Des débuts de la révolution fourragère dans le lyonnais à la modernisation en petite culture
From the beginnings of the fodder crop revolution in the Lyon region to the modernisation of small-holdings
Jean-Pierre Houssel
p. 319-326
Résumés
La
révolution fourragère, c’est-à-dire la création de prairies temporaires
sur le retournement de prairies permanentes, est née de la rencontre à
la fin de 1947 de l’agronome René Dumont, désireux d’améliorer le sort
des petits exploitants autarciques, avec les producteurs du bassin
laitier lyonnais. Après quatre années d’essais conduits par Pierre
Chazal, l’application en vraie grandeur se fait dans les CETA (Centre
d’études techniques agricoles). Le premier est celui de Mornant, apparu à
la fin de 1952 sur le Plateau lyonnais. La preuve est faite que la
production de lait et le revenu de l’exploitant doublent ou triplent en
quelques années. La diffusion est rapide dans les pays de chrétienté,
grâce à la promotion collective réalisée par la JAC (Jeunesse agricole
catholique). En 1970, la prairie temporaire couvre déjà 10 % de la
surface cultivée. La révolution fourragère déclenche la modernisation de
l’exploitation. L’intensification laitière fournit aux ménages la
sécurité matérielle et devient le point de départ d’initiatives
multiples grâce aux CETA. Leurs membres dominent le CNJA (Centre
national des jeunes agriculteurs) créé en 1955, qui dicte au
gouvernement, en 1960 et 1962, les réformes de structure nécessaires.
Les épouses créent des CETMA pour le secteur ménager qui leur font
franchir les étapes de la promotion de la femme. La zone
d’intensification laitière devient, au sein de la vieille France
paysanne, la France rurale progressive.
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Mots-clés
Centre d’études techniques agricoles, intensification laitière, modernisation agricole, Monts du Lyonnais, René Dumont, révolution fourragèreKeywords
Centres for Technical Studies in Agriculture (CETA), intensification of milk production, modernisation of farms, revolution in the growing of fodder crops, ‘Lyonnais” plateauPlan
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1La
révolution fourragère, l’innovation agronomique majeure après la
seconde Guerre mondiale qui va permettre la modernisation en petite
culture, est née dans la région lyonnaise. L’importance du fait dépasse
tout chauvinisme local et fait comprendre les conditions de l’innovation
à partir de la société paysanne. Ce qui était connu sur le moment à la
suite du livre de Pierre Chazal et de René Dumont, La nécessaire révolution fourragère et l’expérience lyonnaise,
paru à la fin de 1954, fut pratiquement oublié par la suite. Et on
pense plutôt, pour une réalisation de cette ampleur, à la Bretagne
devenue « le modèle agricole » du changement (Canevet, 2000) ou à la
Normandie, le pays d’élevage par excellence mais que les facilités
naturelles éloignent de la recherche d’amélioration. En outre, il ne va
pas de soi de considérer la Région lyonnaise pour ce qu’elle est
également, l’une des grandes régions agricoles issues de la paysannerie
(Houssel, 1986), car elle surtout connue en référence à sa métropole
industrielle et bancaire. Si la révolution fourragère a commencé ici,
c’est que la volonté des producteurs du bassin laitier lyonnais
d’augmenter la production rejoint les préoccupations de l’agronome René
Dumont.
Les origines lyonnaises de la révolution fourragère
2Avant
que l’écologie ne soit devenue sa préoccupation essentielle, ce qui en
fit en 1974 le premier candidat des Verts à une élection présidentielle,
René Dumont eut une période pratiquement oubliée qui serait qualifiée
aujourd’hui de productiviste. À la Libération, à quarante ans,
professeur d’agriculture comparée à l’Agro (Institut national
agronomique de Paris), il est, au Commissariat général du plan Monnet, à
la pointe de la recherche pour promouvoir une agriculture performante.
On le trouve déjà en rupture avec les idées reçues, proférées écrit-il
par les « costumés-décorés-cravatés, bureaucrates arrogants et autres
experts suffisants ».
3Après
avoir dénoncé les conditions de vie des paysans riziculteurs du Tonkin,
son premier poste à la sortie de l’Agro en 1929, il se préoccupe de la
moitié des exploitants « microfundistes » décrits dans les Voyages en France d’un agronome
(1951). Il établit à juste titre la correspondance entre la dureté des
conditions naturelles et la petite taille des exploitations, en montagne
et dans le Grand-Ouest. Ces bastions de la petite culture (dont le
capital d’exploitation est inférieur au capital foncier) sont le réduit
des paysans pauvres, peu instruits, réputés hostiles au progrès, qui
sont pour lui « les véritables prolétaires à l’aube de la deuxième
moitié du 20e siècle. »
La rencontre entre René Dumont et les producteurs laitiers de la région lyonnaise
4Dans l’avant-propos de La nécessaire révolution fourragère
(p. 10), René Dumont voit dans la réduction de la prairie permanente le
moyen d’augmenter leur revenu. « Un million d’exploitants produisent du
lait sur moins de 10 hectares dans le cadre d’une polyculture-élevage
qui laisse une grande place à l’auto-consommation. Huit hectares, dont
trois ou quatre de vieilles prairies dégradées, cela ne nourrissait
guère que 3 vaches donnant aux environs de 1 700 litres de lait. Et
pourtant, ces 5 000 litres, dont peut-être 3 000 sont vendus,
constituent souvent la première recette brute de la ferme. »
5On
connaît ces pages d’anthologie qui dénoncent les méfaits des prairies
« trop naturelles car l’homme n’y intervient guère, trop permanentes,
donc vieillies et dégradées » dans lesquelles il voit « un reste de
l’économie de cueillette ». Or elles couvrent la moitié des surfaces
fourragères qui représentent plus des trois-quarts de la surface
agricole utile. “Des terres arables donnant 15 à 25 quintaux de blé dès
1900 rendent, une fois couchées en herbe, deux fois moins d’unités
fourragères (la quantité d’énergie fournie par un kilo d’orge) qu’en
céréales. » Or leur surface est passée de 6 à 12 millions d’hectares, ce
qui explique en grande partie pourquoi notre agriculture a du mal à
nourrir les Français.
6La
solution ne peut venir de l’adoption des progrès réalisés dans l’Europe
du Nord-Ouest. Les prairies naturelles des Pays-Bas rendent 37 quintaux
d’u. f./ha, 3 fois plus qu’en France, mais en milieu océanique
favorable. Autrement intéressants sont les progrès réalisés en
Angleterre pendant la guerre en raison du blocus, grâce à l’adoption
du hay farming, c’est-à-dire la succession sur labour des
céréales et de l’herbe. On est alors très mal informé sur cette
technique, même si l’INRA (Institut national de la recherche
agronomique) commence à s’y intéresser (Salette, 2006). Pour connaître
cette technique, René Dumont passe un mois de ses vacances en 1947, au
pair chez un farmer de ses amis faute de crédits au Ministère.
Chaque jour après 17 heures, il visite avec lui les fermes voisines pour
s’informer des façons culturales et de la rentabilité.
Pierre Chazal, intermédiaire entre René Dumont et la Fédération des producteurs de lait du bassin lyonnais (FDPL)
7À
la sortie de la guerre, l’approvisionnement en lait des enfants de Lyon
pose un problème grave. L’exploitation-type est la même que celle
décrite par René Dumont pour l’ensemble du pays. La FDPL reconstituée
dès le 1er mars 1945 s’en préoccupe, mais les moyens utilisés,
l’ensilage en silos-cuves et l’insémination artificielle à ses débuts
(Charvet, 2000) sont insuffisants.
8Le
bassin d’approvisionnement se situe dans un rayon de 60 km. autour de
la ville (Sceau, 1996), sur une surface à peu près équivalente en taille
à la Bretagne. On est ici également en pays de pratique catholique
majoritaire, dont les mécanismes d’ouverture au progrès sont bien connus
(Lambert et Renard, 1982). D’abord la constitution en contre-société à
partir des lois de laïcisation du début du siècle, qui conduit à
rechercher des solutions locales aux problèmes locaux et l’essor des
syndicats agricoles conservateurs, ici le Sud-Est équivalent de celui de
Landerneau (Garrier, 1973). Ensuite la JAC (Jeunesse agricole
catholique), fortement implantée dans ses belles années de 1940 à 1960,
qui se révèle en puissant mouvement de formation populaire ouvrant sur
la modernité (Houssel, 1986).
9René
Dumont recherche une liaison entre le laboratoire et le terrain.
L’occasion lui en est fournie par Pierre Chazal, depuis peu technicien
de la FDPL, qui prend connaissance dans Le Figaro Agricole de
ses articles sur l’expérience anglaise et le met en relation avec le
président Aurion en décembre 1947. “ Aussi avons-nous répondu avec
empressement à son appel : nous brûlions d’appliquer à la ferme ces
techniques nouvelles, seule façon de les mettre bien au point (Dumont,
1954, p. 8). » Pendant plusieurs années, bénévolement, il fait la
navette par le train entre Paris et Lyon, dès qu’il a du temps
disponible. À partir du 1er janvier 1948, Pierre Chazal est chargé de
l’application sur le terrain en botaniste et pédagogue hors pair1.
Débuts et diffusion de la révolution fourragère
10Il
a fallu consacrer deux ans au relevé botanique de ces prairies sous
climat semi-continental (Chazal, 1954). Chaque plante est identifiée et
décrite avec ses particularités. Les espèces défavorables (flouve
odorante, brôme dressé) sont distinguées des espèces favorables (ray-grass,
fétuque qui résiste bien à la sécheresse…). Les défauts dans la
conduite de la prairie sont analysés, afin de comprendre l’existence des
refus et la constitution du feutrage à la surface du sol, qui s’oppose à
la pénétration de l’air et de l’eau.
11À
partir de 1950, les essais culturaux sont entrepris chez une vingtaine
d’exploitants consentants. Ils permettent de prendre la mesure de la
complexité des opérations à effectuer (Chazal, 1955) après le
retournement de la vieille prairie, dont la dépose des graines à faible
profondeur, ainsi que le nombre et les périodes des coupes et du
pâturage. Le choix de la formule du semi, mélange de graminées et de
légumineuses, le plus souvent ray-grass d’Italie et trèfle
violet est déterminant. Sur une terre épuisée, le meilleur précédent est
un grain. Pierre Chazal fait connaître la nouvelle variété de blé à
paille courte, l’Étoile de Choisy qui va permettre de doubler au moins
le rendement.
Le CETA, pièce maîtresse pour la mise en œuvre de la nouvelle technique et la création à Mornant (Plateau lyonnais) du premier CETA laitier
12L’application
en vraie grandeur sur l’exploitation révèle d’abord les contraintes
techniques. La difficulté à se procurer des semences constitue un goulot
d’étranglement. La mécanisation se révèle indispensable, car on ne peut
plus traiter à la fourche et au râteau une récolte beaucoup plus
abondante. La révolution fourragère est vécue comme une rupture avec la
routine. Il faut « casser la vieille prairie », ce qui paraît
inconcevable aux anciens et « jamais ça nous était venu à l’esprit que
l’on cultive l’herbe comme on cultive du blé », dit un converti (Ricard,
2006, p. 78).
13L’adaptation
nécessaire ne peut pas se faire isolément mais en groupe. Ce sera le
CETA qui réunit une vingtaine d’exploitants avec un technicien, sur un
territoire de la taille d’un canton avec des terroirs et des structures
agraires homogènes. Le premier a été créé en 1944 en grande culture, par
Bernard Poullain près de Versailles. Le fait que le premier CETA en
petite culture ait été créé près de Lyon grâce à un ancien jaciste se
révèle déterminant. Joannès Déplaude crée le CETA du Gier le 9 décembre
1949 dans son village de Tartaras (Loire) sur la retombée du Plateau
lyonnais sur la dépression de Saint-Étienne, avec de petits exploitants
qui ont de la vigne et des vergers. À partir de 1935, il avait implanté
le mouvement dans la Loire. Prisonnier en Allemagne, il épouse à son
retour Jeanne Maillard, la première présidente de la JACF (féminine) de
la Loire en 1937. Peu après ils sont appelés à Paris pour être
permanents du Mouvement familial rural (MFR) où se retrouvent les
jacistes aînés. Entré en relation avec Bernard Poullain, il comprend le
parti que la petite culture peut tirer des CETA. Au premier congrès
national en 1953, il sera vice-président pour représenter « la France du
sud de la Loire » (qui comprend l’Ouest). Auparavant, il a encouragé
ses amis et voisins de Mornant (Rhône) sur le Plateau à créer ce qui va
être le premier CETA laitier.
14René
Dumont visite le bourg en octobre 1952 et, en particulier, la ferme des
Chaize qui devait faire vivre 3 ménages sur 17 ha., répartis entre
verger, vigne, céréales. Il dénonce les 3 ha. de vieux prés le secteur
déficient. En décembre 1952, le CETA est constitué avec 19 membres
venant de 9 villages proches, présidé par Eugène Chaize le fils aîné qui
a pour tour bagage le certificat d’études. Pierre Chazal assiste à la
réunion de janvier 1953. Le premier vieux pré de 55 ares est retourné le
28 juin. La perspective est de passer de 4 à 10 vaches à 3 500 litres
de moyenne (au lieu de 1500). Chacun des autres adhérents a brisé un
demi-hectare et se propose d’attaquer 1,5 à 2 ha. (Chazal et Dumont,
1954, p. 104-109).
15Le
CETA de Vienne-Nord au Sud-Ouest de la plaine lyonnaise est le second à
se constituer en mars 1953. Placé dans des conditions plus favorables
de sol et de taille des exploitations, il est pour Pierre Chazal le
terrain privilégié pour les expérimentations. Son secrétaire, Paul
Bertrand, qui exploite à Communay 30 ha. fait passer rapidement le
troupeau laitier de 4 à 40 vaches laitières FFPN (française frisonne
pie-noire) avec 5500 litres de moyenne d’étable. L’antériorité du
Lyonnais sur la Bretagne aurait pu être mise en cause par la
constitution du CETA de Loudéac dès avril 1952, par Victor Moisan qui
avait pris l’idée en assistant au congrès du MFR en 1951. Mais au
départ, il n’aborde la révolution fourragère qu’après l’invitation faite
à René Dumont en mars 1954 (Rémy, 2004).
