains ont dû adopter une nouvelle loi sur le commerce international prévoyant la limitation des interventions du gouvernement et entérinant le principe de la liberté du commerce international.
De ce fait c'est tout le système de commercialisation des céréales mise en œuvre par l’Office National Inter-professionnel des Céréales qui a dû être revu dans le sens d'une plus grande libéralisation. L'Office a ainsi perdu son monopole sur les importations. Quant au gouvernement, il a dû renoncer à la fixation des prix des céréales pour le remplacer par un mécanisme de régulation à travers les droits de douanes dont doivent s'acquiter les importateurs. D'un seul coup le prix des céréales s'est trouvé fixé en référence par rapport au marché mondial.

Pour les producteurs, les conséquences de cette libéralisation se sont progressivement traduites par
la réduction de la production locale de blé dur et d'orge. Les triturateurs de blé dur et producteurs de semoule s'étant en effet quasiment tournés vers le marché mondial. Quant à la production de maïs-grain, elle a pratiquement disparue et celle de blé tendre s'est trouvée orientée vers la production d'une farine de moindre qualité car subventionnée contrairement à la farine de qualité supérieure.
En Algérie, une telle situation pourrait signifier un désengagement de l'OAIC. Aussi, il nous semble que c'est à des groupements de producteurs de prendre dès maintenant leur destin en main et de ne plus tout attendre d'un seul office public.

REDUCTION DES COUTS DE PRODUTION UNITAIRE

Si des primes de type prime blé dur ou tout autre aide au quintal devaient subsister, la stratégie pourrait être de produire plus de quintaux. Diverses solutions sont possibles comme par exemple agrandir l'exploitation. Il est possible de travailler les terres pour un voisin. Cela existe dans la pratique même si de telles solutions ne sont pas prévues par le législateur. Il serait intéressant que les pouvoirs publics s'intéressent à un statut du fermage tel qu'il peut exister à l'étranger. En céréaliculture, l'agrandissement passe par l'abandon du labour au profit du semis-direct beaucoup plus rapide. En Espagne, l'apparition du semis-direct a coïncidé avec une concentration des exploitation de grande culture.

L'agrandissement de l'exploitation peut être relatif. Il peut concerner l'achat de matériel à plusieurs. Cette solution est par exemple en vigueur en Tunisie. Des exploitations moyennes ont acheté en commun un semoir pour semis-direct. Chacun des 5 exploitants utilisant à tour de rôle le semoir 4 jours de suite.

Une autre solution est d'améliorer le rendement à l'hectare. Dans ce cas, l'irrigation d'appoint devient alors prioritaire.

Le semis-direct est l'idéal afin de réduire les coûts de production. Dans ce cas là, c'est principalement les coûts de mécanisation qui sont concernés. Ils peuvent être ainsi réduits de 40% . Un autre avantage est de stabiliser les rendements-plancher. Différentes études en milieu semi-aride montrent qu'en année sèche, ces rendements ne descendent pas en dessous de 10 qx/ha.

Il nous semble que d'autres voies sont à explorer en Algérie. Elles n'ont jamais été tentées. Il s'agit de groupements de producteurs céréaliers.

GROUPEMENT DE PRODUCTEURS, POUR ARRIVER A VENDRE SON BLE DUR

L'idée serait de s'équiper en moyens de stockage à la ferme afin de pouvoir vendre les céréales au meilleur prix et afin de constituer des lots en mettant au point une traçabilit. Cela, bien sûr dans l'optique d'un démantelement de la réglementation actuelle. Rappelons qu'au Maroc, les réformes économiques de ces dernières années ont réduit les pouvoirs de l'Office National Inter-professionnel des Céréales, et autorisé les industriels de l'agro-alimentaires à s'approvisionner sur le marché international. « Aussi, cette libéralisation s’est-elle traduite progressivement par la marginalisation de la production intérieure de blé dur et d’orge » écrivent deux chercheurs de l'IPEMED. Conséquences : l’industrie de la semoule s’est tournée essentiellement vers le marché extérieur. Aussi, l'une des premières activités d'un groupement de producteurs serait la constitution de lots homogènes de céréales de qualité afin qu'ils puissent trouver preneur sur le marché local.

