jeudi 27 octobre 2016

ALGERIE, MA RUE PROPRE.

ALGERIE, MA RUE PROPRE
22.10 .2016
Djamel BELAID
Malgré les efforts déployés par les collectivités territoriales et les organismes spécialisés, de nombreux déchets envahissent encore nos rues. Bien souvent, les citoyens se mobilisent et organisent des actions de volontariat afin de nettoyer leur rue ou leur quartier. Une technique traditionnelle serait à remettre au goût du jour afin de résoudre, en partie, ce fléau.

COMMENT FAISAIENT NOS ANCIENS ?
Dans l'Algérie rurale, les ordures ménagères étaient jetées sur le tas de fumier. Ces déchets organiques faisaient alors la joie des poules. Peu à peu, ceux qui n'étaient pas la proie des volatiles se décomposaient sous l'action de la faune du sol (vers de terre, insectes et bactéries). Périodiquement, le tout était épandu dans les champs ou au pied des arbres fruitier. En fait, sans s'en rendre compte, nos aînés faisaient du compostage d'ordures ménagères. Ils n'avaient pas besoin de coûteux Centre Technique d'Enfouissement*.
Certes, pourrait-on objecter, à l'époque nos aînés n'avaient pas autant d'emballages que nous. Mais pourquoi ne pas tenter utiliser cette pratique en l'adaptant à notre mode de vie actuel?

UN COMPOSTEUR AU PIED DE MON IMMEUBLE
Techniquement pratiquer le compostage de la fraction organique des déchets ménagers est simple. Il s'agit de mettre dans un bac les épluchures de légumes et de fruits ainsi que marc de café, serviettes en papiers, … etc.
A l'étranger de nombreuses communautés territoriales ont adopté cette pratique. Il suffit de taper « compostage en pied d'immeuble » sur le net et en particulier sur you tube, pour voir l'ampleur du phénomène. Dans les bacs, en quelques semaines, les diverses épluchures se décomposent. Pour accélérer le phénomène, il suffit de remuer le mélange afin d'aérer le compost et de favoriser l'action des bactéries.
L'idéal est de disposer de plusieurs bacs afin de condamner ceux qui sont pleins. Ainsi, ils finissent leur maturation. Le compost obtenu ressemble alors au terreau vendu en jardinerie. Il suffit de l'utiliser pour les pots de fleurs, le jardin ou pied des arbres.

MONSIEUR LE MAIRE ? CHICHE !
Bien que nous pensons que rien n'est donné et que c'est aux citoyens de stimuler l'administration, il serait bon que des maires, chefs de daïra, wali et responsables de collectivités (casernes, lycée, université, …) s'engage dans la popularisation du compostage des ordures ménagères. Il suffit de quelques bacs en bois ou en plastique et de bonne volonté. Certes, l'idéal est de disposer d'un minimum de savoir faire. Cela est tout a fait possible à l'ère d'internet. De nombreux tutoriels existent sur la toile.
L'intérêt d'une telle pratique est de réduire considérablement le volume des poubelles. Mais en plus, l'obtention d'un terreau est une aubaine pour nos sols. Nous suggérons à tout responsable détenant la moindre parcelle d'autorité de réaliser, au niveau de la structure qu'il dirige, un essai de compostage et de montrer un sac de terreau obtenu à un agriculteur. Sans l'ombre d'un doute, nous pouvons affirmer que cet agriculteur sera ravi si vous lui offrez le sac en question.
A l'heure du réchauffement climatique et du renchérissement du prix des engrais, le terreau, véritable éponge est la réponse à la baisse de fertilité de nos sols.

Chiche, Mr le Maire, Mr le Chef de Daïra, Mr le Wali, Mr le Directeur, faites installez un bac à compost de démonstration !
Notes :
(*) Selon Karim Ouamane, responsable de l'organisme public gérant l'élimination des déchets, enfouir les déchets sans opération préalable de tri nécessiterait l'utilisation annuelle de 250 hectares de surface agricole.
Quant à l'incinération, mieux ne pas y penser. Nos déchets sont trop humides. Par ailleurs les incinérateurs rejettent des particules nocives.

