SETIF EN POINTE DANS LA
PRODUCTION DE FOURRAGES
Djamel BELAID 27.02.2016
La station ITGC de Sétif est en
train de révolutionner la production de fourrages en zone sèche. Il
s'agit de la production de foin de triticales pois au lieu de
l'habituel foin de vesce-avoine. Mais l'innovation ne se limite pas à
cette seule nouvelle association, les agronomes de cette station sème
sans même labourer. Et des agriculteurs en redemandent. Sétif
pourrait être le creuset d'une révolution technique qui revisite le
dry-farming.
UN MELANGE FOURRAGER PLUS RICHE
Le problème du mélange
vesce-avoine vient de sa faible valeur nutritive. Ce fourrage est
souvent récolté tardivement. En effet, souvent les agriculteurs
retardent la récolte dans le but d'obtenir une plus grande masse
végétale. Cependant, cette augmentation s'accompagne par une baisse
de la valeur nutritive. Par ailleurs, la vesce a alors tendance à
perdre ses feuilles. Or, ce sont les feuilles qui sont les plus
riches en protéines. Le remplacement de la vesce par du pois
fourrager permet de réduire ces pertes dans la mesure ou ce fourrage
est plus vigoureux. Par ailleurs, il est plus productif. De même
pour le triticale, sa production est supérieure à celle de
l'avoine.
L'an passé, la station de Sétif
a implanté ce type de mélange fourrager chez des agriculteurs de la
région de M'sila. Les photos des parcelles prises au printemps
montrent de belles parcelles à la végétation drue qui ont fait la
joie des agriculteurs ayant accepté de participé aux essais.
Désherbage chimique et Association fourragère ... - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=DEvaGxsiZIc
17 déc. 2015 - Ajouté par Itgc Sétif
UN FOURRAGE IMPLANTE PAR SEMIS
DIRECT
Le succès des parcelles de
pois-triticale n'est pas seulement due à une pluviométrie
favorable. Il provient de l'utilisation de matériel australien
adapté aux zones sèches au climat semi-aride. Il s'agit en effet de
semoirs à dents de marque John Shearer. Ces engins ont la
particularité de permettre un semis-direct. En effet, grâce à de
puissantes dents reliées à des ressorts, ce type de semoir de semer
sur un sol nu non-labouré. Ce qui peut paraître comme une hérésie
pour les fellahs traditionnels est au contraire une innovation
agronomique majeure.
En effet, le labour présente
plusieurs inconvénients : c'est une opération longue et
coûteuse en carburant. Par ailleurs, il dessèche le sol. Or, en
région semi-aride c'est là un grave inconvénient.
Le type de semoir australien
choisit présente une originalité : ses organes semeurs à
dents espacés de 17 cm. Ceux-ci sont issus de plusieurs années de
recherche-développement en partenariat avec les agriculteurs
australiens. Outre les semences, les dents permettent d'épandre de
l'engrais à proximité de la ligne de semis. Conséquences, il est
mieux utilisé. Mais l'intérêt de ce type de dents est de permettre
la formation d'un léger sillon juste au dessus de la ligne de semis.
Le champs alors semé présente l'aspect d'une tôle ondulée. Dès
la moindre pluie, l'eau s'accumule dans les sillons qui sont en fait
de véritables collecteurs d'eau de pluie. Cette récupération d'eau
de pluie à l'automne n'est pas négligeable en zone semi-aride, en
témoigne la sécheresse automnale qui touché les wilaya de l'Ouest
du pays cette année.
Issus d'un pays sec mais
producteur de blé et de fourrages, les australiens sont donc passés
maître de s'accommoder d'un climat ingrat. C'est là une leçon pour
nous Algériens.
