mercredi 30 mars 2016

ALGERIE: Md BENAZZA, L'HOMME SUR QUI REPOSE L'AVENIR DE LA CEREALICULTURE.

Jamais un homme n'aura détenu autant de pouvoir en Algérie. Un général me direz vous? Lella. Un haut cadre d'un service de sécurité? Lella.Un ancien ministre? Lella. Un prochain ministre? Ballek!

Mr Mohamed Benazza est le directeur de CMA Sidi Bel Abbes, le complexe qui fabrique des moissoneuses-batteuses Sampo. Il a également en charge la mise au point s=d'un semoir révolutionnaire: un semoir anti-sécheresse.
L'Algérien mangeant en grande majorité des céréales, Mr Benazza en détenant le pouvoir de semer et de récolter plus de blé a entre ses mains les moyens de nourrir la population.
 Photo:  Mohamed Benazza, l'homme le plus puissant d'Algérie (capture d'écran).


APRES LES MACHINES SAMPO, LES SEMOIRS JOHN SHEARER?
Jack Desbiolles, génial expert australien en machinisme essaye de refaire en Algérie, le coup qu'il a réussi en Jordanie. Vendre du matériel australien? Lella! Il a réussi à convaincre un industriel à produire des semoirs Made in Jordan. Ces semoirs sont destinés au semis direct; ils sont "anti-sécheresse". Ils s'inspirent du modèle australien John Shearer.
Cet expert transmet gratuitement une technologie exceptionnelle dans le cadre d'accords internationaux et cela au sein d'un organisme (ICARDA). En donnant leur technologie de semis, les Australiens comptent un retour au Moyen - Orient (berceau de développement des céréales) en matière de ressources génétiques. Le deal est honnête. A nous de le saisir.

A CMA BEL-ABBES LE PREMIER SEMOIR ZT-DZ
Les Australiens sont comme les américains et brésiliens des champions du semis direct. Cette façon de semer du blé sans labourer. Une folie disent les anciens. Pourtant, cette technique rapporte plus tout en étant économe en fuel et réduit l'érosion. Une chance pour l'Algérie dont la céréaliculture a encore du mal à décoller.
L'expert australien a donc exposé son projet aux services du ministère de l'agriculture, dont l'ITGC qui l'ont dirigé vers Mr Benazza, directeur de CMA.
Mr Benazza a-t-il un staff agronomique qui puisse l'éclairer sur l'impérieuse nécessité des semoirs pour semis direct, SD en français mais ZT en anglais pour Zero-Till? Nous l'espérons.

Photo: l'infatigable Jack Desbiolles dans un atelier de fabrication de ses semoirs ZT.

CMA MAIS AUSSI LES PRIVES!
Ces semoirs sont fondamentaux surtout pour les wilayates de l'Ouest sujettes à des sécheresses automnales comme cet année. Car les semoirs ZT ont la particularité de créer des sillons derrière eux. Résultats, à la moindre pluie, ils se transforment en collecteur d'eau de pluie juste au dessus de la semence. Mieux, des roues plombeuses rappuyent le sol au fond du sillon. Intérêt: des semis précoces (sans que les fourmis ne déterrent la semence) et un meilleur contact semence-sol qui permet à l'humidité du sol d'aller vers la graine.
Messieurs les privés, si CMA tarde, si Mr Benazza ne voit pas l'intérêt de ces engins, FABRIQUEZ LES! Agriculteurs, demandez le aux artisans soudeurs de votre commune.

EN SYRIE, 92 SEMOIRS FABRIQUES DANS DES PETITS ATELIERS
Oui, cela est possible. La preuve: l'infatigable Jack Desbiolles a montrer aux agriculteurs et soudeurs dès 2005 autour d'Alep (où se situait la station de recherche de l'Icarda) comment fabriquer ces semoirs. Résultats: 92 engins fabriqués avant 2012. Trois ateliers ont ouvert également en Irak. Pour plus d'infos taper sur google image "Icarda + seeder + zero till".

 Photo: la gamme de semoirs Made in Syria.


lundi 28 mars 2016

ALGERIE, UTILISATION DU SEMOIR AGRIC PSM 30 ET BUSINESS.


 Cet article vise à proposer des idées à des investisseurs en matériel agricole et particulièrement en semoirs.

PRODUIRE DES SEMOIRS LOW-COST POUR SEMIS DIRECT
Nous avons régulièrement abordé dans ces colonnes les semoirs pour semis direct dérivés de la marque Australienne John Shearer et fabriqués en Syrie et Irak.

Le semoir Agric PSM 30 de la station ITGC de Oued Smar ressemble aux semoirs développés par le Pr Jack Desbiolles en Syrie (avant 2012), en Irak et en Jordanie (Unsine Rama MFG).

Y a t-il des céréaliers qui ont déjà testé le semoir Agric PSM 30 en semis direct sans labour?

Pourquoi cette question?
Car regardez la photo du dessus. Observez les dents à double spire du semoir. Regardez également la section des dents. Elles semblent conçues pour pénétrer le sol sans labour. Il y a quelques ressemblances avec le principe du semoir John Shearer.

Vidéo du semoir SD australien de marque John Shearer:

ITGC Sétif | Facebook

https://www.facebook.com/ItgcSetif/videos/1059641607399989/
Mise en place .... Essai date et dose (Semis direct) FDPS Sétif (Décembre 2015) https://youtu.be/AFMiJo1sh9k (HD)
Semoir Rama SD jordanien. La ressemblance avec le semoir Agric est frappante, en particulier la taille et la forme des dents.

Si notre hypothèse est fondée, vous pouvez utiliser le semoir Agric PSM 30 en semis direct. A tester sur des sols peu compacts. Pour des investisseurs, fabriquer ou importer des dents à double spires peu être intéressant. Un bémol cependant sur ces dents. Nous avons question l'expert en machinisme Jack Desbiolles. Pour lui, ce type de dents à un inconvénient: les vibrations. Elles peuvent être à l'origine d'une hétérogénéité de semis.
ps: à tester également en sol sableux sous pivot dans le grand sud...
ps: pour les sols léger (sableux), les Syriens ont développé de semoirs à dents rigides (voir sur google images "Icarda + seeder + zero till". Ces semoirs SD étant plus facile à construire, cela indique que de bons artisans pourraient fabriquer des semoirs pour utilisation en sol sableux sous pivot.

PRODUIRE DES KITS POUR TRANSFORMER DES SEMOIRS CONVENTIONNELS EN SEMOIRS SD
 Voir la documentation en tapant sur google "Icarda seeder no till Irak". Contrairement aux Syriens, les Irakiens ont produit des kits de transformation. Car ils ont peu construit de semoirs SD. Leur expérience peut nous être utile.

PRODUIRE DES SEMOIRS "RAISED-BED" POUR LES CEREALES IRRIGUEES PAR SUBMERSION
Voir ces excellents documents:
 
http://www.icarda.org/sites/default/files/u158/Science%20Impact%20Raised-Bed_final.pdf

http://www.icarda.org/update/prestigious-award-jircas-icarda-scientist#sthash.0LxyoNKQ.dpbs

samedi 19 mars 2016

ALGERIE, COMMENT LUTTER CONTRE LES PUCERONS DES CEREALES?

 Un intéressant article de TCS sur les sirphes et leur effet sur la réduction des populations de pucerons. En Algérie comment favoriser la lutte biologique contre les pucerons vecteurs de maladies des céréales? Cet article donne des pistes.