ANNEXE: Découverte de l’agroécologie au Salon Sima-Sipsa d’Alger.

Une nombreuse affluence au Salon international agricole Sima-Sipsa dans son édition 2016 a permis au Collectif Torba de présenter les facettes liées au monde de l’agroécologie, qui est une réappropriation d’une agriculture respectueuse de la vie des sols et de la biodiversité, jusqu’à devenir autonome vis-à-vis des intrants et amener à la véritable sécurité alimentaire.

Les agriculteurs (qui se sont laissé aller à l’agriculture chimique) ont découvert à travers ce stand que des consommateurs s’inquiètent de la qualité chimique de ce qu’ils achètent et qu’ils sont à la recherche de produits sains et naturels. Ceux-ci sont arrivés à s’organiser en solidarité avec des producteurs pour perpétuer et maintenir une activité paysanne ! De quoi séduire plus d’un paysan à se ré-orienter vers ce type d’agriculture, demander des formations adaptées ou assister à des conférences-débats autour de cette question.
L’agriculture urbaine a été également à l’honneur avec les bacs de permaculture qui exposaient des plants de légumes d’hiver qui évoluaient naturellement parmi les plantes aromatiques et les ornementales. La fabrication du compost à partir des déchets ménagers a également attiré l’attention du public.

Très belles perspectives que propose le Collectif Torba pour amener le citoyen algérien à cultiver sa santé !
Sources : http://agroecologie-algerie.org/decouverte-de-lagroecologie-au-salon-sima-sipsa-dalger/

vendredi 14 octobre 2016

Nouria Benghebrit, un combat contre la médiocrité

 En Algérie, à propos d'éducation le débat est rude. Nous proposons un article et une contribution sur ce sujet.


ALGERIE : Une ministre face aux islamistes.
Nouria Benghebrit se bat contre la « médiocrité » du système éducatif. Les islamistes comme les syndicats veulent sa peau. Portrait.
Adlène Meddi. Alger Le Point 22 septembre 2016

Sur une photo, on voit son nom «écrit sur une feuille de papier. A côté un pistolet Makarov, un grade et l'insigne de la gendarmerie ont été posés. Sur une autre, son nom est écrit à l'aide de balles de kalashnikov. La cible de ces images diffusées sur les réseaux sociaux ? La ministre algérienne de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. L'auteur du montage, un gendarme âgé de 25 ans habitant l'est algérien, a été appréhendé par ses propres collègues de la brigade anticybercriminalité qui l'ont traqué sur le Net, mais l'épisode en dit long sur les passions que déchaîne cette femme de 64 ans venue de la gauche algérienne.
Enseignement de la langue arabe, conditions de recrutement des enseignants contractuels, réforme du bac et même erreur des manuels scolaires... Depuis sa nomination, en 2014, les polémiques sont innombrables : N Benghebrit bat tous les records d'hostilité chez les conservateurs, les islamistes, les syndicalistes, mais aussi chez une partie de l'élite algérienne opposée à tout ce qui émane du système Bouteflika.

Nouria Benghebrit est la cible d'insultes : « juive », « sioniste »,
« francophile », « ennemie de l'identité arabo-musulmane »...

« juive », « sioniste », « francophile », « ennemie de l'identité arabo-musulmane »... Dans ce pays qui se déchire toujours sur les questions identitaires, celle qui, avant d'entrer en politique, dirigeait d'une main de fer le très renommé Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), fleuron de la recherche sociale en Algérie, fait face à d'incessantes attaques et affronte toutes les injures, même les plus improbables. Signe de la colère d'une partie de la « base » qui n'accepte pas cette ministre qui parle d'universalisme, de réformes, de rigueur, d' « algérianité » et évoque même ouvertement le « malaise » de l'école algérienne, une rumeur affirme que les enseignants conservateurs auraient organisé plusieurs opérations de fraude aux examens.

« Roc de convictions ».
Proche dans sa jeunesse des milieux gauchistes, petite-fille de Si Keddour Benghebrit, fondateur de l'Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris, cette ministre qui détonne dans le paysage politique algérien est pourtant soutenue – pour l'instant –, contre vents et marées, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. « Nous voulons une école ancrée dans l'Islam, l'arabité et résolument tournée vers la modernité et la qualité », a ainsi récemment déclaré le chef du gouvernement pour appuyer sa ministre.
A la tête de l’Éducation nationale, NB doit en réalité gérer une « guerre » permanente qui déchire les partisans d'une école moderne et algérienne face aux défenseurs d'une école qui porte les valeurs de l' »authenticité » arabo-musulmane. Une école qui forme les citoyens contre une école qui engendre des croyants, pour paraphraser l'écrivain Kamel Daoud [NDLR : l'écrivain est l'auteur de l'appel « Sauvez Benghebrit, sauvez nos enfants !», dans El Watan du 9 septembre]. « D'un côté, Benghebrit applique le programme du président Bouteflika, donc logiquement on fait fonctionner la solidarité gouvernementale, soutien un ancien ministre ? De l'autre, elle est dans une conjoncture où le système est encore dominé par des courants séculaires, où on a des décideurs traumatisés par la violente dérive islamiste des années 1990 qui accusent l'école des années 1970-1980 d'avoir créé des terroristes à cause de l'influence et des conservateurs au sein du système éducatif ? »
« Quand elle a pris ses fonctions, elle a appelé le Premier ministre pour discuter des consignes qu'il aurait à lui donner. Il lui a répondu qu'elle savait exactement ce qu'elle devait faire » raconte un proche d'A Bouteflika, le président algérien. « Elle s'attendait aux critiques. Elle n'est pas naïve. Pendant la période des violences islmistes durant les années 1990, elle vivait en Algérie. C'est une intellectuelle qui a analysé la société et les profondes forces qui la dominent. Mais elle tient bon, c'est un roc de convictions, explique un de ses collaborateurs. Vu la réaction des adeptes du wahabisme, nous sommes sûrs d'être sur la bonne voie ! » Se sent-elle physiquement menacée ? « Pas plus que n'importe quel responsable chez nous, elle n'est pas du tout alarmiste », poursuit-il.
Que reprochent les milieux conservateurs, les partis islamistes et certains médias populistes à cette ministre venue de l'université ? « De vouloir faire de l'école un véritable lieu de savoir par excellence », affirme ainsi Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du président Bouteflika et anti-islamiste déclaré. En fait, les réformes de Benghebrit sont simples. Elle veut passer de la logique de l'enseignement à l'apprentissage, assurer une meilleure connaissance des langues, « algérianiser » les contenus littéraires et même, parfois, inclure les langues étrangères dans les cours de sciences. Une véritable révolution. Elle n'est pas la première à avoir tenté ces réformes impossibles. Au début des années 2000, A Bouteflika, nouvellement élu, avait lancé ce grand chantier. Déjà, les conservateurs criaient à l' »occidentalisation » de l'école, car les propositions des experts parlaient dans le sens d'une plus grande diversification de l'apprentissage du français et de l'anglais tout en gardant la place prépondérante de la langue arabe.