Seule la constitution de tels groupements peut permettre de répondre aux besoin de triturateurs locaux. Il s'agit pour cela de s'engager à fournir des lots de blé dur de variétés recommandées par la semoulerie et répondant à un cahier des charges précis (taux de protéines, taux de mitadinnage). Ces groupements peuvent ainsi ancrer la filière dans les territoires.

A cet égard, les barèmes de raréfaction des CCLS datent des années 80. Ils devraient être revus afin de favoriser une politique de qualité.

GROUPEMENT DE PRODUCTEURS, POUR SE RE-APPROPRIER LE DROIT A TRITURER

Enfin, il s'agirait également de développer des activités de valorisation des céréales, c'est à dire de première transformation.

Il est possible de lancer un atelier de trituration de blé dur pour produire de la semoule ou du blé tendre afin de produire de la farine. Cependant, dans ce cas, il faut arriver à obtenir les compensations financières que versent les pouvoirs publics aux triturateurs professionnels. On peut imaginer que les triturateurs de grains qui n'utilisent au mieux que 60% de leurs capacités installées seraient contre une telle mesure. Mais pourquoi les producteurs devraient-ils céder leurs grains aux transformateurs ?

Avec de l'orge et de la féverole ou du colza et son sous-produit : le tourteau, il est possible de produire de l'aliment pour bétail. Dans l'aliment pour ruminant, une partie du tourteau de soja peut être remplacé par l'incorporation d'urée. De l'orge et certaines variétés de féveroles peuvent même être utilisées en aviculture. L'utilisation d'enzymes peut permettre de réduire les doses de maïs importé et à les remplacer par de l'orge. Le choix de variétés plus pauvres en facteurs ant-nutritionnels peut permettre d'augmenter les doses d'orge.

La production de luzerne peut permettre de produire de la luzerne déshydratée sous forme e bouchons.

GROUPEMENT DE PRODUCTEURS, VERS LA DEUXIEME TRANSFORMATION ?

Il est possible d'aller plus loin en se lassant dans le domaine de la deuxième transformation. Par exemple en s'équipant d'une machine à produire du couscous. D'autres produits sont envisageables tels la production de céréales pour petit-déjeuner (avoine écrasée notamment), de blé dur grillé (frik), de pain, voire de pâtes alimentaires. L'achat d'un extrudeuse peut permettre la transformation des céréales en produits haut de gamme.
Il serait intéressant d'étudier certaines expériences locales telles que la production artisanales de galettes ou de gâteaux de semoule.

En France, l'aliment pour chien Pedigree-Pal est produit par un groupement de producteurs céréaliers. La coopérative Axéréal produit par exemple les grains de blé tendre Esbly pré-cuits à la vapeur.
Toujours en France se développe un mouvement de paysans-boulangers bio. Ces agriculteurs produisent du pain à partir de leurs céréales et asurent eux même la vente parfois au sein d'une AMAP. De telles initiatives semblent plus adaptées pour de petites exploitations.

GROUPEMENT DE PRODUCTEURS, ET EMBAUCHE D'INGENIEURS ET TECHNICIENS

La constiution de groupements de producteurs permet d'accéder à un meilleur niveau de connaissances agronomiques et technologique.
Un groupement de producteurs s'engageant dans une politique de réduction de coût et de qualité des blés durs peut beaucoup gagner à embaucher un technicien spécialisé sur ses fonds propres et en demandant à bénéficier des aides publiques à l'emploi.