« Le Lyonnais bat la Normandie »
16Pour
René Dumont il y a bien révolution fourragère : « la culture de l’herbe
n’est pas un lent progrès, car elle fait passer en un an de 5 à 60 qx
/ha. par une rupture totale avec l’ancien système ». L’avant-propos
(1955, p. 9) résonne comme un cri de victoire : « la certitude de
réussite de nos techniques bien appliquées nous permet après un long
silence de les publier à l’usage des agriculteurs des deux tiers de la
France, haute montagne et Midi exceptés… Le petit agriculteur obtient de
meilleurs résultats que le riche propriétaire du pays d’Auge qui se
contente de regarder pousser l’herbe. » L’enjeu est de taille : « ôter
la frontière entre champs et prés poursuit-il, c’est donner une
potentialité de développement dans des régions considérées à tort comme
condamnées au sous-développement en raison de faibles potentialités … Il
ne s’agit pas seulement d’accroître le revenu par heure de travail et
de sortir de la précarité, mais aussi de donner de la dignité à la
profession agricole, car l’agriculture moderne devient plus
intellectuelle, donc plus attrayante ». La motivation est à la fois
humanitaire et humaniste.
17René
Dumont répond d’avance à la critique faite à l’augmentation des
rendements et de la productivité. Elle ne provient pas alors des
écologistes qui condamneront plus tard « le productivisme », car elle
est le seul moyen de faire autrement quand le point de départ était si
bas. Il s’en prend aux agrariens qui font leur idéal du « paysan aux
mains calleuses » et aux malthusiens impénitents qui ne prévoient pas
l’augmentation de la consommation de viande et de produits laitiers. Il
tire Les leçons de l’agriculture américaine, titre du livre
qu’il publie à son retour des États-Unis en 1946. Il soutient la
mécanisation et le remembrement qu’elle implique, y compris la
destruction de haies quand elle est nécessaire à l’élargissement des
chemins. La certitude de jours meilleurs est désormais accessible pour
ce socialiste humaniste, que l’on n’a connu que vêtu d’un pull-over
rouge. Bientôt, sans rien abandonner de ses convictions d’hier, il
dénoncera les atteintes causées à l’environnement, quand à partir de la
décennie 1960 on continue à rechercher l’accroissement de la production
en volume, alors que l’autosuffisance alimentaire est atteinte. Pierre
Chazal ne raisonne pas autrement quand il propose au même moment sans
être écouté « une politique de qualité et non de rendement ».
La diffusion de la révolution fourragère à partir du Lyonnais
18Très
vite, une vingtaine de CETA sont créés sur le Plateau et les Monts du
Lyonnais, dans le Bas-Beaujolais, la Dombes, le Bas-Dauphiné. Dans la
vallée du Rhône, Pierre Chazal se trouve confronté à l’épuisement des
sols dans les vignes et les vergers, alors soigneusement désherbés. Au
contraire, il préconise de semer entre les rangées de ceps ou d’arbres
fruitiers, du ray-grass d’Italie qui a la particularité d’avoir
un enracinement profond, qui se réduit d’une année sur l’autre. Le
système radiculaire en place se décompose et fournit in situ
l’humus indispensable à la constitution d’agglomérats dont les
interstices laissent passer l’eau et les éléments nutritifs. La culture
de l’herbe trouve donc une nouvelle application et l’habitude est donnée
de faire des analyses de sol pour leur amélioration. Cela intéresse
particulièrement la culture du tabac, plante exigeante et dont les
racines qui s’enfoncent profondément sont sensibles à toute
hétérogénéité du sol. Une autre application est le profilage des sols
gorgés d’eau comme en Dombes, par l’établissement avec la pelle
mécanique de planches de culture entre des rigoles.
19On
a peine à se représenter l’intérêt pour la nouvelle technique. La
propagation, très rapide jusqu’en 1957-1958, s’opère soit par la venue
d’agriculteurs sur les exploitations pionnières, soit par le déplacement
de René Dumont et de Pierre Chazal, soit par le livre et par la
formation de techniciens. Assez vite, René Dumont se retire, car il
porte désormais son intérêt sur les pays en développement. On le trouve
en Chine en 1957, à Madagascar en 1959, puis en Côte d’Ivoire, en Guinée
et au Mali, prélude au cri d’alarme contenu en 1962 dans L’Afrique noire est mal partie.
Pierre Chazal est recruté l’année de sa création en 1954 par l’APEP
(Association pour l’encouragement de la productivité agricole), qui
émane de firmes d’industrie agricole (engrais, tracteurs, matériel)
soucieuses de nouer des relations pragmatiques avec les agriculteurs et
qui lui assure, jusqu’à son terme en 1970, une position indépendante par
rapport à l’administration et à la profession.
20Les
fermes pionnières des CETA et celles qui s’étaient prêtées aux essais
connaissent la ruée des visiteurs venus de partout. Étapes des circuits
en autocar organisés par les techniciens, chacune a reçu en moyenne 10
000 visiteurs ou plus par an, à la cadence de 3 convois de 2 à 3 cars
par semaine à l’époque des semis et de la récolte. Les hôtes bénévoles
en conservent une légitime fierté. Les livres édités par le Journal de la France agricole,
atteignent des tirages exceptionnels pour des ouvrages techniques : 24
000 exemplaires en plusieurs éditions pour le livre fondateur de 1954,
puis de 15 à 20 000 exemplaires à comparer avec les 20 000 adhérents des
CETA, pour ceux de Pierre Chazal seul (1956, 1958 et 1961)2.
