samedi 13 février 2016

ELEVAGE OVIN, SECHERESSE EN STEPPE, QUELLES MESURES PRENDRE ?

ELEVAGE OVIN, SECHERESSE EN STEPPE, QUELLES MESURES PRENDRE ?
Djamel BELAID 13.02.2016 

De nombreuses wilaya de l'Ouest du pays sont marquées par une baisse dramatique des précipitations. L'offre fourragère déjà insuffisante ne répond plus aux besoins du cheptel. Les conséquences sont dramatiques pour les éleveurs. Quelles mesures prendre ?

On peut penser que le HCDS aura ouvert aux éleveurs les parcours mis en defens. A ce propos, il serait intéressant que les éleveurs qui profitent des plantations du HCDS participent à l'avenir aux plantations d'arbustes fourragers en milieu steppique. Il serait possible d'imaginer de mécaniser les plantations. Pour les éleveurs, l'une des mesures à prendre est bien sûr de se séparer des animaux les moins productifs. Cependant, la baisse des cours en période de sécheresse limite ce genre de pratique.

ASSURER LE BIEN ETRE DES ANIMAUX
Afin d'optimiser l'utilisation des ressources fourragères, il s'agit d'assurer la protection des animaux contre les parasites internes. A cet effet, les programmes de traitements habituellement effectués doivent être renforcés. A ce propos, afin d'éviter les cas de ré-infestation une plus grande vigilance est à observer quant au respect des conditions d'hygiène. Trop souvent celles-ci sont désastreuses et provoquent l'infestation des animaux sains et des agneaux.

Afin de protéger des animaux affaiblis par le manque de nourriture, la lutte contre le froid est primordiale. Si les moutons résistent naturellement au froid et au vent, cela est moins le cas lorsque leur laine est mouillée. Cela est d'autant plus vrai que les animaux sont jeunes. Aussi, il s'agit de protéger plus particulièrement les agneaux. Le devoir du berger est de mettre dans un endroit abrité les nouveaux nés sans les séparer de leur mère. Pour les agneaux les plus faibles, une alimentation avec du lait reconstitué est indispensable.

Afficher l'image d'origineConcernant l'alimentation du troupeau, nous proposons une gamme de solutions. A l'éleveur de choisir celles qui conviennent selon ses conditions propres.




L'UREE, UNE SOURCE D'AZOTE MECONNUE DES ELEVEURS
S'il y a un aliment qui est assez largement disponible, c'est la paille. Or, il s'agit d'un aliment pauvre. Afin que les animaux en tire profit au maximum, différents traitements sont possibles : broyer la paille, la traiter à la soude ou à l'urée. Le traitement à l'urée permet d'enrichir la paille en ammoniac. Le principe consiste à dissoudre 5 kg d'engrais azoté (urée 46%) dans 50 litres d'eau et à asperger 100 kg de paille. Le tout est ensuite disposé sous une bâche plastique hermétique. Au contact de la paille mouillée, l'urée se transforme en ammoniac qui se fixe à la paille. Le mélange est laissé 21 jours sous la bâche avant d'être donné aux animaux.
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Il nous semble que la même technique d'enrichissement du son à l'ammoniac à travers une solution d'urée est théoriquement possible. Mais, à notre connaissance il n'existe pas de références sur ce sujet.

Une autre solution d'utilisation de l'urée consiste à la mélanger, sans la mouiller, à de l'orge concassée. Cela, à raison de 20 grammes d'urée pour 500 grammes d'orge. Il est indispensable d'associer à chaque fois urée et source d'énergie. Pour avoir personnellement utilisé cette méthode, nous pouvons dire que les effets sont très positifs. Le principe fonctionne également pour les bovins. On veillera cependant à ne pas utiliser d'urée chez de jeunes animaux.

Concernant l'addition de son et d'urée, il n'existe pas de référence également. Le son est relativement pauvre en énergie. On ne pourra donc le donner avec les mêmes proportions d'urée (20 grammes d'urée pour 500 grammes d'orge). Cependant, des doses de l'ordre de 5 grammes d'urée pour 500 grammes de son seraient à tester. Il est à remarquer que selon le degré de mouture, le son peut être plus ou moins associé à plus d'enveloppes interne du grain et donc plus riche en énergie.
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A chaque fois qu'on utilise de l'urée, il s'agit d'habituer progressivement les animaux (ovins et bovins). En cas d'accident, il s'agit de rétablir l'équilibre de la panse de l'animal en lui faisant boire de l'eau mélangée à du vinaigre.