PRODUIRE DES SEMOIRS J. SHEARER
MADE IN DZ
Les Australiens veulent-ils nous
vendre leurs semoirs pour zone sèche ? On ne peut exclure cette
volonté de la firme John Shearer. Mais pour les experts australiens
engagés dans des projets internationaux à travers des centres tels
l'ICARDA, l'objectif est avant tout que ces principes de semis direct
pour fourrages et blé soient mis en application par un matériel
local. Les missions australiennes présentent depuis 2006 en Syrie
Irak et Jordanie en témoignent. En Syrie, ces experts ont montré à
huit ateliers syriens de matériel agricole comment fabriquer ce type
de semoirs.
Photo: Les semoirs pour semis direct syriens fabriqués d'après le modèle John Shearer.
Idem en Jordanie où un grand industriel en fabrique à grande échelle. Résultats, pour moins de 3 000 $, les agriculteurs disposent d'outils révolutionnant le dry-farming alors que des semoirs européens ou brésiliens coûtent plus de 8 000 $. En Irak, en attendant une fabrication locale, l'action a été mis sur la transformation de semoirs conventionnels en semoirs pour semis direct. Des kits fabriqués au Moyen Orient sont aujourd'hui disponibles à partir de 1500$.
Photo: semoir conventionnel transformé en semoir pour Semis direct. Remarquez: la trémie haute pour faciliter par gravité la descente des graines et des engrais, les roues plombeuses (qui rappuyent la terre sur les semences), les sillons derrière le semoir (ils collectent l'eau de pluie vers la graine).
Photo: Les semoirs pour semis direct syriens fabriqués d'après le modèle John Shearer.
Idem en Jordanie où un grand industriel en fabrique à grande échelle. Résultats, pour moins de 3 000 $, les agriculteurs disposent d'outils révolutionnant le dry-farming alors que des semoirs européens ou brésiliens coûtent plus de 8 000 $. En Irak, en attendant une fabrication locale, l'action a été mis sur la transformation de semoirs conventionnels en semoirs pour semis direct. Des kits fabriqués au Moyen Orient sont aujourd'hui disponibles à partir de 1500$.
Photo: semoir conventionnel transformé en semoir pour Semis direct. Remarquez: la trémie haute pour faciliter par gravité la descente des graines et des engrais, les roues plombeuses (qui rappuyent la terre sur les semences), les sillons derrière le semoir (ils collectent l'eau de pluie vers la graine).
Et en Algérie ? En
Algérie, la station ITGC de Sétif possède un exemplaire de semoir
syrien de marque Ashbel et deux semoirs de marque J. Shearer. Un à
dents et un autre à disques. Selon les experts australiens, les
modèles à dents sont plus faciles à construire et ne présentent
pas les inconvénients de l'usure des roulements propres aux semoirs
à disques.
L'urgence serait de réussir le
transfert de technologie qui a si bien fonctionné en Syrie et en
Jordanie. Dans ces deux pays deux approches différentes ont eu
lieu : respectivement fabrication artisanale et fabrication
industrielle. Ces deux voies peuvent permettre aux différents types
d'investisseurs privés et publics de s'engager dans la fabrication
de semoirs pour semis direct.
Des artisans privés ont pour
eux la souplesse, les industriels publics ou privés ont pour eux la
capacité à réunir des moyens conséquents. Il s'agit donc de les
mettre en relation avec les agronomes algériens de la station et les
experts australiens de l'ICARDA en poste au Maroc. En effet, depuis
les évènements en Syrie, le centre de l'ICARDA, auparavant basé à
Alep, a été transféré à Settat (Maroc).
UNE OPPORTUNITE A SAISIR
La technologie des semoirs
australiens dépasse le seul cadre des fourrages. Cette technologie
est en effet applicable au semis des céréales et des oléagineux
dont la production est déficitaire.
Mais revenons aux fourrages. La
façon de procéder des ingénieurs de Sétif est révolutionnaire.