Déjà des formes d'association ou de conseil privé existent entre agriculteurs et cadres. Certains éleveurs s'associent avec des vétérinaires. Dans la région de Constantine, c'est une exploitation privée de 300 ha qui s'est adjoint les services d'un conseiller agricole français.
Il va sans dire qu'une libéralisation du marché ds céréales mettraient pratiquement en concurrence les céréaliers nationaux avec leurs homologues étranger. Afin d'essayer de survivre économiquement seul un lobying efficace pourrait essayer de dresser quelques barrières protectrices (TVA) et une remise à niveau technique permettrait d'améliorer la productivité des exploitations.
A ce propos, seuls des techniciens compétents peuvent assurer une animation technique efficaces. Ils peuvent établir des ponts entre les pratiques des agriculteurs les plus avancés du groupe et ceux en retard. Ils peuvent également diffuser dans le groupe de nouvelles techniques afin de réduire les coûts de production et assurer la qualité maximale des récoltes.

Sans une amélioration du niveau technique, les céréaliers algériens, comme les céréliers marocains ne pourront plus vendre leur BD au semouliers locaux. Ne leur restera qu'essayer de produire de la pastèque ou tester de nouvelles cultures de meilleur rapport : oléagineux, betterave à sucre comme au Maroc.

GROUPEMENTS DE PRODUCTEURS MODE D'EMPLOI

En Algérie, la « Révolution Agraire » des années 70 et les « coopératives » agricoles ont laissé à certains de mauvais souvenirs pour tout ce qui touche de près ou de loin à toute forme de mise en commun des moyens de production.
Précisons tout de suite qu'il s'agit de trouver des formes de groupement pour seulement la mise en vente commune de tout ou partie de la production céréalière. Cela afin de mobiliser de gros volumes afin de pouvoir discuter avec des propriétaires de moulins ou pour soit même se ré-approprier ce droit à triturer en acquérant à plusieurs un moulin.
Il est certain que l'idée de groupement de producteurs a, à priori, plus de chance de se concrétiser entre agri-managers de grosses ou moyennes exploitations.

Il se pose la question la question des petits céréaliers. Afin d'atteindre une taille critique, les agri-managers ont tout intérêt à les attirer à eux.

Les agriculteurs peuvent profiter de la présence des élites rurales afin de trouver des aides dansla réalisation de leur projet.

Par ailleurs, les exploitations céréalieres de moyennes ou grandes tailles constituent de véritables entreprises. Aussi, se doivent-elles d'adhérer à des associations de chefs d'entreprises telle le FCE afin de plus peser sur les décisions économiques des décideurs publics lors de discussions concernant les intérêts de la filière céréales.

CEREALIERS, ANTICIPER SUR L'AVENIR

A travers le grain, les céréaliers produisent un produit fondamental pour l'alimentation humaine et animale. De façon étonnante, à la moisson dès qu'ils sont en possession de leurs grains, ils n'ont qu'une hâte : s'en défaire et le livrer à un office public : l'OAIC. Certes, même s'il faut parfois attendre deux à trois jours devant les docks des CCLS, les prix de cession sont extrèmement rémunérateurs. Avec ces grains, les triturateurs réalisent des marges conséquentes.

Mais ces prix seront-ils éternellement aussi rémunérateurs ? Qu'en sera-t-il lorsque ce ne seront plus des décisions administratives qui permettent de fixer les prix, mais les forces du marché mondial ? Tout chef d'entreprise se doit d'anticiper l'évolution du marché au niveau duquel il livre sa production.

Afin de se préparer à toute évolution du marché du grain en Algérie, il nous semble que, selon les situations, les céréaliers peuvent opter pour différentes stratégies.

Avant toute chose, ils doivent améliorer la qualité de leur production afin de répondre au cahier des charges des triturateurs locaux. Rappelons que ces derniers, à terme pourraient avoir la possibilité de s'approvisionner entiérement sur le marché internationnal. L'intérêt serait de pouvoir continuer à écouler leurs produits.

Par ailleurs, les céréaliers devraient se ré-approprier une partie de la première transformation voire même une partie de la deuxième. L'intérêt principal serait d'améliorer leurs marges bien faibles en situation non-irriguée.

Dans tous les cas, les céréaliers n'ont de chance de pouvoir sauvegarder leurs intérêts qu'en créant des groupements de producteurs. Les gros céréaliers ont le plus à perdre. Aussi, c'est à eux de prendre l'initiative de la constitution de tels groupements. A eux ensuite, d'attirer les autres catégories de producteurs afin d'arriver à une taille critique permettant de financer des installations de stockage à la ferme et plus tard propres au groupement.