De la révolution fourragère à la modernisation en petite culture
21La
culture de l’herbe connaît au cours de la décennie 1960 une extension
très rapide. En 1970, la première année où la rubrique apparaît dans les
statistiques, elle couvre 2,5 M. (millions) ha., 2850 avec le
maïs-fourrage à ses débuts, soit 65 % des cultures fourragères et 17 %
de la SFP (surface fourragère principale). En 2000, les nombres
correspondants sont 2,875 et 4,250 ha. avec le maïs-fourrage (ou
maïs-ensilage de « la révolution blonde »), soit 90,5 % des cultures
fourragères et le quart de la surface toujours en herbe (les prairies
permanentes). Pour le Finistère, Pierre Flatrès note en 1968 (p. 38)
qu’« en quelques années au plus, le nouveau type d’assolement a
recouvert presque tout le pays et que toutes les fermes de type normal
le pratiquent ». Pierre Chazal a réalisé son vœu « d’assassiner la
betterave », de faible valeur nutritive et dont le travail long et
pénible est dévolu aux femmes : en 2000, les plantes sarclées
fourragères ne représentent plus que 45 000 ha au lieu de 670 000 en
1970.
De la révolution fourragère à « la révolution silencieuse » (Debatisse, 1963)
L’intensification laitière
22Le
lait est la ressource de base des petites exploitations autarciques. La
révolution fourragère conduit à l’intensification laitière qui procure
un revenu proche du SMIC, ce qui paraît cependant convenable puisque les
exploitations sont reprises. Le changement commence par la mécanisation
et la motorisation, en particulier pour l’ensilage qui ne peut se faire
qu’en chantier réunissant les exploitants voisins. Comme l’herbe
cultivée coûte cher, cela implique des transformatrices de qualité, d’où
le renouvellement du troupeau dans les races spécialisées, hollandaise
et montbéliarde, que l’on va acheter en groupe dans les foires. La
généralisation de l’insémination artificielle et la pratique, pour les
plus avancés, du contrôle laitier, assurent une production satisfaisante
en quantité et en qualité. La troisième étape est l’édification de la
stabulation libre avec salle de traite et tank réfrigérant, à la place de l’étable devenue trop petite et malsaine.
23Ces
transformations sont rendues possibles grâce au développement de
l’agriculture de groupe selon le terme de l’époque et reposent sur le
développement du crédit et de la mutualité. La création de CUMA
(Coopératives d’utilisation du matériel agricole) est le moyen de
diminuer le coût de l’achat du matériel. La tenue d’une comptabilité
s’impose, qui conduit à l’acquisition d’un bureau. Le besoin de
maîtriser la vente entraîne le développement des coopératives.
Les CETA laitiers plaque tournante de la modernisation et leur localisation dans les fiefs de la JAC.
24Les
CETA sont au centre des questionnements : « on nageait un peu, on
innovait un peu au pif. Le CETA se réunissait une fois par mois, en
après-midi avec le technicien, chez les uns et chez les autres, on
visitait l’exploitation où on était, c’était une sorte
d’auto-formation » se rappellent les anciens du CETA de Mornant. Les
réalisations coopératives sont le prolongement sur le terrain de
l’activité du CETA. Le plus efficace à n’en pas douter a été celui de
Loudéac, le premier créé en Bretagne, qui a fait appel à René Dumont. C.
Canevet (Remi, 2004, p. 34) cite Paul Houée : « son influence a vite
débordé le cadre de la petite région et joué pendant quelque temps un
incontestable leadership dans l’agriculture bretonne. Son œuvre
reste dominée par ce que les agriculteurs loudéacciens appellent la
révolution de l’herbe. Il a fait de la région de Loudéac notamment dans
les années 1955-1965 le symbole de la révolution agricole et
agro-alimentaire ». Le fait est entendu, y compris la filiation
lyonnaise.
25La
courbe en nombre des CETA reproduit celle de l’implantation de la
révolution fourragère achevée en 1965 : on en compte 179 en 1959, 1300
en 1966 et ils ne sont plus que 970 en 1973. Les CETA laitiers
disparaissent à partir de 1965 parce que leur tâche est accomplie,
contrairement à ce qui se passe pour la grande culture céréalière, la
vigne, les vergers et les légumes. Sur la carte de la répartition des
CETA en 1962 (Paysans, p. 32), ceux de l’intensification laitière sont
répartis en 2 blocs de 200 environ, le Grand-Ouest avec en tête les
Côtes du Nord et le Finistère à raison de 30 pour chaque département et
ceux échelonnés sur la dorsale montagneuse, du Pays Basque à
la haute-Savoie, avec l’ensemble Aveyron-Lozère (42) et
l’ensemble haute-Loire-Loire et Rhône (42 également) (fig.1).
