INTERDICTION
DU ROUND-UP : COUP DUR POUR LE SEMIS DIRECT EN ALGERIE ?
Djamel
BELAID 15.05.15 djam.bel@voila.fr
L'OMS a
déclaré que le Round-Up (glyphosate), un herbicide très utilisé
en agriculture, présentait des risques pour la santé. A terme, il
ôurrait être interdit. D'autres herbicides et fongicides pourraient
suivre sur la liste de l'OMS. En Algérie, le Round-Up commence à
être utilisé par les agriculteurs pratiquant le semis direct (SD).
Il s'agit d'une technique nouvelle particulièrement adaptées aux
zones semi-arides algériennes. Après la mise à l'index de cet
herbicide, quelles alternatives s'offrent aux céraliers algériens ?
L'EMPLOI
DES PESTICIDES EN AGRICULTURE.
En
agriculture, les pesticides appelés également produits
phytosanitaires ont permis des augmentations considérables de la
production de produits alimentaires. C'est grâce à leur emploi et à
celui des engrais que la faim a regressé dans le monde. La question
actuellement posée est de savoir comment concilier augmentation de
la production et emploi raisonné de ces molécules chimiques. En
France, 60 000 tonnes de produits phytosanitaires sont utilisées
chaque année. Ce chiffre est excessif. Il classe ce pays parmis les
premiers pays utilisateurs de produits phytosanitaires. A partir de
la tenue du « Grenelle de l'Environnement », des mesures
ont été prises afin de réduire leur utilisation. L'agronomie
algérienne est fortement influencée par les pratiques occidentales
et françaises en particulier. Cette influence concerne aussi bien la
prédominance accordée aux produits phytosanitaires que de nouvelles
solutions biologiques contre certains ravageurs des cultures. Il peut
donc être intéressant de s'inspirer des premiers acquis de
l'agriculture « raisonnée » (avec moins de pesticides)
développée à l'étranger.
II-ROUND-UP
ET SEMIS DIRECT EN ALGERIE.
En semis
direct, le Round-Up est utilisé avant de semer les céréales.
Produit systèmique, cet herbicide est absorbé par les feuilles des
mauvaises herbes présentes sur la parcelle. Le blé implanté sans
labour n'est donc pas concurencé par les mauvaises herbes
traditionnellement éliminées par le labour. On remplace en quelque
sorte un labour mécanique par un labour chimique. Quel avantage
offre une telle pratique ? Celui de réduire l'érosion du sol
et de favoriser notamment une meilleure utilisation de l'eau par les
plantes. Grâce à cette méthode, là où en année sèche
l'agriculteur ne moissonne rien, le SD avec désherbage au Round-up
permet d'obtenir au moins 10 quintaux de grains par hectare avec la
paille correspondant.
Hors
semis direct, les autres utilisations du Round-up en Algérie
concernent le maraichage et l'arboriculture. Ainsi, avant de repiquer
des plants de légumes en serre ou en plein champs, seul le Round-up
est en mesure de lutter efficacement et en un très laps de temps
contre des espèces vivaces telles le chiendent. Et cela sans
toxicité pour la culture à venir contrairement aux herbicides
racinaires. Il en est de même en arboriculture. Si l'agriculteur
s'assure que le produit n'entre pas en contact avec les feuilles des
arbres, il peut constituer un désherbant de choix.
II-EN
ALGERIE, DU SEMIS DIRECT SANS OGM.
En
Algérie, il n'y a pas d'OGM autorisés en culture comme c'est
notamment le cas aux USA OU Amérique du Sud. Les exploitations de
ces régions cultivent diverses cultures (soja, maïs, …) qui
possèdent dans leur patrimoine génétique un gène permettant une
résistance au glyphosate. Par conséquence, l'application de cet
herbicide sur une culture résistante élimine toutes les espèces de
mauvaises herbes sans porter atteinte à la culture.
Un tel
schéma est particulièrement intéressant pour la firme Mosanto qui
commercialise le Round-up et les semences OGM possèdant le gène de
résistance à l'herbicide. Elle commercialise les semences OGM et
donc également le Round-up. L'un ne vas pas sans l'autre. Ce schéma
d'OGM est à priori intéressant pour l'agriculteur. Il peut ainsi
éliminer des espèces particulièrement difficiles à éradiquer
avec les herbicides traditionnels. Les premières années, ce schéma
de départ a bien fonctionné. Mais peu à peu, les agriculteurs ont
dû augmenter les doses de Round-up puis le nombre de passages. La
cause ? L'apparition de résistances au glyphosate au sein des
espèces de mauvaises herbes. Suite à des mutations et à la
pression de sélection liée à l'utilisation renouvelée d'un même
produit, des plants de mauvaises herbes sont apparus et se sont
propagés dans les champs d'OGM.
Actuellement
les agriculteurs argentins et brésiliens utilisant les OGM de la
firme Monsanto sont obligés techniquement d'utiliser le Round-up et
donc à des doses de plus en plus importantes.
On peut
se demander à ce propos, si l'inscription par l'OMS du Round-up sur
la liste des produits dangereux pour la santé s'est faite sur la
base d'une seule utilisation en début de culture comme c'est le cas
en semis direct ou sur la base de plusieurs applications avec
majoration des doses comme dans le cas d'utilisation des OGM Monsanto
résistant au glyphosate.
III-LES
ALTERNATIVES AU ROUND-UP EN ALGERIE.
La
récente mise en garde de l'OMS vis à vis du caractére
potentielement dangereux du Round-up pour la santé humaine nécessite
de prendre, en Algérie, les mesures adéquates. Nul doute que les
services sanitaires et agricoles adopterons les mesures adaptées en
fonction des conditions de dangerosité du glyphosate. A ce propos,
on peut se demander si le glyphosate est potentiellement dangereux
pour l'agriculteur qui manipule le produit, pour les riverains des
champs traités ou pour le consommateur utilisant des produits
traités.
Les
produits issus de la décomposition dans le sol de la molécule de
glyphosate le sol fait l'objet de nombreuses l'études de part le
monde.
Même
sans la sonnette d'alarme de l'OMS concernant le Round-up,
l'utilisation d'un herbicide chimique dans une technique qui
s'inscrit dans un modèle d'agriculture durable - cas de agriculture
de conservation comme dans le cas du semis direct – c'est à dire
d'une agriculture tendant vers le « bio » est quelque peu
problématique dans son esprit.
En cas de
dangerosité avérée du Round-up, l'idéal en semis direct serait
son remplacement par un autre produit. Mais trouver un autre
herbicide possédant les mêmes fonctions que le Round-up ne sera pas
chose aisée vus ses qualités agronomiques.
Parmi les
alternatives figurent le désherbage mécanique. Suite au « Grenelle
de l'environnement » en France, des techniques nouvelles
apparaissent. Elles permettent des avancées techniques surprenantes
bien supérieures au traditionnel binage qui peut se pratiquer pour
les cultures à large écartement. Passons en revue ces nouveaux
procédés. Précisons que selon l'étage bioclimatique et la flore
adventice présente, les problèmes de désherbages à résoudre sont
très différents. C'est le cas en particulier les vivaces tel le
chiendent, les chardons et toute plante ayant de profonds rhyzomes
permettant le redémarrage de la plante malgré une première
destruction de sa partie aérienne. Seul l'effet systèmique du
Round-up permet de les détruire puisque une fois absorbé, le
désherbant circule jusque dans les racines.
Certains
agriculteurs européens en SD ont depuis de nombreuses année décidés
de s'affranchir de l'emploi du Round-up. Ils utilisent des bineuses
superficielles à pattes d'oie. Ces engins ne travaillent le sol que
sur un à deux centimètres de telle façon que les tiges des
mauvaises herbes soient sectionnées. Cette pratique reste
inexistante en Algérie.
D'autres
outils peuvent être utilisés. Ils sont vulgarisé en France par
Arvalis. Il s'agit de la herse étrille et de la houe rotative. La
première « peigne » la surface du sol arrachant ainsi
les plantules germées quelques jours après une pluie d'automne. La
seconde bine superficiellement le sol éliminant ainsi les plantules
de mauvaises herbes.
La lutte
mécanique en semis direct peut continuer après semis de la culture.
Cela, à l'aide des deux outils précédemment évoqués. Ils
présentent l'avantage de pouvoir travailler l'inter-rang telle une
bineuse mais également le rang sans entraîner une forte perte de
plants. Il s'agit pour cela d'effectuer sur l'appareil les réglages
nécessaires et d'adopter une vitesse de travail apropriée.
Enfin,
le désherbage chimique traditionnel (hors Round-up) avec des
désherbants foliaires ou racinaires conserve toute sa place après
semis.
EN
CONCLUSION
Il s'agit
de préciser quelle est la dangerosité réelle du Round-up. Par
ailleurs, il reste à préciser si certaines précautions d'emploi
peuvent y pallier.
En cas,
d'obligation de s'abstenir de toute utilisation du Round-up, il reste
à préciser quelles alternatives s'offrent aux céréaliers ayant
commencé à pratiquer le SD associé au Round-up. Il s'agit là
d'une urgence dans la mesure où il est prouvé que le SD sécurise
le rendement, notamment en année sèche. Le SD est à ce titre
primordial pour la réussite de la céréaliculture en zone
semi-aride.
Si les
services agricoles concernés ont une part importante dans la
recherche de telles alterntives, les exploitants pratiquants le SD se
doivent de mutualiser leur expérience. La diversité des situations
et des conditions liées au sol et au climat obligent les
exploitations à des pratiques variées. C'est dans ce foisonnement
de pratiques qu'il y a lieu d'établir des « retour
d'expériences » et de susciter la recherche de nouvelles
façons de faire. Seules la connaissance de solutions testées sur le
terrain permettront à la communauté des céréaliers de progresser.
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