Une forme plus élaborée de mise en commun des forces des céréaliers serait de constituer une future banque agricole. Un des moyens pourrait être de prélever un poucentage minime sur chaque quintal de grain produit et de demander des prêts à long terme des pouvoirs publics. Seul un tel outil pourrait à terme leur permettre de fiancer des projets garantissant leurs marges.

L'avenir parfois sombre que nous évoquons peut sembler constituer un mauvais scénario de science-ficion. Cependant, le cas de nos voisins céréaliers marocains est là pour nous rappeler à la dure réalité. Réalité que peut imposer une future admission de l'Algérie à l'OMC ainsi ou la signature d'autres accords internationaux.


mardi 7 juillet 2015

ALGERIE. VALORISER LES PROTEINES VEGETALES EN ALIMENTATION HUMAINE

ALGERIE, ET SI ON PENSAIT VIANDE VEGETALE?


D. BELAID 2.06.2014
Le mot d'ordre de ce site est "une idée nouvelle par jour". Voici celle de ce jour. Il s'agit d'une pépite. Jugez-en!
Les végétariens utilisent beaucoup le touffu ou le seitan comme substitut végétal à la viande. En Algérie, nous n'avons pas de soja, mais nous avons du blé (et du pétrole jusqu'à 2030, voir les récentes déclarations de Mr Sellal). Or, avec du blé, il est possible de fabriquer du "seitan". Nous vous proposons une vidéo sur le procédé de fabrication du "seitan" ou viande de blé. En fait, il s'agit de récupérer le gluten du blé en le débarassant de son amidon par lavage.
Cette viande végétale pourrait être utilisée pour les plats cuisinés, les boureks, les conserves genre sauce tomate bolognaise, ... Il y a là tout un secteur agro-alimentaire à développer en Algérie. Nous y reviendrons.
ps: Industriels, proposez ce sujet de recherche à une étudiante et technologie alimentaire puis recrutez là.
Le procédé sous la forme d'une vidéo.

 

www.youtube.com/watch?v=s9vHa66Bm5E

ALGERIE. COLZA FOURRAGER.

En Algérie, l'amélioration de la production fourragère oublie le colza fourrager. Nous encourageons chaque agriculteur à se procurer une dizaine de kilo de graines de colza et à les semer dès la fin août (s'il a de l'irrigation d'appoint). Le colza pousse très vite. Rapidement, il pourra faire pâturer ses animaux. Cette technique permet d'améliorer la traditionnelle technique de l'orge en vert ou "g'sil".
 

ALGERIE: PLUSIEURS RAISONS POUR UTILISER LE COLZA FOURRAGER
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Photo: prise en France.

Nous proposons une fiche technique sur le colza fourrager. Cette fiche reprend intégralement le texte de Amédée HARDY.1A notre connaissance, actuellement il n'existe pas de semences de colza fourrager en Algérie. Aussi nous conseillons aux éleveurs de se procurer du colza ordinaire par l’intermédiaire de connaissances locale ou à l'étranger. Les doses de semis hectare étant faibles, quelques kilo de semences vous suffiront pour démarrer2. Le recours à l'importation privée est plus que nécessaire au vu de l'immobilisme (on pourrait dire criminel) des services agricoles actuellement en charge de ce dossier.
nb (25/03/2016): L'ITGC Sétif a mis en place un essai de colza. Nous publions ci-dessous quelques photos (on ne peut que féliciter les promoteurs de cette initiatives et espérer qu'ils vont fournir de la semence aux éleveurs).


Photos: Colza à la Station FDPS ITGC Sétif le 23 mars 2016. Observez le bon développement des plants (ils sont semés trop rapprochés).
ps: un conseil si vous n'avez de semences de colza fourrager, utilisez du colza grain. Si vous n'avez aucun des deux, utilisez des semences de chou ou de chou-fleur. La famille des Crucifères donne une bonne masse végétale. Produisez vous mêmes votre propre semence.

