mercredi 17 février 2016

TUNISIE: SURPRODUCTION DE LAIT.

  TUNISIE SURPRODUCTION DE LAIT

Djamel BELAID 17.02.2016 djamel.belaid@ac-amiens.fr

Ecoutant ce matin la radio France-Info, j'ai appris que la Tunisie voisine était excédentaire en lait. Un moment, je n'ai pu en croire mes oreilles. Non seulement parce que produire du lait en climat semi-aride n'est pas aisé mais aussi parce que à part les olives, l'agriculture tunisienne n'est pas connue pour ses succès – du moins pour ce que nous en savons.
La première réaction est de féliciter les paysans tunisiens, les ingénieurs et techniciens et les industriels de la transformation. La deuxième réaction est une folle envie d'aller voir comment font les Tunisiens pour produire tant de lait.

UNE SURPRODUCTION SAISONNIERE
Actuellement face aux risques de surproduction du lait est jeté. Dans les exploitations, certains jours, le camion de ramassage de lait ne passe pas. Et quand il passe le litre de lait est acheté seulement 33 centimes alors que son prix de revient est de 36 centimes.

L'explication vient du caractère saisonnier de la production du lait. Il y en a plus au printemps du fait de l'abondance des fourrages verts. Aussi le gouvernement tunisien organise chaque année le stockage du lait excédentaire. Cependant, les laiteries tunisiennes refusent actuellement le lait du fait que les stocks de lait de l'an passé n'ont pas été écoulés et que se profile à nouveau le lait printanier d'une nouvelle saison. « Cet hiver en Tunisie, les stocks de lait sont au plus haut : 54 millions de litres contre seulement 15 millions l’an dernier à la même période. »

Face à la situation, du lait est servi gratuitement aux enfants dans les écoles et aux familles nécessiteuses. « Les autorités tunisiennes en ont déjà distribué dix millions de litres cet hiver, dans des établissements scolaires mais aussi à des familles modestes. Elles promettent d’en acheter presque autant dans les prochaines semaines. » Par ailleurs, une partie est exportée vers la Libye, mais cela ne suffit pas.
On peut se demander pourquoi les surplus ne sont pas transformés en lait en poudre ou en fromage. Certainement que les laiteries et les coopératives n'ont pas investi dans l'outil de transformation.

PAS DE SURPRODUCTION DZ
En Algérie, nous sommes encore loin de parler de surproduction. On peut se demander s'il ne serait pas intéressant d'importer le lait tunisien.
Mais au delà cela montre les possibilités de la filière lait tunisienne. Eleveurs, cadres, recherche agronomique, collecteurs et transformateurs ont réussi là un exploit qui nous fait rêver, nous Algériens. Vite, que Ministres, responsables du MADR, Staff de Giplait, laiteries, éleveurs aillent en Tunisie  pour des « learning trips », des voyages d'immersion pour voir comment faire.
Car c'est là un bel exploit. Ce niveau de production est conteste dû à l'augmentation de la production de fourrages. Comment ont fait nos voisins pour en produire plus, le récolter et le conserver. Le conserve-t-il sous forme de foin, d'ensilage ou tout simplement en faisant pâturer les vaches ? Qui le leur a appris ? Quel type de fourrage produisent-ils ? C'est autant de questions qu'on est en droit de se poser.
Récemment le ministre algérien de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique parlait de resserer les relations avec la Tunisie voisine. Une telle volonté devrait être élargie au MADR.
Nous savions que nos voisins Marocains produisaient 50% de leurs besoins en sucre en plantant de la canne à sucre et de la betterave ; il est réconfortant de savoir que les Tunisiens possèdent cette expertise en production laitière.
Oui, au Maghreb agricole, au Maghreb des paysans, au Maghreb des cadres et techniciens. Et au plus vite. Concernant les hommes politiques, ce sera plus tard...

La Tunisie confrontée elle aussi à la crise agricole

Alexis Morel, Justine Fontaine mercredi 17 février 2017 France-Info

Les producteurs laitiers souffrent, comme en France, de la surproduction qui tire les prix vers le bas. Pour les soutenir, le gouvernement distribue des milliers de litres de lait... aux écoliers!

Cet hiver en Tunisie, les stocks de lait sont au plus haut : 54 millions de litres contre seulement 15 millions l’an dernier à la même période. Les usines qui l’entreposent voient arriver le printemps avec inquiétude, elles craignent de ne pas pouvoir emmagasiner davantage de lait. Conséquence: certaines entreprises refusent des dizaines voire des centaines de milliers de litres par jour, et les prix d'achat aux producteurs sont au plus bas. Produire un litre de lait coûte l’équivalent de 36 centimes d’euros à un éleveur tunisien. Aujourd’hui, les grandes laiteries l’achètent seulement 33 centimes d’euros.

La solution "Pierre Mendès France"

Pour répondre à cette détresse, le gouvernement vient de prendre plusieurs mesures d'urgence. Parmi celles-ci, la distribution massive de lait aux écoliers, un moyen facile et rapide d'écouler les productions excédentaires, comme l'avait fait Pierre Mendès France en 1954 dans les écoles françaises. Les autorités tunisiennes en ont déjà distribué dix millions de litres cet hiver, dans des établissements scolaires mais aussi à des familles modestes. Elles promettent d’en acheter presque autant dans les prochaines semaines.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire