samedi 5 décembre 2015

FERTILISER LA STEPPE AVEC LES BOUES DES STATIONS D'EPURATION

FERTILISER LA STEPPE AVEC LES BOUES DES STATIONS D'EPURATION
Djamel BELAID 4.12.2015
Depuis plusieurs années des chercheurs Algériens se penchent sur le moyen d'utiliser les boues résiduelle des stations d'épuration pour fertiliser les champs (1). Il apparaît que ces boues constituent un moyen puissant d'augmenter les rendements. Mieux, de nouveaux travaux montrent qu'elles pourraient permettre de revitaliser des sols en zone aride.

EMPLOI DES BOUES EN ZONE ARIDE
L'emploi avec succès de boues résiduelles dans une région aride telle Laghouat est nouveau. Jusque là les essais n'avaient concerné que l'étage semi-aride. Le périmètre de Mokrane se trouve dans, une zone à niveau moins elevé que les montagnes qui l’entourent, cette zone est nommé «Theniete Er’ml» qui signifie la zone de passage et d’accumulation de sable, la pluviométrie moyenne de la région est de 162 mm/an

BOUES, POUR PRODUIRE DU GRAIN MAIS EGALEMENT DES FOURRAGES
Jusqu'à présent les études concernant l'utilisation des boues ont surtout concerner la production de grains. Une lecture attentive de résultats d'essais montre qu'elles pourraient également être utilisées comme moyen de produire des fourrages. Durant les 3 années d’expérimentation (2009 2010 et 2011) les auteurs de l'étude ont mesuré la hauteur des plants ainsi que la biomasse produite.

Hauteurs des plants (cm)
D0 20,15 26,09 31,65
D1 29,23 35,44 33,25
D2 32,86 54,84 34,12
D3 35,07 56,02 39,68

Biomasse (g/m2)
D0 85,00 155,00 318,18
D1 180.45 385,67 525,10
D2 230,17 380,00 784,65
D3 290,63 391,67 584,96

En général, les résultats augmentent avec les apports de boues et selon la pluviométrie. A l'occasion de l'analyse du témoin D0, les auteurs notent en effet : « nous avons aussi remarqués que le traitement D0 a connu une augmentation dans le rendement avec 16,33 qx/ha en 2010 et 24.11qx/ha en 2011, des résultats dues au changement de pluviométrie 135 mm en 2010 et 265 mm en 2011 une année pluvieuse ».
Quelques que soient les années, il apparaît que des apports (D2) améliorent considérablement la hauteur des plants et la biomasse produite. Ces chiffres impliquent qu'une récolte sous forme d'ensilage dans le cas de « céréales immatures » ou dans le cas de paille permet de produire des quantités conséquentes de fourrages. Cet aspect des choses n'avaient, jusque là pas été pris en compte par les chercheurs.
Or, traditionnellement, les éleveurs pratiquent une politique d'apports d'amendements organique sur quelques parcelles consacrées à de l'orge en vert. L'utilisation des boues permettrait de renforcer cette pratique. Il pourrait être envisageable de procéder à une telle utilisation sur des jachères pâturées.

BOUES, UN RESIDU ENCOMBRANT POUR LES STEP
Pour les STEP, les boues sont un produit final de chaque cycle d'épuration. Ces boues doivent être enlevées des bassins afin de permettre la réalisation de nouveaux cycles d'épuration.
Aussi, pour les STEP la question centrale est de trouver le moyen de les enlever et pour cela de leur trouver une utilisation.
Le secteur agricole se trouve être un partenaire tout désigné de part la valeur en éléments fertilisants de ce produit. Se pose également la question des quantités de métaux lourds (ou éléments métalliques traces) que peuvent contenir certaines de ces boues.
A noter que dans le cas des sols calcaires, la plupart de ces éléments sont bloqués et ne sont pas mis en circulation vers les racines ou vers la nappe phréatique.

EMPLOI DES BOUES, UN MINIMUM DE CADRE LEGAL
Afin de permettre une traçabilité des épandages des boues sur les parcelles agricoles, il est nécessaire de réaliser un suivi des épandages. Ce suivi pourrait prendre la forme d'un plan d'épandage propre à l'exploitation et à déclarer auprès des services agricoles compétents. Un tel plan permet d'assurer une rotation des épandages sur les différentes parcelles et d'éviter ainsi d'éventuelles accumulations de métaux lourds. En France, ce service est pris en charge par certaines Chambre d'Agriculture. Il existe ainsi des « registres d'épandages » qui permettent une traçabilité des opérations.

EMPLOI DES BOUES EN AGRICULTURE ET CREATION D'EMPLOIS
Pour des investisseurs l'utilisation des boues résiduelles peut constituer un créneau où investir. L'activité peut consister à récupérer les boues au niveau des STEP puis de les épandre sur les parcelles agricoles. En France, des sociétés telle l'Entreprise SolAction en Charente Maritime se spécialise dans l'épandage de matières organiques ( www.solaction.fr). Cette société est située à Berneuil au cœur de la Charente-Maritime. Elle est spécialisée dans les travaux liés à l'épandage de matières organiques pour les agriculteurs du département. Elle intervient dans le Sud-Ouest de Nantes à Dax pour de multiples services : Épandage d'engrais organiques, Travaux liés à l'agriculture biologique, Épandage d'amendement calcaire, Compost, fumure , Fiente de volaille, Boues d'épuration, Chaux et chaulage.
Selon cette entreprise : « Tous ces produits sont recyclés pour l'épandage sur des champs et des plantations et participent au bon maintien de l'environnement car ce sont des produits naturels. Nous travaillons principalement pour les agriculteurs en apportant les amendements utiles à leurs cultures. Nous faisons partie d'un réseau de partenaires professionnels dans la région du grand Sud-Ouest ».
Ce type d'entreprise est équipée de matériel spécifique :Tracteurs et épandeurs. La priorité étant le respect de la structure du sol, l'entreprise utilise un matériel performant, récent et à faible pression au sol.

CONCLUSION
Les boues résiduelles des stations d'épuration constituent incontestablement un moyen intéressant afin d'améliorer la fertilité des sols et d'augmenter les rendements tout en réduisant l'emploi d'engrais chimiques. Mais cela implique une véritable mobilisation des filières agricoles autour de cette question. Or, ceci ne semble pas le cas à ce jour en Algérie. Aux agriculteurs, aux acteurs locaux et investisseurs de se saisir de ce dossier.
Notes :
(1) Voir « BOUES DES STATIONS D'EPURATION: DE L'OR BRUN POUR NOS CHAMPS »
Djamel BELAID 2013 sur notre site « Agriculture-Algérie ».

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