mardi 16 février 2016

The beginnings of the fodder crop revolution in Algeria.

 Un superbe article qui montre comment après guerre les agriculteurs français ont fait la révolution fourragère. Leur organisation en forme de CETA, pour les plus dynamiques, a été décisive. Leur expérience peut nous éclairer en Algérie.

Des débuts de la révolution fourragère dans le lyonnais à la modernisation en petite culture

From the beginnings of the fodder crop revolution in the Lyon region to the modernisation of small-holdings
Jean-Pierre Houssel
p. 319-326

Résumés

La révolution fourragère, c’est-à-dire la création de prairies temporaires sur le retournement de prairies permanentes, est née de la rencontre à la fin de 1947 de l’agronome René Dumont, désireux d’améliorer le sort des petits exploitants autarciques, avec les producteurs du bassin laitier lyonnais. Après quatre années d’essais conduits par Pierre Chazal, l’application en vraie grandeur se fait dans les CETA (Centre d’études techniques agricoles). Le premier est celui de Mornant, apparu à la fin de 1952 sur le Plateau lyonnais. La preuve est faite que la production de lait et le revenu de l’exploitant doublent ou triplent en quelques années. La diffusion est rapide dans les pays de chrétienté, grâce à la promotion collective réalisée par la JAC (Jeunesse agricole catholique). En 1970, la prairie temporaire couvre déjà 10 % de la surface cultivée. La révolution fourragère déclenche la modernisation de l’exploitation. L’intensification laitière fournit aux ménages la sécurité matérielle et devient le point de départ d’initiatives multiples grâce aux CETA. Leurs membres dominent le CNJA (Centre national des jeunes agriculteurs) créé en 1955, qui dicte au gouvernement, en 1960 et 1962, les réformes de structure nécessaires. Les épouses créent des CETMA pour le secteur ménager qui leur font franchir les étapes de la promotion de la femme. La zone d’intensification laitière devient, au sein de la vieille France paysanne, la France rurale progressive.
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Texte intégral

1La révolution fourragère, l’innovation agronomique majeure après la seconde Guerre mondiale qui va permettre la modernisation en petite culture, est née dans la région lyonnaise. L’importance du fait dépasse tout chauvinisme local et fait comprendre les conditions de l’innovation à partir de la société paysanne. Ce qui était connu sur le moment à la suite du livre de Pierre Chazal et de René Dumont, La nécessaire révolution fourragère et l’expérience lyonnaise, paru à la fin de 1954, fut pratiquement oublié par la suite. Et on pense plutôt, pour une réalisation de cette ampleur, à la Bretagne devenue « le modèle agricole » du changement (Canevet, 2000) ou à la Normandie, le pays d’élevage par excellence mais que les facilités naturelles éloignent de la recherche d’amélioration. En outre, il ne va pas de soi de considérer la Région lyonnaise pour ce qu’elle est également, l’une des grandes régions agricoles issues de la paysannerie (Houssel, 1986), car elle surtout connue en référence à sa métropole industrielle et bancaire. Si la révolution fourragère a commencé ici, c’est que la volonté des producteurs du bassin laitier lyonnais d’augmenter la production rejoint les préoccupations de l’agronome René Dumont.

Les origines lyonnaises de la révolution fourragère

2Avant que l’écologie ne soit devenue sa préoccupation essentielle, ce qui en fit en 1974 le premier candidat des Verts à une élection présidentielle, René Dumont eut une période pratiquement oubliée qui serait qualifiée aujourd’hui de productiviste. À la Libération, à quarante ans, professeur d’agriculture comparée à l’Agro (Institut national agronomique de Paris), il est, au Commissariat général du plan Monnet, à la pointe de la recherche pour promouvoir une agriculture performante. On le trouve déjà en rupture avec les idées reçues, proférées écrit-il par les « costumés-décorés-cravatés, bureaucrates arrogants et autres experts suffisants ».
3Après avoir dénoncé les conditions de vie des paysans riziculteurs du Tonkin, son premier poste à la sortie de l’Agro en 1929, il se préoccupe de la moitié des exploitants « microfundistes » décrits dans les Voyages en France d’un agronome (1951). Il établit à juste titre la correspondance entre la dureté des conditions naturelles et la petite taille des exploitations, en montagne et dans le Grand-Ouest. Ces bastions de la petite culture (dont le capital d’exploitation est inférieur au capital foncier) sont le réduit des paysans pauvres, peu instruits, réputés hostiles au progrès, qui sont pour lui « les véritables prolétaires à l’aube de la deuxième moitié du 20e siècle. »

La rencontre entre René Dumont et les producteurs laitiers de la région lyonnaise

