Préambule: Nous pensons que plusieurs techniques sont utilisables. Comme utiliser le semoir Aitchison (ou un semis à la volée et une herse) pour semer les jachères pâturées en faisant du "sur-semis" en implantant des mélanges d'espèces fourragères. Nous ne manquerons pas d'actualiser cette rubrique.
FOURRAGES.
"L'herbe en semis direct économise deux passages"
Un article très intéressant concernant l'utilisation du semoir Aitchison pour semer des fourrages en "sursemis". Nous pensons que ce type de semoir pourrait permettre de semer à l'automne sur sols réservés aux jachères pâturées des mélanges fourragers. L'idéal serait de choisir des espèces à implantation aisée.
Au moment où Mr Ferroukhi cherche des moyens pour relancer la filière viande rouge, voila un moyen qui pourrait permettre de produire plus de fourrages.
Il y a là un sujet à creuser pour les importateurs de matériel, la recherche agronomique et les étudiants souhaitant une idée de sujet de mémoire de fin d'études. D BELAID 20.8.2015.
Au moment où Mr Ferroukhi cherche des moyens pour relancer la filière viande rouge, voila un moyen qui pourrait permettre de produire plus de fourrages.
Il y a là un sujet à creuser pour les importateurs de matériel, la recherche agronomique et les étudiants souhaitant une idée de sujet de mémoire de fin d'études. D BELAID 20.8.2015.
Le 27 octobre 2006 - La France Agricole n°3156 - page 28
«Sur des terres aussi arides et caillouteuses, les prairies doivent
être ressemées tous les ans » (on dirait des conditions algériennes . ndlr), explique André Gras, qui mène en
extensif une troupe de 250 brebis viande et une quinzaine d'Aubrac en
race pure à Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère). Sécheresses à
répétition, gel jusqu'en mai sur des parcelles exposées au vent, trop
faible nombre de DPU : son revenu agricole diminue chaque année. Ce qui
l'a encouragé à démarrer une activité de fabrication de bûches à façon.
« J'ai moins de temps disponible pour la ferme, constate André. Je passe la journée sur la scie à bûches, je n'ai donc que trois heures par jour à consacrer à l'entretien des 114 hectares de prairies, le soir après 20 heures. Mais il est hors de question de bâcler le travail lorsque c'est la seule culture de l'exploitation. J'ai donc choisi de m'orienter vers le semis direct pour réduire le nombre de passages. »
Le semis direct de l'herbe avec un matériel spécifique est une pratique courante en Nouvelle-Zélande mais encore peu répandue dans l'Hexagone. « Je me suis dit que si ça marchait là-bas sur des milliers d'hectares, ça pouvait fonctionner chez moi, explique André Gras. C'était un pari risqué parce qu'il fallait remettre en question tout mon itinéraire cultural ». Jusqu'en 2004, André labourait systématiquement ses prairies puis semait à la volée après un tour de cover-crop, soit trois passages entre 4 et 8 km/h pour un résultat moyen avec des levées assez hétérogènes.
« Avec le semoir à herbe je travaille sans retourner la prairie, ce qui me permet de conserver les repousses de la campagne précédente et d'augmenter un peu mon volume de fourrage. Le Aitchison étant assez léger et peu tirant, je peux semer à 12 km/h sans trop solliciter mon tracteur de 90 chevaux », raconte André Gras.
Ce semoir à distribution mécanique dispose d'un système d'enterrage à socs. Un train de disques montés en avant du semoir assure un premier tranchage du sol en conditions très dures mais c'est bien le soc qui réalise l'essentiel du travail. Le semoir d'André Gras comporte 14 dents, toutes montées sur ressort. « Dès que la vitesse augmente, le ressort fait bouger le soc dans le sillon, explique André. Cette vibration éclate la croûte de terre et forme un lit de semence fin dans lequel on dépose la graine. Compte tenu des conditions anormalement sèches sur le plateau, cette terre fine est indispensable pour obtenir des levées homogènes. » Le semoir n'est pas équipé de herse de recouvrement ou d'efface-traces ce qui fait que les sillons sont bien visibles. Un aspect inesthétique qui ne plaît pas trop à l'agriculteur mais qui disparaît à la levée.
La nécessité de gagner du temps a orienté André Gras vers le semis direct, mais c'est la simplicité de l'engin qui lui a fait sauter le pas. « Tout est mécanique et très simple. Tellement simple qu'un bon bricoleur pourrait se le fabriquer », plaisante-t-il. Le semoir Aitchison de 2,10 m de large lui a coûté 8 000 ?, un investissement important pour une structure comme la sienne. « Mais je me rattrape avec des frais d'entretien très faibles », rassure André Gras. Un soc à pointe traitée au carbure coûte 30 ? et chaque éponge utilisée au niveau des sélecteurs de la distribution revient à 1 ?. Ces dernières s'usent peu au travail mais sont régulièrement grignotées par les rongeurs.
Le passage au semis direct a également apporté son lot de mauvaises surprises. « L'avantage du cover-crop, c'était que les disques ne faisaient pas trop ressortir les pierres. Les socs en revanche me remontent des blocs qui cassent les couteaux de la faucheuse à la récolte, raconte André Gras. Or je n'ai pas investi dans le semis direct pour perdre mon temps à ramasser les pierres ! » Dès la seconde campagne avec le semoir, il a investi dans un rouleau à fort report de charge qui, en plus de taller les cultures, enfonce les pierres dans le sol (voir encadré). « Ma charge de travail n'augmente pas puisque je roulais déjà à l'époque du cover-crop », constate André Gras. Sa préoccupation actuelle est l'apparition de pissenlits dans certaines parcelles. « Le labour me protégeait de cette invasion mais aujourd'hui, je suis obligé de traiter au glyphosate avec un petit pulvérisateur de 8 m », regrette André.
Loin de lui pourtant l'idée de revenir en arrière. Il a même convaincu un voisin de s'engager dans la voie du semis direct. « Je voulais lui vendre ma charrue et mon cover-crop et il a finalement racheté la moitié du semoir », se félicite André Gras. Aujourd'hui, les deux agriculteurs veulent profiter de la régularité de levée du semis en ligne pour tester des variétés rustiques plus résistantes à la sécheresse et au gel comme le seigle et le moa, seules garanties de maintenir leur rendement fourrager.