 

PUCERONS DES CÉRÉALES : L’IMPACT AGROÉCOLOGIQUE DES SYRPHES COMMENCE DÈS L’AUTOMNE

Gwendoline LECHAT et Jean-Pierre SARTHOU - TCS n°76 ; janvier/février 2014 -
Sur céréales d’hiver, le sort printanier des pucerons serait en partie scellé dès l’automne. Il apparaît en effet que les céréales abritent, dès l’automne, des larves de syrphes prédatrices de pucerons. Outre le biocontrôle printanier déjà bien connu, celui d’automne s’avère également crucial. Quand les syrphes auxiliaires dévoilent une nouvelle facette de leur importance agroécologique…
Certains insectes, appelés auxiliaires de culture, sont les prédateurs ou parasitoïdes d’autres insectes ravageurs des cultures et sont une aide précieuse pour tout agriculteur s’inscrivant dans une démarche de réduction d’usage des produits phytosanitaires. La coccinelle, le syrphe ou encore la chrysope sont les plus cités en tant que prédateurs des pucerons. Nous disposions déjà de beaucoup de connaissances sur les conditions de réalisation du contrôle biologique par les insectes auxiliaires « dévoreurs » de pucerons, dits aphidiphages. Une récente étude de l’Inra/Ensat Toulouse nous apporte des éléments de compréhension supplémentaires sur l’hivernation des syrphes aphidiphages et sur leur rôle dans la régulation biologique des populations de pucerons à l’automne.

La biologie des syrphes

Ce ne sont en réalité que certaines espèces de syrphes à l’état larvaire qui sont les plus efficaces pour réguler les populations de pucerons. Trois grands groupes d’espèces de syrphes peuvent être dressés en fonction de leur régime alimentaire : ceux se nourrissant de nombreuses espèces de pucerons (poly-aphidiphages), ceux s’attaquant à peu d’espèces différentes de pucerons (oligo-aphidiphages) et ceux ne s’en nourrissant pas du tout (non aphidiphages).
Afin d’augmenter leur abondance dans et autour des parcelles, différents leviers sont possibles : ressources florales continues au cours de l’année pour les adultes, éléments semi-naturels du paysage (haies, bois, bandes enherbées…) pour leur fournir proies alternatives et abris lors de conditions climatiques défavorables notamment en hiver. Les syrphes adoptent justement différentes stratégies pour passer la mauvaise saison. Un certain nombre migre vers le sud de l’Europe et jusqu’en Afrique du Nord, d’autres hivernent sous nos latitudes à l’état larvaire (qui compte trois stades), de pupe (l’équivalent de la chrysalide chez les papillons), ou au stade adulte. Les adultes sédentaires trouvent alors refuge dans les éléments semi- naturels cités précédemment. Alors que nous pensions que les larves hivernantes ne se trouvaient elles aussi que dans ces mêmes milieux non cultivés, voilà que de récents travaux nous prouvent que les cultures d’hiver s’avèrent être elles aussi largement utilisées, dès l’automne, par les larves de plusieurs espèces polyaphidiphages et oligo-aphidiphages. Sur céréales d’hiver, le sort printanier des pucerons serait en partie scellé dès l’automne. Il apparaît en effet que les céréales abritent, dès l’automne, des larves de syrphes prédatrices de pucerons. Outre le biocontrôle printanier déjà bien connu, celui d’automne s’avère également crucial. Quand les syrphes auxiliaires dévoilent une nouvelle facette de leur importance agroécologique…
Certains insectes, appelés auxiliaires de culture, sont les prédateurs ou parasitoïdes d’autres insectes ravageurs des cultures et sont une aide précieuse pour tout agriculteur s’inscrivant dans une démarche de réduction d’usage des produits phytosanitaires. La coccinelle, le syrphe ou encore la chrysope sont les plus cités en tant que prédateurs des pucerons. Nous disposions déjà de beaucoup de connaissances sur les conditions de réalisation du contrôle biologique par les insectes auxiliaires « dévoreurs » de pucerons, dits aphidiphages. Une récente étude de l’Inra/Ensat Toulouse nous apporte des éléments de compréhension supplémentaires sur l’hivernation des syrphes aphidiphages et sur leur rôle dans la régulation biologique des populations de pucerons à l’automne.

Des questions en suspens

Parmi toutes les stratégies d’hivernation explorées par les syrphes, des incertitudes demeurent sur l’abondance des populations de syrphes passant l’hiver au stade préimaginal (i.e. avant le stade adulte) et sur le contrôle biologique qu’elles assurent. Ces travaux visaient à éclaircir ces zones d’ombre et avaient comme objectif de répondre aux deux questions suivantes :
- Quelle est l’influence des paysages proches et plus loin- tains sur l’abondance dans les parcelles (si elle est effective) et leurs bordures enherbées, des stades pré-imaginaux hi- vernants ?
- Quel rôle jouent les stades pré-imaginaux hivernants sur le contrôle des populations de pucerons ?

Le déroulement de l’étude

- Pour répondre à ces questions, toute une équipe autour de Lucie Raymond, doctorante à l’Inra/Ensat de Toulouse, a effectué des comptages en 2011 et 2012 sur deux sites d’étude que sont les « Vallées et Coteaux de Gascogne » entre Gers et Haute-Garonne, et la « Plaine et Val de Sèvres » 400 km plus haut.
Dans le premier site, des pièges à émergence, englobant l’équivalent d’un m2 de terre, ont été installés en hiver dans 52 parcelles de blé d’hiver, 18 de colza et 14 de luzerne. Chaque parcelle disposait d’au maximum deux pièges : un placé sur la surface cultivée, l’autre sur la bordure enherbée du champ. Les insectes émergents tombaient dans des flacons remplis aux deux tiers d’éthanol et étaient identifiés et classés par espèces selon les trois groupes de régimes alimentaires décrits ci-dessus.
Les populations printanières de pucerons et de syrphes (œufs, larves et pupes) ont été dénombrées tous les 15 jours sur un m2 de culture adjacent à chaque piège en culture. En établissant l’abondance initiale (au début du printemps) et totale (à la fin du printemps) des pucerons, ainsi que l’abondance totale des syrphes (à la fin du printemps), des corrélations ont pu être calculées pour déterminer la nature du biocontrôle réalisé tant au printemps que dès l’automne par les syrphes pré-imaginaux passant l’hiver au sein même des cultures.
Pour répondre à la question de l’influence éventuelle du paysage alentour sur les populations de syrphes pré-imaginaux passant l’hiver, ce dernier a été décrit selon trois variables relevées dans un rayon de 500 m : densité de bois, densité de prairies et densité linéaire de haies, et trois variables relevées localement : distance à l’élément semi-naturel le plus proche, nature de la culture et positionnement du piège (dans la culture ou au bord).
Ce sont au total 179 adultes de syrphes dont 158 poly- ou oligo-aphidiphages (représentant 27 espèces) qui ont émergé dans seulement 30 % des pièges, les plus forts effectifs ayant été trouvés en parcelles de colza puis de blé. De manière générale, les émergences se sont déroulées entre mi-avril et mi-juillet, et une forte différence a été notée entre les deux années.

Les sols cultivés : des atouts en hiver

97 % des syrphes ayant émergé en culture avaient un régime alimentaire à l’état larvaire poly-aphidiphage, contre 43 % seulement sur les bordures enherbées des parcelles. Ces résultats éclairent d’une lumière nouvelle la stratégie d’hivernation choisie par les syrphes pré-imaginaux dans nos agro-écosystèmes français. Alors qu’on accordait plus d’importance aux éléments semi-naturels dans les stratégies d’hivernation des syrphes, les parcelles cultivées retrouvent, à la vue de ces résultats, une place tout aussi grande voire plus importante dans le cas des stades pré-imaginaux des syrphes aphidiphages. Il apparaît donc que, dès l’automne, les femelles de ces syrphes aphidiphages pondent des œufs au sein des premières colonies de pucerons des cultures, colonies disposées en taches dans les parcelles, ce qui expliquerait que certains pièges n’en aient pas collecté.