ASSURER LES BESOINS D'ENTRETIEN DES ANIMAUX
Pour pallier au manque de ressources fourragères, il est possible de donner aux animaux des blocs multi-nutritionnels (BMN) ou Feed Block. Il s'agit de cubes alimentaires d'une vingtaine de centimètres de côté qu'on dispose dans les mangeoires en libre service. Il ne s'agit pas de les confondre avec des pierres à lécher. Les BMN permettent d'assurer les besoins d'entretien des animaux. Ils sont composés de matière sèche apportant un minimum d'énergie, d'une source d'azote et de sels minéraux.

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Ces blocs ne sont pas commercialisés actuellement en Algérie. Le Ministre de l'Agriculture a récemment évoqué la production par l'ONAB de « cubes de son » sans donner plus de précisions sur le sujet. Les BMN peuvent être fabriqués par des éleveurs dynamiques, des fabricants d'aliments du bétail, des investisseurs innovants ou des propriétaires de moulins à céréales.

BMN, MODE D'EMPLOI
La fabrication des BMN ne nécessite pas de technologie sophistiquée. De nombreuses vidéos sont accessibles sur youtube, elle détaillent admirablement la façon de procéder. De même que sur internet, différents travaux sont disponibles en cherchant sur google les mots clé « Feed block ». Nous recommandons à ce propos le site « l'IFAD Feed Block ».

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Photo: réalisation de BMN au laboratoire de l'ENSA (ex-INA) d'el-Harrach.

Comment procéder ? Un BMN s'élabore à partir de différentes matières nutritives. On utilise en général les matières les moins chers disponibles localement. Il s'agit souvent de sous produitys des industries de transformation. C'est l'association de ces différentes matières qui permet de créer un aliment de haute valeur nutritive et relativement complet.
La source d'énergie peut consister en du son (issue de meunerie), de la paille broyée ou des palmes et pédicelles de palmier dattier broyées. Afin d'enrichir le BMN en énergie, on peut adjoindre des rebus de dattes, des grignons d'olives, de la mélasse (résidus des usines de raffinage de sucre de canne à sucre) ou un faible pourcentage d'orge. Certaines formules utilisent également des raquettes d'opuntia (figuier de Barbarie).
La source d'azote provient de l'urée alimentaire. On peut utiliser de l'urée 46%, engrais azoté très répandu localement. Il est important d'associer à l'urée une source d'énergie sinon on risque une grave intoxication alimentaire chez l'animal.
Il est ajouté à ce mélange du sel de cuisine et des éléments minéraux. Un document de la FAO suggère d'apporter un peu de superphosphate au mélange. Les éléments minéraux ne sont pas obligatoires dans un BMN. Pour l'apport en sels minéraux, on pourra avoir recours à des pierres à lécher.
Les différents éléments constituants le BMN sont mélangés à la pelle ou dans une bétonnière. Il y est ajouté de l'eau et 10 à 15% de ciment ou de chaux éteinte afin de lier le tout. Le mélange est ensuite disposé dans des seaux en plastique, des moules en bois ou en acier. L'opération peut même être réalisée par une machine à parpaing utilisant des moules adaptés. Les blocs sont ensuite démoulés et mis à sécher quelques jours avant utilisation ou commercialisation.

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On veillera à donner progressivement les BMN aux animaux afin qu'ils s'habituent à ce changement de régime alimentaire. Il ne faut jamais oublier qu'avant de nourrir un ruminant, l'éleveur nourrit les micro-organismes de la panse de l'animal.

LE RECOURS AUX FOURRAGES  VERTS DE SOUDURE
Selon les cas, l'objectif de l'éleveur est de nourrir son troupeau jusqu'au printemps ou à la période d'été où les chaumes de céréales sont alors disponibles. Dans la mesure où l'éleveur dispose de parcelles à emblaver, il lui ait possible de semer des fourrages de printemps à croissance rapide. Nous ne parlerons pas de la luzerne et le sorgho qui commencent à bien être connus en Algérie. Nous souhaiterions plutôt insister sur les fourrages verts pouvant servir de soudure.

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Parmi ceux-ci se trouvent le colza et le chou fourrager. Leur rapide croissance permet d'apporter une source d'azote appréciable. Par ailleurs, ces fourrages peuvent être pâturés par les animaux ou récoltés en vert. L'opuntia reste une autre solution. Son usage est très répandu en Tunisie. Les éleveurs utilisent des variéts d'opuntia sans épine ou bien passent à la flamme les raquettes afin d'éliminer ces épines. Les raquettes sont alors découpées en fines lanières et données aux animaux.

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