« J'ai moins de temps disponible pour la ferme, constate André. Je passe la journée sur la scie à bûches, je n'ai donc que trois heures par jour à consacrer à l'entretien des 114 hectares de prairies, le soir après 20 heures. Mais il est hors de question de bâcler le travail lorsque c'est la seule culture de l'exploitation. J'ai donc choisi de m'orienter vers le semis direct pour réduire le nombre de passages. »
Le semis direct de l'herbe avec un matériel spécifique est une pratique courante en Nouvelle-Zélande mais encore peu répandue dans l'Hexagone. « Je me suis dit que si ça marchait là-bas sur des milliers d'hectares, ça pouvait fonctionner chez moi, explique André Gras. C'était un pari risqué parce qu'il fallait remettre en question tout mon itinéraire cultural ». Jusqu'en 2004, André labourait systématiquement ses prairies puis semait à la volée après un tour de cover-crop, soit trois passages entre 4 et 8 km/h pour un résultat moyen avec des levées assez hétérogènes.
« Avec le semoir à herbe je travaille sans retourner la prairie, ce qui me permet de conserver les repousses de la campagne précédente et d'augmenter un peu mon volume de fourrage. Le Aitchison étant assez léger et peu tirant, je peux semer à 12 km/h sans trop solliciter mon tracteur de 90 chevaux », raconte André Gras.
Grass Farmer 1414 - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=plIp8DTJFKM
25 févr. 2010 - Ajouté par simclarke
Ce semoir à distribution mécanique dispose d'un système d'enterrage à socs. Un train de disques montés en avant du semoir assure un premier tranchage du sol en conditions très dures mais c'est bien le soc qui réalise l'essentiel du travail. Le semoir d'André Gras comporte 14 dents, toutes montées sur ressort. « Dès que la vitesse augmente, le ressort fait bouger le soc dans le sillon, explique André. Cette vibration éclate la croûte de terre et forme un lit de semence fin dans lequel on dépose la graine. Compte tenu des conditions anormalement sèches sur le plateau, cette terre fine est indispensable pour obtenir des levées homogènes. » Le semoir n'est pas équipé de herse de recouvrement ou d'efface-traces ce qui fait que les sillons sont bien visibles. Un aspect inesthétique qui ne plaît pas trop à l'agriculteur mais qui disparaît à la levée.
La nécessité de gagner du temps a orienté André Gras vers le semis direct, mais c'est la simplicité de l'engin qui lui a fait sauter le pas. « Tout est mécanique et très simple. Tellement simple qu'un bon bricoleur pourrait se le fabriquer », plaisante-t-il. Le semoir Aitchison de 2,10 m de large lui a coûté 8 000 ?, un investissement important pour une structure comme la sienne. « Mais je me rattrape avec des frais d'entretien très faibles », rassure André Gras. Un soc à pointe traitée au carbure coûte 30 ? et chaque éponge utilisée au niveau des sélecteurs de la distribution revient à 1 ?. Ces dernières s'usent peu au travail mais sont régulièrement grignotées par les rongeurs.
Le passage au semis direct a également apporté son lot de mauvaises surprises. « L'avantage du cover-crop, c'était que les disques ne faisaient pas trop ressortir les pierres. Les socs en revanche me remontent des blocs qui cassent les couteaux de la faucheuse à la récolte, raconte André Gras. Or je n'ai pas investi dans le semis direct pour perdre mon temps à ramasser les pierres ! » Dès la seconde campagne avec le semoir, il a investi dans un rouleau à fort report de charge qui, en plus de taller les cultures, enfonce les pierres dans le sol (voir encadré). « Ma charge de travail n'augmente pas puisque je roulais déjà à l'époque du cover-crop », constate André Gras. Sa préoccupation actuelle est l'apparition de pissenlits dans certaines parcelles. « Le labour me protégeait de cette invasion mais aujourd'hui, je suis obligé de traiter au glyphosate avec un petit pulvérisateur de 8 m », regrette André.
Loin de lui pourtant l'idée de revenir en arrière. Il a même convaincu un voisin de s'engager dans la voie du semis direct. « Je voulais lui vendre ma charrue et mon cover-crop et il a finalement racheté la moitié du semoir », se félicite André Gras. Aujourd'hui, les deux agriculteurs veulent profiter de la régularité de levée du semis en ligne pour tester des variétés rustiques plus résistantes à la sécheresse et au gel comme le seigle et le moa, seules garanties de maintenir leur rendement fourrager.
ALGERIE: L'INTENSIFICATION DE LA PRODUCTION FOURRAGERE PASSE PAR LE SEMIS DIRECT.
D. BELAID 15.06.2014
Lorsqu'on parle semis
direct, il est souvent question de céréales. Or, différentes
expérimentations montrent que les semoirs pour semis-direct sont des outils
incomparables pour leur rapidité d'implantation des fourrages sur sol nu, en culture associée voire en sur-semis.
AVEC LE SEMIS DIRECT, TROIS RECOLTES PAR AN.
Une des applications les
plus spectaculaires du semis direct est de pouvoir implanter rapidement
une culture. Ainsi, selon Lucien SEGUY1
« si des pluies supérieures à 30-40 mm surviennent dès fin
août-septembre, il faut être prêt à semer, en semis direct, des espèces
telles que : la vesce velue, le ray grass, le radis fourrager,
en culture pure ou en mélange ». Selon cet auteur, le mélange est
« toujours plus efficace pour garantir un couvert en pluviométrie
aléatoire ».
Début novembre, est
implantée en semis direct de l'avoine. Elle sera récoltée en tant que
« céréale immature » par ensilage. Ce qui permet de
libérer assez tôt la parcelle pour un semis de sorgho.
AVEC LE SEMIS DIRECT, DEUX CULTURES ASSOCIEES SUR UNE MEME PARCELLE
L'exemple le plus
remarquable est celui décrit en 2002 par Lucien Séguy. Sur une
luzernière en repos végétatif a été semé en octobre 2001 avec un semoir
de semis direct de l'avoine. En décembre 2001, la céréale était bien
installée (stade début tallage). Au mois de mars de l'année suivante,
l'avoine a été récoltée en tant que « céréale
immature » par ensilage permettant un rendement de 16 T de MS/hectare.