Le biocontrôle hivernal des larves de syrphes

Les résultats statistiques des comptages de populations de pucerons et de syrphes au prin- temps nous apprennent que les populations de pucerons sont corrélées négativement aux populations de syrphes. Plus précisément, à l’échelle d’une parcelle cultivée, plus il y a de syrphes pré-imaginaux qui hivernent, et qui sont donc présents dès l’automne en se développant aux dépens des premiers pucerons, moins il y a de pucerons précocement au printemps mais aussi en fin de printemps, sous forme des pullulations bien connues.
Ce sont donc les populations de pucerons passant l’hiver qui sont réduites, ce qui se répercute sur les populations de pucerons émergents au printemps. Ce contrôle automnal et peut-être partiellement hivernal des pucerons des cultures par les larves des syrphes aphidiphages n’était pas connu. Mais une autre cohorte de syrphes intervient pour réduire les colonies de pucerons. Une corrélation négative est en effet également observée entre les populations totales de syrphes à la fin du printemps (la somme des comptages hors pièges) et l’abondance totale de pucerons. Deux phénomènes de biocontrôle sont donc mis en évidence par l’étude : un premier en automne dont nous avons parlé ci-dessus (génération n) et un second au printemps réalisé en partie par les larves de la génération suivante n+1, et en partie par celles issues des pontes printanières des femelles ayant hiverné au stade adulte. Les résultats obtenus permettent ainsi d’affirmer que le biocontrôle automnal (et peut-être partiellement hivernal) des pucerons par les larves de syrphes, joue un plus grand rôle dans la diminution des populations de pucerons au printemps, que le biocontrôle printanier, déjà largement connu et le seul à être pris en considération jusqu’à maintenant.

Le rôle des éléments semi-naturels du paysage pour préserver toute la biodiversité

Si les syrphes poly-aphidiphages dont nous venons de parler sont plus influencés par les populations automnales de pucerons des cultures que par les éléments semi-naturels du paysage, ces derniers sont néanmoins importants pour eux (proies de substitution, pollen et nectar pour la maturation ovocytaire des femelles, refuges) et leurs fortes capacités de vol leur permettent de grands rayons de prospection dans les cultures de leurs environs. Concernant les espèces de syrphes non aphidiphages, l’étude a révélé qu’elles sont au contraire très sensibles à la présence d’éléments semi-naturels et qu’elles émergent principalement dans les paysages de type plutôt bocager (bois, haies…). Cela n’est pas surprenant quand on se penche sur leur régime alimentaire : matières végétales, y compris bois, en décomposition avec plus ou moins d’eau, blessures d’arbres avec coulées de sève, chenilles défoliatrices dans les canopées… En ce qui concerne les syrphes oligo-aphidiphages, leurs larves hivernent préférentiellement dans les bordures enherbées et près des haies, mais aussi dans les cultures à faible distance de ces haies, donc partout où les femelles ont trouvé des colonies de pucerons pour y déposer leurs œufs (des racines de certaines herbes au feuillage des arbres !). Pour ces deux groupes, le paysage, de par sa composition en éléments semi-naturels et sa configuration (agencement des habitats cultivés et semi-naturels), joue un rôle déterminant dans l’abondance des diverses populations de syrphes. À l’heure où les abeilles sauvages déclinent dans les agroécosystèmes européens, les syrphes, second groupe pollinisateur après ces dernières, sont de plus en plus regardés en tant que pourvoyeurs de ce service écologique majeur pour tous les écosystèmes, naturels comme cultivés.

Des savoirs à tirer pour la gestion des systèmes de culture

Le biocontrôle réalisé en automne par les larves de syrphes poly- et oligo-aphidiphages sur les populations de pucerons, peut se révéler particulièrement utile à l’agriculteur quand on sait que les pucerons sont les principaux vecteurs des maladies virales automnales (JNO - jaunisse nanisante de l’orge - sur céréales à paille, TuYV - jaunisse du navet - sur colza).
Les différents pesticides (herbicides, insecticides y compris en enrobage de semences) utilisés en grandes cultures ne sont pas sans effet sur le développement des larves des syrphes aphidiphages, et tout ce qui permettra de limiter les applications d’insecticides d’automne, sur céréales à paille et sur colza essentiellement, sera bénéfique pour ces régulations. Les couverts végétaux d’interculture et/ou associés plus ou moins longtemps à la culture suivante, dès lors qu’ils hébergent des populations de pucerons, sont potentiellement intéressants pour favoriser ces régulations. Il est évidemment alors important de respecter si possible trois points : (i) choisir une espèce de couvert offrant le gîte à des pucerons incapables de se développer sur la culture à implanter ou nouvellement implantée, et favorisant néanmoins le développement d’auxiliaires capables d’intervenir contre les ravageurs de la culture suivante (c’est généralement le cas s’agissant des auxiliaires aphidiphages, i.e. prédateurs et parasitoïdes de pucerons), (ii) privilégier un mode de destruction du couvert (si ce ne doit pas être le gel) qui provoque la plus faible mortalité possible des pucerons et de leurs ennemis naturels (EN) encore en développement, et le roulage à l’aide d’un rouleau à couteaux est certainement le meilleur procédé de ce point de vue (on manque de références sur ce sujet), (iii) si la technique de destruction doit éliminer les populations de pucerons et de leurs EN (broyage, herbicide qui élimine à terme les pucerons et leurs EN par disparition de leur ressource respective), essayer d’attendre l’émergence de la plus grande partie des auxiliaires. Que ce soit avant culture d’hiver ou avant culture d’été, le processus reste le même : le couvert d’interculture peut aider à développer les populations d’auxiliaires qui une fois adultes viendront pondre au sein des premières colonies de pucerons de la culture à venir (cas d’un couvert de sorgho fourrager précédant une céréale d’hiver), ou bien, si associé, il peut héberger des pucerons qui, s’ils sont précocement présents, serviront eux aussi de nurserie pour les EN des pucerons à venir sur la culture (cette complémentarité peut s’envisager entre une vesce commune et un colza d’hiver). On pourrait craindre dans ce dernier cas une concurrence générée par les pucerons du couvert vis-à-vis des pucerons de la culture de vente pour les pontes des auxiliaires. Ces sujets et leviers agroécologiques de régulation des ravageurs étant nouveaux, les connaissances manquent encore pour pouvoir être plus affirmatif dans tous ces développements. Quoi qu’il en soit, les systèmes de culture développés majoritairement en France et utilisant des doses importantes d’intrants chimiques, surtout lorsqu’ils sont pratiqués sur de très grandes étendues, ne permettent pas de bénéficier au mieux des services que pourraient nous rendre ces insectes auxiliaires à l’automne et au printemps, et il devient important aujourd’hui, alors qu’une volonté réelle tant sur le terrain qu’au niveau politique s’affiche pour tendre vers des systèmes faisant davantage appel aux processus agroécologiques, d’intégrer ces derniers dans la conception des systèmes de production et dans la conduite de leurs itinéraires techniques. À coup sûr, la voie empruntée par les pionniers de l’agriculture de conservation, respectant au mieux ses fameux trois piliers, semble en tous les cas riche d’un potentiel très encourageant.

vendredi 18 mars 2016

Tout savoir sur l'expérience syrienne du semis direct (liens, pdf, vidéos, ...).

قناة أوغاريت برنامج صباح الخير 21 4 2015 د.باسمة ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=fMFdSUy4nOU
21 avr. 2015 - Ajouté par Lattakia TV
قناة أوغاريت برنامج صباح الخير21 4 2015 د. باسمة برهوم إعداد : جوان بجو تقديم:

jeudi 17 mars 2016

SEMIS DIRECT EN ALGERIE, COMPTER AVEC LES FIRMES D'AMONT ET D'AVAL.

SEMIS DIRECT EN ALGERIE, FAIRE PORTER LA VULGARISATION PAR LES FIRMES D'AMONT ET D'AVAL.

Djamel BELAID 17/03/2016 Djamel.belaid@ac-amiens.fr
Contrairement à la Syrie et l'Irak, au Maghreb et plus particulièrement en Algérie, au niveau des petites et moyennes exploitations céréalière, le semis-direct (SD) tarde dramatiquement à être développé. Force est de constater qu'à part quelques initiatives, les services agricoles locaux sont absents sur le terrain. Face à cette situation, il nous semble que le changement ne peut venir que d'initiatives privées. Les firmes d'agro-fourniture et les transformateurs de céréales peuvent constituer le fer de lance d'opérations de promotion en faveur de l'équipement en semoirs SD des petites et moyennes exploitations.


Photo: Semoir SD jordanien (Société Rama).