Articles:
Actuellement, cette culture est en place pour plusieurs raisons.
  • Suite à une période de sécheresse pour palier au manque de fourrage.
  • Le colza fourrager contribue à réduire la chute hivernale de la production laitière (des vaches et des brebis allaitantes) provoquée par les rations peu pourvues en azote dégradable. Cet aliment consommable pendant l’automne et l’hiver permet de disposer de fourrage vert à une période où les prairies ou les autres plantes fourragères ont du mal à produire.
  • Suite au développement de l'irrigation d'appoint en Algérie, il devient possible de semer du colza dès le mois d'août (la date de semis optimale du colza-grain est septembre). Les pluies de l'automne prendront ensuite le relais de l'irrigation d'appoint.

Intérêts agronomiques

Place dans la rotation:
Le colza fourrager s'intercale très bien entre deux cultures principales. Son cycle végétatif est très court. Pour les variétés les plus précoces, 60 à 80 jours suffisent après le semis pour récolter 4 à 5 tonnes de matière sèche à l'hectare (120 jours pour les plus tardives). Pour profiter au mieux des réserves en eau du sol, il est conseillé de semer tout de suite après la récolte de la culture précédente.

Travail du sol:
Le colza fourrager est une culture facile à réussir et peu coûteuse car sa mise en place n’est pas exigeante. Pour le semis, il est préférable d’avoir enlevé les pailles ou de les avoir dispersées lors du broyage. Dans les terres à bonne structure, le semis direct donne de bons résultats.
Dans les autres cas, le passage préalable en profondeur d’un outil à dents est préférable avant de semer avec un travail superficiel.

Semis:
En général, le colza se sème à 2 cm de profondeur à raison de 8 à 10 kg /ha. Il est peu exigeant en fumure et valorise bien les reliquats azotés. Selon la richesse du sol et les apports de matières organiques (fumier, lisier, compost), il est conseillé d’apporter au total environ 80 unités d’azote/ha.
Les limaces peuvent attaquer le colza. De plus, le colza étant sensible aux attaques d'altises, il est parfois utile d’effectuer un insecticide. Ce traitement ne doit pas avoir lieu dans les 15 à 20 jours qui précèdent son utilisation par les animaux. Si le colza se développe rapidement, sa végétation étouffe les adventices. Un rattrapage en post levée avec un désherbant anti-graminée reste cependant envisageable.

Des variétés adaptées à sa période de valorisation
Afin de profiter des meilleures valeurs alimentaires et de bons rendements, le colza fourrager doit être pâturé ou ensilé avant floraison et avant l'hiver, car à la floraison ses qualités sont fortement dégradées et en-dessous de 5°C le colza ne pousse plus.
  • Pour les variétés précoces, le délai de développement jusqu'au stade bourgeonnement début floraison est d'environ 8 semaines à partir du semis. Leurs croissances rapides et leurs faibles résistances au froid obligent les éleveurs à les faire pâturer ou ensiler avant floraison et avant l'hiver. Ces variétés fleurissent à l'automne.
  • En patientant un peu (10 à 12 semaines après le semis), les variétés demies précoces qui ne fleurissent pas à l'automne ont une bonne valorisation lorsque les tiges s'allongent. Leur exploitation peut être plus longue que les variétés précoces.
  • Enfin, les variétés tardives et plus productives s’exploitent après un délai minimum de 12 semaines après semis. Il est préférable de les semer tôt (au début de l'été) pour tirer profit des feuilles à leur développement maximum. Ces variétés tardives ne fleurissent pas à l'automne et résistent bien au froid. Elles peuvent être gardées sur pied pour les exploiter au printemps suivant au stade montaison.
Un fourrage de qualité.
Colza Fourrager (valeurs + ou – 10 %)
% MS UFL /kg MS UFV /kg MS M.A.T. /kg MS PDIN /kg MS PDIE /kg MS
Stade en feuilles 12,7 0,91 0,89 198 124 97
Stade au bourgeonnement 12,3 0,85 0,81 194 122 95
Stade à la floraison 13,5 0,76 0,70 150 94 82

Avec des ensilages bien conservés, les valeurs alimentaires sont semblables.De part sa richesse en matières azotées totales (15 à 20 % de la matière sèche), et notamment en protéines digestibles (de 120 à 160 g de M.A.D. par kg de matière sèche), le colza fourrager permet d'économiser une partie des concentrés achetés et de renforcer l’autonomie alimentaire de l’exploitation.

