JACHERE.
REDUCTION
DE LA JACHERE : DU NOUVEAU.
Djamel
BELAID 17.06.15 djam.bel@voila.fr
Pour
réduire les surfaces en jachère, « on a tout essayé »
pourraient dire les responsables du MADR. Un peu comme ces
responsables économiques français à propos de la lutte contre le
chômage. Pourtant, en matière de réduction de la jachère tout n'a
pas était essayé. Ainsi, le non-labour avec semis direct pourrait
être la solution à cette question cruciale pour plus d'autonomie
alimentaire en Algérie.
PRENDRE
EN COMPTE LES CONTRAINTES DES EXPLOITATIONS
Réduire
la jachère afin de produire plus ne peut se faire d'un simple coup
de baguette magique. Cela nécessite de prendre en considération les
contraintes des exploitations. Or, celle-ci sont nombreuses si on en
juge le damier que ces parcelles constituent dans les camapagnes. En
effet, à la moisson des parcelles couleur or cotoient des parcelles
de couleur marron corespondant à la jachère travaillée. Ces
contraintes sont multiples : disponibilité en matériel, besoin
en financement, gestion de l'eau du sol ou disponibilité en
pâturages.
A
cela, il s'agit de rajouter la taille des exploitations et le niveau
technique des agriculteurs.
SEMIS
DIRECT ET VITESSE DE TRAVAIL
Pour
une exploitation céréalière, l'une des principales contraintes est
représentée par le facteur temps. Labourer, préparer le lit de
semences et semer prend beaucoup de temps. Or, en non-labour avec
semis-direct (SD), le temps d'implantation de la culture sont réduits
de 6 fois. Avec le même matériel de traction, on peut donc emblaver
plus de surface. Les pointes de travail automnales sont ainsi
réduites. Le semis du blé peut être réalisé en temps voulu. Trop
souvent, les semis en mode conventionnel traînent jusqu'en décembre
réduisant ainsi le potentiel de rendement des cultures. Par
ailleurs, avec le SD, il n'y a plus concurrence entre semis de
céréales et semis de fourrages de vesce-avoine.
C'est
d'ailleurs cet argument qui a séduit de grandes exploitations. Dans
la région de Constantine et Sétif, des exploitations privées de
300 à 750 sont intégralement passées en SD. Le même phénomène
s'observe en Tunisie ou au Maroc. Malgrè son prix élevé un semoir
pour SD est amorti dès la première année à condition d'emblaver
au moins 500 hectares.
SEMIS
DIRECT ET COUTS DE MECANISATION
La
conduite conventionnelle avec labour revient relativement chère.
Outre le coût de la main d'oeuvre, il faut tenir compte du carburant
utilisé. En SD, les réductions de carburants sont de l'ordre de
40%. Ces réductions de coûts sont fondamentales pour l'agriculteur.
Car, en début de campagne celui-ci doit avancer les fonds
nécessaires pour financer le travail du sol, l'achat de semences et
d'engrais sans avoir la certitude de rentrer dans ses frais en cas de
sécheresse. Par ailleurs, il ne faut pas oublier la faiblesse des
rendements en zone semi-aride ; en moyenne moins de 15 qx/ha.
Si la rentabilité de cette céréaliculture passe par l'augmentation
des rendements, elle passe également par la baisse des charges.
Le
SD permet la localisation de la fumure de fonds et donc une meilleure
efficacité de ce type d'engrais en sol à fort pouvoir fixateur et à
faible C.E.C.
SEMIS
DIRECT ET GESTION DE L'EAU DU SOL
Tous
les agriculteurs vous le jureront : en terre profonde, une
jachère labourée à temps permet les meilleurs rendements. Cela est
à mettre sur le compte de l'enmagasinement de l'eau de pluie, la
minéralisation de la matière organique et la réduction du stock de
semences de mauvaises herbes dans le sol.