Photo: L'infatigable Jack Desbiolles (expert australien du SD sur le terrain.Notez la poutre en acier sur laquelle se fixe les dents à ressort et les roues plombeuses.

Photo: Semoir conventionnel de marque Rama (Jordanie) de 4m transformé en semoir SD


ALGERIE SUCCES DES SEMOIRS SD ETRANGERS, SYRIE SUCCES DE SEMOIRS SD LOCAUX

En Algérie, l'utilisation du semis direct concerne essentiellement de grosses exploitations privées et publiques (fermes pilotes). Petites et moyennes exploitations ne connaissent pas ce mode de semis si ce n'est à travers des quelques semoirs SD présents au niveau des unités motoculture des CCLS et des travaux à façon réalisés par quelques grosses exploitations. La même situation peut être observée au Maroc et en Tunisie, même si parfois l'acquisition de semoirs SD est réalisée au niveau de plusieurs exploitations1. Dans la majorité des cas, il s'agit de semoirs importés d'origine diverse : Seméato, Kuhn, John Shearer, … etc.
L'observation avant 2013, de l'équipement des exploitations céréalières syriennes et irakiennes montre un autre type d'équipement. Si quelques gros semoirs SD européens, brésiliens ou australiens sont présents, la majeur partie des engins utilisés sont de fabrication locale. Il s'agit en général de semoirs de 2,3 à 4 m de large. Parfois, il s'agit même de semoirs conventionnels transformés localement par des artisans et agriculteurs en semoirs SD. On doit l'originalité de cette situation à la coopération australienne basée à la station Icarda d'Alep puis rapatriée en Jordanie.

SEMIS DIRECT, AVANTAGE AUX MODELES AUSTRALIENS
Bien que disposant de semoirs SD à disques ou à dents, les australiens ont, dès 2005, vulgarisé le modèle à dents ; principalement de marque John Shearer. Celui-ci est caractérisé par des dents permettant un travail du sol superficiel au niveau de l'emplacement de la semence, le dépôt de fertilisants sous les graines et le passage de roues plombeuses au creux du sillon formé par le passage des dents. Ainsi, contrairement à un semoir Semeato à disques, les semoirs australiens John Shearer laissent derrière eux un sol à la surface en « tôle ondulé ». Ces sillons se transforment en d'efficaces collecteurs d'eau de pluies dès la moindre averse suivant le semis. Ainsi, l'eau percole au dessus du seul emplacement des semences, ce qui favorise l'humectation des semences et une levée homogène. Après la levée, les sillons continuent leur rôle de collecteur d'eau de pluie. Le passage de l'humidité du sol à la graine est également grandement facilité par l'action de tassement des roues plombeuses. Les modèles brésiliens ne possèdent pas de tels mécanismes de collecte de l'eau de pluie. L'explication est à rechercher dans la généreuse pluviométrie des régions agricoles du Brésil et dans le type de répartition des pluies. Le type de semoir à dents SD est donc particulièrement adapté aux régions semi-aride à pluviométrie irrégulière et en particulier au semis2. Par ailleurs, les semoirs à disques sont plus fragiles à cause de l'usure de leurs roulements.
« Cerise sur la gâteau », dans le cadre de projets au sein de l'Icarda, les Australiens ont gracieusement opéré un transfert de technologie vers des artisans ou industriels syriens3, irakiens ou jordaniens. L'intérêt des Australiens étant ailleurs : l'accès aux ressources génétiques de l'Icarda en matière de céréales.
Après le Proche-Orient, les experts australiens du SD déploient leur aide vers le Maghreb. L'un des plus éminents experts de cette dream-team, le Pr Jack Desbiolles4, a ainsi effectué plusieurs missions ponctuelles en Algérie. Il semble qu'à ce jour, lors de ses visites en Algérie, les institutions agricoles locales ne lui aient pas proposé de mettre son savoir au profit des fabricants potentiels de semoirs SD.

ACTION DES SERVICES DE VULGARISATION EN FAVEUR DU SEMIS DIRECT
Nous nous proposons d'examiner les structures de vulgarisation susceptibles de prendre en charge l'extension de l'utilisation du SD en Algérie. Les services agricoles prévoient la présence d'un agent de vulgarisation dans chaque commune. Cependant souvent, ce conseiller est seul à s'occuper de plusieurs centaines d'agriculteurs éparpillés sur un vaste territoire. Parfois, il n'existe qu'un véhicule pour plusieurs conseillers et les dotations en carburants sont rationnées.
Quant aux stations ITGC, elles sont dépassées. Elles doivent par exemple prendre en charge la vulgarisation du désherbage, de la lutte contre le vert blanc, la sélection de nouvelles variétés et la multiplication de semences. Il semble également que la direction n'a pas classé une priorité5 au niveau des actions. Enfin, on note l'absence de relais dans les Chambre d'Agriculture et les CCLS bien qu' existent des réseaux qualité-blé mis en place par des transformateurs tels Groupe Benamor. Le rôle des ingénieurs des stations ITGC devrait être de produire de la référence technique et non pas de vulgariser. Cette opération devant être dévolue aux techniciens des Chambres d'Agriculture, des Coopératives Céréalières Paysannes et de l'agro-fourniture. En France, Arvalis.fr produit de la référence, et ce sont les Ch. d'Agriculture, les coopératives ou le négoce qui vulgarisent ces résultats.
L'INPV développe sur le terrain des actions de vulgarisation et d'action contre certains ravageurs. Quant aux CCLS la priorité est donnée à la production de semences certifiée et à l'approvisionnement en ... ficelle. Les unités de motoculture des CCLS ont bien étaient dotées de quelques semoirs SD, mais il s'agit de gros engins importés et en aucun cas d'une stratégie de dynamisation d'une production locale telle qu'observée en Syrie et Irak.
Il semble donc, qu'en matière de vulgarisation et de dynamisation de la production de semoirs SD, il n'y ait malheureusement rien à attendre de la part des structures publiques en place.

TIRSAM ET PMAT, DES CONSTRUCTEURS IGNORANT DU CONCEPT SEMIS DIRECT
En Algérie, les capacités en matière de construction de matériel agricole sont exceptionnelles. Certains industriels possèdent des outils de conception par ordinateur, des fonderies et des moyens de découpe laser de l'acier. L'industrie locale produit sous licence des tracteurs et moissonneuses-batteuses. Elle produit également du matériel aratoire, de semis ou de traitement. Le matériel pour semis direct est ignoré par des entreprises privées telle Tirsam (Batna) ou publique telles celles du groupe public PMAT.
Parmi les entreprises privées les plus dynamiques, on peut citer Djoudi Métal (matériel pour aliment du bétail) ou des fabricants de tank réfrigérés à lait.
Les concessionnaires important du matériel agricole sont nombreux. Certains d'entre-eux importent du matériel agricole turc. Pourtant en matière de semis, le matériel importé est essentiellement conventionnel. Or, la Turquie est cependant un pays où la production de semoirs SD est avancée. Partmis les concessionnaires, on peut noter le dynamisme de la Société Axium SPA (Constantine). Bien que pionnière pour l'importation de matériel de récolte pour balles rondes, cette société dirigée par un Dr vétérinaire ignore l'existence de matériel pour semis direct.

En Algérie, en matière de développement agricole, les priorités semblent nombreuses. Cependant, étrangement, dans un pays à dominante semi-aride, le SD ne semble pas figurer parmi ces priorités. Cela peut être attribué à la priorité donnée à l'irrigation d'appoint des céréales mais surtout à l'absence de vision globale et de coordination entre les moyens existant localement et les possibilités offertes pas la coopération internationale.