4Dans l’avant-propos de La nécessaire révolution fourragère (p. 10), René Dumont voit dans la réduction de la prairie permanente le moyen d’augmenter leur revenu. « Un million d’exploitants produisent du lait sur moins de 10 hectares dans le cadre d’une polyculture-élevage qui laisse une grande place à l’auto-consommation. Huit hectares, dont trois ou quatre de vieilles prairies dégradées, cela ne nourrissait guère que 3 vaches donnant aux environs de 1 700 litres de lait. Et pourtant, ces 5 000 litres, dont peut-être 3 000 sont vendus, constituent souvent la première recette brute de la ferme. »
5On connaît ces pages d’anthologie qui dénoncent les méfaits des prairies « trop naturelles car l’homme n’y intervient guère, trop permanentes, donc vieillies et dégradées » dans lesquelles il voit « un reste de l’économie de cueillette ». Or elles couvrent la moitié des surfaces fourragères qui représentent plus des trois-quarts de la surface agricole utile. “Des terres arables donnant 15 à 25 quintaux de blé dès 1900 rendent, une fois couchées en herbe, deux fois moins d’unités fourragères (la quantité d’énergie fournie par un kilo d’orge) qu’en céréales. » Or leur surface est passée de 6 à 12 millions d’hectares, ce qui explique en grande partie pourquoi notre agriculture a du mal à nourrir les Français.
6La solution ne peut venir de l’adoption des progrès réalisés dans l’Europe du Nord-Ouest. Les prairies naturelles des Pays-Bas rendent 37 quintaux d’u. f./ha, 3 fois plus qu’en France, mais en milieu océanique favorable. Autrement intéressants sont les progrès réalisés en Angleterre pendant la guerre en raison du blocus, grâce à l’adoption du hay farming, c’est-à-dire la succession sur labour des céréales et de l’herbe. On est alors très mal informé sur cette technique, même si l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) commence à s’y intéresser (Salette, 2006). Pour connaître cette technique, René Dumont passe un mois de ses vacances en 1947, au pair chez un farmer de ses amis faute de crédits au Ministère. Chaque jour après 17 heures, il visite avec lui les fermes voisines pour s’informer des façons culturales et de la rentabilité.

Pierre Chazal, intermédiaire entre René Dumont et la Fédération des producteurs de lait du bassin lyonnais (FDPL)

7À la sortie de la guerre, l’approvisionnement en lait des enfants de Lyon pose un problème grave. L’exploitation-type est la même que celle décrite par René Dumont pour l’ensemble du pays. La FDPL reconstituée dès le 1er mars 1945 s’en préoccupe, mais les moyens utilisés, l’ensilage en silos-cuves et l’insémination artificielle à ses débuts (Charvet, 2000) sont insuffisants.
8Le bassin d’approvisionnement se situe dans un rayon de 60 km. autour de la ville (Sceau, 1996), sur une surface à peu près équivalente en taille à la Bretagne. On est ici également en pays de pratique catholique majoritaire, dont les mécanismes d’ouverture au progrès sont bien connus (Lambert et Renard, 1982). D’abord la constitution en contre-société à partir des lois de laïcisation du début du siècle, qui conduit à rechercher des solutions locales aux problèmes locaux et l’essor des syndicats agricoles conservateurs, ici le Sud-Est équivalent de celui de Landerneau (Garrier, 1973). Ensuite la JAC (Jeunesse agricole catholique), fortement implantée dans ses belles années de 1940 à 1960, qui se révèle en puissant mouvement de formation populaire ouvrant sur la modernité (Houssel, 1986).

9René Dumont recherche une liaison entre le laboratoire et le terrain. L’occasion lui en est fournie par Pierre Chazal, depuis peu technicien de la FDPL, qui prend connaissance dans Le Figaro Agricole de ses articles sur l’expérience anglaise et le met en relation avec le président Aurion en décembre 1947. “ Aussi avons-nous répondu avec empressement à son appel : nous brûlions d’appliquer à la ferme ces techniques nouvelles, seule façon de les mettre bien au point (Dumont, 1954, p. 8). » Pendant plusieurs années, bénévolement, il fait la navette par le train entre Paris et Lyon, dès qu’il a du temps disponible. À partir du 1er janvier 1948, Pierre Chazal est chargé de l’application sur le terrain en botaniste et pédagogue hors pair1.