26La
carte des CETA laitiers reproduit pour l’essentiel celle des fiefs de
la JAC, car la plupart des responsables et des membres en sont issus.
Les poins forts se situent au niveau des pays montagneux de petites
exploitations qui correspondent aux pays de chrétienté3 comme le Lyonnais (Monts et Plateau), les monts du Pilat, le nord des monts du Forez.
Des CETA à la France rurale progressive (Houssel, 1994, 2000)
27La localisation des CETA laitiers fournit la trame de la France rurale progressive. Les leaders
qui se dégagent vont donner d’autres prolongements à leur action :
création en 1955 et contrôle du Centre national des jeunes agriculteurs
(CNJA) dont Michel Debatisse, petit exploitant près de Thiers est le
premier secrétaire général, conquête des mairies et nouvelle conception
de l’administration locale, mise en place de l’IFOCAP (Institut de
formation des cadres paysans) et de la revue Paysans,
élaboration par le CNJA d’une politique dite des structures, qui va
aboutir à la Loi d’orientation agricole de 1960 et à la Loi
complémentaire de 1962 qu’ils dictent au gouvernement. Ces lois
comprennent la création des SAFER et de l’IVD (Indemnité viagère de
départ) afin de favoriser l’accroissement en surface des exploitations
des jeunes, celle des GAEC (Groupements agricoles d’exploitation en
commun) et l’encouragement aux groupements de producteurs (Bruneteau,
1994).
Figure 1 : L’aire d’intensification laitière dans la carte des CETA en 1962
28La
transformation des comportements apportée par la JAC fait le reste avec
une vie associative intense qui s’ouvre aux loisirs, à la vie
culturelle et sociale. Le progrès professionnel s’accompagne de la
promotion de la femme à laquelle nous consacrons à la suite un
développement particulier et à celle des enfants pour lesquels la
multiplication des collèges à partir de 1960 va permettre de poursuivre
les études de leur choix. À partir de 1980, quand le nombre
d’exploitations diminue fortement, les nouvelles générations créent et
occupent des emplois dans l’industrie et les services. Le dynamisme se
transmet au réseau hiérarchisé des villes petites et moyennes jusqu’aux
métropoles régionales dans l’Ouest. La France rurale progressive se
distingue de la France rurale en difficulté en proie à l’abandon où
s’est maintenu un comportement individualiste et d’assistés. Si les
exploitations ont connu l’arrivée du tracteur, la spécialisation s’est
faite dans l’élevage bovin pour la viande sur prairie permanente qui
demande de grandes surfaces pour être rentable, ce qui explique les
faibles densités. Même si l’évolution récente tend à rapprocher les deux
types d’agriculture, cette différenciation fournit les bases qui
déterminent l’inégale capacité de résistance et de symbiose face à
l’installation des gens de la ville, qui devient le facteur principal du
changement dans les campagnes.
Des CETA aux CETMA (Centre d’études techniques ménager agricole), la promotion de l’épouse d’agriculteur
29Bien
des études le plus souvent sociologiques ont été consacrées à
l’évolution du sort de la paysanne, mais elles portent le plus souvent
sur les laissées pour compte. La communication de Mme. Mathilde Bertrand
à la table-ronde de Mornant le 3 décembre 2005 (voir infra)
est un témoignage direct de ce qui a été vécu sur les exploitations
pionnières de la révolution fourragère. Fille d’agriculteur de
Chasse-sur-Rhône, elle fréquente jusqu’à 18 ans le collège de Vienne où
elle a obtenu le brevet. En 1949, elle épouse Paul Bertrand du village
voisin de Communay, tous les deux ont 21 ans. Il a dû quitter à quinze
ans le collège à cause de la maladie de son père qui fut maire de la
commune, et son exploitation est déjà de 30 ha., ce qui correspond à la
situation courante dans la Plaine de Lyon. Le couple relativement
privilégié va s’intégrer sans difficulté au courant des exploitants
moins favorisés et passés par la JAC, moins bien implantée ici. Paul
Bertrand est, nous l’avons vu, le secrétaire du CETA pionnier de
Vienne-Nord constitué en mars 1953. Mathilde Bertrand n’en connaît pas
moins le sort commun aux épouses d’exploitant, marqué par la
méconnaissance et le mépris des gens de la ville pour le paysan et la
place inférieure que la tradition réserve encore à la femme au village.
