CÉRÉALES :
RETOUR SUR UNE EMISSION DE CANAL ALGERIE ET LA PRESTATION EN
DEMI-TEINTE DE L'OAIC.
Djamel
BELAID 6.12.2015
La
charmante Imène Khemici de l'émission « la Semaine ECO »
sur Canal Algérie a présenté en ce début décembre, un débat sur
l'optimisation de la production céréalière. Emission passionnante
et ô combien révélatrice du marasme ambiant - n'ayons pas peur des
mots.
Etaient
invités Mr Nourredine Amrani responsable auprès de l'OAIC du
secteur semences et appui à la production, Mr Mustapha Bouhaouchine
responsable d'un station de production de semences (ITGC) et Mr Nacer
Guedj fellah à Sétif.
les efforts d'augmentation de la production ... - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=Eky2QSi5Wi8
Il y a 5 jours - Ajouté par السُّــنــبــلــة Essonbola
participation de Mr BOUHAOUCHINE Mustapha - Directeur de la FDPS de Oued Smar de l'ITGC
Certes
des efforts considérables sont réalisés par les organismes publics
représentés lors de l'émission, mais certains points cruciaux tels
l'organisation de la filière n'ont pas du tout été abordés malgré
les tentatives désespérées de l'animatrice de cerner les
dysfonctionnements actuels. Un agro-économiste parmi les invités aurait été d'un
réel apport.
A
L'OAIC, LE FELLAH N'A PAS VOIX AU CHAPITRE
A
aucun moment Mr Amrani n'a parlé de la filière céréale, de
gouvernance des CCLS. Les CCLS, ces fausses coopératives où le
fellah n'a pas voix au chapitre. Comment ose-t-on d'ailleurs les
appeler coopératives? Dans une vraie coopératives le directeur est
recruté par le conseil d'administration et le capital appartient aux
paysans à travers les parts sociales détenues. Les CCLS ne sont
que des antennes d'un office public : l'OAIC. Un office qui a le
mérite de permettre de réguler le commerce du blé à travers tout
le territoire national en évitant toute spéculation de la part
d'éventuels prédateurs. C'est dire combien le rôle de cet office
est crucial pour le consommateur. Mais l'urgence de l'heure demande
plus à cet office, notamment dans sa façon de travailler avec les
producteurs. Examinons les propos de son représentant lors de
l'émission. Avez vous remarqué, suite à une question de
l'animatrice, qu'à la fin de l'émission, Mr Guedj a parlé
"d'impliquer les agriculteurs avec les Organisations
Professionnelles agricoles". C'est là un point fondamental.
C'est quand même la base que de faire participer les céréaliers.
Les représentant de l'OAIC et de l'ITGC n'ont parlé que technique
et JAMAIS de MANAGEMENT, de GOUVERNANCE. Pour l'OAIC et l'ITGC le
fellah n'existe pas. Précisons que nos remarques ne s'adressent pas
à ces représentants en tant que personne, mais à la structure
qu'ils représentent et que ces remarques se veulent constructives. Face à l'urgence de l'heure, il nous faut voir comment produire plus.
OAIC
BON EN SEMENCES, MAIS PAS A JOUR TECHNIQUEMENT
Mr
Amrani est responsable à l'appui à la production. Nous aurions aimé
qu'outre le brio avec lequel il a parlé de semences, de variétés,
d'engrais et de fongicides il aborde la question de l'implantation
des cultures. A ce sujet, il a parlé de la nécessité de "labours
profonds". Or, depuis plus de dix ans, des essais et la pratique
d'agriculteurs pionniers en Algérie, mais également en Tunisie et
au Maroc montrent que les meilleures marges brutes sont réalisées
sans labourer le sol. Ces références techniques montrent que
souvent et plus particulièrement en année sèche, la pratique du
labour profond est dépassée. Les années difficiles – elles
risquent de devenir la norme avec le réchauffement climatique –
seule la technique du non-labour avec semis direct permet d'éviter
une catastrophe et permet de récolter. Récolte souvent nulle sur
les parcelles labourées qui sont alors sinistrées – voir les
travaux de Rachid Mrabet en ligne sur le net. Cela est si vrai, que
de plus en plus de grosses exploitations privées DZ sont passées au
semis direct (voir les articles sur ce sujet publiés sur notre site)
et que le Maroc fabrique dorénavant le type de matériel adapté.
Ces grosses exploitations ont choisi le semis direct pour la rapidité
de travail qu'il permet.
OAIC,
PENSER MARGE A L'HECTARE DE L'AGRICULTEUR
Le
labour exige une forte consommation de carburant. Mr Amrani
connait-il le coût de l'hectare labouré? et le temps que cela
demande? et les dégâts en matière d'érosion? Rappelons que chaque
année nos sols sont gagnés par plus d'érosion. La conduite avec
labour ne permet pas dans l'état actuel des connaissances de
rentabiliser durablement l'hectare de blé en Algérie. Trop souvent,
avec ce type de conduite conventionnelle, nos blés sont semés en
retard. Les semis s'échelonnent même jusqu'en décembre alors qu'en
novembre tout devrait être semé.