Débuts et diffusion de la révolution fourragère

10Il a fallu consacrer deux ans au relevé botanique de ces prairies sous climat semi-continental (Chazal, 1954). Chaque plante est identifiée et décrite avec ses particularités. Les espèces défavorables (flouve odorante, brôme dressé) sont distinguées des espèces favorables (ray-grass, fétuque qui résiste bien à la sécheresse…). Les défauts dans la conduite de la prairie sont analysés, afin de comprendre l’existence des refus et la constitution du feutrage à la surface du sol, qui s’oppose à la pénétration de l’air et de l’eau.
11À partir de 1950, les essais culturaux sont entrepris chez une vingtaine d’exploitants consentants. Ils permettent de prendre la mesure de la complexité des opérations à effectuer (Chazal, 1955) après le retournement de la vieille prairie, dont la dépose des graines à faible profondeur, ainsi que le nombre et les périodes des coupes et du pâturage. Le choix de la formule du semi, mélange de graminées et de légumineuses, le plus souvent ray-grass d’Italie et trèfle violet est déterminant. Sur une terre épuisée, le meilleur précédent est un grain. Pierre Chazal fait connaître la nouvelle variété de blé à paille courte, l’Étoile de Choisy qui va permettre de doubler au moins le rendement.

Le CETA, pièce maîtresse pour la mise en œuvre de la nouvelle technique et la création à Mornant (Plateau lyonnais) du premier CETA laitier

12L’application en vraie grandeur sur l’exploitation révèle d’abord les contraintes techniques. La difficulté à se procurer des semences constitue un goulot d’étranglement. La mécanisation se révèle indispensable, car on ne peut plus traiter à la fourche et au râteau une récolte beaucoup plus abondante. La révolution fourragère est vécue comme une rupture avec la routine. Il faut « casser la vieille prairie », ce qui paraît inconcevable aux anciens et « jamais ça nous était venu à l’esprit que l’on cultive l’herbe comme on cultive du blé », dit un converti (Ricard, 2006, p. 78).
13L’adaptation nécessaire ne peut pas se faire isolément mais en groupe. Ce sera le CETA qui réunit une vingtaine d’exploitants avec un technicien, sur un territoire de la taille d’un canton avec des terroirs et des structures agraires homogènes. Le premier a été créé en 1944 en grande culture, par Bernard Poullain près de Versailles. Le fait que le premier CETA en petite culture ait été créé près de Lyon grâce à un ancien jaciste se révèle déterminant. Joannès Déplaude crée le CETA du Gier le 9 décembre 1949 dans son village de Tartaras (Loire) sur la retombée du Plateau lyonnais sur la dépression de Saint-Étienne, avec de petits exploitants qui ont de la vigne et des vergers. À partir de 1935, il avait implanté le mouvement dans la Loire. Prisonnier en Allemagne, il épouse à son retour Jeanne Maillard, la première présidente de la JACF (féminine) de la Loire en 1937. Peu après ils sont appelés à Paris pour être permanents du Mouvement familial rural (MFR) où se retrouvent les jacistes aînés. Entré en relation avec Bernard Poullain, il comprend le parti que la petite culture peut tirer des CETA. Au premier congrès national en 1953, il sera vice-président pour représenter « la France du sud de la Loire » (qui comprend l’Ouest). Auparavant, il a encouragé ses amis et voisins de Mornant (Rhône) sur le Plateau à créer ce qui va être le premier CETA laitier.
14René Dumont visite le bourg en octobre 1952 et, en particulier, la ferme des Chaize qui devait faire vivre 3 ménages sur 17 ha., répartis entre verger, vigne, céréales. Il dénonce les 3 ha. de vieux prés le secteur déficient. En décembre 1952, le CETA est constitué avec 19 membres venant de 9 villages proches, présidé par Eugène Chaize le fils aîné qui a pour tour bagage le certificat d’études. Pierre Chazal assiste à la réunion de janvier 1953. Le premier vieux pré de 55 ares est retourné le 28 juin. La perspective est de passer de 4 à 10 vaches à 3 500 litres de moyenne (au lieu de 1500). Chacun des autres adhérents a brisé un demi-hectare et se propose d’attaquer 1,5 à 2 ha. (Chazal et Dumont, 1954, p. 104-109).
15Le CETA de Vienne-Nord au Sud-Ouest de la plaine lyonnaise est le second à se constituer en mars 1953. Placé dans des conditions plus favorables de sol et de taille des exploitations, il est pour Pierre Chazal le terrain privilégié pour les expérimentations. Son secrétaire, Paul Bertrand, qui exploite à Communay 30 ha. fait passer rapidement le troupeau laitier de 4 à 40 vaches laitières FFPN (française frisonne pie-noire) avec 5500 litres de moyenne d’étable. L’antériorité du Lyonnais sur la Bretagne aurait pu être mise en cause par la constitution du CETA de Loudéac dès avril 1952, par Victor Moisan qui avait pris l’idée en assistant au congrès du MFR en 1951. Mais au départ, il n’aborde la révolution fourragère qu’après l’invitation faite à René Dumont en mars 1954 (Rémy, 2004).

« Le Lyonnais bat la Normandie »

16Pour René Dumont il y a bien révolution fourragère : « la culture de l’herbe n’est pas un lent progrès, car elle fait passer en un an de 5 à 60 qx /ha. par une rupture totale avec l’ancien système ». L’avant-propos (1955, p. 9) résonne comme un cri de victoire : « la certitude de réussite de nos techniques bien appliquées nous permet après un long silence de les publier à l’usage des agriculteurs des deux tiers de la France, haute montagne et Midi exceptés… Le petit agriculteur obtient de meilleurs résultats que le riche propriétaire du pays d’Auge qui se contente de regarder pousser l’herbe. » L’enjeu est de taille : « ôter la frontière entre champs et prés poursuit-il, c’est donner une potentialité de développement dans des régions considérées à tort comme condamnées au sous-développement en raison de faibles potentialités … Il ne s’agit pas seulement d’accroître le revenu par heure de travail et de sortir de la précarité, mais aussi de donner de la dignité à la profession agricole, car l’agriculture moderne devient plus intellectuelle, donc plus attrayante ». La motivation est à la fois humanitaire et humaniste.
17René Dumont répond d’avance à la critique faite à l’augmentation des rendements et de la productivité. Elle ne provient pas alors des écologistes qui condamneront plus tard « le productivisme », car elle est le seul moyen de faire autrement quand le point de départ était si bas. Il s’en prend aux agrariens qui font leur idéal du « paysan aux mains calleuses » et aux malthusiens impénitents qui ne prévoient pas l’augmentation de la consommation de viande et de produits laitiers. Il tire Les leçons de l’agriculture américaine, titre du livre qu’il publie à son retour des États-Unis en 1946. Il soutient la mécanisation et le remembrement qu’elle implique, y compris la destruction de haies quand elle est nécessaire à l’élargissement des chemins. La certitude de jours meilleurs est désormais accessible pour ce socialiste humaniste, que l’on n’a connu que vêtu d’un pull-over rouge. Bientôt, sans rien abandonner de ses convictions d’hier, il dénoncera les atteintes causées à l’environnement, quand à partir de la décennie 1960 on continue à rechercher l’accroissement de la production en volume, alors que l’autosuffisance alimentaire est atteinte. Pierre Chazal ne raisonne pas autrement quand il propose au même moment sans être écouté « une politique de qualité et non de rendement ».

La diffusion de la révolution fourragère à partir du Lyonnais

18Très vite, une vingtaine de CETA sont créés sur le Plateau et les Monts du Lyonnais, dans le Bas-Beaujolais, la Dombes, le Bas-Dauphiné. Dans la vallée du Rhône, Pierre Chazal se trouve confronté à l’épuisement des sols dans les vignes et les vergers, alors soigneusement désherbés. Au contraire, il préconise de semer entre les rangées de ceps ou d’arbres fruitiers, du ray-grass d’Italie qui a la particularité d’avoir un enracinement profond, qui se réduit d’une année sur l’autre. Le système radiculaire en place se décompose et fournit in situ l’humus indispensable à la constitution d’agglomérats dont les interstices laissent passer l’eau et les éléments nutritifs. La culture de l’herbe trouve donc une nouvelle application et l’habitude est donnée de faire des analyses de sol pour leur amélioration. Cela intéresse particulièrement la culture du tabac, plante exigeante et dont les racines qui s’enfoncent profondément sont sensibles à toute hétérogénéité du sol. Une autre application est le profilage des sols gorgés d’eau comme en Dombes, par l’établissement avec la pelle mécanique de planches de culture entre des rigoles.
19On a peine à se représenter l’intérêt pour la nouvelle technique. La propagation, très rapide jusqu’en 1957-1958, s’opère soit par la venue d’agriculteurs sur les exploitations pionnières, soit par le déplacement de René Dumont et de Pierre Chazal, soit par le livre et par la formation de techniciens. Assez vite, René Dumont se retire, car il porte désormais son intérêt sur les pays en développement. On le trouve en Chine en 1957, à Madagascar en 1959, puis en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Mali, prélude au cri d’alarme contenu en 1962 dans L’Afrique noire est mal partie. Pierre Chazal est recruté l’année de sa création en 1954 par l’APEP (Association pour l’encouragement de la productivité agricole), qui émane de firmes d’industrie agricole (engrais, tracteurs, matériel) soucieuses de nouer des relations pragmatiques avec les agriculteurs et qui lui assure, jusqu’à son terme en 1970, une position indépendante par rapport à l’administration et à la profession.

20Les fermes pionnières des CETA et celles qui s’étaient prêtées aux essais connaissent la ruée des visiteurs venus de partout. Étapes des circuits en autocar organisés par les techniciens, chacune a reçu en moyenne 10 000 visiteurs ou plus par an, à la cadence de 3 convois de 2 à 3 cars par semaine à l’époque des semis et de la récolte. Les hôtes bénévoles en conservent une légitime fierté. Les livres édités par le Journal de la France agricole, atteignent des tirages exceptionnels pour des ouvrages techniques : 24 000 exemplaires en plusieurs éditions pour le livre fondateur de 1954, puis de 15 à 20 000 exemplaires à comparer avec les 20 000 adhérents des CETA, pour ceux de Pierre Chazal seul (1956, 1958 et 1961)2.

De la révolution fourragère à la modernisation en petite culture

21La culture de l’herbe connaît au cours de la décennie 1960 une extension très rapide. En 1970, la première année où la rubrique apparaît dans les statistiques, elle couvre 2,5 M. (millions) ha., 2850 avec le maïs-fourrage à ses débuts, soit 65 % des cultures fourragères et 17 % de la SFP (surface fourragère principale). En 2000, les nombres correspondants sont 2,875 et 4,250 ha. avec le maïs-fourrage (ou maïs-ensilage de « la révolution blonde »), soit 90,5 % des cultures fourragères et le quart de la surface toujours en herbe (les prairies permanentes). Pour le Finistère, Pierre Flatrès note en 1968 (p. 38) qu’« en quelques années au plus, le nouveau type d’assolement a recouvert presque tout le pays et que toutes les fermes de type normal le pratiquent ». Pierre Chazal a réalisé son vœu « d’assassiner la betterave », de faible valeur nutritive et dont le travail long et pénible est dévolu aux femmes : en 2000, les plantes sarclées fourragères ne représentent plus que 45 000 ha au lieu de 670 000 en 1970.

De la révolution fourragère à « la révolution silencieuse » (Debatisse, 1963)

L’intensification laitière

22Le lait est la ressource de base des petites exploitations autarciques. La révolution fourragère conduit à l’intensification laitière qui procure un revenu proche du SMIC, ce qui paraît cependant convenable puisque les exploitations sont reprises. Le changement commence par la mécanisation et la motorisation, en particulier pour l’ensilage qui ne peut se faire qu’en chantier réunissant les exploitants voisins. Comme l’herbe cultivée coûte cher, cela implique des transformatrices de qualité, d’où le renouvellement du troupeau dans les races spécialisées, hollandaise et montbéliarde, que l’on va acheter en groupe dans les foires. La généralisation de l’insémination artificielle et la pratique, pour les plus avancés, du contrôle laitier, assurent une production satisfaisante en quantité et en qualité. La troisième étape est l’édification de la stabulation libre avec salle de traite et tank réfrigérant, à la place de l’étable devenue trop petite et malsaine.
23Ces transformations sont rendues possibles grâce au développement de l’agriculture de groupe selon le terme de l’époque et reposent sur le développement du crédit et de la mutualité. La création de CUMA (Coopératives d’utilisation du matériel agricole) est le moyen de diminuer le coût de l’achat du matériel. La tenue d’une comptabilité s’impose, qui conduit à l’acquisition d’un bureau. Le besoin de maîtriser la vente entraîne le développement des coopératives.

Les CETA laitiers plaque tournante de la modernisation et leur localisation dans les fiefs de la JAC.

24Les CETA sont au centre des questionnements : « on nageait un peu, on innovait un peu au pif. Le CETA se réunissait une fois par mois, en après-midi avec le technicien, chez les uns et chez les autres, on visitait l’exploitation où on était, c’était une sorte d’auto-formation » se rappellent les anciens du CETA de Mornant. Les réalisations coopératives sont le prolongement sur le terrain de l’activité du CETA. Le plus efficace à n’en pas douter a été celui de Loudéac, le premier créé en Bretagne, qui a fait appel à René Dumont. C. Canevet (Remi, 2004, p. 34) cite Paul Houée : « son influence a vite débordé le cadre de la petite région et joué pendant quelque temps un incontestable leadership dans l’agriculture bretonne. Son œuvre reste dominée par ce que les agriculteurs loudéacciens appellent la révolution de l’herbe. Il a fait de la région de Loudéac notamment dans les années 1955-1965 le symbole de la révolution agricole et agro-alimentaire ». Le fait est entendu, y compris la filiation lyonnaise.
25La courbe en nombre des CETA reproduit celle de l’implantation de la révolution fourragère achevée en 1965 : on en compte 179 en 1959, 1300 en 1966 et ils ne sont plus que 970 en 1973. Les CETA laitiers disparaissent à partir de 1965 parce que leur tâche est accomplie, contrairement à ce qui se passe pour la grande culture céréalière, la vigne, les vergers et les légumes. Sur la carte de la répartition des CETA en 1962 (Paysans, p. 32), ceux de l’intensification laitière sont répartis en 2 blocs de 200 environ, le Grand-Ouest avec en tête les Côtes du Nord et le Finistère à raison de 30 pour chaque département et ceux échelonnés sur la dorsale montagneuse, du Pays Basque à la haute-Savoie, avec l’ensemble Aveyron-Lozère (42) et l’ensemble haute-Loire-Loire et Rhône (42 également) (fig.1).

26La carte des CETA laitiers reproduit pour l’essentiel celle des fiefs de la JAC, car la plupart des responsables et des membres en sont issus. Les poins forts se situent au niveau des pays montagneux de petites exploitations qui correspondent aux pays de chrétienté3 comme le Lyonnais (Monts et Plateau), les monts du Pilat, le nord des monts du Forez.

Des CETA à la France rurale progressive (Houssel, 1994, 2000)

27La localisation des CETA laitiers fournit la trame de la France rurale progressive. Les leaders qui se dégagent vont donner d’autres prolongements à leur action : création en 1955 et contrôle du Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA) dont Michel Debatisse, petit exploitant près de Thiers est le premier secrétaire général, conquête des mairies et nouvelle conception de l’administration locale, mise en place de l’IFOCAP (Institut de formation des cadres paysans) et de la revue Paysans, élaboration par le CNJA d’une politique dite des structures, qui va aboutir à la Loi d’orientation agricole de 1960 et à la Loi complémentaire de 1962 qu’ils dictent au gouvernement. Ces lois comprennent la création des SAFER et de l’IVD (Indemnité viagère de départ) afin de favoriser l’accroissement en surface des exploitations des jeunes, celle des GAEC (Groupements agricoles d’exploitation en commun) et l’encouragement aux groupements de producteurs (Bruneteau, 1994).
Figure 1 : L’aire d’intensification laitière dans la carte des CETA en 1962
28La transformation des comportements apportée par la JAC fait le reste avec une vie associative intense qui s’ouvre aux loisirs, à la vie culturelle et sociale. Le progrès professionnel s’accompagne de la promotion de la femme à laquelle nous consacrons à la suite un développement particulier et à celle des enfants pour lesquels la multiplication des collèges à partir de 1960 va permettre de poursuivre les études de leur choix. À partir de 1980, quand le nombre d’exploitations diminue fortement, les nouvelles générations créent et occupent des emplois dans l’industrie et les services. Le dynamisme se transmet au réseau hiérarchisé des villes petites et moyennes jusqu’aux métropoles régionales dans l’Ouest. La France rurale progressive se distingue de la France rurale en difficulté en proie à l’abandon où s’est maintenu un comportement individualiste et d’assistés. Si les exploitations ont connu l’arrivée du tracteur, la spécialisation s’est faite dans l’élevage bovin pour la viande sur prairie permanente qui demande de grandes surfaces pour être rentable, ce qui explique les faibles densités. Même si l’évolution récente tend à rapprocher les deux types d’agriculture, cette différenciation fournit les bases qui déterminent l’inégale capacité de résistance et de symbiose face à l’installation des gens de la ville, qui devient le facteur principal du changement dans les campagnes.

Des CETA aux CETMA (Centre d’études techniques ménager agricole), la promotion de l’épouse d’agriculteur