Une bonne valorisation par les animaux
Le colza peut être récolté en pâturage, en affouragement en vert ou même en ensilage.Quelle que soit l’espèce animale, il faut limiter la part du colza à 20 % de la matière sèche totale de la ration. En fait, le colza-fourrage est un remarquable complément en azote dégradable.

Le pâturage et l’affourragement en vert
Riche en feuilles, le colza fourrager est bien consommé par les animaux. Pour donner un ordre d’idées, il faut prévoir 4 à 5 ares /vache avec un colza fourrager exploitable une quarantaine de jours.
Au pâturage, le colza fourrager s’exploite au fil électrique afin de le rationner. Il faut disposer d'un front d'attaque suffisant (au moins 5 mètres de pâturage/vache) et d'un sol portant. Cette technique permet de limiter le gaspillage ainsi que la surconsommation

Une transition alimentaire de 8 à 15 jours est nécessaire pour habituer progressivement les animaux au colza et leur rumen. 2 à 3 heures de pâturage au fil l'après-midi suffisent. Il faut prévoir d’arrêter la consommation une heure avant la traite pour que le lait n'ait pas le goût de colza.

L'affourragement en vert pour une distribution à l'auge est possible. Il apporte aux animaux un aliment frais et de bonne qualité, notamment quand la parcelle est trop éloignée pour y amener le troupeau ou lorsque le sol n’est pas assez portant pour le pâturage des animaux.

Lors du pâturage, il faut être attentif aux risques de météorisation. C’est pourquoi, pour les limiter, il faut sortir les vaches après leur avoir donné un peu de fourrage déficitaire en azote et qui les encombre (maïs, foin ou paille).

La ration totale doit comporter un apport de matière sèche important (du foin, de l’ensilage de maïs, de la pulpe de betterave déshydratée...). Si une complémentation azotée reste nécessaire, il faudra privilégier des sources azotées peu dégradables dans le rumen (tourteau de soja ou de colza de préférence protégé).

Exemples :
 Pour une ration pour 20 kg de lait/ jour
11 kg MS ensilage de maïs à 32-33 % de M.S.
3 kg MS de colza fourrager pâturé au stade début bourgeonnement
1,3 kg de tourteau de soja 48 (en partie protégé)

 Pour une ration pour 18 à 20 kg de lait/ jour
3 à 4 kg MS de colza fourrager
6 kg MS d’ensilage d’herbe
4 kg de foin
2 à 3 kg de mélange céréalier (triticale et pois)
0,5 kg de tourteau de soja (selon la qualité du foin et de l’ensilage d’herbe)

L’ensilage
Pour l’ensilage, la teneur élevée en eau du colza constitue un handicap pour réussir une bonne conservation. Il est préférable de laisser le fourrage se ressuyer au champ et de le hacher finement avant de le tasser modérément. La mise en place d’un lit de 50 cm de paille sous l’ensilage de colza permet de récupérer une partie des jus. Il est aussi possible d’utiliser 150 kg de pulpes sèches/ tonne d’ensilage.

Avec la paille, le produit obtenu a évidemment une valeur alimentaire moindre que celle du colza pur. La pulpe renforce au contraire sa valeur énergétique.

