LAITERIES PRIVES OU COOPERATIVES?
Djam.bel@voila.fr 26.02.2015
J'écoutais ce soir un
membre de la confédération paysanne française parler sur une radio. Il
expliquait que Lactalis et son PDG, Emmanuel Besnier 44
ans, est devenu un homme extrêmement riche.
Le magazine Challenges
classe la famille Besnier au 11e rang des plus grandes fortunes de
France, avec 6,5 milliards d'euros. Lactalis a été fondé en
1931 par André Besnier qui avait eu l'idée d'inventer les premiers
camemberts moulés. Son fils Michel a ensuite pris la relève et a réussi à
vendre ses fromages sur la France entière. Ce groupe,
situé à Laval, est en effet propriétaire des marques Président, Galbani,
Lactel et Société.
En 2000 à la mort d'Alain
Besnier, Emmanuel Besnier, prend le pouvoir il a à peine 30 ans. En une
dizaine d'années il rachète des usines en Pologne,
Egypte, Inde ou en Italie. Lactalis est aujourd'hui le n°1 mondial du
secteur.
Le groupe Lactalis est
prospère. Depuis quelques années, son PDG vit dans le très chic Paris
VIIe. Il ne possède pas de jet privé et préfère le TGV mais
dispose d'un château à Entrammes. Château acheté par son père possède
une maison à l'île de Ré et fréquente la station de ski à Courchevel.
Ajoutons à ce patrimoine une holding en Belgique.
En Mai 2011 afin de
racheter le groupe italien Parmalat, Lactalis a dû se plier aux
injonctions l'autorité italienne des marchés financiers. Le groupe
lavallois a dû présenter ses résultats financiers.
Jusque là Lactalis ne
communiquait que son chiffre d'affaires, c'est à dire 9,4 milliards
d'euros en 2010. Le groupe est en effet caractérisé par une
discrétion portée au plus faut point.
Il apparaît ainsi qu'en
2010 Lactalis a dégagé un résultat brut d'exploitation de 994 millions
d'euros. Cela représente une marge supérieure à 10,5%. Or
un tel niveau de rentabilité est exceptionnel. Il faut savoir que celle
de Bongrain (Caprice des Dieux) est inférieure à 4%, et celle de Bel (La
Vache qui Rit, Babybel) est de seulement 8%.
L'explication vient du
fait que Lactalis est leader, il maîtrise les coûts et a un son
savoir-faire industriel reconnu. Le groupe fait par exemple
tourner ses usines H24 en fabriquant des produits à marque de
distributeur. Aujourd'hui la valeur de Lactalis est estimée à 7
milliards d'euros.
Mais notre propos n'est
pas là. Arrêtons cette avalanche de chiffres. Tous ces groupes sont des
groupes privés. Ils captent une partie de la marge des
éleveurs de lait, il réalisent des bénéfices sur le dos des
consommateurs. L'alternative serait des coopératives laitières. Elles
existent et reversent une partie de leurs bénéfices aux éleveurs.
Un tel modèle est-il
viable en Algérie? Faut dire qu'il est en train de s'imposer. Mais avec
une dominante de sociétés privées algérienne ou étrangère
comme Danone. Certes, ces sociétés possèdent parfois un savoir faire.
Mais, le secteur laitier est nait du néant. Il n'existait pas il y a
quelques années. Ou du moins on ne comptait que quelques
entreprises publiques. Or, voilà que c'est le secteur privé qui
s'approprie des parts juteuses de ce marché.
Peut-on se permettre des
bénéfices sur le dos des éleveurs laitiers et des consommateurs? Les
éleveurs auraient tout intérêt à créer des coopératives
laitières et à transformer eux même une partie de leur lait. Sous peine
de voir se perdre une partie de leur marge. Les éleveurs laitiers l'ont
appris à leurs dépends, eux qui produisent cet or
blanc.
Pour les éleveurs
Algériens, la route sera longue. A eux de se constituer en associations
professionnelles d'éleveurs, de dynamiser les sections locales
de l'UNPA, voire de créer des syndicats indépendants. Le consommateur
algérien y a tout intérêt...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire