La betterave fourragère est peu connue en Algérie. pourtant ce la peut être un fourrager intéressant pour de petites surfaces. Ses avantages:
-une forte production à l'hectare,
-possibilité de pâturage (donc pas besoin de matériel de récolte),
-possibilité d'avancer les dates de semis pour échapper à la sécheresse.
Nous vous proposons un article de Sophie Bourgeois. Il serait intéressant de se procurer des semences et de faire un essai. Des firmes de semences françaises peuvent vous envoyer gratuitement un échantillon de semences.
Photo: Vaches laitière pâturant des betteraves fourragères. Remarquez le fil électrique devant les animaux.
ET SI VOUS CULTIVIEZ DES BETTERAVES FOURRAGERES?
01 mai
2015 Par Sophie Bourgeois
La
betterave fourragère produit beaucoup d'unités fourragères (UF)
par hectare, récupère très bien après un épisode de sécheresse,
et elle est entièrement mécanisable. Autant de bonnes raisons pour
ne plus bouder cette culture.
La
performance énergétique des betteraves fourragères est
convaincante. Le rendement s'établit entre 90 et 120 tonnes de
racines par hectare, soit entre 15 et 20 tMS/ha. Dans le cadre des
essais variétés de l'Association pour le développement de la
betterave fourragère monogerme (ADBFM), la moyenne s'est établie en
2014 à 18 000 UFL produits par hectare, et peut monter jusqu'à 22
000 UFL produits par hectare. « D'après les tables Inra, la
betterave fourragère apporte 1,15 UFL/kgMS, mais cette valeur doit
être plutôt retenue comme un minimum. Au vu de résultats
d'analyses, on est souvent largement au-dessus de cette valeur »,
précise Julien Greffier de l'ADBFM. « D'autre part, la betterave
fourragère a un très grand pouvoir de
récupération après une période sèche, elle valorise très
bien l'arrière saison. »
Sur le
plan technique, les points réputés faibles de cette culture
méritent d'être reconsidérés, selon l'ADBFM. « Le désherbage
n'est pas plus compliqué que pour d'autres cultures, si on respecte
scrupuleusement le délai de sept à dix jours entre les deux à
trois traitements à réaliser, ainsi que la dose à appliquer »,
estime Julien Greffier. En agriculture biologique, de nombreuses
techniques sont possible (binage, brûlage, parfois broyage au-dessus
du collet...). Depuis trois à quatre ans, plusieurs nouvelles
variétés sont disponibles. On disposait déjà de variétés
résistantes à la rhizomanie. Désormais sont aussi proposées des
variétés résistantes au rhizoctone brun. Selon les années, un
fongicide est à appliquer début août. Le traitement contre les
maladies du feuillage durant l'été n'est en effet pas systématique,
mais il faut savoir y recourir dans certains cas. « Si les feuilles
ne peuvent plus réaliser correctement l'activité photosynthétique,
la racine ne se développe pas correctement. En 2014 notamment, étant
donné les conditions humides, il fallait intervenir. » L'idéal
pour prévenir les maladies du feuillage est de ne pas resemer des
betteraves dans une même parcelle avant quatre à cinq ans.
De
nombreuses solutions de mécanisation, du semis à la distribution
La
mécanisation de cette culture a bien évolué depuis quelques
années. Aujourd'hui, il y a dans les différentes régions d'élevage
un certain nombre d'entreprises et de Cuma équipées pour la récolte
des betteraves. Sur le site internet de l'ADBFM, figure une carte
collaborative qui recense les entreprises ou Cuma proposant des
services de prestations de semis, de récolte et de distribution des
betteraves fourragères. Des éleveurs achètent aussi parfois en
groupe des automotrices d'occasion ayant servi dans les régions
sucrières, un matériel qui réalise en un passage toutes les
opérations de récolte.
Pour le
semis, il est possible d'utiliser un semoir à maïs dont on
rapproche les éléments à 45 cm. « Nous déconseillons de semer
des betteraves fourragères à 75 cm d'écartement. Ceci favorise le
salissement de la parcelle et les betteraves sont trop grosses, ce
qui complique la récolte et la distribution. » Le semis se fait à
110 000 à 120 000 graines par hectare, ce qui permet d'obtenir une
population d'environ 90 000 plants par hectare.
Semer
tôt et récolter en conditions ressuyées
Le semis
doit se faire sans perdre de temps quand les risques de gel sont
écartés, dès que le sol est correctement réchauffé et ressuyé.
« Certains attendent le mois de mai pour bénéficier d'un démarrage
plus rapide, mais on observe que le retard pris au départ n'est pas
rattrapé. Meilleur sera le développement avant l'été, plus la
faculté des betteraves de repartir à l'automne sera exploitée. »
Mi-avril constitue ainsi en général un bon compromis, sachant que
le semis est possible dès le 25 mars en France.
Après
six mois minimum de culture, la betterave fourragère atteint sa
maturité physiologique. Quand les premières feuilles commencent à
se dessécher, la betterave ne se développera plus. « Pour
déterminer la date de la récolte, il faut rechercher les meilleures
conditions de ressuyage du sol, pour que les betteraves se conservent
au mieux avec le moins de terre possible dans le silo. Et pour ceci,
savoir parfois patienter quinze jours », précise Julien Greffier.
Stockage
en tas ou dans un silo sandwich
Le
stockage sur un sol bétonné favorise la conservation des
betteraves. La couverture du tas avec une bâche est conseillée en
cas de période de gel - une bâche qu'il faut bien retirer quand les
conditions s'améliorent. La conservation peut aussi se faire dans un
silo sandwich de maïs ensilage contenant 25 % de betteraves entières
ou coupées. Une fermentation anaérobie des betteraves allonge dans
ce cas leur conservation à une durée d'un an à un an et demi. Ceci
est une pratique courante au Danemark et en Allemagne, mais pas
développée en France pour le moment.
D'autre
part, certains éleveurs font pâturer au fil les betteraves. «
Elles ne doivent alors pas être trop enfoncées. Les
vaches les arrachent très bien, avant de consommer les feuilles et
les racines. Cela permet de disposer dès août d'un fourrage
frais très appétent, même si le rendement est alors moindre. »
Les betteraves peuvent aussi être pâturées en automne si la
portance du sol le permet. Cette technique est très largement mise
en oeuvre en Nouvelle-Zélande.
Pour en
savoir plus : www.betterave-fourragere.org
Photos :
Les
betteraves sont très appétentes et apportent au moins 1,15 UFL/kg
de matière sèche.
Les
betteraves sont très appétentes et apportent au moins 1,15 UFL/kg
de matière sèche. - © S. Bourgeois
Le
stockage sur un sol bétonné favorise la conservation des
betteraves. La couverture du tas avec une bâche est conseillée en
cas de période de gel. - © S. Bourgeois
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