MISER SUR LES TRANSFORMATEURS ET L'AGRO-FOURNITURE
Face à l'urgence de la situation, la puissance publique s'avère défaillante pur promouvoir la fabrication de semoirs SD à dents basés sur le modèle australien. Aussi, il ne reste que l'initiative privée. Le secteur de la transformation pourrait s'avérer d'un apport considérable. En effet, tant qu'il n'existe pas de signature de l'Algérie à l'OMC, ce secteur a intérêt à une augmentation de la production locale de blé dur en qualité et en quantité. En effet, la première transformation et la seconde transformation permettent la réalisation de très confortables marges. En l'absence d'une efficacité de l'institution agricole d'Etat vis à vis de la promotion du SD, les meuniers et semouliers locaux ont tout intérêt à garantir leur approvisionnement dans leur bassin local.

Le secteur de la vente de produits phytosanitaires pourraient également constituer le fer de lance de la vulgarisation des semoirs SD. Pourquoi ce secteur serait-il si stratégique ?
Avant tout, développer le SD implique de vendre plus d'herbicides dont du glyphosate. En effet, l'abandon du labour en faveur du SD s'accompagne généralement dune plus grande infestation adventice. Par ailleurs, un céréalier qui se met au SD et s'équipe d'un pulvérisateur peut également évoluer vers l'utilisation de fongicides et d'insecticides . C'est donc un client potentiel pour l'industrie des produits phyto-sanitaire.

Mais l'élargissement de la clientèle concerne également les vendeurs d'engrais. Le SD permet la localisation des engrais de fonds tels le MAP et DAP sur la ligne de semis. Cette technique permet ainsi de réduire la question de l'insolubilisation des engrais phosphatés en sol calcaire.  Des entreprises telles que Profert y ont tout à y gagner. Que peut-on attendre par contre d'une société telle Fertial ? En fait, l'actionnaire espagnol qui possède une compétence en matière d'animation de terrain vise l'export vers l'Europe et ne se préoccupe donc pas du marché local. On peut se demander pourquoi les pouvoirs publics, à travers le partenaire algérien, ne les y incitent pas en ajoutant une clause au contrat actuel.

MISER SUR LES ARTISANS ?
En Algérie existe de nombreux artisans maitrisant la découpe et la soudure de l'acier. Nombre d'entre-eux sont capables de réaliser le bâti en acier de semoirs SD puis d'y fixer des pièces obtenues par sous-traitance : trémie pour les semences et les engrais, dents avec leurs ressorts, roues plombeuses. Ces artisans pourraient réutiliser des parties de semoirs conventionnels de marque locale. Une nombreuse documentation existe est disponible en ligne sur internet6. Si une volonté politique était présente de la part des services agricoles (ITGC), il serait possible de réunir ces investisseurs privés potentiels et les experts australiens et syriens de l'Icarda. Actuellement, ces experts dont Jack Desbiolles est uniquement orienté par l'ITGC vers le constructeur public CMA. Plusieurs réunions auraient déjà eu lieu. Cependant nulle trace d'un quelconque semoirs SD à dents made in DZ. L'idéal serait d'ouvrir ces réunions à des artisans et à des jeunes investisseurs de l'Ansej.
L'expérience syrienne ayant vu le développement de 8 ateliers de fabrication de semoirs SD, on peut penser que la rencontre entre experts de l'icarda et investisseurs privés locaux est indispensable. Il est certain qu'en la matière « les premiers arrivés seront les premiers servis ». Il est fondamental pour chaque investisseur potentiel de se positionner car la mise sur le marche algérien des premiers semoirs SD à dents pourrait ringardiser les autres outils aratoires et de semis. En effet, le contexte actuel est à l'augmentation des coûts de mécanisation et du prix des intrants. Déjà, le prix des carburants a augmenté, les engrais devraient suivre. Dans le contexte de la baisse de la rente pétrolière, les subventions publiques en faveur du blé dur ne devraient pas augmenter. Il est même à craindre qu'elles baissent. Le maintien des marges en céréaliculture pourraient alors n'être sauvegardées que par le passage au SD. C'est dire si le marché est conséquent. Actuellement les semoirs syriens de 2,3 m sont vendus (départ usine) à 1500$.

PERSPECTIVES : ENGRAIS DZ CONTRE SEMOIRS SYRIENS.
Une alternative face au manque criant de semoirs SD à prix abordables pourrait être d'avoir directement recours à la Syrie. En effet, jusqu'en 2012, ce pays a produit 927 semoirs SD. Certains spécialistes de la construction de ce type de semoirs auparavant installés dans la région d'Alep sont aujourd'hui repliés sur Lattaquié. Nulle doute qu'ils pourraient permettre le redémarrage de la construction de ce type d'engins .

Reste ensuite l'option jordanienne. Entre la Syrie, l'Irak et la Jordanie, c'est dans ce pays où la production de masse est la plus possible. En effet, dans ce pays ce ne sont pas de petits ateliers, mais un gros industriel (Rama Agriculture Development MFG8) qui produit des semoirs SD à dents suite au transfert de technologie opéré par le Pr Jack Desbiolles.

Qui en Algérie pourrait réaliser de telles importations ? Les candidats potentiels sont PMAT, l'OAIC ou les concessionnaires privés.
Reste une autre option, celle d'importer uniquement les éléments de base permettant de transformer des semoirs conventionnels en semoirs SD. Cette stratégie a été utilisée par les Irakiens avant le développement d'une industrie locale de fabrication de semoirs SD. Avec les évenements actuels en Syrie, des céréaliers ont également opté pour cette voie. Il nous semble qu'il pourrait être possible d'installer des trémies à semences et à engrais sur certains outils à dents produits par Tirsam ou PMAT. Ces options méritent d'être étudiées avec l'aide des experts australiens mais également en mobilisant l'extraordinaire vivier de compétences existant dans les universités algériennes et l'industrie sidérurgique locale.

MISER SUR L'UNION EUROPEENNE ?
Le développement du SD pour petits et moyens agriculteurs pourrait également être pris en charge au Maghreb par l'Union Européenne. L'UE a un besoin urgent de stabilité à ses frontières sud. La pratique du SD constitue un moyen efficace pour développer la petite agriculture en milieu semi-aride non irrigué. C'est le seul moyen qui combine le minimum d'investissement pour une maximisation des rendements en sec. Au Maroc, Algérie et Tunisie les populations rurales concernées sont nombreuses. Face à l'inertie des pouvoirs publics locaux, l'UE aurait tout intérêt à prendre en charge ce dossier. Cela pourrait prendre la forme de micro-financements de l'activité et la formation d'artisans soudeurs intéressés à la transformation de semoirs conventionnels en semoirs SD. Le mode d'action pourrait s'inspirer des expériences syriennes et irakienne. Une autre possibilité, complémentaire de la première, pourrait également viser les constructeurs et les concessionnaires publics et privés locaux de matériel agricole. Il s'agirait de mettre ponctuellement à leur disposition des experts de l'Icarda. L'aide de l'UE pourrait en partie passer par l'Icarda. Cependant, il s'agit de dépasser l'approche algérienne où ces experts ne sont dirigés que vers des constructeurs publics parfois peu sensibles à l'innovation. Leur fonctionnement étant encore malheureusement trop souvent bureaucratique. Rappelons que le dernier partenariat signé entre le groupe PMAT et le groupe portugais Galucho porte sur la fabrication d'outils aratoires conventionnels.

Il est à noter l'approche marocaine du SD. Au Maroc, ce sont des ONG françaises (Afdi Touraine, Fert) et un artisan français qui en collaboration avec l'Ecole Agronomique de Meknès et un industriel local développent des semoirs SD à disques. Ceux-ci ont un prix abordable par rapports aux semoirs importés. Cependant, ils sont à disques et non pas à dents.

