En Algérie, l'amélioration de la production fourragère oublie le colza fourrager. Nous encourageons chaque agriculteur à se procurer une dizaine de kilo de graines de colza et à les semer dès la fin août (s'il a de l'irrigation d'appoint). Le colza pousse très vite. Rapidement, il pourra faire pâturer ses animaux. Cette technique permet d'améliorer la traditionnelle technique de l'orge en vert ou "g'sil".
  
 
ALGERIE: PLUSIEURS RAISONS POUR UTILISER LE COLZA FOURRAGER 

 
Photo: prise en France.
Nous proposons une fiche technique sur le colza fourrager. Cette fiche reprend intégralement le texte de Amédée HARDY.A
 notre connaissance, actuellement il n'existe pas de semences de colza 
fourrager en Algérie. Aussi nous conseillons aux éleveurs de se procurer du colza ordinaire par 
l’intermédiaire de
connaissances locale ou à l'étranger. Les doses de semis hectare étant faibles, 
quelques kilo de semences vous suffiront pour démarrer.
Le recours à l'importation privée est plus que nécessaire au vu de 
l'immobilisme (on pourrait dire criminel) des services agricoles actuellement en charge de ce 
dossier.
nb (25/03/2016): L'ITGC Sétif a mis en place un essai de colza. Nous publions ci-dessous quelques photos (on ne peut que féliciter les promoteurs de cette initiatives et espérer qu'ils vont fournir de la semence aux éleveurs).
Photos: Colza à la Station FDPS ITGC Sétif 
le 23 mars 2016. Observez le bon développement des plants (ils sont semés trop rapprochés). 
ps: un conseil si vous n'avez de semences de colza fourrager, utilisez du colza grain. Si vous n'avez aucun des deux, utilisez des semences de chou ou de chou-fleur. La famille des Crucifères donne une bonne masse végétale. Produisez vous mêmes votre propre semence.
Articles:
Actuellement, cette culture est en place pour plusieurs raisons.
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Suite à une période de sécheresse pour palier au manque de fourrage. 
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Le colza fourrager contribue à réduire la
 chute hivernale de la production laitière (des vaches et des brebis allaitantes) provoquée par les rations peu
 pourvues en azote dégradable. Cet aliment consommable
pendant l’automne et l’hiver permet de disposer de fourrage vert à une 
période où les prairies ou les autres plantes fourragères ont du mal à 
produire. 
- 
Suite au développement de l'irrigation d'appoint en Algérie, il devient possible de semer du colza dès le mois d'août (la date de semis optimale du colza-grain est septembre). Les pluies de l'automne prendront ensuite le relais de l'irrigation d'appoint. 
Intérêts agronomiques
Place dans la rotation:
Le colza fourrager s'intercale très bien 
entre deux cultures principales. Son cycle végétatif est très court. 
Pour les variétés les plus précoces, 60 à 80 jours
suffisent après le semis pour récolter 4 à 5 tonnes de matière sèche à 
l'hectare (120 jours pour les plus tardives). Pour profiter au mieux des
 réserves en eau du sol, il est conseillé de semer tout
de suite après la récolte de la culture précédente.
Travail du sol:
Le colza fourrager est une culture facile
 à réussir et peu coûteuse car sa mise en place n’est pas exigeante. 
Pour le semis, il est préférable d’avoir enlevé les
pailles ou de les avoir dispersées lors du broyage. Dans les terres à 
bonne structure, le semis direct donne de bons résultats.
Dans les autres cas, le passage préalable
 en profondeur d’un outil à dents est préférable avant de semer avec un 
travail superficiel.
Semis:
En général, le colza se sème à 2 cm de 
profondeur à raison de 8 à 10 kg /ha. Il est peu exigeant en fumure et 
valorise bien les reliquats azotés. Selon la richesse du
sol et les apports de matières organiques (fumier, lisier, compost), il 
est conseillé d’apporter au total environ 80 unités d’azote/ha.
Les limaces peuvent attaquer le colza. De
 plus, le colza étant sensible aux attaques d'altises, il est parfois 
utile d’effectuer un insecticide. Ce traitement ne doit
pas avoir lieu dans les 15 à 20 jours qui précèdent son utilisation par 
les animaux. Si le colza se développe rapidement, sa végétation étouffe 
les adventices. Un rattrapage en post levée avec un
désherbant anti-graminée reste cependant envisageable.
Des variétés adaptées à sa période de valorisation
Afin de profiter des meilleures valeurs 
alimentaires et de bons rendements, le colza fourrager doit être pâturé 
ou ensilé avant floraison et avant l'hiver, car à la
floraison ses qualités sont fortement dégradées et en-dessous de 5°C le 
colza ne pousse plus.
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Pour les variétés précoces, le délai de 
développement jusqu'au stade bourgeonnement début floraison est 
d'environ 8 semaines à partir du semis. Leurs croissances
rapides et leurs faibles résistances au froid obligent les éleveurs à 
les faire pâturer ou ensiler avant floraison et avant l'hiver. Ces 
variétés fleurissent à l'automne. 
- 
En patientant un peu (10 à 12 semaines 
après le semis), les variétés demies précoces qui ne fleurissent pas à 
l'automne ont une bonne valorisation lorsque les tiges
s'allongent. Leur exploitation peut être plus longue que les variétés 
précoces. 
- 
Enfin, les variétés tardives et plus 
productives s’exploitent après un délai minimum de 12 semaines après 
semis. Il est préférable de les semer tôt (au début de l'été)
pour tirer profit des feuilles à leur développement maximum. Ces 
variétés tardives ne fleurissent pas à l'automne et résistent bien au 
froid. Elles peuvent être gardées sur pied pour les exploiter au
printemps suivant au stade montaison. 
Un fourrage de qualité.
Colza Fourrager (valeurs + ou – 10 %)
% MS UFL /kg MS UFV /kg MS M.A.T. /kg MS PDIN /kg MS PDIE /kg MS
Stade en feuilles 12,7 0,91 0,89 198 124 97
Stade au bourgeonnement 12,3 0,85 0,81 194 122 95
Stade à la floraison 13,5 0,76 0,70 150 94 82
Avec des ensilages bien conservés, les valeurs alimentaires sont semblables.De part sa richesse en matières azotées 
totales (15 à 20 % de la matière sèche), et notamment en protéines 
digestibles (de 120 à 160 g de M.A.D. par kg de matière
sèche), le colza fourrager permet d'économiser une partie des concentrés
 achetés et de renforcer l’autonomie alimentaire de l’exploitation.
Une bonne valorisation par les animaux
Le colza peut être récolté en pâturage, en affouragement en vert ou même en ensilage.Quelle que soit l’espèce animale, il faut
 limiter la part du colza à 20 % de la matière sèche totale de la 
ration. En fait, le colza-fourrage est un remarquable
complément en azote dégradable.
Le pâturage et l’affourragement en vert
Riche en feuilles, le colza fourrager est
 bien consommé par les animaux. Pour donner un ordre d’idées, il faut 
prévoir 4 à 5 ares /vache avec un colza fourrager
exploitable une quarantaine de jours.
Au pâturage, le colza fourrager 
s’exploite au fil électrique afin de le rationner. Il faut disposer d'un
 front d'attaque suffisant (au moins 5 mètres de pâturage/vache)
et d'un sol portant. Cette technique permet de limiter le gaspillage 
ainsi que la surconsommation
Une transition alimentaire de 8 à 15 
jours est nécessaire pour habituer progressivement les animaux au colza 
et leur rumen. 2 à 3 heures de pâturage au fil l'après-midi
suffisent. Il faut prévoir d’arrêter la consommation une heure avant la 
traite pour que le lait n'ait pas le goût de colza.
L'affourragement en vert pour une 
distribution à l'auge est possible. Il apporte aux animaux un aliment 
frais et de bonne qualité, notamment quand la parcelle est trop
éloignée pour y amener le troupeau ou lorsque le sol n’est pas assez 
portant pour le pâturage des animaux.
Lors du pâturage, il faut être attentif 
aux risques de météorisation. C’est pourquoi, pour les limiter, il faut 
sortir les vaches après leur avoir donné un peu de
fourrage déficitaire en azote et qui les encombre (maïs, foin ou 
paille).
La ration totale doit comporter un apport
 de matière sèche important (du foin, de l’ensilage de maïs, de la pulpe
 de betterave déshydratée...). Si une complémentation
azotée reste nécessaire, il faudra privilégier des sources azotées peu 
dégradables dans le rumen (tourteau de soja ou de colza de préférence 
protégé).
Exemples :
 Pour une ration pour 20 kg de lait/ jour
11 kg MS ensilage de maïs à 32-33 % de M.S.
