Lorsque j'ai travaillé dans une chambre d'agriculture en France, nous, les conseillers techniques faisions en janvier une campagne d'analyses des reliquats azotés en sortie hiver (RSH). Du matin au soir, nous parcourions les parcelles munis de tarières jusqu'à en avoir des ampoules plein les mains. Ce type d'analyses est indispensables afin d'assurer une fertilisation azotée adaptée.
Photo: Etat des blé à Sétif le 27/01/2016
L'article d'Arvalis.fr ci-dessous montre ce que devrait faire l'ITGC avec les DSA, les CCLS et toute la filière céréale dz. Les techniciens de la filière réalisent-ils ces analyses ou sont-ils bien au chaud dans les bureaux? Djamel BELAID 24.01.2016.
Bourgogne / Franche-Comté
Céréales : les reliquats de sortie d'hiver impactés par les fortes pluies ?
Les
fortes pluies depuis le semis des céréales ont eu des effets non
négligeables sur les flux d’azote durant l’automne. Cependant toutes les
situations ne sont pas homogènes face à ce constat. Quel est l’enjeu
pour la gestion de la fertilisation à venir ?
Cette année, il est important de réaliser des analyses de
reliquats de sortie d’hiver (RSH) afin d’adapter la fertilisation de
début de cycle pour des cultures qui sont à des stades très différents.
Même si les simulations annoncent des reliquats en tendance faibles, il
existe une forte hétérogénéité des situations.
Des pluies importantes depuis les semis
Les pluies entre novembre et aujourd’hui ont été nombreuses et
importantes. Les stations de Bourgogne et de Franche-Comté enregistrent
sur cette période un cumul de pluies de 200 mm sur le nord de la Côte
d’Or et dans l’Yonne, à presque 300 mm en Franche-Comté, en
Saône-et-Loire et dans la Nièvre. Cela représente une quantité d’eau
largement supérieure à la médiane sur un grand nombre de situations (cf. carte ci-dessous).
Vers des RSH en moyenne faibles mais des situations hétérogènes
Ces quantités d’eau interviennent sur des
sols déjà saturés en eau. Les quantités d’eau drainée se sont alors
accentuées sur cette période. Faut-il pour autant s’attendre à des
reliquats de sortie d’hiver (RSH) faibles sur l’ensemble des
situations ?
En tendance, oui. Les RSH risquent d’être faibles, mais toutes les situations ne sont pas « logées à la même enseigne ». La modélisation de la lixiviation de l’azote pendant l’hiver montre en effet que l’année fait partie des 3 années à RSH les plus faibles parmi ces 10 dernières années. Ceci va surtout être vrai pour les plateaux argilo-calcaires et les situations où l’azote dans le sol à l’entrée de l’hiver était présent en faible quantité. Cette quantité est très liée à la fertilisation du précédent et au rendement de celui-ci. Un mauvais rendement avec une fertilisation moyenne aura toutes les chances de laisser une quantité importante d’azote à l’entrée de l’hiver et donc les RSH seront conséquents malgré les pluies. A l’inverse, de bons rendements avec une fertilisation non réajustée favorisera des reliquats d’entrée d’hiver faibles et donc des RSH faibles.
En tendance, oui. Les RSH risquent d’être faibles, mais toutes les situations ne sont pas « logées à la même enseigne ». La modélisation de la lixiviation de l’azote pendant l’hiver montre en effet que l’année fait partie des 3 années à RSH les plus faibles parmi ces 10 dernières années. Ceci va surtout être vrai pour les plateaux argilo-calcaires et les situations où l’azote dans le sol à l’entrée de l’hiver était présent en faible quantité. Cette quantité est très liée à la fertilisation du précédent et au rendement de celui-ci. Un mauvais rendement avec une fertilisation moyenne aura toutes les chances de laisser une quantité importante d’azote à l’entrée de l’hiver et donc les RSH seront conséquents malgré les pluies. A l’inverse, de bons rendements avec une fertilisation non réajustée favorisera des reliquats d’entrée d’hiver faibles et donc des RSH faibles.