Cette pratique est permise par le fait que:
-
l'avoine a bénéficié de températures permettant une croissance rapide,
-
la luzerne possède une période de croissance décalée par rapport à celle de la céréale; il lui faut en effet des températures de l'ordre de 30°C afin d'arriver à son maximum de croissance.
La récolte de l'avoine par ensilage permet d'obtenir des fourrages de meilleure qualité par rapport à un foin.
Chedly Kayouli: avantage de l'ensilage d'avoine par rapport au
foin:
"Le projet
FAO/GCP/TUN-10/SWE a développé des périmètres d’embouche semi-intensifs
dans le nord de la Tunisie (450 - 650 mm), fondés sur l’ensilage
des céréales (avoine et avoine-vesce pour l’essentiel). Le plus grand
succès de ce projet a consisté à introduire des techniques d’ensilage
qui sont toujours bien implantées sur les lieux. Comparé au
foin, le fourrage ensilé est récolté plus tôt, ce qui libère la terre et
facilite ainsi le semis de cultures d’été. Par ailleurs, le fourrage
ensilé étant moins mûr, sa valeur nutritionnelle est plus
élevée et la performance animale meilleure avec besoin de moins de
concentrés. Au cours d’une expérience menée sur l’engraissement de
bovins locaux au moyen d’avoine ensilée ou de foin ad libitum
avec 3 kg de concentrés par jour, Sansoucy et al. (1984) ont constaté
une prise de poids quotidienne et un taux de transformation des aliments
de 20 à 35 pour cent plus élevé avec une ration
d’ensilage qu’avec une ration de foin".
AVEC LE SEMIS DIRECT, OPTIMISER LA RESORPTION DE LA JACHERE
L'implantation de
fourrages de vesce-avoine sur les terres anciennement en jachère entre
souvent en concurrence avec le semis des céréales. L'adoption
du semis direct permettrait une implantation plus rapide de ce type de
fourrage, d'autant plus que la question du désherbage parfois délicate
en semis direct ne se pose pas dans le cas de ce type de
fourrage. Il est donc possible d'écrêter les pointes de travail lors des
chantiers de semis.
Une autre application possible est l'ensemencement des jachères en légumineuses pour le pâturage2.
En Tunisie, l’ICARDA
(1986), « a mené des expériences sur site trois ans durant, dans les
zones les plus sèches du pays, pour remplacer les
jachères par une culture productive autre que l’orge; d’après les
résultats, les producteurs tireraient grand profit à semer des
légumineuses fourragères, notamment la vesce commune, Vicia sativa, et
la vesce de type Lathyrus sativus, dans l’année séparant deux cultures
d’orge ». Là encore, l'implantation de ces légumineuses pourraient se
satisfaire d'un simple semis direct.
1 RAPPORT DE MISSION EN TUNISIE du 29 septembre au 4 octobre 2002. Lucien SéguyCirad-caDocument obtenu sur le site Cirad du réseau http://agroecologie.cirad.fr
2 Profil fourrager TUNISIE Chedly Kayouli Institut National Agronomique de Tunisie 43. Av. Charles Nicole, 1082 Tunis – Tunisie E-mail: chedly.kayouli@gnet.tn
3 RECOLTES/AN? YES, WE CAN !
D. BELAID 28.03.2014
Arriver à 3 récoltes fourragères par an
sur une même parcelle? Oui, cela est possible sur de petites surfaces
fourragères à proximité d'étables. Mais à condition de les
doter de kits d'aspersion afin de procéder à une irrigation d'appoint.
Le choix de la parcelle consacrée à
l'intensification fourragère est primordial. L'idéal est de disposer
d'un sol profond, voire en dépression afin de bénéficier du
maximum d'humidité.
La méthode? Début septembre semer du
colza fourrager. La petite taille des graines nécessite un roulage. Une
irrigation d'appoint permet une levée rapide. Les pluies
automnales viendront progressivement prendre le relais de l'irrigation
d'appoint. Ce fourrage donne rapidement une forte masse de feuilles
durant l'automne. Il est possible de le faire pâturer
jusqu'aux premières gelées. Gare cependant à l'effet « tassement du
sol » en conditions humides. Etant donnée sa richesse en eau, le colza
fourrager ne peut être conservé. Son exploitation
passe uniquement par le pâturage. En novembre, avec un chisel ou par
semis direct, implanter de la vesce-avoine, pois-avoine ou sulla-avoine
(comme en Tunisie). La fauche est à réaliser de façon
précoce au printemps. Cela présente deux avantages. Le premier est de
permettre de maximiser l'énergie et la matière azotée du foin récolté.
On obtient alors de belles bottes de foin à la couleur
verte et non cet horrible "foin" couleur paille. En effet, trop souvent
le foin est récolté tardivement et alors il a plus la composition
de la paille que d'un véritable foin. Une partie du foin
peut être récoltée en vert au début du printemps. Le second avantage est
de libérer assez tôt en saison la parcelle.
Aussitôt le foin récolté, installer dans
la foulée le sorgho fourrager. Choisir une variété multi-coupes qui
permet de couvrir tout l'été.
Le maïs fourrager constitue également un
aliment de choix pour les vaches laitières. Cependant, il est gourmand
en eau et ne permet qu'une seule coupe. Sa culture peut
être envisagée par goutte à goutte comme cela se pratique déjà dans le
grand Sud ou au Maroc.
De l'eau, mais aussi des amendements.
Une telle intensification fourragère
nécessite une certaine technicité et une disponibilité en semences. Il
s'agit également de disposer du matériel adéquat pour
une implantation rapide des fourrages sans labour. Enfin, le sol doit
être copieusement amendé avec le fumier en provenance de l'atelier lait.
Avec le fumier de leur étable, les éleveurs laitiers ont
en main un atout stratégique. Trop souvent le fumier part vers le
maraichage ou l'arboriculture. Etant donné la difficulté de produire des
fourrages verts, la priorité dans l'utilisation de ce fumier doit être donnée aux surfaces
fourragères. Les éleveurs en hors-sol peuvent procéder à des échanges
fumier contre foin ou paille. Il est même indispensable de rechercher
d'autres sources d'amendements: boues de station
d'épuration, composts urbains, composts de déchets verts, … Seul un sol
fertile est à même de retenir un maximum d'eau et d'assurer une
alimentation minérale correcte aux plantes. Il est même
envisageable d'améliorer un sol pauvre en installant une prairie de
légumineuses pérennes. Des expérience réalisées en Tunisie montrent un
spectaculaire enrichissement en matière organique du
sol (Voir l'association Abel Garnier).
Afin de pouvoir récolter une partie du
mélange céréale-légumineuse et du sorgho, la disponibilité en ensileuses
et faucheuses de faibles capacité est capitale. Des
faucheuses adaptables à des motoculteurs peuvent permettre à de petites
exploitations de gagner en autonomie fourragère. Ce petit matériel peut
permettre un affouragement en vert sans passer par
l'ensilage ou l'enrubannage. A ce titre le groupe PMAT a une lourde mission dans la réussite de l'augmentation fourragère.
Raisonner en terme de système fourrager.
Il existe des variantes à ce calendrier
fourrager. Les rotation peuvent être imaginées sur deux ou trois années
et comprendre de la luzerne ou des graminées pérennes.
Des éleveurs marocains utilisent de la betterave fourragère. Pourquoi ne
pas la tester en Algérie?
Le drame en Algérie, c'est que personne
ne travaille sur la succession d'espèces fourragères; même pas
l'ITGC. Quant aux mémoires des étudiants en agronomie
consacrés aux cultures fourragères, ils sont nombreux. Cependant, en
général, ils ne concernent qu'une seule espèce à la fois. Par ailleurs
des espèces fourragères aussi stratégiques que le sorgho
fourrager, le maïs ou le colza fourrager ne font pas assez l'objet d'essais
variétaux locaux.
En attendant, il serait bon de proposer à
chaque acquéreur de génisses disposant d'un minimum de surface un kit d'aspersion Anabib. Enfin, en absence de
références techniques locales, l'analyse des pratiques
des éleveurs les plus performants peut permettre à l'avenir de trouver
les voies d'une intensification fourragère.
D. BELAID 28.03.2014.
SYSTEMES FOURRAGERS EN ALGERIE, PRODUIRE MALGRE LE DEFICIT HYDRIQUE
D.BELAID 7.06.2014 actualisé le 9.06.2014
Le contexte local est marqué par une
forte demande en produits laitiers. La production fourragère locale est
nettement insuffisante. Le déficit est estimé à 4
milliards d’unités fourragères. Depuis quelques années, on note une
réelle volonté d’intensification des productions fourragères. Nous nous
proposons d’analyser les systèmes fourragers et les
perspectives d’amélioration.
UN ETAT DES LIEUX DES ELEVAGES
Les prix rémunérateurs en production
laitière incitent les éleveurs à la diversification fourragère :
installation de kit d’aspersion, introduction du sorgho
fourrager ou de la luzerne. Mais le mouvement reste lent. On note
l’introduction, certes encore limitée, de l’enrubannage sous forme
d’ensilage de maïs. Mais la majorité des rations sont composées
d’aliments concentrés et de paille ou de foin de mauvaise qualité.
De nombreux élevages laitiers sont en
hors sol ou ne disposent pas de surface fourragères suffisantes ; d’où
des apports importants de paille et de foin
extérieurs à l’exploitation à la place de fourrages verts. Par ailleurs,
le manque de diversification fourragère empêche toute autonomie
alimentaire des exploitations. Analysant 62 exploitations,
BOUZIDA et al. (2010) notent que les exploitations exploitant 4 espèces
fourragères produisent entre 3900 à 4200 UF/ha contre seulement 3300 à
3400 UF/Ha pour les exploitations produisant
respectivement 2 à 3 espèces.
A la demande en fourrages pour l’élevage laitier se greffe la forte demande en fourrages pour l’élevage ovin.
L’insuffisance en fourrages se traduit
par une plus forte consommation de concentrés. L’alimentation et les
conditions d’élevage ne permettent pas d’exploiter le
potentiel génétique des animaux. Par ailleurs, ces dysfonctionnements
peuvent se traduire par une perturbation de la reproduction d’où un
allongement de la période entre 2 vêlages, des boiteries ou
des carrières plus courtes ce qui réduit la rentabilité de l’élevage.
Des études analysant les courbes de lactation montrent que « les
démarrages de lactation sont plus faibles que le potentiel
des animaux ne le laisse attendre » (SRAIRI, ER-ROUSSE, 2010). Dans les
cas les plus graves de manque fourrager, on peut assister à des
phénomènes de décapitalisation. En effet, 1 UFL d’aliment
concentré revient à 0,22 euros contre seulement 0,06 euros pour 1 UFL
d’avoine verte ensilée (SRAIRI, ER-ROUSSE, 2010). L’autonomie en
fourrage des exploitations est rare.
Face aux coûts des concentrés, chaque
fois que cela est possible sont rajoutés aux rations des issues de
meuneries. Cependant, l’absence de compléments minéraux
vitaminés se traduit par des rations déficientes.
UN ETAT DES LIEUX DES CONDITIONS PEDO-CLIMATIQUES
L’un des principaux obstacles à la
production fourragère vient du climat qui provoque un déficit hydrique
saisonnier. En zones littorales, ce déficit est plus
restreint qu’en zone semi-aride ; cependant les fortes chaleurs
estivales peuvent constituer un frein à la croissance des plantes. A
contrario, en hiver la douceur des températures permet la
poursuite de la croissance des plantes. Les sols sont en général
profonds. Un bémol cependant, les superficies sont limitées et sont en
régression du fait d’une absence d’une politique cohérente
d’aménagement du territoire.
Les zones semi-arides comprennent 7
millions d’hectares. Les surfaces fourragères comprennent
essentiellement du foin de vesce-avoie, de l’orge grain et de la jachère
pâturée. Les sols sont moins profonds. Leur faible taux en matières
organiques du sol réduit leur fertilité et leur capacité de rétention en
eau. Outre les fortes chaleurs estivales les températures
froides de l’hiver sont un frein au développement des cultures.
Le milieu aride présente un avantage
incomparable : des températures clémentes en hiver permettant une pousse
des fourrages. Cependant, il y a bien entendu
l’obligation d’irrigations continues. Se pose ainsi, la question de la
mobilisation d’une eau souterraine souvent fossile et présentant une
forte concentration en sels.