Déclaration de guerre.
Restées en partie lettre morte, ces réformes, otages des équilibres que le pouvoir politique voulait sauvegarder entre plusieurs chapelles idéologiques, ont été remises au goût du jour par Benghebrit en 2014. Avec ce résultat : quand elle a pris les commandes de ce secteur qui absorbe à lui seul 30% des fonctionnaires, l'hostilité des conservateurs, des islamistes, et des syndicats a été immédiate.
Pour les islamistes, et à leur tête le Mouvement de la société pour la paix (MSP, tendance Frères musulmans), les ambitions de la ministre sont une véritable déclaration de guerre : le président du mouvement, Abderrezak Makri, ne cesse de demander la démission de la ministre pour « atteinte à l'identité nationale ». Quand, au printemps, son homologue française, Najat Valaud-Belkacem, en visite à Alger, avait évoqué la coopération entre les deux pays dans le cadre des réformes, le leader islamiste n'avait pas raté l'occasion et dénoncé « la tentative de franciser l'école algérienne » ! Mais benghebrit ne lâche rien. Quelques jours plus tard, face aux députés de l'Assemblée populaire nationale, elle avait trouvé la parade : « Notre ennemi principal aujourd'hui, c'est la médiocrité .»
Qu'est ce qui fait tenir cette sociologue de formation, une des meilleures spécialistes de l'éducation en Algérie ? Au delà du soutien de ses camarades du gouvernement, c'est sa tenacité : « C'était déjà un trait de caractère bien saillant chez elle et qui s'est renforcé avec son parcours professionnel et académique, face aussi aux crises qu'elle a dû, à l'époque, affronter » témoigne la sociologue Fatma Oussedik. Un parcours scientifique brillant, reconnaissent mêmes ses opposants : « Quoique je ne partage pas ses visions sur l'éducation et la pédagogie, je lui reconnais une grande compétence dans le domaine, et du courage aussi » admet Idir Achour, porte-parole de la Coordination des lycées d'Alger.
Directrice de 1995 à 2015 du CRASC d'Oran, doctorante de troisième cycle à Paris V Sorbonne et auteure de plusieurs études sur l'éducation, cette native d'Oujda, ville frontalière marocaine, a toujours impressionné ses collègues par son caractère de feu. « Dans le passé, plusieurs crises ont éclaté entre elle et d'autres chercheurs, se souvient un de ses collaborateurs à Oran. Mais Benghebrit a toujours eu le dernier mot. Elle a une sorte d'intransigeance naturelle et elle sait qu'elle ne doit son poste de responsable d'un grand centre de recherche ou de ministre qu'à ses compétences. » Sous-entendu, pas pour faire de la figuration ou pour féminiser l'image du gouvernement.
« Elle tire sa combativité de l'héritage que nous avions, nous, filles de l'indépendance, du combat de nos aînés, de Djamila Bouhired à Hassiba ben Bouali [ héroïnes algériennes de la guerre d'indépendance ], insiste Fatma Oussedik, également membre du réseau Wassila (collectif d'associations) pour les droits des femmes. Benghebrit appartient à cette génération de militants progressistes, tiers-mondistes, qui s'activaient dans les facultés de tout le pays, babas cool engagés, bardés de diplômes, qu'on trouvait à l'époque infiltrés même au sein du parti-Etat, le FLN, ou activistes dans les organisations communistes clandestines. Son mari, l'historien de renon Hassan Remaoun, est lui aussi une figure de cette génération qui a donné une classe technocrate volontariste, assez bien formé, qui a soutenu l'effort « socialiste » des années 1970, la libéralisation prudente des années 1980 et qui, malgré les désillusions face à un système fermé au changement, malgré le cataclysme des années 1990 et sa guerre civile, a continuer à « servir l'Etat algérien et non un régime », selon un haut cadre de l'Etat.

Piège.
« Les années 1990 ont été une période difficile pour le monde de la recherche, des universitaires et des intellectuels et des intellectuels : l'exil, les assassinats, la difficulté de travailler avec d'autres centres à l'étranger », se rappelle un assistant de Benghebrit à l'université. « Grâce à elle, l'école doctorale en anthropologie a vu le jour et nous travaillons avec des chercheurs associés du monde entier », énumère Belkacem Benzenine, actuel directeur du CRASC. « Benghebrit est têtue, elle essaie par tous les moyens de te faire adhérer à sa cause, raconte un syndicaliste, mais en même temps, elle fait attention à ne pas provoquer : elle a envoyé des messages d'apaisement aux Oulémas [association traditionnelle musulmane] pour les rassurer sur la place de l'arabe et de l'éducation islamique, elle a aussi négocié jusqu'à épuisement avec les syndicats qui lui ont fait la guerre. »
Prudente, elle a raison de l'être : « Les enjeux de l'éducation dans mon pays dépassent, me semble-t-il, ma personne », avoue-t-elle à la presse. « Dans cette polémique sur le système éducatif, le souci n'est pas d'être contre ou pour Benghebrit. C'est là le piège mis en place par le pouvoir pour dévitaliser le vrai débat au sein de l'élite », prévient le journaliste et écrivain arabophone Hmida Layachi. « La vraie question n'est pas celle de l'arabe ou du français, renchérit la sociologue Fatma Oussedik. L'enjeu est qu'il y a contradiction entre le système «éducatif qui impose d'apprendre par cœur et clui qui permet de réfléchir. L'enjeu est que l'écolee redevienne cet important acquis de l'indépendance, redevienne un élément de l'ascension sociale, comme ce fut le cas jusqu'aux années 1970. » Nouria Benghebrit croit dans son combat. Elle ne lâche rien. Pour l'instant.