Plusieurs cas de figure existent
Il existe néanmoins plusieurs types de situations :
• Pour les semis précoces (fin septembre), la culture ayant eu le temps de se développer davantage, les RSH seront mathématiquement plus faibles (de l’ordre de 10 U de moins en moyenne par rapport à un semis de fin octobre). Plus la céréale a été semée tôt et dans de bonnes conditions, plus elle aura absorbé d’azote. De plus, un couvert semé tôt va pouvoir absorber de l’azote plus profondément, car son front racinaire aura progressé plus vite qu’un semis tardif.
Les cultures dans ce cas sont en plein tallage et le premier apport peut être réalisé sans précipitation dès la reprise de végétation, sauf si le RSH est aujourd’hui inférieur à 20 unités. Dans ce cas, il faut intervenir dès que possible* avec 40 unités maximum.
• Pour les semis tardifs et à RSH faible (inférieur à 20 unités), le premier apport doit être réalisé dès que possible*, du moment que les premières talles sont présentes, pour maintenir une bonne alimentation jusqu’au stade épi 1 cm. L’azote à ce stade ne fait pas « taller » (le tallage dépend uniquement des sommes de températures). Il permet néanmoins de rendre compétitives les tiges qui se mettent en place.
• Pour les semis tardifs et à RSH important (supérieur à 40 unités), le premier apport doit être fait lors de la reprise de végétation et dès que le stade du plein tallage sera observé. Et même si celui-ci apparaîtra plus tardivement que les autres années.
Dans tous les cas, la plante capte en moyenne 60 unités d’azote dans le sol, entre le semis et le stade épi 1 cm, pour satisfaire ses besoins. Un apport au tallage de 40 unités est donc suffisant pour couvrir les besoins jusqu’au second apport. La mesure du RSH permet de prioriser certaines parcelles, mais également de calculer au plus juste la dose d’azote prévisionnelle, notamment sur les sols profonds.
• Pour les semis précoces (fin septembre), la culture ayant eu le temps de se développer davantage, les RSH seront mathématiquement plus faibles (de l’ordre de 10 U de moins en moyenne par rapport à un semis de fin octobre). Plus la céréale a été semée tôt et dans de bonnes conditions, plus elle aura absorbé d’azote. De plus, un couvert semé tôt va pouvoir absorber de l’azote plus profondément, car son front racinaire aura progressé plus vite qu’un semis tardif.
Les cultures dans ce cas sont en plein tallage et le premier apport peut être réalisé sans précipitation dès la reprise de végétation, sauf si le RSH est aujourd’hui inférieur à 20 unités. Dans ce cas, il faut intervenir dès que possible* avec 40 unités maximum.
• Pour les semis tardifs et à RSH faible (inférieur à 20 unités), le premier apport doit être réalisé dès que possible*, du moment que les premières talles sont présentes, pour maintenir une bonne alimentation jusqu’au stade épi 1 cm. L’azote à ce stade ne fait pas « taller » (le tallage dépend uniquement des sommes de températures). Il permet néanmoins de rendre compétitives les tiges qui se mettent en place.
• Pour les semis tardifs et à RSH important (supérieur à 40 unités), le premier apport doit être fait lors de la reprise de végétation et dès que le stade du plein tallage sera observé. Et même si celui-ci apparaîtra plus tardivement que les autres années.
Dans tous les cas, la plante capte en moyenne 60 unités d’azote dans le sol, entre le semis et le stade épi 1 cm, pour satisfaire ses besoins. Un apport au tallage de 40 unités est donc suffisant pour couvrir les besoins jusqu’au second apport. La mesure du RSH permet de prioriser certaines parcelles, mais également de calculer au plus juste la dose d’azote prévisionnelle, notamment sur les sols profonds.
(*) Attention au respect du programme d’actions nitrates en vigueur sur le département ou la région
Matthieu KILLMAYER
(ARVALIS - Institut du végétal)
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