Le
représentant de l'OAIC a évoqué la résorption de la jachère ;
mais si on veut que le céréalier sème plus de blé, il faut
comprendre ses motivations actuelles. Il laisse près de la moitié
de ses terres en jachère car cela permet de faire paître ses
moutons dont l'élevage est plus rémunérateur. Il pratique la
jachère car il n'a pas le temps de tout labourer et de semer, car
avec sa façon de faire actuelle il rencontre parfois des sécheresses
qui lui font perdre même sa mise de départ. Certaines années, les
céréaliers sinistrés demandent à pouvoir ne pas rembourser l'argent que
les banques leur ont avancé. Le fellah est dans une incertitude
climatique et une incertitude de revenu. Or, la technique du semis
direct, en revisitant le dry-farming par une meilleure gestion de
l'eau du sol, permet de lever une partie de cette incertitude. Il est
étonnant qu'à ce niveau de responsabilité, des cadres de l'OAIC
n'aient pas assimilé ces choses là. On aurait aimé que, profitant
de la tribune offerte par son passage dans un média national, le
représentant de l'OAIC lance un vibrant appel aux concessionnaires
de matériel agricole afin que ces derniers importent des semoirs
pour semis direct. Un tel appel aurait pu être lancé à
d'éventuels investisseurs afin qu'ils produisent ce type de semoir
comme c'est déjà le cas au Maroc.
Non,
l'OAIC a une vue partielle des préoccupations du céréalier. L'OAIC
a bien importé quelques exemplaires de ces semoirs. Mais le modèle
choisi est si lourd que les tracteurs des CCLS n'arrivent pas à le
porter et que parfois les engins sont restés emballés plusieurs
mois sur leur palette en bois. Malgré toute la bonne volonté de cet
office, il reste donc englué dans un « dirigisme
administratif ».
REFORMER
LES CCLS, OU CREER DES GROUPEMENTS CEREALIERS
Avec
les propos de Mr Amrani sur le labour nous avons eu la démonstration
en live, que l'OAIC est une administration incapable d'adaptation
technique rapide. Certes, l'OAIC sait ramener au plus près du
céréalier les intrants nécessaires : semences, engrais et
phytosanitaires. Certes, le système d'aide à l'équipement des
céréaliers en matériel d'irrigation est un modèle du genre.
Rappelons, que le céréalier peut payer sur trois ans en nature,
c'est à dire avec du grain. Mais sur des points techniques
fondamentaux, cet office est défaillant.
Faut-il
faire tout un plat du fait qu'un responsable de l'OAIC n'évoque pas
la pratique du semis direct pourrait-on penser. Mais justement, ce
fait est révélateur de la façon de fonctionner de cet office et de
l'ITGC dont le représentant n'a également jamais évoqué le semis
direct.
La
solution? Faire évoluer les CCLS ou créer à leur côté des
groupements de producteurs (des coopératives céréalières de commercialisation AUTONOMES!). Pour cela, il faut aller voir l'expérience des
coopératives céréalières à l'étranger et en France. Si par
exemple la France exporte du blé, c'est non seulement grâce à son
climat mais également grâce au management, c'est à dire à
l'organisation de ses coopérative de commercialisation.
Une
dernière chose, il est fondamental que de tels groupements de
producteurs aient la possibilité de moudre leur grains pour vendre
eux aussi de la semoule et de la farine. C'est là un moyen de
protéger leur marge. Actuellement, ce sont les transformateurs qui
font le maximum de bénéfice (comme les laiteries avec le lait cru
des éleveurs laitiers).
Quant
à l'ITGC, cet institut devrait être en partie financé par une
somme prélevée sur chaque quintal de céréales et son conseil
d'administration devrait comporter au prorata de ces sommes des
représentants des fellahs. Idem concernant la profession de
l'agrofourniture et de la transformation. Vous aurez peut-être
remarqué que lors de l'émission si Mr Bouhaouchine a indiqué que
des tests de qualité boulangère sont réalisés concernant les
nouvelles variétés ce n'est pas le cas concernant le nouveau
mélange de semoule et de farine. Ce n'est pas notre rôle
pourrait-il rétorquer. Mais, ce serait à qui à le faire ?
Alors que les importations de céréales se chiffrent en milliards de
dollars, ce nouveau mélange qui constitue une des voies d'économie
en devises est hors programme de nos services agricoles.
Plus
que jamais l'émission d'Imène Khemici a le mérite de mettre le
projecteur sur nos dysfonctionnements. C'est là un progrès. Plus
que jamais ces échanges nous renforcent dans la conviction qu'on ne
peut penser développement agricole en s'affranchissant de la
participation des premiers concernés : les fellahs.
Tout connaître sur le semis direct. Voila ce qu'on aurait aimé entendre.
Tout connaître sur le semis direct. Voila ce qu'on aurait aimé entendre.
قناة الشروق - تقنية البذر المباشر ITGC - semis ... - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=xI254EcfDzs
8 nov. 2015 - Ajouté par السُّــنــبــلــة Essonbola
شرح لتقنية البذر المباشر المعهد التقني للزراعات الواسعة ITGC قناة الشروق - برنامج الشروق morning - ركن اليد الخضراء.
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