LE SD, CERTES UN DOSSIER NOUVEAU, MAIS UNE ABSENCE DE VISION STRATEGIQUE
Avec la possibilité de fabrication de semoirs SD à dents, l'Algérie se trouve devant une opportunité extraordinaire. Celle de développer la culture des céréales en conditions non irriguées9 particulièrement au niveau des petites et moyennes exploitations. Le dossier du SD est fondamental car il faut rappeler que la question du SD ne concerne pas seulement les céréales mais également fourrages, légumes secs et oléagineux.
Ce dossier peut être qualifié de dossier en stand-by tant les possibilités de transfert de technologie offerte par les experts australiens agissant dans le cadre de l'Icarda ne sont pas saisies par la partie algérienne. Ce jugement peut sembler sévère, mais il est rappeler que de tels échanges initiés en Jordanie ont rapidement abouti à la fabrication en masse de semoirs SD par la firme Rama. On aimerait observer un tel dynamisme de la part de CMA. Mais rappelons, que les opérateurs privés peuvent également bénéficier de ce transfert de technologie. Il est de l'intérêt de groupes tels Tirsam de se positionner au plus vite. La révolution du SD a gagné 90% des céréaliers australiens. Le labour a vécu. A terme, il est condamné même en Algérie. Il est trop cher en temps et en carburant et est synonyme d'érosion. A ce titre, les pouvoirs publics et notamment les agences hydrauliques en charge de bassins versants devraient l'interdire sur les zones les plus sensibles à l'érosion hydrique. Le labour est la cause de l'envasement des barrages.
Le retard de la fabrication de semoirs SD à dents en Algérie et plus généralement au Maghreb peut être expliquée par la relative jeunesse de l'expérience syro-irakienne. L'information semble n'être pas passée du Machrek au Maghreb. Cette information est souvent rédigée en langue anglaise. Mais cette situation illustre également le manque de vision stratégique de la part des dirigeants agricoles algériens. Le développement de la production des céréales n'est vu que sous l'angle de la pratique de l'irrigation d'appoint. Ainsi, lors de la sécheresse automnale en 2015, alors qu'un partie des barrages n'était qu'à moitié remplis, les autorités se sont trouvées dépourvues. Elles n'avaient que le mot d'ordre « d'irrigation d'appoint » à la bouche alors que la plupart des exploitants n'en dispose pas. Or, une bonne partie des semis auraient pu être sauvés si l'implantation avaient été réalisée à l'aide de semoirs SD à dents. Espérons, que cette alerte aura servi de leçon... (honnêtement, nous en doutons).

Notes:
1La revue marocaine Alternatives Rurales fait état de l'acquisition de semoirs SD au niveau de coopératives de petits paysans. Les comptes-rendus de mission de l'ONG françaises Fert fait état de groupements de 4 à 5 exploitations céréalières possèdant un semoir SD.
2Concernant le rôle positif de SD direct sur l'augmentation des quantités d'eau enmagasinée dans le sol, on se reportera aux travaux de Rachid Mrabet à Settat (Maroc).
3Youtube video de l'interview d'experts Syriens dont la Pr. Basima Barhoum GCSAR on CA: http://www.youtube.com/watch?v=fMFdSUy4nOU&feature=youtube_gdata_player
4Du Pr Jack Desbiolles on trouvera sur google le rapport détaillé des résultats obtenus entre 2005-2012 en Syrie. Son rapport « The practicale implementation of conservation agriculture in the Middle east » détaille de façon précise le mode de fabrication de modèles abordables de semoirs SD moins de 1500$).
5Le seul semoir SD syrien existant en Algérie au niveau d'une station de recherche reste ignoré des cadres de l'ITGC.
6Sur google , il suffit de taper « Icarda + seeder + zero-till » pour trouver des photos de semoirs SD, des plans de construction et des conseils de montage. C'est également le cas concernant la transformation de semoirs conventionnels en semoirs SD.
7Farmer Development and Uptake of Zero Tillage in Mosul Iraq 2006-2014 Jalili S, Fathi G, Fathi Y, Ahmed W, Al-Ghulami M, Kashmoula M Corresponding Author Address : Mosul Neinava Governorate Al-Namrud Corresponding Author Email : sinanjalili@hotmail.com
8Rama Agricultural Equipment MFG peut être contacté à: P.O. Box 830327, Amman 11183 JORDAN +962 6 4398012 or +962 5 3826007 thaer.nimer@ramajordan.com
9La combinaison de l'emploi du SD et de lirrigation d'appoint est bien entendue possible.

lundi 14 mars 2016

DECIDEURS DZ, IMPORTEZ DES SEMOIRS DE SYRIE, IRAK OU JORDANIE. AZERBOU!

MESSIEURS LES DECIDEURS DZ, IMPORTEZ DES SEMOIRS DE SYRIE, IRAK, JORDANIE.

Actuellement, nos responsables n'ont à la bouche qu'un seul mot d'ordre pour augmenter la production de blé: l'irrigation d'appoint.
Certes, c'est très intéressant, mais on ne peut tout irriguer.
Et parfois nos barrages ne sont remplis qu'à moitié.
D'ailleurs, les Australiens dont le pays est aussi sec que le nôtre n'irriguent pas leurs céréales. Ils utilisent un autre moyen: des semoirs anti-sécheresse.

NOS ARGUMENTS
Photo: Progression de l'utilisation des semoirs SD en Syrie et Irak.

1-En grande culture, contre la sécheresse, il faut savoir économiser l'eau du sol.
2-Le labour dessèche trop le sol, puis le labour consomme trop de mazout,
3-Il faut donc utiliser le semis direct (SD), puis ainsi on sème plus vite,
4-Les gros semoirs  SD européens et brésiliens importés coûtent trop cher,
5-La solution passe donc par l'importation de semoirs SD à dents de Syrie, Irak, Jordanie. Pourquoi ces pays?
6-L'icarda a montré à ces pays comment construire pour 1500$ des semoirs SD à dents adaptés aux zones semi-arides.
7-Faites vite! Ramenez aussi des experts de ces pays pour des missions ponctuelles auprès de PMAT et des privés.
8-Il faudrait qu'une centaine de ces semoirs SD soient en Algérie avant les prochains semis.
9-Contactez ces pays et passez vite commande
10-Puis, faites en construire en Algérie (les plans sont sur google).
11- Rappel, avec ces semoirs on sème des céréales, des fourrages, des légumes secs et du tournesol. C'est donc la "mère des batailles".
12- Privés, intéressez vous à ce dossier. Il y a un business halal à faire. Voir sur google "The practical implementation of conservation agriculture in the Middle East".
13-La Turquie fabriquerait aussi ce type de semoirs anti-sécheresse. A confirmer...

Photo: Les semoirs SD développés par l'Icarda en Syrie et Irak sèment au fond d'un petit sillon. Celui-ci collecte l'eau de pluie qui est dirigée vers la semence. Regardez la photo du milieu, la ligne de semis est humide. Imaginez si les wilayas de l'Ouest avaient eu ces semoirs lors de cet automne sec. Les agriculteurs auraient ainsi bénéficié de la moindre pluie. 


Djamel BELAID
Ingénieur Agronome.

L'ALGERIE EXPORTE 170 MILLIONS LITRES D'EAU VERS L'EUROPE.

EXPORTATION DE 287 T DE POMME DE TERRE

Bonne nouvelle semble-t-il. Tout le monde se félicite de l'exportation de 287 tonnes de pomme de terre vers l'Europe. Il suffit de lire la presse et t'entendre les discours des responsables du secteur agricole.


"Zaghartou ya nssawine" dirait Houriya Aïchi.
Mais à y regarder de plus près le résultat de cette opération est moins réjouissant.Si on considère que pour produire 1 kg de pomme de terre, 590 litres d'eau sont nécessaires, sauf erreur de notre part, c'est 169 330 000 litres d'eau qui ont été exportés vers l'Europe. Il s'agit là d'eau virtuelle. Mais bien d'eau consommée par les agriculteurs.

L'eau en Algérie est un bien rare. L'Algérie a-t-elle vocation à exporter ce bien si précieux vers l'Europe?