Un mode d’emploi selon les utilisations que l’on veut en faire
Quel que soit le mode de production, le colza fourrager s’utilise avec méthode.
  • Il peut aussi bien convenir pour ceux qui veulent assurer leur bilan fourrager que pour ceux qui recherchent une plus grande autonomie alimentaire.
  • En tant que fourrage, il limitera la consommation de stocks.
  • En tant que plante bien fournie en azote, elle réduira l’utilisation de tourteaux parfois très coûteux.
  • Avec les animaux, il faudra prendre quelques précautions en proposant d’autres fourrages qui limiteront son ingestion.
  • Au niveau agronomique, son intérêt devra prendre en compte la présence d’une inter-culture peu exigeante mais qui, dans certaines conditions, peut dégrader le sol.
Tous ces éléments peuvent aider la décision d’utiliser ou non le colza fourrager, voire aussi du chou fourrager qui ont tous les deux de forts points communs.
Sources: L’ABREUVOIR n°218 – 2010 – n°2 – Centre de Formation Elevage 27400 CANAPPEVILLE 25 Amédée HARDY
1Nous avons enlevé quelques courts passages (peu intéressant dans le contexte actuel algérien) et rajouté quelques éléments de base. Pour toute citation, on se reportera au texte initial.
2En cas d'importation de semences, on veillera à respecter la législation en vigueur en Algérie.


TAARUP "Affouragement du colza fourrager" - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=cIN1If9qfeI

TEMOIGNAGE COLZA OVINS:
Frédéric PRELADE (éleveurs d’ovins en Haute-Vienne) a implanté du colza en dérobées et constate les effets pour le flushing des brebis.
« Je sème 10 kg/ha de colza entre deux céréales depuis mon installation, il y a 5 ans. Le pâturage de cette dérobée me permet de réaliser du flushing sur les brebis. 120 brebis pâturent à partir de mi-septembre sur une parcelle de 2 à 3 ha, durant 3 semaines maximum. Sur les repousses, je mets des brebis de réforme ou d’autres animaux aux besoins moins importants. C’est une technique par chère qui répond totalement à mes besoins ».
www.herbe-fourrages-limousin.fr/menu-horizontal/vos-contacts.html

Des solutions pour pallier le manque de fourrage

20 juillet 2010 E. Bignon Revue: REUSSIR LAIT

Le froid et les faibles pluies du printemps ont entraîné une diminution rapide des stocks fourragers. Zoom sur les pistes d’action pour faire face au déficit fourrager en attendant la récolte du maïs.

7LE COLZA FOURRAGER s’implante en été après une céréale. Il s’utilise en fourrage d’appoint, sans dépasser 4 à 5 kg de matière sèche par vache.