Chercheuse et ministre.
1952 Naissance.
1982 Doctorat de sociologie à Paris-V.
1992 Dirige le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC).
2003-2006 Présidente du comité arabe de l'Unesco
2014 Ministre de l'éducation nationale.
* Journaliste et écrivain algérien. Dernier ouvrage paru : « Jours tranquilles à Alger » coécrit avec Mélanie Mataresse (Riveneuve éditions).


Sauvez Benghebrit, sauvez vos enfants !

Kamel Daoud El Watan
Tuer Benghebrit, la ministre de l’Education. Voilà où nous en sommes sous le règne du califat virtuel annoncé, toléré et encouragé. Faut-il laisser faire ?

Oui, si on veut voir nos enfants, un jour, figurants d’un désert sans fin, kalachnikovs en main, enturbanés par la bêtise et les néo-moyen-âges. Jouant dans les clips des égorgements avec un drapeau noir et sinistre. Et si aujourd’hui il nous faut une preuve sur la remontée de l’islamisme en Algérie, la liberté dont il bénéfice et presque la bénédiction post-réconciliation dont il est l’enfant gâté, c’est bien la levée de barrage contre cette femme algérienne qui en témoigne.

Son crime aura été de vouloir une école performante, libre, moderne, comme celle dont bénéficient les enfants de la nomenklatura en Occident. Elle aura contre elle et son projet de salut les islamistes, les bêtes et méchants, les hystériques de l’identité devenue une alimentation générale et les hordes sales et fielleuses qui font commerce des «constantes» : ulémas assis et inutiles pour notre nation, journaux post-FIS qui opèrent encore avec le mode massacres et faux barrages, les prêcheurs lancés comme des égorgeurs d’opinions et les foules bêtes et stupides de notre système plébéien. «Un jour elle peut être tuée !» m’avait dit un ami. Et on y est.

Menaces de mort, insultes, campagnes et diffamations de la part de gens dont la seule possibilité de gagner un salaire est de se faire les «doubleurs» de Dieu ou des «constantes» pour s’accaparer de nos croyances et de notre algérianité. Ne voilà-t-il pas ces syndicats qui, au lieu de défendre les droits de travailleurs, deviennent les propriétaires «légitimes» de notre histoire et de notre «identité», se faisant idéologues et avocats. Des ratés de l’évolution qui se positionnent en imams et des traitres à la nation, néo-saoudiens de formation devenus des donneurs de leçons en religion.

Désormais, le ton est donné : soit l’Algérie est à sauver, soit elle est à afghaniser par ces ténébreux arrière-petits-fils du FIS, du GIA intellectuel, du Daech mental et de ce qu’a formé l’école comme néo-talibans capables de siffler l’hymne de leur pays pour applaudir celui d’une Palestine fantasmée durant un match amical. Cette armée a aujourd’hui la liberté de dire, menacer, parler, avoir des chaînes TV, des journaux, des leaders et impose son code et sa loi. Le FIS a gagné et les 200 000 morts des années 90 sont devenus des mégots de cigarettes, des restes dans une poubelle d’os, des cailloux.

C’est donc aujourd’hui qu’il faut faire un choix : sauver Benghebrit et nos enfants ou laisser advenir le califat, l’Afghanistan national, le Daech triomphant. Mourir de voir nos enfants réduits à des ânonneurs de fatwas, des «récitateurs» bêtes et méchants, des intégristes de la mauvaise pensée pendant que le monde marche sur la lune, en fabrique ou en domestique dans les cieux. Il faut choisir ou subir. Se taire et se faire écraser et laisser revenir le temps des coupeurs de mains et des «lapideurs» de femmes.