Or,
le SD présente également certains avantages qu'une jachère
travaillée (préparés de printemps). En effet, le SD permet une
économie de l'eau du sol. Les résultats obtenues à Settat (Maroc)
montrent qu'en année de sécheresse, là où le labour ne donne que
2 qx/ha, le SD permet d'obtenir 10 qx/ha.
Il
devient donc possible de réaliser une culture après un blé sans
avoir à se soucier d'essayer d'emmagasiner de l'eau comme avec la
jachère. On peut envisager des cultures en remplacement de la
jachère : légumes secs ou fourrages (foins, ensilage, grains)
avec tout l'effet en matière de précédent (enrichissement du sol
en azote, élimination des mauvises herbes ou du cycle de certains
parasites).
SEMIS-DIRECT
ET ELEVAGE OVIN
L'un
des facteurs qui freine la résorption de la jachère provient
également de la présence fréquente de l'élevage ovin associé à
la céréaliculture. Celle-ci étant d'un faible rapport, l'élevage
ovin permet d'équilibrer les comptes de l'exploitation. Des terres
en jachères pâturées représentent autant de terrains de parcours.
Le
SD, ne nécessitant pas de labour, les terres de parcours ne sont
donc pas menacées dès le printemps de retournement par la charrue.
Elles peuvent donc êtres pâturées jusqu'à l'automne. Mieux
encore, le SD en permettant une augmentation des rendements en grains
et en paille s'avère être un atout pour l'élevage ovin. Il a
d'ailleurs été testé avec succès par le HCDS dans les zones
steppiques à sol profond.
En
réduisant à l'automne la durée nécessaire à l'emblavement des
céréales, le SD permet d'envisager une extension des superficies
en fourrages à pâturer ou à récolter (foin ou ensilage de
vesce-avoine).
Il est également possible de réaliser un sursemis (re-seeding) des jachères pâturée avec des semoirs SD fourragers comme le GrassFarmer d'Aitchison.
Grass Farmer 1414 - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=plIp8DTJFKM
25 févr. 2010 - Ajouté par simclarke
SEMIS-DIRECT,
CULTIVER LA JACHERE PATUREE
Mais
c'est dans le domaine de l'amélioration des jachères pâturées que
des progrès pourraient être attendus. Ces jachères sont en fait
des prairies temporaires. Elles sont composées d'une flore spontanée
et variée. En automne, le SD pourrait permettre de re-semer ces
prairies temporaires afin d'enrichir leur flore et d'arriver à une
meilleure valeur alimentaire de ces jachères pâturées. Précisons
qu'il ne s'agit pas de remplacer la flore spontanée mais de
l'enrichir par exemple en graminées fourragères telles le
ray-grass. Des mélanges d'espèces (méteil) pourraient être
testés. Les graminées fourragères sont intéressantes du fait de
leur port dressé ; la production de semences est facilitée par
rapport au port rampant des légumineuses.
La
vitesse d'implantation que permet le SD est intéressante en matière
de semis fourrager. Il permet une implantation juste après un orage.
A ce titre, il permet une « agriculture d'opportunité ».
SEMIS-DIRECT,
REVISITER LE DRY-FARMING
Le
SD permet de revisiter totalement la pratique de l'arido-culture de
type « dry-farming » longtemps pratiquée en Algérie.
Aussi, dans toute réflexion sur son intérêt, il s'agit d'examiner
l'ensemble des aspects dans lesquels il intervient.
Certes,
son utilisation vue dans l'angle de la résorption de la jachère
nécessite de maîtriser parfaitement le désherbage ainsi que de
nouvelles cultures dont les légumes secs. Le SD peut également être
envisagé sur couvert de chaumes. Cela implique une certaine
technicité.
Le
prix des semoirs pour SD reste élevé. Cela nécessite d'imaginer
la fabrication de modèles locaux demandant moins de force de
traction comme cela est le cas au Maroc.
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