29Bien des études le plus souvent sociologiques ont été consacrées à l’évolution du sort de la paysanne, mais elles portent le plus souvent sur les laissées pour compte. La communication de Mme. Mathilde Bertrand à la table-ronde de Mornant le 3 décembre 2005 (voir infra) est un témoignage direct de ce qui a été vécu sur les exploitations pionnières de la révolution fourragère. Fille d’agriculteur de Chasse-sur-Rhône, elle fréquente jusqu’à 18 ans le collège de Vienne où elle a obtenu le brevet. En 1949, elle épouse Paul Bertrand du village voisin de Communay, tous les deux ont 21 ans. Il a dû quitter à quinze ans le collège à cause de la maladie de son père qui fut maire de la commune, et son exploitation est déjà de 30 ha., ce qui correspond à la situation courante dans la Plaine de Lyon. Le couple relativement privilégié va s’intégrer sans difficulté au courant des exploitants moins favorisés et passés par la JAC, moins bien implantée ici. Paul Bertrand est, nous l’avons vu, le secrétaire du CETA pionnier de Vienne-Nord constitué en mars 1953. Mathilde Bertrand n’en connaît pas moins le sort commun aux épouses d’exploitant, marqué par la méconnaissance et le mépris des gens de la ville pour le paysan et la place inférieure que la tradition réserve encore à la femme au village.
30Le CETMA est créé en février 1958 avec 21 femmes, dont 18 épouses d’agriculteurs adhérents au CETA. Il est le cinquième en France, les premiers venant de la Bretagne et de l’Aveyron, et sa constitution a été encouragée par le visiteur de la Fédération Nationale des CETA, dont Mathilde Bertrand qui est à l’origine et présidente du CETMA sera membre du conseil d’administration. Son action collective s’inscrit dans le changement de la condition féminine en lien étroit avec la révolution fourragère. Celle-ci délivre la femme du sarclage des racines fourragères et des petites productions dévoreuses de temps, pour ne plus parler de la garde du troupeau. Loin d’être mise à l’écart de l’exploitation par la mécanisation et la motorisation réservées aux hommes, la tenue de la comptabilité lui confère une place centrale. L’amélioration du revenu permet d’atteindre un niveau de vie proche de la classe moyenne, avec dès 1957 la télévision et l’automobile, au moment où arrive l’eau sur l’évier.
31Les différentes périodes de la vie du CETMA fournissent une chronologie précieuse de l’évolution qui peut être généralisée à l’ensemble de la France rurale progressive. Au début, les centres d’intérêt ne s’éloignent guère de la place que la tradition accorde à la fermière et qui est enseignée dans les cours ménagers. « Il est vite apparu d’autres préoccupations et l’envie de passer à autre chose, écrit-elle. Nous avons le besoin de changer le décor de nos maisons, de les rendre plus gaies ainsi que le décor des fermes. Les enfants grandissaient, ce qui a fait aborder l’éducation, l’orientation scolaire, la sexualité, sujet tabou traité par un docteur. Pour ces réunions, nous demandions toujours quelqu’un de qualifié.
32La femme pose ses exigences. On pense à la boutade d’Edgar Morin à la suite de l’étude pluridisciplinaire sur Plozévet (Finistère) en 1967, qui en fait « l’agent secret de la modernité ». Les conflits avec le mari pour la répartition du revenu entre l’exploitation et la maison poussent celui-ci à continuer dans la voie de la modernisation. La réflexion d’Henri Mendras sur « la capacité surprenante d’imagination de ces rustres mal instruits » s’applique parfaitement aux dames. L’installation en février 1962 du congélateur collectif (qui a existé avant l’individuel), certainement le premier installé en France sur une idée rapportée des Etats-Unis par Pierre Chazal, marque une sorte de point d’orgue des préoccupations matérielles. Pour remplir les casiers, elles ont associé le CETA à la création d’une SICA pour les achats en gros.
33Dès 1961, trois ans seulement après ses débuts, le CETMA entreprend de s’émanciper des carcans de la société paysanne. Ses membres entendent prendre des loisirs et profiter de la vie comme à la ville. Elles décident de partir, alors que le voyage de noces était autrefois le seul grand voyage de la vie, et d’y aller seules : le mari se débrouillera avec le travail et les enfants. Cela n’a pas manqué d’alimenter les papotages et les réprobations indignées au village et elles s’étonnent elles-mêmes de leur audace : « c’était une révolution, du jamais vu à la campagne ». Certaines visites conservent un aspect professionnel dans un voyage d’agrément, car pour réduire les frais on a répondu à l’invitation de groupes qui étaient venus dans les fermes s’informer sur la culture de l’herbe. Le second voyage, en Suisse, en février 1962, marque un tournant. Elles sont reçues comme des princesses par d’autres femmes et la petite fête que celles-ci ont organisée, « ce dont nous aurions été bien incapables » , leur fait prendre conscience du décalage en ce qui concerne les loisirs et la vie culturelle.
34« Il y a eu d’autres choses moins spectaculaires. Après est venu le temps de penser aux vacances. L’évolution était en marche, conclut Mathilde Bernard, et petit à petit les CETA et les CETMA ont disparu (ici en 1965). Nous gardons toutes un très bon souvenir de nos réunions et de nos sorties. Maintenant l’agriculture est industrialisée et le temps des CETA paraît bien loin ».  Les groupements ont fait connaître les anticipations vécues comme autant de sagas qui se révèlent reproductibles. Celles-ci s’insèrent dans le mouvement général de modernisation des années 1960 marqué par l’urbanisation des comportements, le rapprochement des taux de natalité et la crise des vocations religieuses. Les régions de la révolution fourragère qui apparaissaient au départ comme en retard à cause de la pression démographique et des traditions religieuses se retrouvent en position d’avant-garde. L’adaptation continue est venue à bout de la fracture qui subsiste dans les milieux traditionnels.
Photo 1 : Le remplissage du silo à la fourche. Entraide d’un groupe d’agriculteurs à Mornant (vers 1953)
Photo 1 : Le remplissage du silo à la fourche. Entraide d’un groupe d’agriculteurs à Mornant (vers 1953)
Photo 2 : Pierre Chazal (en chapeau), le président du CETA (à sa droite), examinant un ray-grass d’Italie devant des techniciens (Saint-Clair-du-Rhône, Ardèche, vers 1958)
Photo 3 : Mathilde et Paul Bertrand devant le congélateur collectif de Communay, l’un des premiers en France, 1962
Photo 3 : Mathilde et Paul Bertrand devant le congélateur collectif de Communay, l’un des premiers en France, 1962
Photo 4 : Le premier voyage du CETMA de Communay en Dordogne, 1962
Photo 4 : Le premier voyage du CETMA de Communay en Dordogne, 1962

