LAIT
LE TEMPS DES VACHES MAIGRES?
Djam.bel@voila.fr 8.03.15
Sous le titre « Wilaya de Tizi Ouzou : Malaise dans la filière lait » le 7 mars 2015 Salah Yermèche dans El Watan
relate les doléances des éleveurs bovins suite à la réunion de leur fédération et des collecteurs de lait. Il écrit: Les
mêmes producteurs ont
dénoncé dans ce contexte la «main basse» de barons de l’aliment du
bétail, malgré que ces derniers n’aient aucune relation avec une telle
activité, tout en interpellant les hautes autorités du pays à
«mettre un terme aux importations effrénées» des produits dont ils
estiment pouvoir toujours réaliser des excédents. Ils pensent qu’il est
inadmissible qu’une botte de paille de 10 kg leur soit
vendue 1080 DA, tandis que le lait cru leur est acheté à 34 DA le litre,
avec tout son contenu bénéfique (matières grasses et autres vertus)
pour être revendu épuré de ces matières (beurre) à plus 70
DA le litre. Pour dire que la botte de paille coûte 30 fois plus que le
prix d’un litre de lait cru de vache…
Face à cette situation les participants souhaitent une augmentation « des subventions de l’Etat, actuellement de 12 DA/L ».
« VACHES MAIGRES », PAS UNE FATALITE
Les problèmes que
rencontre la profession sont réels, mais la baisse des revenus
pétroliers fait que les éleveurs doivent chercher d'autres solutions. A
notre avis, voici quelques pistes.
Se constituer en
coopérative de collecte de lait et de transformation de ce produit.
Sinon, ce sera le secteur agro-alimentaire qui réalisera des marges
sur leur dos.
Se constituer localement
en groupements d'éleveurs et exiger la mise à disposition par le MADR
des cadres actuellement dans les bureaux. A cette fin,
des postes budgétaires devraient être transférés au niveau de tels
groupement. Les groupements contribuant également par des cotisations,
ce qui devrait leur donner une liberté de recrutement et donc
de licenciement.
Les références techniques
existent afin d'améliorer l'alimentation des animaux. Par exemple,
l'orge peut être complétée par de l'urée. La paille peut
être enrichie en ammoniac qu'on obtient en l'arrosant par de l'eau dans
laquelle on dissout de l'urée. Mais actuellement qui explique cela aux
éleveurs. Qui? Sans parler de l'alimentation minérale,
de la nécessité d'un abreuvement en eau à volonté et des mesures
prophylactiques à vulgariser.
Par ailleurs, comme
beaucoup d'éleveurs sont en hors sol, il s'agit de se grouper en
collectif d'achat afin d'acquérir des moyens de transport et de
s'affranchir des grossistes. Sur les parcelles en plaine, l'ensilage
avec enrubannage peut permettre d'accroître l'offre en fourrage de
qualité. On peut penser à des échanges fourrages contre fumier.
En montagne, sur de petites surfaces amendées de fumier, il est possible
de produire en irrigué des fourrages verts comme du sorgho. Mais pour
cela, il s'agit d'améliorer l'infiltration des eaux de
pluies ou leur rétention et d'assurer un équipement en kit d'aspersion.
DES INGENIEURS ET TECHNICIENS AUX PORTES DES ETABLES
S'il y a des élus
professionnels responsables, et nous ne doutons pas que ces cadres
paysans existent, ils doivent se tourner vers l'action commune. A
eux, d'avancer des fonds, de poser les bases de groupements d'éleveurs
puis de demander alors aux pouvoirs publics l'affectation de cadres de
terrain et l'attribution de prêts. A eux d'apporter des
parts sociales pour construire ateliers de fabrication de fromage et de
vente de la viande au détail. Ils pourront alors, par exemple, assurer
eux même leur production et leur approvisionnement en
aliments du bétail, en fourrages et bénéficier d'un encadrement
technique à la porte de leur étable.
Assurer une disponibilité
en cadres techniques au sein de groupements d'éleveurs peut permettre
également l'enregistrement de performances et la
comparaison entre ateliers laitiers et d'engraissement. La comparaison
des façons de faire entre éleveurs est la voie royale pour progresser.
Ce principe vaut également pour les fruits et légumes et pourquoi pas aussi pour les céréales.
Demander encore et encore
aux pouvoirs publics de signer des chèques en pétro-dinars est une
erreur. Il faut préférer la voie de groupements seule façon
pour les éleveurs de protéger leur marge. Il n'y a pas d'autres
solutions.
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