Ou protester et sauver cette femme, notre pays, l’école et nos enfants. Il ne s’agit là ni d’un sigle ni d’un slogan, mais de notre chair. Nous, nos enfants ne partent pas ailleurs pour étudier et cette école est la seule que nous avons pour leur donner la possibilité de vivre mieux que nous. Nous, nous n’avons pas un autre pays de rechange : ceux qui veulent partir, qu’ils le fassent et ceux qui veulent nous imposer l’Arabie saoudite ou l’Afghanistan, qu’ils partent y vivre et mutiler leurs avenirs.

Nous, on est Algériens, on vit en Algérie et on défend notre histoire : libres depuis nos ancêtres et libres pour la fortune de nos enfants. Se taire aujourd’hui est un infanticide : ces néo-GIA de la pensée ont pris trop d’importance et bénéficient de trop de libertés et il faut que cela cesse. Si certains se sentent faibles devant cette racaille qui tue enfants et martyrs, nous non. On est forts et c’est parce que nous le devons à nos enfants.

Etre un ancêtre cela se mérite.

Nous n’avons pas à revenir au cauchemar des années 90, ni aux hurleurs des mosquées, ni à leurs menaces : il faut que cela cesse et il faut soutenir cette femme. Nous n’avons pas à baisser les yeux car nous, nous n’avons tué personne et nous n’appelons au meurtre de personne, chez nous ou dans le monde. Notre foi est meilleure. Nous respectons le désir, le rire, le bonheur, la liberté et la fierté. Contrairement à ces gens qui ne savent qu’interdire, maudire, menacer, insulter et pourchasser. Ils sont une menace et nous sommes les habitants de ce pays. Quand retentit son hymne ou que flotte son drapeau, on se lève pour les saluer, contrairement aux traîtres barbus qui restent assis puis viennent aujourd’hui nous parler de «matières d’identité» et d’arabité et d’islamité.

Nous cherchons à être utiles pour la richesse de cette terre et non à y provoquer des guerres pour une jupe, une chanson ou un film. Nous sommes sains, Algériens, fiers et forts, pas islamistes, pas vendus aux Arabies imaginaires, pas traitres et pas haineux des joies que nous ont souhaité nos martyrs. Ils sont morts pour qu’on soit heureux et pas soumis à une nouvelle colonisation. Le cas de Benghebrit nous concerne tous. Il est nous. Il est l’avenir de nos enfants : si nous laissons faire, on sera maudits. Ils feront de nos enfants leurs égorgeurs futurs et ce pays disparaîtra entre une fatwa et une hystérie. La réconciliation n’est pas la soumission.

L’école doit être libérée de la talibanisation, des appels à la haine, des dénis de soi et de son histoire et de cet avenir sombre que lui proposent les daech assis des islamistes et autres fatwamen et leurs journaux. Elle doit être libérée de la futilisation par les faux débats et les hystériques de l’ancêtre pur, la langue pure et la souche pure. L’avenir est tracé par le savoir, la science et la raison et la foi, pas par la fatwa, les avis stupides et les appels à la haine de l’Autre.

Nous sommes donc tombés si bas, aux yeux de nos ancêtres, pour qu’un simple barbu et une horde d’aliénés de la fausse racine et du fantasme de l’identité viennent nous imposer leurs avis et leurs cris ? On a donc chassé les colons pour se faire écraser par des vocations de chameliers ? Nous avons attendu la libération tant de siècles pour abdiquer devant des oisifs qui trouvent salaires en se faisant passer pour Dieu ou ses représentants uniques ?

Aujourd’hui, ces gens attaquent Bengehbrit parce que son projet de moderniser notre école pour construire nos futures élites les gêne. Pourquoi ? Parce que l’école islamiste est ce qui va construire l’armée des futures islamistes qui leur permettra de prendre le pouvoir. Leur but est la domination, la colonisation de l’Algérie, le meurtre. Ils ne peuvent pas recruter dans le présent, ils le font dans l’avenir. C’est la même stratégie pour les islamistes partout : infester l’école pour devenir plus nombreux et construire leur émirat.