Conclusion


35Ce rappel circonstancié des débuts de la révolution fourragère a été entrepris parce que leur connaissance n’était plus assurée. Il importait de rappeler l’apport du livre-fondateur de 1954 et de faire connaître les éléments de l’expérience lyonnaise transmis par les derniers témoins. Au début des années 1960, les milieux officiels et les médias admettent volontiers que la plus grande transformation sociale de l’après-guerre est la promotion des paysans, sans préciser d’ailleurs que cela s’applique au mieux à une moitié d’entre eux. Aujourd’hui l’épisode est ignoré de la génération des agriculteurs de quarante ans. Les survivants n’en parlent pas spontanément, car ils craignent de lasser et leur but n’était pas de s’ériger en modèles. Dans les publications universitaires, la révolution fourragère et ses conséquences sont à peine distinguées4. C’est faire œuvre de géographe que de rétablir le chaînon manquant qui a abouti à la constitution de la France rurale progressive, rarement considérée comme l’une des grandes composantes territoriales du pays.
36La réalisation de la révolution fourragère est une contribution à la connaissance des mécanismes du développement. Elle témoigne du rôle des comportements et de leurs fondements culturels à côté des faits économiques. La réussite repose dans la collaboration établie entre intellectuels et travailleurs de la terre. Il en a été ainsi dans les premières modernisations paysannes endogènes menées en Europe occidentale un siècle plus tôt, autour des hautes écoles du peuple en Scandinavie et du Crédit mutuel Raiffeisen dans le bassin rhénan, dans des milieux pénétrés par le christianisme social (Houssel, 2002). La sortie de la société paysanne est peu sensible au discours scientifique. La promotion collective fondée sur l’imagination créatrice et l’association conserverait aujourd’hui son efficacité même si les temps ont changé.
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Bibliographie

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Notes

1 Pierre Chazal, né en 1912, fils de bijoutiers lyonnais, passe son enfance jusqu’à huit ans dans une ferme de la Bièvre en Isère, où il parle patois et prend le goût de la nature et de la vie libre. Après l’École départementale d’agriculture de Cibeins, il entre à l’Agro. Il en sort pour le service militaire qui se prolonge jusqu’à la démobilisation de 1940. Peu attiré par une carrière administrative, il prend la direction d’un Centre professionnel en Savoie avant d’être embauché par la FDPL.
2 L’Entreprise agricole, d’octobre 1962, fait moins recette, ce qui indique que le changement est accompli.
3 Dans les pays de chrétienté, la pratique catholique est unanimiste avec 85 % de messalisants (qui assistent à la messe le dimanche)-hommes, alors que le chanoine Fernand Boulard (1956) fait commencer les zones de pratique majoritaire à 40 %. Le message du prêtre est écouté. La JAC y prend les allures de mouvement de masse (Vial, 1967). On trouvera la carte dite du chanoine Boulard dans Houssel, 2000.
4 Le sujet n’est qu’effleuré en quelques lignes et le terme parfois n’est pas employé, aussi bien dans les thèses régionales qui font autorité, de Garrier (1973) en histoire et de Sceau en géographie (1995, p. 319), que dans l’Histoire de la France Rurale (Gervais et al., 1977), aussi bien que dans l’Histoire des Paysans Français (1976, Houssel). Il faut attendre à ma connaissance février 1995 pour que l’Académie d’Agriculture lui consacre une séance (Salette, 2006). Encore fait-elle la part belle aux initiatives venues de l’administration et des organismes de recherche officiels et insiste-t-elle sur les critiques rétrospectives qu’on peut lui apporter
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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Pierre Houssel, « Des débuts de la révolution fourragère dans le lyonnais à la modernisation en petite culture », Géocarrefour, vol. 81/4 | 2006, 319-326.

Référence électronique

Jean-Pierre Houssel, « Des débuts de la révolution fourragère dans le lyonnais à la modernisation en petite culture », Géocarrefour [En ligne], vol. 81/4 | 2006, mis en ligne le 01 février 2008, consulté le 16 février 2016. URL : http://geocarrefour.revues.org/1684 ; DOI : 10.4000/geocarrefour.1684
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Auteur

Jean-Pierre Houssel

professeur émérite, université Lumière Lyon 2




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