Non pas seulement pour l'aspect récupération de l'eau de pluie déjà
citée, mais pour l'application de la technique du semis-direct à
des fourrages. Cette technique a d'abord été appliquée au semis
des céréales (blé et orge). Cependant, dans ce cas là, il est
souvent nécessaire de réaliser un désherbage avant semis. En
effet, le labour possède au moins une vertu, celle d'éliminer les
mauvaises herbes avant semis. Or, qui dit semis-direct, dit absence
de destruction des mauvaises herbes parfois présentent avant le
semis. Comme de nombreux agriculteurs ne possèdent pas de
pulvérisateur pour procéder à un désherbage chimique,
l'utilisation du semis direct s'avère judicieux. En effet, en
culture fourragère, ce désherbage peut ne pas être nécessaire. En
effet, un automne sec n'est pas propice au développement des
mauvaises herbes. Par ailleurs, une densité adéquate du mélange
pois-triticale peut suffire à maîtriser les mauvaises herbes qui
peuvent germer en même temps que les semences de pois-triticale.
Ainsi, en proposant le
semis-direct pour implanter des fourrages, les agronomes sétifiens
ont eu la bonne idée de proposer un itinéraire technique simplifié,
peu coûteux puisque sans labour et donc particulièrement adapté
aux agriculteurs peu outillés. Ce sont là des conditions idéales
pour faire accepter une technique nouvelle.
L'enjeu est capital. Les besoins
en fourrages sont immenses avec le développement du cheptel ovin et
le développement de l'élevage laitier. Si les fourrages verts tels
le maïs, le sorgho ou la luzerne doivent être produits avec une
irrigation d'appoint, ce n'est pas le cas des fourrages récoltables
sous forme de bottes de foin ou d'ensilage ou pâturables. Or, les
superficies potentielles sont importantes. C'est le cas des surfaces
en jachère pâturée. Par manque de moyens, et pour satisfaire les
besoins alimentaires des moutons de nombreux agriculteurs laissent
souvent 50% de la surface de leur exploitation non cultivées. Toute
l'année, les moutons viennent brouter ces surfaces. Mais le
rendement fourrager est très faible car issu d'une végétation
spontanée. Avec la technique du semis direct, il serait donc
possible d'ensemencer à bas prix ces surfaces actuellement
inexploitées.
MANQUE DE COORDINATION
Alors que les agronomes
sétifiens adaptent un matériel performant mais exigeant aux
conditions des agriculteurs, on pourrait penser qu'ils sont entourés
d'ingénieurs en machinisme et de représentants de l'industrie
nationale du matériel agricole tels ceux du groupe PMAT. Or, il n'en
est rien. Les chercheurs sétifiens travaillent isolés dans leur
coin avec le peu de moyens dont ils disposent. Alors que la technique
du semis direct est adoptée par plus de 80% des agriculteurs d'un
pays sec comme l'Australie, en Algérie il n'y a pas de stratégie
pour encourager l'usage des semoirs pour semis direct ni envisager
une quelconque fabrication locale de modèles simplifiés.
Il est à espérer que les
agriculteurs de Sétif et de Msila qui ont vu travailler les semoirs
australiens se mettent à transformer leurs semoirs conventionnels
comme l'on fait des agriculteurs irakiens. A moins que ce soit un
agronome ou un artisan qui en ait l'idée.
Lien sur les étapes de la fabrication: http://aciar.gov.au/files/node/13993/farmer_innovation_seeder_fabrication_and_uptake__23210.pdf
Photo: Semoir pour semis direct de marque Rama (Jordanie) fabriqué selon les conseils de Jack Desbiolles. Ci-dessous vidéo.
The new Rama II- Zero Tillage Seeder (No Till) in action! The seeder has been developed in-cooperation with ICARDA (International Center for...
Lien sur les étapes de la fabrication: http://aciar.gov.au/files/node/13993/farmer_innovation_seeder_fabrication_and_uptake__23210.pdf
Photo: Semoir pour semis direct de marque Rama (Jordanie) fabriqué selon les conseils de Jack Desbiolles. Ci-dessous vidéo.
The newly designed Zero Till Seeder... - Rama Agricultural ...
https://www.facebook.com/.../698823056868116/
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