samedi 5 décembre 2015

CÉRÉALES : RETOUR SUR UNE EMISSION DE CANAL ALGERIE ET LA PRESTATION EN DEMI-TEINTE DE L'OAIC.

CÉRÉALES : RETOUR SUR UNE EMISSION DE CANAL ALGERIE ET LA PRESTATION EN DEMI-TEINTE DE L'OAIC.
Djamel BELAID 6.12.2015

La charmante Imène Khemici de l'émission « la Semaine ECO » sur Canal Algérie a présenté en ce début décembre, un débat sur l'optimisation de la production céréalière. Emission passionnante et ô combien révélatrice du marasme ambiant - n'ayons pas peur des mots.
Etaient invités Mr Nourredine Amrani responsable auprès de l'OAIC du secteur semences et appui à la production, Mr Mustapha Bouhaouchine responsable d'un station de production de semences (ITGC) et Mr Nacer Guedj fellah à Sétif.

les efforts d'augmentation de la production ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=Eky2QSi5Wi8
Il y a 5 jours - Ajouté par السُّــنــبــلــة Essonbola
participation de Mr BOUHAOUCHINE Mustapha - Directeur de la FDPS de Oued Smar de l'ITGC 
Certes des efforts considérables sont réalisés par les organismes publics représentés lors de l'émission, mais certains points cruciaux tels l'organisation de la filière n'ont pas du tout été abordés malgré les tentatives désespérées de l'animatrice de cerner les dysfonctionnements actuels. Un agro-économiste parmi les invités aurait été d'un réel apport.

A L'OAIC, LE FELLAH N'A PAS VOIX AU CHAPITRE
A aucun moment Mr Amrani n'a parlé de la filière céréale, de gouvernance des CCLS. Les CCLS, ces fausses coopératives où le fellah n'a pas voix au chapitre. Comment ose-t-on d'ailleurs les appeler coopératives? Dans une vraie coopératives le directeur est recruté par le conseil d'administration et le capital appartient aux paysans à travers les parts sociales détenues. Les CCLS ne sont que des antennes d'un office public : l'OAIC. Un office qui a le mérite de permettre de réguler le commerce du blé à travers tout le territoire national en évitant toute spéculation de la part d'éventuels prédateurs. C'est dire combien le rôle de cet office est crucial pour le consommateur. Mais l'urgence de l'heure demande plus à cet office, notamment dans sa façon de travailler avec les producteurs. Examinons les propos de son représentant lors de l'émission. Avez vous remarqué, suite à une question de l'animatrice, qu'à la fin de l'émission, Mr Guedj a parlé "d'impliquer les agriculteurs avec les Organisations Professionnelles agricoles". C'est là un point fondamental. C'est quand même la base que de faire participer les céréaliers. Les représentant de l'OAIC et de l'ITGC n'ont parlé que technique et JAMAIS de MANAGEMENT, de GOUVERNANCE. Pour l'OAIC et l'ITGC le fellah n'existe pas. Précisons que nos remarques ne s'adressent pas à ces représentants en tant que personne, mais à la structure qu'ils représentent et que ces remarques se veulent constructives. Face à l'urgence de l'heure, il nous faut voir comment produire plus.

OAIC BON EN SEMENCES, MAIS PAS A JOUR TECHNIQUEMENT
Mr Amrani est responsable à l'appui à la production. Nous aurions aimé qu'outre le brio avec lequel il a parlé de semences, de variétés, d'engrais et de fongicides il aborde la question de l'implantation des cultures. A ce sujet, il a parlé de la nécessité de "labours profonds". Or, depuis plus de dix ans, des essais et la pratique d'agriculteurs pionniers en Algérie, mais également en Tunisie et au Maroc montrent que les meilleures marges brutes sont réalisées sans labourer le sol. Ces références techniques montrent que souvent et plus particulièrement en année sèche, la pratique du labour profond est dépassée. Les années difficiles – elles risquent de devenir la norme avec le réchauffement climatique – seule la technique du non-labour avec semis direct permet d'éviter une catastrophe et permet de récolter. Récolte souvent nulle sur les parcelles labourées qui sont alors sinistrées – voir les travaux de Rachid Mrabet en ligne sur le net. Cela est si vrai, que de plus en plus de grosses exploitations privées DZ sont passées au semis direct (voir les articles sur ce sujet publiés sur notre site) et que le Maroc fabrique dorénavant le type de matériel adapté. Ces grosses exploitations ont choisi le semis direct pour la rapidité de travail qu'il permet.

OAIC, PENSER MARGE A L'HECTARE DE L'AGRICULTEUR
Le labour exige une forte consommation de carburant. Mr Amrani connait-il le coût de l'hectare labouré? et le temps que cela demande? et les dégâts en matière d'érosion? Rappelons que chaque année nos sols sont gagnés par plus d'érosion. La conduite avec labour ne permet pas dans l'état actuel des connaissances de rentabiliser durablement l'hectare de blé en Algérie. Trop souvent, avec ce type de conduite conventionnelle, nos blés sont semés en retard. Les semis s'échelonnent même jusqu'en décembre alors qu'en novembre tout devrait être semé.
Le représentant de l'OAIC a évoqué la résorption de la jachère ; mais si on veut que le céréalier sème plus de blé, il faut comprendre ses motivations actuelles. Il laisse près de la moitié de ses terres en jachère car cela permet de faire paître ses moutons dont l'élevage est plus rémunérateur. Il pratique la jachère car il n'a pas le temps de tout labourer et de semer, car avec sa façon de faire actuelle il rencontre parfois des sécheresses qui lui font perdre même sa mise de départ. Certaines années, les céréaliers sinistrés demandent à pouvoir ne pas rembourser l'argent que les banques leur ont avancé. Le fellah est dans une incertitude climatique et une incertitude de revenu. Or, la technique du semis direct, en revisitant le dry-farming par une meilleure gestion de l'eau du sol, permet de lever une partie de cette incertitude. Il est étonnant qu'à ce niveau de responsabilité, des cadres de l'OAIC n'aient pas assimilé ces choses là. On aurait aimé que, profitant de la tribune offerte par son passage dans un média national, le représentant de l'OAIC lance un vibrant appel aux concessionnaires de matériel agricole afin que ces derniers importent des semoirs pour semis direct. Un tel appel aurait pu être lancé à d'éventuels investisseurs afin qu'ils produisent ce type de semoir comme c'est déjà le cas au Maroc.
Non, l'OAIC a une vue partielle des préoccupations du céréalier. L'OAIC a bien importé quelques exemplaires de ces semoirs. Mais le modèle choisi est si lourd que les tracteurs des CCLS n'arrivent pas à le porter et que parfois les engins sont restés emballés plusieurs mois sur leur palette en bois. Malgré toute la bonne volonté de cet office, il reste donc englué dans un « dirigisme administratif ».

REFORMER LES CCLS, OU CREER DES GROUPEMENTS CEREALIERS
Avec les propos de Mr Amrani sur le labour nous avons eu la démonstration en live, que l'OAIC est une administration incapable d'adaptation technique rapide. Certes, l'OAIC sait ramener au plus près du céréalier les intrants nécessaires : semences, engrais et phytosanitaires. Certes, le système d'aide à l'équipement des céréaliers en matériel d'irrigation est un modèle du genre. Rappelons, que le céréalier peut payer sur trois ans en nature, c'est à dire avec du grain. Mais sur des points techniques fondamentaux, cet office est défaillant.
Faut-il faire tout un plat du fait qu'un responsable de l'OAIC n'évoque pas la pratique du semis direct pourrait-on penser. Mais justement, ce fait est révélateur de la façon de fonctionner de cet office et de l'ITGC dont le représentant n'a également jamais évoqué le semis direct.

La solution? Faire évoluer les CCLS ou créer à leur côté des groupements de producteurs (des coopératives céréalières de commercialisation AUTONOMES!). Pour cela, il faut aller voir l'expérience des coopératives céréalières à l'étranger et en France. Si par exemple la France exporte du blé, c'est non seulement grâce à son climat mais également grâce au management, c'est à dire à l'organisation de ses coopérative de commercialisation.

Une dernière chose, il est fondamental que de tels groupements de producteurs aient la possibilité de moudre leur grains pour vendre eux aussi de la semoule et de la farine. C'est là un moyen de protéger leur marge. Actuellement, ce sont les transformateurs qui font le maximum de bénéfice (comme les laiteries avec le lait cru des éleveurs laitiers).
Quant à l'ITGC, cet institut devrait être en partie financé par une somme prélevée sur chaque quintal de céréales et son conseil d'administration devrait comporter au prorata de ces sommes des représentants des fellahs. Idem concernant la profession  de l'agrofourniture et de la transformation. Vous aurez peut-être remarqué que lors de l'émission si Mr Bouhaouchine a indiqué que des tests de qualité boulangère sont réalisés concernant les nouvelles variétés ce n'est pas le cas concernant le nouveau mélange de semoule et de farine. Ce n'est pas notre rôle pourrait-il rétorquer. Mais, ce serait à qui à le faire ? Alors que les importations de céréales se chiffrent en milliards de dollars, ce nouveau mélange qui constitue une des voies d'économie en devises est hors programme de nos services agricoles.

Plus que jamais l'émission d'Imène Khemici a le mérite de mettre le projecteur sur nos dysfonctionnements. C'est là un progrès. Plus que jamais ces échanges nous renforcent dans la conviction qu'on ne peut penser développement agricole en s'affranchissant de la participation des premiers concernés : les fellahs. 


Tout connaître sur le semis direct. Voila ce qu'on aurait aimé entendre.

قناة الشروق - تقنية البذر المباشر ITGC - semis ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=xI254EcfDzs
8 nov. 2015 - Ajouté par السُّــنــبــلــة Essonbola
شرح لتقنية البذر المباشر المعهد التقني للزراعات الواسعة ITGC قناة الشروق - برنامج الشروق morning - ركن اليد الخضراء.

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