CEREALES
BILAN
DE CAMPAGNE 2015 : 40 MILLIONS DE QUINTAUX !
Alors
que la moisson est en cours en plein mois de Ramadhan et sous de
fortes chaleur, les premières estimations font état d'une récolte
de 40 000 000 de quintaux. Bien que la moisson soit en cours,
quelques remarques.
Si
ce niveau de récolte se confirme, il apparaîtra que la
céréaliculture algérienne est capable de dépasser son niveau
moyen historique. C'est là un signe des efforts réalisés sur le
terrain. Efforts fournis par les céréaliers, les structures en
amont mais également par les pouvoirs publics avec les prix
consentis à la production. L'OAIC y a bien sûr une part importante.
L'Office se distingue par sa politique volontariste en matière
d'irrigation d'appoint, de semences certifiées et d'offre en travaux
agricole à travers son pool motoculture.
AURAIT-ON
PU MIEUX FAIRE ?
Comme
on dit, il est toujours possible de faire mieux. Sans négliger les
efforts de chacun des intervenants de la filière, il nous semble que
certains points techniques et organisationnels mériteraient d'être
ré-examinés. Points que nous ne retrouvons pas dans les axes de
travail des responsables de la filière céréales dont notamment le
DG de l'OAIC, Mr Mohamed Belabdi ou Mr Salah Attouchi DG du groupe
PMAT.
Le
premier point concerne les CCLS. Elles n'ont de « coopératives »
que le nom. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'entités
administratives de l'OAIC sur le terrain. Est ce les meilleures
structures pour notre céréaliculture ? Rappelons qu'en France,
dans les coopératives céréalières, le directeur est recruté par
le Conseil d'Administration et non pas par la tutelle. Les
coopérateurs possèdent les installations de par les parts sociales
qu'ils ont acquis. La coopératives n'est plus « razk el
beylik », mais « rak el fellahines ». Cela change
tout, notamment en matière d'efficacité. Comment concilier
efficacité agricole, aide à la petite paysannerie et régulation du
commerce du blé ?
Il
nous semble que lorsque Mr Belabdi reçoit les responsables de la
ccopérative française Axéréal, il ne s'agit pas simplement de
discuter de matériel, semences, ou engrais. Il faut parler de
management et des hommes. L'exigence doit être de doit demander à
voir le fonctionnement de cette coopérative en France. Des
délégations d'agriculteurs, cadres de l'OAIC, des CCLS doivent
aller en voyage d'études. Que des élus paysans des CCLS aillent
discuter avec leurs homologues français, idem pour les chefs de
silos ou les magasiniers.
NOMS
RESPONSABLES AXEREAL
APRES
LES MOISSONNEUSES-BATTEUSES SAMPO, DES SEMOIRS SEMEATO ?
L'un
des efforts technique de l'OAIC porte sur l'irrigation d'appoint. On
ne peut que féliciter l'office pour cette politique. Mais quid du
fellah sur « el argoub » (colline) loin de toute
possibilité d'irrigation ? Pourtant la solution à
l'arido-culture existe. Elle s'appelle non-labour avec semis direct.
Cette technique permet de s'affranchir de l'antique « dry-farming ».
Que MM Attouchi et Belabdi prennent un après midi et aillent voir à
Constantine comment travaille Mr Abdelatif Benhamadi. Toute son
exploitation est passée au semis direct (SD). Ce qui lui permet de
réduire la jachère et de semer plus de légumes secs et de
fourrages.
Pour
l'Algérie, le semis direct constitue la mère des batailles. Divers
travaux en ligne dont des travaux marocains montrent que seul le SD
permet en année de sécheresse de récolter 10 qx/ha quand la
charrue ne permet d'en réolter que 2 à l'hectare. Seuls
l'irrigation mais aussi le SD peuvent nous permettre d'éviter les
rechutes de production de céréales comme en 2008 et le recours
dramatique et massif aux importations. Seul, le SD peut assurer en
agriculture pluviale récolte de céréales, de paille et par sa
vitesse d'implantation plus de réduction de la jachère.