L'EAU EN ALGERIE
Voyons ce que dit l'agro-économiste Omar Bessaoud: " Cette position de "frange" se traduit par une dégradation théorique graduelle en latitude, du littoral au Sahara. Si l’on met en rapport, topographie et bioclimats, il ressort très clairement une contrainte forte pour l’agriculture qui est spécifique à l’Algérie. Du fait que gradient de pluviométrie et gradient de planitude sont inversés, la majorité des plaines aptes à l’activité agricole sont marquées par l’aridité ou la semi-aridité et la majorité des zones humides sont montagneuses. Il y a dissociation entre ces deux éléments et leur conjonction n’existe que dans certaines régions très limitées en surface utile telle la Mitidja. Les zones du territoire agricole qui conjuguent à la fois des précipitations supérieures à 600 mm et des pentes inférieures à 3 % ne couvrent en Algérie que 500 000 ha sur une Algérie du nord qui s’étend sur plus de 40 millions d’hectares10. La répartition des cultures céréalières (près de 80 % des assolements) selon la pluviométrie révèle également que seulement 27 % de la SAU céréalière est situé dans des zones où il pleut annuellement un peu plus de 400 mm d’eau. Cet indicateur n’a de signification que si l’on rappelle que, plus que la succession des saisons, ce sont les irrégularités et les excès qui marquent profondément le régime des pluies en Algérie."
Source: 

L 'Algérie agricole : de la construction du territoire à l ...

insaniyat.revues.org/12124
de O Bessaoud - ‎1999 - ‎

samedi 12 mars 2016

ETUDIANTS EN AGRONOMIE, SUJETS DE MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

A travers cette rubrique nous souhaitons proposer quelques sujets de mémoire concernant le semis direct (avec semoir à dents). Ces sujets sont riches en potentialités de par:
- la qualité du sujet,
- la réponse à des questions concrètes,
- les débouchés qu'ils permettent (recrutement ou création d'une entreprise).


PHYTOTECHNIE
Sujet1: Etude du rendement obtenu avec un semoir à dents pour semis direct des céréales.

Sujet 2: Intérêt du semis direct dans les rotations en culture fourragères en zone semi-aride.

GENIE RURAL
Sujet: Etude des caractéristiques d'un semoir à dents pour semis direct des céréales.

ECONOMIE RURALE
Sujet: Calcul de la marge financière à l'hectare en semis direct des céréales (cas d'un semoir à dent) et potentialités de ce mode de semis en zone semi-aride.

(Article en cours d'écriture). A suivre...

vendredi 11 mars 2016

ALGERIE : COLERE DE SELLAL, DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET SEMIS DIRECT.

ALGERIE : COLERE DE MR SELLAL ET DEVELOPPEMENT AGRICOLE - SEMIS DIRECT, UN RETARD INQUIETANT EN ALGERIE ET AU MAGHREB.

Djamel BELAID 11.03.2016 djamel.belaid@ac-amiens.f
Semer du blé sans labourer le sol est une pratique révolutionnaire apparue depuis une bonne dizaine d'années au Maghreb. Il s'agit d'une technique particulièrement adaptée aux zones céréalières semi-arides. Alors que le semis direct (SD) se développe dans la plupart des pays confrontés à des sécheresses saisonnières, au Maghreb, il reste une pratique confidentielle. A qui la faute ?

SEMIS DIRECT, UNE TECHNIQUE POUR LES ZONES SEMI-ARIDES
Aux USA, le SD est apparu dans les années 40 au niveau des grandes plaines américaines. C'était après le dust-bowl, ce nuage causé par l'érosion éolienne suite à la pratique du labour. Des agriculteurs avaient alors cherché des solutions et tenté de semer du blé sans labourer le sol. Le développement des mauvaises herbes traditionnellement, en partie, éliminées par le labour avait quelque peu freiné cette innovation. Mais l'apparition des désherbants chimiques et notamment des désherbants totaux allait permettre l'essor du SD. Paysans et constructeurs de matériel agricole allaient alors contribuer à mettre au point des semoirs spécifiques.
Il y a une trentaine d'années, les Australiens ont redécouvert cette technique et l'ont adapté à leurs conditions. Entre temps, le Brésil devait lui aussi suivre cette dynamique.

SEMIS DIRECT, DES CHAMPIONS BRESILIENS ET AUSTRALIENS
Aujourd'hui 90% des agriculteurs australiens adoptent le SD. L'industrie locale produit le matériel adapté, notamment les célèbres semoirs SD John Shearer dont quelques exemplaires sont arrivés jusqu'en Algérie. Après des années de tâtonnements des semoirs SD - ou ZT pour Zero-Till dans le jargon anglo-saxon - sont largement disponibles. Ceux munis de dents créent tous les 17 cm, un sillon de 7-8 cm de profondeur dans le quel est placé la semence. Dès la première averse, le sillon ainsi tracé se transforme en un efficace collecteur d'eau de pluie. Les semences bénéficient ainsi des moindres pluies automnales. Par ailleurs une roue plombeuse tasse légèrement le sol au dessus de la graine. Le contact sol-graine étant renforcé, toute humidité du sol se transmet directement aux semences. Les céréaliers de nos wilayas de l'Ouest qui ont connu cette année une sécheresse automnale auraient certainement bien aimé bénéficier de ce type de matériel.

Au Brésil, face aux ravages de l'érosion sur des sols fragilisés par la déforestation, la seule alternative a été le SD. La pluviométrie étant favorable, les agriculteurs pratiquent même le semis direct sous couvert. Le soja est ainsi implanté sur un sol jonché de résidus de tiges de maïs laissé derrière les moissonneuses-batteuses. Parfois, comme en Europe, la culture peut être semée au sein d'une culture intermédiaire encore en place. Les Brésiliens ont également développé des semoirs spécifiques dont les célèbres Seméato dont les lourds disques crénelés peuvent cisailler les résidus de récolte au sol et sur un mince sillon de terre ainsi travaillée insérer les semences dans le sol. Celui-ci n'est plus perturbé comme dans le cas du labour. Intérêt, un gain de temps et de carburant. Rachid M'Rabet, spécialiste du SD à Settat (Maroc) et capitalisant plus de dix années de recherche que le SD a montré que cette technique économise l'humidité du sol.

Mais plus que des machines aptes à optimiser la culture des céréales en milieu sec, les semoirs pour SD permettent également de localiser les engrais au plus près des semences. Intérêt, les racines trouvent plus facilement les engrais phosphatés si peu mobiles dans le sol et si facilement insolubilisés par le calcaire du sol, parfois en moins de quelques semaines.

SYRIE, IRAK ET JORDANIE, FORT DEVELOPPEMENT DU SEMIS DIRECT
Face à de tels avantages, le SD ne pouvait pas être absent des recherches de l'ICARDA, ce centre international de recherches agricoles en milieu semi-aride. Basé jusqu'en 2011 à Alep (Syrie), le centre a accueilli dès 2005 une équipe d'experts australiens1 rodés à la technique du ZT. Dès leur arrivée, ces experts dirigés par Collin Piggin ont démarré des essais en intégrant à leur équipe des ingénieurs locaux. Ces essais ont été menés en station mais également chez des agriculteurs. Les Australiens avaient ramené avec eux leurs lourds semoirs SD et en ont testé d'autres : brésiliens, européens, indhous. Résultats, des semoirs SD certes intéressants mais trop chers ou trop fragiles pour ceux en provenance d'Inde. Avec l'aide de l'expert australien en machinisme, Jack Desbiolles, ils ont alors suggéré à des artisans locaux de fabriquer des semoirs SD en s'inspirant du semoir SD à dents John Shearer. 



Photo: L'infatigable Pr Jack Desbiolles en Asie. Remarquez le détail des roues plombeuses.

On admirera, au passage, ce transfert de technologie2. Les experts australiens n'ont pas essayé de vendre leur matériel. Les petits et moyens paysans de la région d'Alep n'avaient d'ailleurs pas les moyens de leur acheter.

Photo: Atelier irakien de transformation de semoir conventionnel en semoir SD. Remarquez le détails des dents et des roues plombeuses (il est aisé de fixer le kit sur une poutre à l'arrière du semoir).


Et le miracle s'est alors produit : pas moins de 8 ateliers ont été créés par des artisans syriens, puis 3 en Irak. En Jordanie, c'est un industriel privé, Rama Manufacture MFG3 qui s'est lancé dans la production de semoirs SD. 

Photo: Semoir jordanien de marque Rama. Remarquez les dents contre lesquelles sont fixées les tubulures de descente pour les semences et l'engrais. Remarquez aussi à l'arrière les roues plombeuses.
 