30Le
CETMA est créé en février 1958 avec 21 femmes, dont 18 épouses
d’agriculteurs adhérents au CETA. Il est le cinquième en France, les
premiers venant de la Bretagne et de l’Aveyron, et sa constitution a été
encouragée par le visiteur de la Fédération Nationale des CETA, dont
Mathilde Bertrand qui est à l’origine et présidente du CETMA sera membre
du conseil d’administration. Son action collective s’inscrit dans le
changement de la condition féminine en lien étroit avec la révolution
fourragère. Celle-ci délivre la femme du sarclage des racines
fourragères et des petites productions dévoreuses de temps, pour ne plus
parler de la garde du troupeau. Loin d’être mise à l’écart de
l’exploitation par la mécanisation et la motorisation réservées aux
hommes, la tenue de la comptabilité lui confère une place centrale.
L’amélioration du revenu permet d’atteindre un niveau de vie proche de
la classe moyenne, avec dès 1957 la télévision et l’automobile, au
moment où arrive l’eau sur l’évier.
31Les
différentes périodes de la vie du CETMA fournissent une chronologie
précieuse de l’évolution qui peut être généralisée à l’ensemble de la
France rurale progressive. Au début, les centres d’intérêt ne
s’éloignent guère de la place que la tradition accorde à la fermière et
qui est enseignée dans les cours ménagers. « Il est vite apparu d’autres
préoccupations et l’envie de passer à autre chose, écrit-elle. Nous
avons le besoin de changer le décor de nos maisons, de les rendre plus
gaies ainsi que le décor des fermes. Les enfants grandissaient, ce qui a
fait aborder l’éducation, l’orientation scolaire, la sexualité, sujet
tabou traité par un docteur. Pour ces réunions, nous demandions toujours
quelqu’un de qualifié.
32La
femme pose ses exigences. On pense à la boutade d’Edgar Morin à la
suite de l’étude pluridisciplinaire sur Plozévet (Finistère) en 1967,
qui en fait « l’agent secret de la modernité ». Les conflits avec le
mari pour la répartition du revenu entre l’exploitation et la maison
poussent celui-ci à continuer dans la voie de la modernisation. La
réflexion d’Henri Mendras sur « la capacité surprenante d’imagination de
ces rustres mal instruits » s’applique parfaitement aux dames.
L’installation en février 1962 du congélateur collectif (qui a existé
avant l’individuel), certainement le premier installé en France sur une
idée rapportée des Etats-Unis par Pierre Chazal, marque une sorte de
point d’orgue des préoccupations matérielles. Pour remplir les casiers,
elles ont associé le CETA à la création d’une SICA pour les achats en
gros.
33Dès
1961, trois ans seulement après ses débuts, le CETMA entreprend de
s’émanciper des carcans de la société paysanne. Ses membres entendent
prendre des loisirs et profiter de la vie comme à la ville. Elles
décident de partir, alors que le voyage de noces était autrefois le seul
grand voyage de la vie, et d’y aller seules : le mari se débrouillera
avec le travail et les enfants. Cela n’a pas manqué d’alimenter les
papotages et les réprobations indignées au village et elles s’étonnent
elles-mêmes de leur audace : « c’était une révolution, du jamais vu à la
campagne ». Certaines visites conservent un aspect professionnel dans
un voyage d’agrément, car pour réduire les frais on a répondu à
l’invitation de groupes qui étaient venus dans les fermes s’informer sur
la culture de l’herbe. Le second voyage, en Suisse, en février 1962,
marque un tournant. Elles sont reçues comme des princesses par d’autres
femmes et la petite fête que celles-ci ont organisée, « ce dont nous
aurions été bien incapables » , leur fait prendre conscience du décalage
en ce qui concerne les loisirs et la vie culturelle.
34« Il
y a eu d’autres choses moins spectaculaires. Après est venu le temps de
penser aux vacances. L’évolution était en marche, conclut Mathilde
Bernard, et petit à petit les CETA et les CETMA ont disparu (ici en
1965). Nous gardons toutes un très bon souvenir de nos réunions et de
nos sorties. Maintenant l’agriculture est industrialisée et le temps des
CETA paraît bien loin ». Les groupements ont fait connaître les
anticipations vécues comme autant de sagas qui se révèlent
reproductibles. Celles-ci s’insèrent dans le mouvement général de
modernisation des années 1960 marqué par l’urbanisation des
comportements, le rapprochement des taux de natalité et la crise des
vocations religieuses. Les régions de la révolution fourragère qui
apparaissaient au départ comme en retard à cause de la pression
démographique et des traditions religieuses se retrouvent en position
d’avant-garde. L’adaptation continue est venue à bout de la fracture qui
subsiste dans les milieux traditionnels.
Photo 1 : Le remplissage du silo à la fourche. Entraide d’un groupe d’agriculteurs à Mornant (vers 1953)
Photo 2 : Pierre Chazal (en chapeau), le
président du CETA (à sa droite), examinant un ray-grass d’Italie devant
des techniciens (Saint-Clair-du-Rhône, Ardèche, vers 1958)
Photo 3 : Mathilde et Paul Bertrand devant le congélateur collectif de Communay, l’un des premiers en France, 1962
Conclusion
35Ce
rappel circonstancié des débuts de la révolution fourragère a été
entrepris parce que leur connaissance n’était plus assurée. Il importait
de rappeler l’apport du livre-fondateur de 1954 et de faire connaître
les éléments de l’expérience lyonnaise transmis par les derniers
témoins. Au début des années 1960, les milieux officiels et les médias
admettent volontiers que la plus grande transformation sociale de
l’après-guerre est la promotion des paysans, sans préciser d’ailleurs
que cela s’applique au mieux à une moitié d’entre eux. Aujourd’hui
l’épisode est ignoré de la génération des agriculteurs de quarante ans.