3 kg MS de colza fourrager pâturé au stade début bourgeonnement
1,3 kg de tourteau de soja 48 (en partie protégé)
 Pour une ration pour 18 à 20 kg de lait/ jour
3 à 4 kg MS de colza fourrager
6 kg MS d’ensilage d’herbe
4 kg de foin
2 à 3 kg de mélange céréalier (triticale et pois)
0,5 kg de tourteau de soja (selon la qualité du foin et de l’ensilage d’herbe)
L’ensilage
Pour l’ensilage, la teneur élevée en eau 
du colza constitue un handicap pour réussir une bonne conservation. Il 
est préférable de laisser le fourrage se ressuyer au
champ et de le hacher finement avant de le tasser modérément. La mise en
 place d’un lit de 50 cm de paille sous l’ensilage de colza permet de 
récupérer une partie des jus. Il est aussi possible
d’utiliser 150 kg de pulpes sèches/ tonne d’ensilage.
Avec la paille, le produit obtenu a 
évidemment une valeur alimentaire moindre que celle du colza pur. La 
pulpe renforce au contraire sa valeur énergétique.
Un mode d’emploi selon les utilisations que l’on veut en faire
Quel que soit le mode de production, le colza fourrager s’utilise avec méthode.
- 
Il peut aussi bien convenir pour ceux qui
 veulent assurer leur bilan fourrager que pour ceux qui recherchent une 
plus grande autonomie alimentaire. 
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En tant que fourrage, il limitera la consommation de stocks. 
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En tant que plante bien fournie en azote, elle réduira l’utilisation de tourteaux parfois très coûteux. 
- 
Avec les animaux, il faudra prendre quelques précautions en proposant d’autres fourrages qui limiteront son ingestion. 
- 
Au niveau agronomique, son intérêt devra 
prendre en compte la présence d’une inter-culture peu exigeante mais 
qui, dans certaines conditions, peut dégrader le sol. 
Tous ces éléments peuvent aider la 
décision d’utiliser ou non le colza fourrager, voire aussi du chou 
fourrager qui ont tous les deux de forts points communs.
Sources: L’ABREUVOIR n°218 – 2010 – n°2 – Centre de Formation Elevage 27400 CANAPPEVILLE 25 Amédée HARDY
TEMOIGNAGE COLZA OVINS:
Frédéric PRELADE (éleveurs d’ovins en Haute-Vienne) a implanté du colza en dérobées et constate les effets pour le flushing des
brebis.
«
 Je sème 10 kg/ha de colza entre deux céréales depuis mon installation, 
il y a 5 ans.
Le pâturage de cette dérobée me permet de réaliser du flushing sur les 
brebis. 120 brebis pâturent à partir de mi-septembre sur une parcelle de
 2 à 3 ha, durant 3 semaines maximum. Sur les repousses,
je mets des brebis de réforme ou d’autres animaux aux besoins moins 
importants. C’est une technique par chère qui répond totalement à mes 
besoins ».
www.herbe-fourrages-limousin.fr/menu-horizontal/vos-contacts.html
Des solutions pour pallier le manque de fourrage 
20 juillet 2010 E. Bignon 
Le froid et les faibles pluies du printemps ont 
entraîné une diminution rapide des stocks fourragers. Zoom sur les 
pistes d’action pour faire face au déficit fourrager en attendant
la récolte du maïs.
LE COLZA FOURRAGER s’implante en été après une céréale. Il s’utilise 
en fourrage d’appoint, sans dépasser 4 à 5 kg de matière sèche par 
vache. - © S.Leitenberger
Du fait d’un printemps froid et sec, la pousse de l’herbe s’est montrée limitée. « Mi-mai, il manquait en cumulé entre 1 et 1,5 tonne de matière sèche d’herbe par
hectare par rapport aux années antérieures, indique Étienne Doligez de Calvados Conseil élevage. Sur un élevage moyen du département, cela représente 60 à 90
tMS par exploitation. » Et nombreuses sont les régions à faire ce constat. Moins de pâturage, des récoltes en ensilage d’herbe moins importantes,
 les
stocks fourragers ont été fortement mis à contribution. Dans certains 
cas, il sera difficile de faire le joint jusqu’aux ensilages de maïs.
Mais en premier lieu, un recensement du besoin et de l’offre en fourrages s’impose pour estimer au plus juste les besoins alimentaires du troupeau et les
stocks disponibles. « C’est le point de départ pour réfléchir à des alternatives, avancent les techniciens. L’idéal
 est de
réaliser une prévision à deux échéances : la première jusqu’en octobre 
prochain, et la seconde jusqu’au printemps 2011 pour s’assurer que les 
stocks seront suffisants pour passer l’hiver.