Le coût des engins fabriqués localement se situe autour de 2 500 $ soit moins de 5 fois celui en provenance des pays développés. Les ateliers syriens ont ainsi permis la fabrication de 92 semoirs avant que la guerre ne réduise leurs activités. Ces semoirs SD à dents sont de taille réduite et peuvent être tirés par les tracteurs disponibles localement. Une partie de ces semoirs a été exportée vers la Palestine et l'Algérie ; il en existe un au niveau de la station ITGC de Sétif.


Parlant des résultats et des potentialités syriennes, Collin Piggin déclare « In surveys of Syrian wheat farmers who had adopted ZT and early sowing, yields were increased by 465 kg/ha and net incomes were boosted by $US 194/ha on average. If 80% of wheat farmers growing the ≈1.7 million hectare wheat crop in Syria used ZT this would produce an extra 630,000 tonnes of wheat worth a bout $US 250 million per year ».
Des paysans Irakiens impatients de ne pas avoir de semoirs SD ont même transformé leur semoir conventionnel en semoir SD en important des pièces de Jordanie et de Turquie puis en les faisant fabriquer sur place. On peut comprendre leur impatience quand ayant été invités dès 2010 en Syrie par les équipes de Collin Piggin, ils ont découvert les progrès de leurs voisins syriens. ‘The financial benefits are also clear, one of these Syrian farmers of 1,200 ha, said he had saved $20,000 in cultivation costs and made an extra $240,000 as a result of the increased yield of his crop.’ explique le chef de mission australien.
L'Iran et la Turquie se sont également lancés dans la fabrication de semoirs SD.

MAGHREB, LE REGNE DES SEMOIRS SD IMPORTES
Et au Maghreb ? Au Maghreb, la tendance est à l'importation de gros semoirs brésiliens ou européens. En Tunisie, la société Cotugrains s'est ainsi spécialisée dans ce type d'importations. En Algérie et au Maroc plusieurs concessionnaires importent des semoirs SD ; des institutions publiques agricoles ou de grosses exploitations privées passent également directement des commandes aux constructeurs.
Car question SD, les grosses exploitations agricoles tunisiennes, marocaines ou algériennes ont vite flairé le filon. Nombreuses sont celles qui se sont ainsi équipées. Elles y trouvent un gain de temps, une baisse des coûts et une régularité des rendements. C'est à dire que même en année sèche, les rendements sont corrects étant donnée la valorisation de la moindre humidité du sol que permet ce type d'engins. Ce regain d'intérêt pour le SD a également été constaté dans le sud de l'Espagne et a même renforcé la tendance à l'agrandissement de la grande propriété foncière.
Au Maghreb, la question de l'équipement en moyens de SD des petites et moyennes exploitations reste entière. Il faut rapprocher cette question aux propos tenus en ce début mars à Annaba par le Premier Ministre algérien, Mr Sellal. Celui-ci s'est indigné en entendant citer les piètres performances locales en matière de production laitière. En effet, toute tentative de réduction des importations passe par la massification des productions agricoles; c'est à dire aussi sur les petites et moyennes exploitations. Celles-ci représentent, en effet, la plus grande partie des surfaces agricoles du pays.

 Photo: Les semoirs conventionnels de PMAT.dz inadaptés au contexte algérien.

MAGHREB, SEMOIRS SD QUE FAIRE ?
Que faire pour que, comme en Syrie, Irak et Jordanie, la pratique du SD se développe chez les petites et moyennes exploitations du Maghreb et que nous progressions vers plus d'autonomie alimentaire?
Le Pr Collin Piggin donne la clé de la réussite : « A key to the adoption has been the development and adaptation of farm machinery by local machinery manufacturers who have constructed various types of zero and low-till seeders with assistance from South Australian no-till machinery expert Jack Desbiolles of the University of Adelaide4. »
L'impatience légitime de Mr Sellal pour voir la production de céréales et de fourrages augmenter pourrait trouver une issue dans le développement de constructeurs privés. Ce qui différencie en effet, l'approche en matière de SD entre le Maghreb et le Machrek est là. Au Maghreb, à ce jour, il n'a pas été fait appel aux compétences locales en matière de fabrication de semoirs. Or, la technologie est relativement simple et les plans de construction sont mis en ligne par le Pr Jack Desbiolles5. Il ne manque qu'établir le lien entre ingénieurs agronomes locaux détenteurs de cette technologie, les éventuels constructeurs et les agriculteurs engagés dans une démarche d'intensification céréalière. A ce jour, seul le constructeur marocain AtMar s'est engagé dans ce type de démarche en collaboration avec l'Ecole d'Agronomie de Meknès et des ONG françaises (Afdi et Fert). Celles-ci ont proposé un modèle de semoir SD à disques en partant des conseils d'experts de l'ex-Cemagref.
Il est étonnant que des industriels privés tunisiens au dynamisme reconnu ou publics algériens, aux moyens reconnus, tel le groupe PMAT.dz, ne se soient pas engagés à ce jour dans ce type de production. Certes, l'expérience syro-iraquo-jordanienne est relativement récente. Pourtant la Turquie, où cette technologie est présente depuis plus longtemps, aurait pu inspirer ces constructeurs. Echec de leur cellule de veille technologique? En tout cas, désormais l'information est disponible. Il existe aujourd'hui des outils simples afin de cultiver à bas coût des céréales en milieu semi-aride. Ces engins, les semoirs SD issus de modèles australiens, permettent de résoudre trois problèmes : le travail du sol, le semis et la fertilisation dite de fonds.
En Algérie, en la matière, une structure se distingue par son dynamisme. Il s'agit de l'ITGC qui a reçu à plusieurs reprises le Pr Jack Desbiolles et qui développe des contacts avec des investisseurs locaux. On ne peut qu'espérer la réussite et l'élargissement de ces contacts.

A l'heure où, dans ses territoires les plus pauvres, comme à Gardane (Tunisie), le Maghreb est aujourd'hui menacé de destabilisation, il est plus que jamais urgent de se pencher sur tous les moyens afin de dynamiser l'agriculture. Les défis à venir militent pour plus de relations économiques inter-maghrébines. Les décideurs, mais aussi la société civile, dont les élites rurales, ont le devoir de se pencher sur les techniques qui ont fait leur preuve en matière d'augmentation de la production et de création d'emplois. Le semis direct fait partie de ces solutions.
Le comité Nobel s'honorerait à attribuer le prix Nobel de la Paix à l'Icarda avec mention spéciale à la poignée d'hommes qui ont oeuvré et oeuvrent encore contre la misère en Syrie, en Irak et en Jordanie.

1 Lire « Development, participatory extension and adoption of zero tillage–the case of Syria and Iraq 2005-14 » 1 Lire « Development, participatory extension and adoption of zero tillage–the case of Syria and Iraq 2005-14 »
http://www.agronomy2015.com.au/papers/plennary-piggin.pdf
Colin Piggin1, Stephen Loss2, Atef Haddad 3, Yaseen Khalil 4. International Center for Agricultural Research in the Dry Areas, P.O. Box 5466, Aleppo, Syria, www.icarda.org Present address/contact: 1 4 Francis Street, Yarralumla, ACT, 2600, Australia, c.piggin@gmail.com 2 GRDC, 4 National Circuit, Barton, ACT, 2600, stephenpeterloss@gmail.com 3 Lattakia, Syria,
atefhaddad1952@gmail.com 4 The University of Western Australia, 35 Stirling Highway, Crawley, WA 6009, 21454267@student.uwa.edu.au
2 Pour les Australiens, l'intérêt est ailleurs ; la participation à l'Icarda leur donne accès aux variétés de céréales et donc à une banque de gènes fondamentale pour le développement de leur agriculture.
3 www.ramajordan.com
4 ‘Taking no-till to the Middle East’, by Gregor Heard of Rural Press: http://sl.farmonline.com.au/news/nationalrural/gra…
5Voir sur google : « The practical implementation of conservation agriculture in the Middle East ».