LE COLZA FOURRAGER s’implante en été après une céréale. Il s’utilise en fourrage d’appoint, sans dépasser 4 à 5 kg de matière sèche par vache. - © S.Leitenberger
Du fait d’un printemps froid et sec, la pousse de l’herbe s’est montrée limitée. « Mi-mai, il manquait en cumulé entre 1 et 1,5 tonne de matière sèche d’herbe par hectare par rapport aux années antérieures, indique Étienne Doligez de Calvados Conseil élevage. Sur un élevage moyen du département, cela représente 60 à 90 tMS par exploitation. » Et nombreuses sont les régions à faire ce constat. Moins de pâturage, des récoltes en ensilage d’herbe moins importantes, les stocks fourragers ont été fortement mis à contribution. Dans certains cas, il sera difficile de faire le joint jusqu’aux ensilages de maïs.
Mais en premier lieu, un recensement du besoin et de l’offre en fourrages s’impose pour estimer au plus juste les besoins alimentaires du troupeau et les stocks disponibles. « C’est le point de départ pour réfléchir à des alternatives, avancent les techniciens. L’idéal est de réaliser une prévision à deux échéances : la première jusqu’en octobre prochain, et la seconde jusqu’au printemps 2011 pour s’assurer que les stocks seront suffisants pour passer l’hiver. »
C’est aussi l’occasion de faire le point sur les effectifs d’animaux, d’ajuster éventuellement le nombre de génisses et d’anticiper les réformes ou les ventes d’animaux destinés à la boucherie. « Cela dit, mieux vaudra raisonner prudemment le tri des laitières dans la mesure où le lait d’été est mieux payé et que l’on s’attend à une rallonge de quota assez importante », souligne Etienne Doligez.
Implanter rapidement des dérobées après céréales
Pour prévenir le manque de stocks, certains éleveurs ont pris les devants en ensilant des céréales immatures fin juin. Cette solution sera beaucoup moins coûteuse que d’acheter des fourrages en milieu d’hiver, à une époque où il sera difficile d’en trouver à bon marché. L’ensilage de blé (0,64 UFL/kg MS, 35 % MS) est beaucoup moins riche en énergie que l’ensilage de maïs. Appétent et riche en fibres, ce fourrage peut être réservé en priorité aux animaux aux besoins plus limités, mais il donne aussi des résultats corrects sur vaches laitières s’il entre à moins de 50 % de la ration, comme cela a été testé à la ferme expérimentale des Trinottières. En pleine lactation, 4 à 5 kg MS de céréales ensilées évitent de pénaliser les performances.
Deuxième possibilité : implanter des dérobées après céréales. Cette solution intercalaire peut fournir quelques tonnes de matière sèche pour pâturer en début d’automne, ou constituer des stocks complémentaires pour l’hiver. Sachant que la réussite dépendra beaucoup des conditions météorologiques de cet été. « Si la pluie revient, le ray-grass d’Italie apparaît bien adapté, indique David Delbecque de la chambre d’agriculture du Calvados. Pour une exploitation à l’automne, mieux vaut choisir une variété non alternative, c’est-à-dire qui n’épie pas l’année du semis. » Un type diploïde est indispensable si le RGI se destine à la fauche. Pour une pâture, un mélange 50 % diploïde/50 % tétraploïde est préférable. Il se sème en pur entre 15-20 kg/ha pour les variétés diploïdes et 20-25 kg/ha pour les tétraploïdes.
Plus original, le colza fourrager bénéficie d’un développement rapide. Son cousin, le chou fourrager se montre moins rapide à pousser et moins productif en semis tardifs (après le 15 juillet) mais plus souple à exploiter.
Crucifère, moha, trèfle d’Alexandrie, avoine et vesce…
Le moha est une graminée estivale, moins exigeante en eau que le RGI ou le sorgho fourrager. En bonnes conditions, il pousse rapidement, en 70 à 90 jours avec une production potentielle de 2 à 4 tMS/ha. Sa valeur alimentaire est estimée à 0,77 UFL (0,72 UFL en association avec le trèfle d’Alexandrie) et 12-14 % de MAT. Riche en fibres et plutôt encombrant, il se destine plutôt aux élèves qu’aux laitières. Il est pauvre en sucres et s’exploite davantage en foin qu’en ensilage. Non météorisante, l’association peut aussi être pâturée. Une fois coupé, le moha ne repart pas, contrairement au trèfle d’Alexandrie. Pour un mélange semé à 25 kg/ha (moitié moha, moitié trèfle), il faut compter 60-65 €/ha.
« L’avoine diploïde associé à la vesce recueille aussi de bon échos de la part des éleveurs qui l’ont déjà utilisé les années précédentes, rapporte Etienne Doligez. C’est un fourrage productif qui se développe vite et qui ne nécessite pas d’intrants. Il se montre appétant et ses valeurs semblent intéressantes. »

Se tenir à l’affût des opportunités en co-produits
Le recours aux co-produits secs ou humides n’est pas non plus à exclure, selon les opportunités locales. Riches en énergie et en azote fermentescible, les drêches de céréales et le corn gluten feed par exemple peuvent permettre d’économiser de précieux stocks. « Il faut se tenir à l’affût des occasions qui se présentent, conseillent les techniciens. Mais quel que soit le co-produit utilisé, mieux vaut toujours obtenir le maximum d’informations sur leur provenance, leur fabrication et leur composition. Quitte à faire une analyse pour s’assurer au moins du taux de matière sèche et de la MAT. » Assimilables à des concentrés, les coproduits secs ne se substituent pas à eux seuls à la ration de base. Et toute introduction d’un nouvel aliment dans la ration nécessite une transition alimentaire. ■