»
C’est aussi l’occasion de faire le point sur les effectifs d’animaux, d’ajuster éventuellement le nombre de génisses et d’anticiper les réformes ou les
ventes d’animaux destinés à la boucherie. « Cela dit, mieux vaudra raisonner prudemment le tri des laitières dans la mesure où le lait d’été est mieux payé et que
l’on s’attend à une rallonge de quota assez importante », souligne Etienne Doligez.
Implanter rapidement des dérobées après céréales
Pour prévenir le manque de stocks, certains éleveurs ont pris les devants en ensilant des céréales immatures fin juin.
 Cette solution sera beaucoup moins
coûteuse que d’acheter des fourrages en milieu d’hiver, à une époque où 
il sera difficile d’en trouver à bon marché. L’ensilage de blé (0,64 
UFL/kg MS, 35 % MS) est beaucoup moins riche en énergie
que l’ensilage de maïs. Appétent et riche en fibres, ce fourrage peut 
être réservé en priorité aux animaux aux besoins plus limités, mais il 
donne aussi des résultats corrects sur vaches laitières
s’il entre à moins de 50 % de la ration, comme cela a été testé à la 
ferme expérimentale des Trinottières. En pleine lactation, 4 à 5 kg MS 
de céréales ensilées évitent de pénaliser les
performances.
Deuxième possibilité : implanter des dérobées après céréales.
 Cette solution intercalaire peut fournir quelques
tonnes de matière sèche pour pâturer en début d’automne, ou constituer 
des stocks complémentaires pour l’hiver. Sachant que la réussite 
dépendra beaucoup des conditions météorologiques de cet été.
« Si la pluie revient, le ray-grass d’Italie apparaît bien adapté, indique David Delbecque de la chambre d’agriculture du Calvados. Pour
 une exploitation à l’automne, mieux vaut choisir une variété non 
alternative, c’est-à-dire qui n’épie pas l’année du semis. » Un 
type diploïde est indispensable si
le RGI se destine à la fauche. Pour une pâture, un mélange 50 % 
diploïde/50 % tétraploïde est préférable. Il se sème en pur entre 15-20 
kg/ha pour les variétés diploïdes et 20-25 kg/ha pour les
tétraploïdes.
Plus original, le colza fourrager bénéficie d’un développement rapide. Son cousin, le chou fourrager se montre moins rapide à pousser et moins productif en
semis tardifs (après le 15 juillet) mais plus souple à exploiter.
Crucifère, moha, trèfle d’Alexandrie, avoine et vesce…
Le moha est une graminée estivale, moins exigeante en eau que le RGI 
ou le sorgho fourrager. En bonnes conditions, il pousse rapidement, en 
70 à 90 jours avec une production potentielle de 2 à 4
tMS/ha. Sa valeur alimentaire est estimée à 0,77 UFL (0,72 UFL en 
association avec le trèfle d’Alexandrie) et 12-14 % de MAT. Riche en 
fibres et plutôt encombrant, il se destine plutôt aux élèves
qu’aux laitières. Il est pauvre en sucres et s’exploite davantage en 
foin qu’en ensilage. Non météorisante, l’association peut aussi être 
pâturée. Une fois coupé, le moha ne repart pas, contrairement
au trèfle d’Alexandrie. Pour un mélange semé à 25 kg/ha (moitié moha, 
moitié trèfle), il faut compter 60-65 €/ha.
« L’avoine diploïde associé à la 
vesce recueille aussi de bon échos de la part des éleveurs qui l’ont 
déjà utilisé les années précédentes, rapporte Etienne
Doligez. C’est un fourrage productif 
qui se développe vite et qui ne nécessite pas d’intrants. Il se montre 
appétant et ses valeurs semblent intéressantes.
»
Se tenir à l’affût des opportunités en co-produits
Le recours aux co-produits secs ou humides n’est pas non plus à exclure, selon les opportunités locales. Riches en énergie et en azote fermentescible, les
drêches de céréales et le corn gluten feed par exemple peuvent permettre d’économiser de précieux stocks. « Il faut se tenir à l’affût des occasions qui se
présentent, conseillent les techniciens. Mais
 quel que soit le co-produit utilisé, mieux vaut toujours obtenir le 
maximum d’informations sur leur provenance,
leur fabrication et leur composition. Quitte à faire une analyse pour 
s’assurer au moins du taux de matière sèche et de la MAT. » 
Assimilables à des concentrés, les coproduits secs ne se
substituent pas à eux seuls à la ration de base. Et toute introduction 
d’un nouvel aliment dans la ration nécessite une transition alimentaire.
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