ZONES SEMI-ARIDES, POUR DES SYSTEMES FOURRAGERS MIEUX ADAPTES AU DEFICIT HYDRIQUE
Le maïs ensilage
constitue une ressource de choix en élevage laitier. Cependant les forts
besoins en eau limitent son extension. Il pourrait convenir
dans les cas d’irrigation : kit d’aspersion, enrouleurs, goutte à goutte
ou voire même goutte à goutte enterré.
Le sorgho grain ensilé,
une alternative de choix au maïs ensilé. Beaucoup plus économe en eau,
le sorgho s’avère un candidat de choix pour l’ensilage.
Il présente des performances approchant celles du maïs ensilage (LEGARTO
2000). L’inconvénient pour les bovins provient du manque de digestion
des grains qu’on retrouve intacts dans les bouses.
Des travaux menés en France, à Lusignan,
montrent que les quantités journalières de lait produites par des
vaches alimentées en maïs ensilage ou sorgho ensilage sont
pratiquement identiques : 30 kg lait/j. Seule les quantités ingérées
varient : 17 kg MS/j concernant le maïs contre 19,9 kg MS/j pour le
sorgho (EMILE et al 2006).
Par ailleurs, la diversité des variétés
de sorgho permet également de réaliser plusieurs coupes en vert et
d’assurer un affouragement durant la saison estivale. Il
existe même des sorghos sucriers aux feuilles riches en saccharose.
Les céréales immatures,
une option possible contre la sécheresse estivale. En zone semi-aride,
l’étendue des superficies permet d’envisager
l’exploitation de céréales immatures pour des fourrages sans trop
handicaper la production de céréales. En effet, cela pourrait
s’envisager sur les parcelles traditionnellement en jachère[1]. En année sèche, il
serait possible de convertir une partie des superficies emblavées en céréales en foin ou en ensilage.
Les céréales immatures permettent une
régularité de rendement supérieure à tout autre fourrage en sec. Lorsque
la décision de conduire ces parcelles vers une récolte
sous forme de fourrage est prise dès le semis, c’est toute une stratégie
qui peut être alors mise en ouvre : choix de parcelles riches en
mauvaises herbes afin de bénéficier de l’effet nettoyant
pour la culture suivante, apport d’amendements organiques sans craindre
un éventuel échaudage du fait d’une minéralisation brutale et d’un fort
apport en azote, implantation en mode semis-direct sans
désherbage total préalable.
La technique de l’enrubannage convient
bien à l’association céréales et légumineuses. Il permet notamment la
récolte de l’ensemble des folioles de la légumineuse
contrairement à ce qui est obtenu lors d’une récolte en foin. Les
ensilages de céréales immatures présentent une valeur nutritive élevée
(LE GALL et al. 1998).
Les associations de céréales et légumineuses
sont particulièrement intéressantes. Elles améliorent la qualité des
fourrages. Du fait de leur capacité
de fixation de l’azote atmosphérique, les légumineuses contribuent à la
nutrition azotée de la céréale. Outre la classique association
vesce-avoine, on peut penser à des mélanges triticales-pois
fourrager ou orge-pois fourragers. En Tunisie est testée l’association
sulla-avoine.
De telles associations profitent de la
période humide. C’est dire tout l’enjeu de leur intensification. Un
choix variétal adéquat peut permettre une concordance de
maturité des deux espèces et une implantation rapide avant le froid
hivernal. Là aussi, la technique du semis direct peut permettre
d’optimiser les conditions d’implantation en respectant les dates
de semis.
Les foins récoltés permettent la
constitution de réserves hivernales. Ces fourrages sont essentiellement
récoltés sous forme de foin. Il serait possible de réaliser
des affouragements en vert ou de l’enrubannage. Cette diversité des
modes de récolte et de conservation permettrait de réduire les pointes
de travail et d’améliorer la valeurs nutritive des
fourrages.
La luzerne est une
solution intéressante afin de valoriser les sols les plus profonds. La
plante possède en effet un système racinaire puissant et
profond. Il peut atteindre 1,20 mètre de profondeur. On lui choisira
donc des parcelles lui permettant d’exprimer tout son potentiel.
L’optimum de croissance se situe à 30°C d’où une production
possible alors que les graminées fourragères réduisent leur pousse.
Les foins sont délicats à réaliser
surtout pour la première coupe. Aussi, on peut penser à la technique de
l’enrubannage. Elle peut permettre une récolte plus
facile et de meilleure qualité (LE GALL al., 1993). L’association à la
luzerne d’une graminée (dactyle ou fétuque) peut permettre d’améliorer
la fenaison (LAVOINNE et PERES 1993). La maîtrise de
l’enrubannage et de la fenaison de la luzerne peut permettre de
délocaliser sa production depuis les zones d’élevage vers des zones de
grandes cultures. L’avantage pour ces dernières étant de
diversifier leur assolement et de bénéficier de la réduction des coûts
en fumure azotée.
L’extension de la période de pâturage.
En milieu semi-aride, à part au printemps, du fait du climat, il existe
peu de pâturage à l’herbe. Au
printemps, il s’agit le plus souvent de prairies naturelles. Or,
pourtant, il existe des opportunités. Il s’agit de la période automnale.
Les températures sont alors clémentes comparées à celles de
l’hiver. Certes, il existe un facteur limitant à la croissance :
l’absence de pluies. Il existe pourtant une pratique traditionnelle. Il
s’agit de la pâture de « l’orge en vert ». Fin
août, des éleveurs ensemencent de petites surfaces espérant d’éventuels
orages qui assureraient une levée rapide. D’autres pratiquent
l’irrigation. Le développement de kit d’irrigation permet certes
de développer cette pratique mais aussi d’envisager d’autres fourrages.
Dans le cas du colza fourrager, des implantations sous irrigation sont
possibles dès août. La levée et la croissance sont
rapides. Il est alors possible d’obtenir jusqu’à 2T de matière sèche/ha à
pâturer au fil de façon rationné à l’automne et cela jusqu’aux
premières gelées. Outre le colza fourrager la navette
fourragère ou le chou constituent d’autres possibilités pour « obtenir
rapidement en 50 ou 60 jours un fourrage vert appétant, de bonne valeur
alimentaire et riche en protéine[2] ».
Les variétés précoces de colza de
printemps permettent de disposer en octobre-novembre, en semant dans la
deuxième quinzaine d’août, d’une production de 3 à 4 tonnes
de matière sèche/ha. Le colza fourrager pourra être affouragé en vert ou
pâturé au fil de façon rationnée. Etrangement, il n’existe pas de
tradition de culture des crucifères[3] en Algérie.
La betterave fourragère
est pratiquement inconnue en Algérie. Elle possède des qualités
intéressantes. Dans les années 70, a déjà été cultivée avec
succès la betterave sucrière. Et le Maroc qui continue à le faire a
obtenu cette année, des résultats plus qu’honorables. C’est dire que la
betterave fourragère peut s’adapter localement. On pourrait
imaginer des semis semi-mécaniques avec des semoirs de jardinier ou des
semoirs conventionnels pour de plus grandes surfaces. L’irrigation
serait assurée par des kits d’aspersion voire par du goutte
à goutte.
La betterave fourragère, cousine de la
betterave à sucre, possède plusieurs avantages. Le premier est sa
richesse en énergie. Pauvre en cellulose, elle est le
complément idéal des rations actuelles de paille et de foin. Un autre
avantage est sa conservation. Il suffit d’aller déterrer chaque jour ou
chaque semaine la quantité de racines à utiliser et la
laisser en tas dans un endroit frais. Les références techniques locales
manquent cependant.
STRATEGIES EN MILIEU ARIDE
Dans les oasis existent des systèmes
traditionnels durables où sont présents sorgho et luzerne. Le
développement du goutte à goutte et l’utilisation de l’eau recyclée
à partir de station d’épuration ou provenant de foggaras permet
d’imaginer des systèmes fourragers de taille moyenne. Les sols sableux
exigent des amendements organiques réguliers afin de mieux
valoriser l’irrigation.
EN CONCLUSION.
Des cas d’intensification fourragère ont
été observés avec l’emploi du maïs ensilage en complément de la paille
et du foin. Cependant, étant données les périodes de
sécheresse et le recours obligé à l’irrigation un tel système n’est pas
viable économiquement et du point de vue de sa durabilité. Une
alternative peut être d’utiliser du sorgho grain ensilé.
Le sorgho possède une meilleure efficience de l'eau que le maïs en situation de déficit hydrique.
Il permet des niveaux de production bien plus supérieurs et plus réguliers qu’avec le maïs ensilé.
Il permet des niveaux de production bien plus supérieurs et plus réguliers qu’avec le maïs ensilé.
Hors zone aride, le déficit hydrique fait que la meilleure stratégie consiste à valoriser l’eau de pluie et les réserves du sol.
Dans cette optique sont à favoriser :
-l’enrubannage de céréales immatures seules ou associées à des légumineuses,
-la constitution de réserves de foin de
bonne qualité en misant sur des associations nouvelles de
céréales-légumineuses et l’amélioration des conditions d’implantation
(semis-direct),
-le développement de luzernière avec de la luzerne seule ou en mélange avec des graminées,
-l’utilisation de pâturages d’herbes
automnales telles les crucifères fourragères ou le ray-grass d’Italie,
en effet le développement de l’irrigation d’appoint (kit
d’aspersion, enrouleurs) permet aujourd’hui d’envisager dans certains
cas des semis dès le début du mois d’août.
Afin d’améliorer l’autonomie des
exploitations il semblerait être plus judicieux de passer par « le choix
d’espèces et de variétés adaptées au milieu, la maîtrise
et le respect des itinéraires techniques de production, la maîtrise et
la diversification des techniques de conservation des fourrages et
l’entretien de la prairie et de la jachère » au lieu de
privilégier les aliments concentrés (BOUZIDA et al., 2010)..
Reste une question. A qui revient la
tâche de vulgariser ces nouvelles techniques ? L’ITGC a pour rôle
l’acquisition de références. Il lui revient d’assurer une
expérimentation fourragère dans ses stations régionales. La
vulgarisation passe par les associations d’éleveurs, les Chambres
d’Agriculture, les groupes techniques d’appui lait des laiteries[4], voire
l’agrofourniture[5]. A ce titre, il s’agit également d’encourager la constitution d’un réseau
d’entreprises de production de semences fourragères.
Références bibliographiques.
BOUZIDA S., GHOZLANE F., ALLANE M .,
YAKHLEF H., ABDELGUERFI A., 2010 Impact du chargement et de la
diversification fourragère sur la production des VL dans la
région de Tizi-Ouzou (Algérie). Fourrages. 204, 269-275.
EMILE J.C., AL RIFAI M., CHARRIER X., LE ROY P., BARRIERE Y. 2006. Grain sorghum silages as an alternative to irrigated maize silages. Proc. XXI Europ. Grassl. Fd., Badajoz (Spain), 80-82.
LAVOINNE M., PERES M. 1993 Intérêt des
associations fourragères graminées-luzerne pour économiser la fumure
azotée. Fourrages. 134, 259-267.
LE GALL A., CORROT G., CAMPAGNAUD M.,
GARRIGUE G. 1993 L’enrubannage, une technique pour optimiser la récolte
de la luzerne. Fourrages. 134, 234-250.
LE GALL A., DELATTRE J-C., CABON G.,
1998 Les céréales immatures et la paille : une assurance pour les
systèmes fourragers. Fourrages, 156,557-572.
LEGARTO J., 2000 L’utilisation en
ensilage plante entière des sorghos grains et suc99riers : intérêts et
limites pour les régions sèches. Fourrages.
163,323-338.
SRAIRI M.T., ER-ROUSSE E.H. 2010 Cas
d’un élevage laitier intensif en zone pluviale au Maroc : des cultures
au cheptel bovin, quelles voies d’amélioration ?
Fourrages, 201, 61-65.
[1] Le semis
direct est une option pour ensemencer plus vite les parcelles sans tout en réduisant les frais d’implantation.
[2] GNIS
« Sécheresse : comment répondre au déficit de fourrages ».
[3] Cela est
d’autant plus regrettable que les crucifères tel le colza, outre l’huile permet la production de tourteaux.
[4]
La
filière lait et notamment les laiteries, en l’absence de relais
technique, se doivent de prendre en charge la diversification
fourragère. A ce titre, ils pourraient ré-éditer le travail du Groupe
Benamor vis-à-vis des producteurs afin d’améliorer la qualité du blé
dur.
[5] Il est à
noter l’excellent travail réalisé par la société Axium de Constantine pour la production de semences fourragères.
BILLET. ALGERIE, «B’HIRA LAL BAGRATT[1]? »
D. BELAID 8.06.2014
Récemment, au cours d’une discussion
entre deux ingénieurs agronomes est venu ce questionnement. A priori
saugrenu, il a déclenché l’hilarité générale: « El
gamh it’hamar ? » (peut-on biner du blé[2]?). Nous aimerions poser une question du même genre. Ne faudrait-il pas des jardins
potagers pour nos vaches ? Question étonnante direz-vous. Mais quand on a passé une partie du week-end à lire l’état des lieux[3]
de l’élevage bovin laitier en Algérie tel qu’il est
décrit par nos agronomes locaux ou par des ingénieurs Marocains concernant le Maroc, on ne peut
qu’être convaincu de la nécessité d’une diversification fourragère dans
nos exploitations laitières.
La question mérite donc d’être posée à
l’heure où les élevages laitiers manquent de fourrages verts. Ceux-ci
pourraient compléter l’horrible paille et le foin de
mauvaise qualité avec lesquels sont nourries les vaches. Alors que
paille et foin sont produits sur de grandes surfaces non intensifiées,
ne faudrait-il pas ajouter à ce système des parcelles plus
petites, choisies pour leur sol profond et où l’agriculteur « mettrait
le paquet » ? Un peu comme une b’hira. Ces carrés de maraichage où les
légumes sont bichonnés et reçoivent des
doses copieuses de fumier et d’eau d’irrigation.
Sur de telles surfaces réduites, les
éleveurs pourraient cultiver des fourrages verts à haute valeur ajoutée.
Déjà, l’idée fait son chemin. Il existe de petits
éleveurs dont les vaches produisent 40 litres de lait par jour au lieu
d’une moyenne nationale de 12 L/j. Il n’est par rare de voir ci et là de
petites parcelles de sorgho fourrager ou de luzerne.
Comment amplifier cette pratique? Cela est d’autant plus nécessaire que
nos vaches ont faim[4]
et que le coût de l’aliment ne pourra qu’augmenter à l’avenir. Il
suffit de constater
l’envolée du cours du soja et du maïs importés. Or, différentes études
montrent que les fourrages produits à la ferme coûtent moins cher[5].
BETTERAVE COLZA ET LUZERNE DANS LA B’HIRA
Parmi les plantes à mettre dans notre
b’hira, il en est une pratiquement inconnue. Elle possède des vertus
intéressantes. Il s’agit de la betterave fourragère[6].
Qu’on ne nous dise
pas que cette plante n’est pas adaptée à nos conditions. Dans les années
70, en Algérie, nous avons déjà cultivé avec succès de la betterave
sucrière. Et le Maroc qui continue à le faire a obtenu
cette année, des résultats plus qu’honorables. On pourrait imaginer des
semis semi-mécaniques avec des semoirs de jardinier ou des semoirs
conventionnels pour de plus grandes surfaces. L’irrigation
serait assurée par des kits d’aspersion voire par du goutte à goutte.
La betterave fourragère, cousine de la
betterave à sucre, possède plusieurs avantages. Le premier est sa
richesse en énergie. Pauvre en cellulose, elle est le
complément idéal des rations actuelles de paille et de foin. Un autre
avantage est sa conservation. Il suffit d’aller déterrer chaque jour ou
chaque semaine la quantité de racines à utiliser et la
laisser en tas dans un endroit frais.
Les références techniques locales
manquent. Nos agronomes locaux, restent enfermés dans des schémas
routiniers ou pour les plus imaginatifs, restent coupés du monde
agricole. Lui-même longtemps forcé à un immobilisme infantile lié à un
« dirigisme administratif » n’émerge que progressivement notamment par
le biais d’association professionnels, de
conseil de filière ou quelques coopératives de services.
Dès la fin de l'été, penser colza fourrager.
Dès la fin de l'été, penser colza fourrager.
Bref, il s’agit de constituer des
référentiels techniques afin de proposer aux éleveurs toute une palette
de solutions. C’est la pratique des agriculteurs qui
permettra de faire le tri selon les conditions des exploitations et les
conditions climatiques locales.
Un autre type de plantes à cultiver est
représenté par la famille des crucifères. Alors que les crucifères
sauvages locales parsèment avec de belles taches jaunes le
moindre terrain nu dès l’apparition des pluies, leurs homologues
cultivés tels le colza fourrager, le chou fourrager ou la navette
restent inconnus en Algérie. La situation est telle qu’en tant
qu’agronome, le conseil qui pourrait être donné aux éleveurs algériens
serait de profiter de leurs liens familiaux de l’autre côté de la
Méditerranée pour se procurer une poignée de ces précieuses
semences[7].
Qu’on en juge. « En colza fourrager en
semant dans les quinze premiers jours d’août avec des variétés d’hiver
qui monteront moins en fleur, on pourra disposer à
l’automne d’une production de 2 tonnes de matière sèche/ha. Le colza est
principalement pâturé au fil[8] de façon rationnée. En semant dans la deuxième quinzaine d’août avec des variétés
précoces de printemps, on peut disposer ainsi en octobre-novembre, d’une production de 3 à 4 tonnes de matière sèche/ha [9]».
Depuis longtemps déjà, des éleveurs pratiquent le « gsil » ou orge en
vert
qui consiste à semer de l’orge en irrigué dès le mois d’août. Pourquoi
ne pas leur proposer le colza fourrager qui pousse plus vite ?
Une autre solution consiste en
l’utilisation du sorgho. Il peut être utilisé en affouragement ou
conservé en ensilage. Il existe même des variétés aux tiges riches en
sucres. Des investisseurs privés devraient se pencher sur la
multiplication de ces semences stratégiques pour la filière lait.
L’enrubannage est un mode de conservation nouveau. Il demande certes un
matériel spécifique, mais il est intéressant car il permet de préserver
la valeur nutritive du fourrage.
La luzerne est une autre parade au
manque de fourrages. Son enracinement profond, jusqu’à 1,20 mètre lui
permet de résister au déficit hydrique. Le maximum de
croissance est obtenu sous 30°C c’est dire son adaptation à nos
latitudes. Ce n’est pas pour rien que traditionnellement ce fourrage est
présent sous les palmiers dans les oasis. Alors que les
graminées fourragères présentent un pic de production au printemps,
c’est en été que se situe le pic de production de la luzerne. En année
sèche, ce fourrage produit plus que les graminées
fourragères. De même en conditions sèches, sa production est plus élevée
et plus régulière que le maïs. Enfin, la luzerne convient parfaitement
aux fortes productrices bénéficiant de rations élevées
en concentrés.
Par ailleurs, on peut penser que du
petit matériel : faucheuse, ensileuse ou matériel de distribution
pourrait être utile aux exploitants.
B’HIRA, MAIS PENSER AUSSI FILIERE
La diversification fourragère peut être
une action personnelle au niveau d’éleveurs pionniers. Mais elle peut
être également prise en charge par des associations
d’éleveurs laitiers dynamiques comme celle qui a organisé la fête du
lait d’Imaloussen près de Tizi-Ouzou ou par les groupes appuis-lait de
laiteries dynamiques engagés dans la recherche du
développement d’une production locale de lait frais (Soummam, Danone,
…).
On peut se demander ce qui pousse les
pouvoirs publics à concentrer les agronomes dans des bureaux dans des
emplois fonctionnarisés. Une partie devrait pouvoir être
recrutée et donc éventuellement licenciée par des Chambres d’Agriculture
représentatives et par des associations d’éleveurs représentatives
bénéficiant de subventions pour des postes budgétaires. Les
laiteries devraient avoir obligation de collecter du lait frais au
prorata du quota de la poudre de lait obtenu. De même qu’elles devraient
avoir obligation de constituer des groupes techniques
d’appui-lait.
En attendant, les vétérinaires et agronomes des universités[10], des CCLS, de l’ONAB et des DSA pourraient être mobilisés pour des sessions de
formation en direction des éleveurs[11].
Une étude menée dans la région de Sétif montre que seulement 4% des
éleveurs ont
bénéficié d’une formation agricole. Il pourrait être envisagé de courts
modules destinés à tout éleveur désirant bénéficier des subventions.
Seul ce sésame devrait permettre d’accéder aux subsides
publics.
A l’heure de la diminution progressive
des revenus de la rente pétrolière, nul ne sait combien de temps les
pouvoirs publics pourront subventionner la filière lait. Il
est temps que celle-ci gagne en maturité. Il est du devoir de tous de
favoriser la diversification fourragère et une animation technique non
pas de type « top-down » mais prise en charge
par les premiers concernés, du moins par les éleveurs leaders. Notons au passage que la préservation des marges des éleveurs passe par la constitution de groupement de producteurs qui pourraient développer artisanalement la production de fromages fermiers.
[1] Un
jardin potager pour les vaches ?
[2] En fait,
il est possible de désherber mécaniquement du blé avec une herse étrille. Voir les vidéos sur Arvalis.fr
[3] On consultera notamment les
articles très documentés de la revue en ligne « Fourrages ». www.afpf-asso.org/download.php?type=1&id=1819&statut=0
[4]
Pour la
plupart, elles ont aussi dramatiquement soif du fait de l’absence
d’abreuvoirs automatiques dans les étables. Il faut savoir que les
vaches consomment un maximum d’eau 3 heures après la traite du
soir alors qu’elles sont enfermées dans des étables sans eau.
[5] Cas d'un élevage laitier intensif
en zone pluviale au Maroc www.afpf-asso.fr/download.php?type=1&id=1790&statut=0
[6] Luzerne,
sorgho et betterave :
trois cultures fourragères sécurisantes en conditions froides ou sèches.
www.afpf-asso.org/download.php?type=1&id=1436&statut=0
[7] Bien sûr
en respectant la législation nationale dont celle sur les OGM.
[8]
Il
s’agit de clôtures le plus souvent électrifiées et déplacées chaque
jour. Cela permet de faire exploiter correctement la parcelle par les
animaux en évitant tout piétinement.
[9] GNIS.
« Sécheresse : comment répondre au déficit de fourrage ».
[10]
Le Pr
Slimane BEDRANI note dans un de ses articles la prédominance des budgets
destinés aux écoles d’agronomie au détriment de la formation des
agriculteurs.
[11]
Bon
nombre d’éleveurs ne connaissent pas les besoins en sel (NaCl) et en Ca
et P de leurs bêtes. Les vaches souvent taries tardivement ont du mal à
reconstituer leurs réserves de Ca pour la gestation.
Combien de fois ais-je vu des vaches mâchonnant des cailloux calcaires
glanés autour de leur étable. Combien de ais-je vu à Kaïs Mme BELAID
Baya, docteur vétérinaire, appelée en urgence par des
éleveurs pour traiter des vaches victimes de fièvres vitulaires par
injection intra-veineuse de solutés calciques.
LES DEROBES, A PATURER SANS MODERATION
Lu dans la Revue "Patre" un article sur les cultures
dérobées qui s'installent dès août en irrigation d'appoint. C'est
maintenant qu'il faut y penser pour vos moutons. D. Belaid
12.07.14
"Les dérobées présentent un coût
d'implantation modeste, une aubaine pour le pâturage d'automne. Du choix
des espèces au mode de pâturage, un point sur les dernières
références du sujet.
La sécheresse 2011 et le manque de fourrages stockés qui a suivi a relancé la culture des dérobées en zone herbagère. Semée entre deux cultures, la dérobée s'insère dans l'assolement sans modifier la cohérence de la rotation. Dans un objectif de pâturage comme de stocks, le choix des espèces à implanter est primordial. Pour être utilisées en pâturage, les plantes doivent être appétentes et non acidogènes afin de permettre un pâturage libre.
Les brassicacées, anciennement appelées crucifères, sont particulièrement bien adaptées. Colza fourrager, navet, navette et radis fourrager présentent en effet l'avantage d'être pâturés deux mois après le semis sous réserve de choisir les bonnes variétés et de bénéficier de pluie après le semis. Leur degré de tolérance au gel est plus élevé que les dérobées gélives qui doivent impérativement être utilisées avant les premières gelées. Tant que les températures ne sont pas trop basses (-5°C), plusieurs cycles de végétation peuvent se succéder grâce aux repousses régulières. Par contre, compte tenu de leur faible taux de matière sèche (12 % pour le colza et 10 % pour le navet), la fauche pour la réalisation de stocks n'est pas possible".
La suite dans Pâtre 604
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