Les survivants n’en parlent pas spontanément, car ils craignent de
lasser et leur but n’était pas de s’ériger en modèles. Dans les
publications universitaires, la révolution fourragère et ses
conséquences sont à peine distinguées4.
C’est faire œuvre de géographe que de rétablir le chaînon manquant qui a
abouti à la constitution de la France rurale progressive, rarement
considérée comme l’une des grandes composantes territoriales du pays.
36La
réalisation de la révolution fourragère est une contribution à la
connaissance des mécanismes du développement. Elle témoigne du rôle des
comportements et de leurs fondements culturels à côté des faits
économiques. La réussite repose dans la collaboration établie entre
intellectuels et travailleurs de la terre. Il en a été ainsi dans les
premières modernisations paysannes endogènes menées en Europe
occidentale un siècle plus tôt, autour des hautes écoles du peuple en
Scandinavie et du Crédit mutuel Raiffeisen dans le bassin rhénan, dans
des milieux pénétrés par le christianisme social (Houssel, 2002). La
sortie de la société paysanne est peu sensible au discours scientifique.
La promotion collective fondée sur l’imagination créatrice et
l’association conserverait aujourd’hui son efficacité même si les temps
ont changé.
Bibliographie
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Notes
1 Pierre
Chazal, né en 1912, fils de bijoutiers lyonnais, passe son enfance
jusqu’à huit ans dans une ferme de la Bièvre en Isère, où il parle
patois et prend le goût de la nature et de la vie libre. Après l’École
départementale d’agriculture de Cibeins, il entre à l’Agro. Il en sort
pour le service militaire qui se prolonge jusqu’à la démobilisation de
1940. Peu attiré par une carrière administrative, il prend la direction
d’un Centre professionnel en Savoie avant d’être embauché par la FDPL.
2 L’Entreprise agricole, d’octobre 1962, fait moins recette, ce qui indique que le changement est accompli.
3 Dans
les pays de chrétienté, la pratique catholique est unanimiste avec 85 %
de messalisants (qui assistent à la messe le dimanche)-hommes, alors
que le chanoine Fernand Boulard (1956) fait commencer les zones de
pratique majoritaire à 40 %. Le message du prêtre est écouté. La JAC y
prend les allures de mouvement de masse (Vial, 1967). On trouvera la
carte dite du chanoine Boulard dans Houssel, 2000.
4 Le
sujet n’est qu’effleuré en quelques lignes et le terme parfois n’est
pas employé, aussi bien dans les thèses régionales qui font autorité, de
Garrier (1973) en histoire et de Sceau en géographie (1995, p. 319),
que dans l’Histoire de la France Rurale (Gervais et al., 1977), aussi bien que dans l’Histoire des Paysans Français
(1976, Houssel). Il faut attendre à ma connaissance février 1995 pour
que l’Académie d’Agriculture lui consacre une séance (Salette, 2006).
Encore fait-elle la part belle aux initiatives venues de
l’administration et des organismes de recherche officiels et
insiste-t-elle sur les critiques rétrospectives qu’on peut lui apporter
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Photo 1 : Le remplissage du silo à la fourche. Entraide d’un groupe d’agriculteurs à Mornant (vers 1953) |
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Fichier | image/png, 571k |
URL | http://geocarrefour.revues.org/docannexe/image/1684/img-3.png |
Fichier | image/png, 272k |
Titre | Photo 3 : Mathilde et Paul Bertrand devant le congélateur collectif de Communay, l’un des premiers en France, 1962 |
URL | http://geocarrefour.revues.org/docannexe/image/1684/img-4.png |
Fichier | image/png, 347k |
Titre | Photo 4 : Le premier voyage du CETMA de Communay en Dordogne, 1962 |
URL | http://geocarrefour.revues.org/docannexe/image/1684/img-5.png |
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Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Pierre Houssel, « Des débuts de la révolution fourragère dans le lyonnais à la modernisation en petite culture », Géocarrefour, vol. 81/4 | 2006, 319-326.Référence électronique
Jean-Pierre Houssel, « Des débuts de la révolution fourragère dans le lyonnais à la modernisation en petite culture », Géocarrefour [En ligne], vol. 81/4 | 2006, mis en ligne le 01 février 2008, consulté le 16 février 2016. URL : http://geocarrefour.revues.org/1684 ; DOI : 10.4000/geocarrefour.1684Haut de page
Auteur
Jean-Pierre Houssel
professeur émérite, université Lumière Lyon 2
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