Nos
deux organismes d'Etat semblent se rendre compte peu à peu de
l'intérêt du SD. En témoignent la vingtaine de semoirs de marque
Sola importés et actuellement disponible au niveau des CCLS. Mais à
Aïn Témouchent, un de ses semoirs est resté sur palette depuis
deux ans. Il est trop puissant pour pouvoir être tiré par les
tracteurs de la CCLS locale. Cela montre la nécessité de dialoguer
avec les céréaliers qui se sont déjà équipés pour le SD afin de
voir quel type de matériel est à importer ou à monter localement.
Apèrs le montage de matériel de récolte comme l'accord SAMPO, ne
faudrait-il pas un autre accord avec une firme telle SEMEATO ?
Il s'agirait également d'étudier le moyen de rendre disponible ces
engins pour les exploitations de petite taille. Le Maroc adopte une
voie originale : construire des semoirs de SD marocains adaptés
aux moyens de traction des petites et moyennes exploitations.
Rappelons que le récent accord avec la firme portugaise Galucho fait
l'impasse sur le matériel de SD.
PENSER
« SIGHAR EL FELLAHINE »
La
consultation des statistiques le montrent. Malgrè le relèvement des
prix à la production, dont 4500 DA /quintal pour le blé dur,
toute la récolte ne rentre pas dans les silos de l'OAIC. Cela amène
à poser la question des moyens de stockage à la ferme et des
risques de perte post-récolte. Le groupe PMAT, ne devrait-il pas se
lancer dans la confections de silos métalliques de petites
dimensions ? Ce serait également un moyens de ne pas faire
porter tout le poids du coût des moyens de stockage sur le seul
OAIC.
Enfin,
si des céréaliers stockent toute leur récolte ou une partie, on
peut penser qu'ils produisent également une partie de leur semences.
Ils produisent de la semence de ferme. Comment dans ce cas là les
aider à trier leur semence et la traiter comme sait le faire l'OAIC
avec ses nouvelles unités de production de semences ? Pourquoi
tout centraliser et déposséder de ce droit millénaire le
fellah : produire sa semence? PMAT ne pourrait-il pas en
concertation avec des agriculteurs et ingénieurs machinistes de nos
universités se pencher sur la production de trieurs et appareils à
traiter les semences ? Sur ces deux points, l'utilisation de la
recherche universitaire peut permettre d'analyser les façons de
faire de la petite paysannerie et de connaître leurs attentes.
Pourquoi ne pas accueillir des étudiants et leur proposer comme
sujets de mémoires d'études les stratégies paysannes de stockage
des céréales à la ferme ?
CONCERTATION
AU SEIN DE LA FILIERE
PMAT,
l'OAIC, l'ITGC, la BADR ainsi que les firmes d'agro-fourniture et les
réseaux qualité des semouliers ont permis de nettes avancées de la
production de céréales. Face aux défis de l'heure, dont la
réduction de la rente gazière, l'exigence du moment est la
recherche du maximum d'efficacité. Aux efforts de la filière afin
de procurer à l'agriculteur crédit de campagne, matériel
d'implantation, d'irrigation et de récolte ou fertilisants et
produits de traitement ? il nous faut réfléchir aux axes de
travail non encore explorés. Notamment : semis-direct afin de
régulariser les rendements (notamment en année de sécheresse) et
de réduire les coûts de mécanisation. Ou encore management et aide
aux petites exploitations.
Il
s'agit là de suggestions portées au débat.
Les
conseils régionaux de concertation de la filière céréales sont
les endroits pour débattre de leur bien fondé ainsi que d'autres
suggestions pouvant émerger ça et là. Nous n'avancerons qu'en
mobilisant chacun. La concertation au sein de la filière en est un
des moyens.
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