lundi 11 avril 2016

CEREALES : CONTRE LES SECHERESSES AUTOMNALES, SEMER DANS UN SILLON.

CEREALES : CONTRE LES SECHERESSES AUTOMNALES, SEMER DANS UN SILLON.
Djamel Belaid 10.04.2016 Djamel.belaid@ac-amiens.fr

En Algérie, les semis d'automne 2015 ont été éprouvants pour les agriculteurs situés à l'Ouest. D 'habitude, ils ne sèment qu'avec les pluies. Or, celles-ci sont arrivées en retard. Elles ont été faibles et irrégulières. Désespérés de pouvoir un jour arriver à la récolte, certains agriculteurs ont lâché leurs moutons sur leurs maigres parcelles de blé. Si dès le début de campagne, les parcelles de blé sont menacées, comment arriver à plus d'autosuffisance céréalière ?

LES RESPONSABLES AGRICOLES, « IRRIGUEZ VOS PARCELLES ! »
Face à ce déficit pluviométrique la parade des responsables agricoles a été de conseiller aux agriculteurs d'irriguer leurs parcelles de céréales. Cette consigne témoigne d'une naïveté et d'une méconnaissance inquiétante des réalités des exploitations.
Les parcelles de blé ont une grande surface. Les irriguer demande des moyens considérables: kit d'irrigation par aspersion, canon à eau ou pivot mais surtout une source en eau (forage ou barrage). Puis irriguer suppose que l'agriculteur se situe dans une démarche d'intensification. Or, pour beaucoup de petits agriculteurs, le revenu de l'exploitation provient en partie, de l'élevage ovin. Elevage parfois plus rémunérateur que les céréales.
Par ailleurs, s'il y a un déficit hydrique, on peut supposer que les barrages et les nappes ne sont pas à leur plus haut niveau. Dans ce cas là l'agriculture concurrence directement l'approvisionnement en eau potable des villes.
Aussi, avant de penser à irriguer, il s'agit d'épuiser toutes les solutions agronomiques et notamment les nouvelles techniques de « dry-farming ».

SEMOIRS AUSTRALIENS, DES SILLONS COLLECTEURS DE PLUIE
Pour qui a vu travailler des semoirs à dents australiens, la formation d'un sillon derrière chaque dent est chose connue. La dent est munie d'un étroit soc ouvreur à laquelle sont fixées deux tubulures de descente : une pour les semences et une autre pour les engrais. La semence est donc déposée à 3-4 cm sous la surface du sillon et les engrais quelques centimètres sous la graine. Bizarement alors qu'en zone semi-aride la logique est de réaliser un roulage après semis et d'obtenir un sol parfaitement plat, les pratiques australiennes sont différentes. C'est le cas notamment avec le semoir pour semis-direct John Shearer, après son passage les champs ressemblent à de la tôle ondulée. Tous les 17 cm sur, on distingue au sol un sillon de 8 cm de profondeur et de 7-8 cm de large.
Rappelons que dans le premier cas, le passage d'un rouleau lisse ou d'un rouleau cross-killette permet de rappuyer le sol sur la semence et favoriser le contact entre le sol et la semence. Ainsi, l'humidité du sol se transmet mieux aux semences.

Dans le cas du semoir pour semis-direct John Shearer, les dents créent un sillon qui permet de collecter l'eau de pluie. En effet, au moindre épisode pluvieux, l'eau de pluie est récoltée par le sillon. Elle s'infiltre donc juste au niveau de la zone où est située la semence et l'engrais. Résultats, une germination-levée rapide et homogène.

La création d'un sillon est lié au type de socs ouvreurs et de la vitesse d'avancement du semoir. Une trop grande vitesse entraîne parfois le recouvrement des sillons par la deuxième ou troisième ligne d'éléments semeurs. Enfin, il s'agit de tenir compte également du type de sol.

Photo : Certains sillons sont recouverts par la dernière ligne de dents (Icarda-Aciar).

Un autre moyen efficace de conserver l'humidité du sol est de laisser au sol les résidus de récolte telle la paille. Mais celle-ci est très souvent destinée aux animaux délevage.

SEMOIRS AUSTRALIENS, DES ROUES PLOMBEUSES DERRIERE LES DENTS
La récolte de l'eau de pluie est également favorisée par l'action des roues plombeuses. Celles-ci passent dans le fond du sillon et permettent de lui donner sa forme finale. Par ailleurs, en rappuyant le sol au dessus de la semence, elles favorisent le contact sol-graine et donc le passage de l'humidité du sol vers la graine.
Les roues plombeuses ont diverses formes. Elles sont en caoutchouc ou en métal. Elles peuvent être muni d'un mécanisme qui permet de mieux appuyer sur le sol ; cela peut être un ressort. La présence d'un « décroteur » permet d'ôter la terre qui colle à la roue en conditions humides.

Photo : Roues plombeuses en condition d'humidité moyenne.

La formation d'un sillon et le fait d'utiliser des roues plombeuses permet de réaliser des semis précoces (octobre). En effet, outre la récupération de l'eau de pluie le fait de rappuyer le sol au dessus de la zone semée réduit les dégâts causés aux graines par des ravageurs tels les fourmis.
Pour des raisons économiques, les roues plombeuses sont parfois remplacées par des « snake chain ». Il s'agit d'une chaîne d'une vingtaine de centimètres fixée à chaque dent. Un petit disque de métal fixé à l'arrière de la chaîne permet, au fond du sillon, de recouvrir les semences qui seraient mal enterrées. Mais en aucun cas, ce type de chaîne ne peut remplacer le travail des roues plombeuses.

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