C’est pourquoi ils ne se sentent concernés ni par l’échec économique, la corruption, le classement de nos universités, le savoir, les réformes d’administration, le fisc ou l’écologie. Non, rien que l’école pour se garantir l’avenir qui leur manque. Là où nous nous espérons une école pour maîtriser le monde, s’enrichir, créer et inventer, mériter de meilleurs classements, faire face aux concurrences et parler toutes les langues du monde et surtout celle de la réussite.

Devrons-nous vivre hallucinés au point d’accepter que l’on égorge nos enfants pour sauver nos moutons ?
L’islam n’a pas besoin des islamistes et l’école n’a pas besoin des talibans.
Mais Mme Benghebrit a besoin de nous, tous.

(Kamel Daoud,El Watan du 09-09-2016)

mercredi 5 octobre 2016

Irriguer les vignes avec les eaux recyclées issues des stations d’épuration

Projet Irri Alt’eau
Irriguer les vignes avec les eaux recyclées issues des stations d’épuration
Publié le 18/07/2016par Emmanuelle Thomas

L’irrigation des parcelles a été assurée par un système d’irrigation aérien par goutte-à-goutte. Les diffuseurs, positionnés au niveau de chaque cep au niveau du sol pour le carignan, et à 30 cm du sol pour le viognier. Photo : Flor Etchebarne


Cet article de Viti de mai/juin 2016 vous est proposé gratuitement et dans son intégralité. Bonne lecture ! Pour vous abonner, RV sur notre e-kiosque.

Dans le sud de la France, l’eau devient rare. L’irrigation des vignes est une solution pour lutter contre le stress hydrique, mais les ressources en eau sont limitées. Les eaux recyclées, issues des stations d’épuration, peuvent constituer une ressource alternative.

Le projet Irri-Alt’eau a pour objectif d’étudier la faisabilité de l’utilisation des eaux recyclées issues des stations d’épuration. Cette pratique est déjà mise en œuvre dans d’autres pays viticoles comme l’Espagne, les États-Unis (Californie notamment) et l’Australie. En France, la réglementation actuelle permet l’utilisation d’eaux issues du traitement d’épuration des eaux résiduaires urbaines pour l’irrigation des cultures. Tout en respectant les niveaux sanitaires requis pour la culture à irriguer. Cependant, les viticulteurs sont en partie réticents, selon une enquête menée dans le cadre du projet. D’où l’intérêt d’une étude poussée pour établir l’inocuité de cette utilisation à la fois sur les sols, la vigne, le raisin et, bien sûr, sur le vin.

Ce projet collaboratif associe six partenaires : Véolia, coordinateur et concepteur d’un prototype de traitement des eaux, Aquadoc, (fabricant de système d’irrigation), la cave coopérative de Gruissan, le Grand Narbonne et deux laboratoires de l’Inra1. Il a démarré en 2013 pour trois campagnes d’irrigation : 2013, 2014 et 2015. Les expérimentations ont été menées à l’Inra de Pech Rouge sur deux parcelles aux sols différents de respectivement 1 ha et 0,5 ha.

« Une parcelle de viognier (conduite en espalier) située sur sols argilo-sableux, et une parcelle de carignan, implantée sur sols calcaires et conduite en gobelet », précise Flor Etchebarne, en charge du projet à l’Inra.

L’irrigation des parcelles a été assurée par un système d’irrigation aérien par goutte-à-goutte. Les diffuseurs, positionnés au niveau de chaque cep au niveau du sol pour le carignan, et à 30 cm du sol pour le viognier.

Pas d’impact sanitaire

Dans les conditions de l’étude, la qualité et la quantité d’eau apportée aux vignes étaient maîtrisées.
Quatre modalités ont été comparées : apport d’eau potable, d’eau usée traitée de qualité B, d’eau usée de qualité C et d’eau brute « agricole », pompée dans le canal Sainte-Marthe (Narbonne).

« Les eaux usées recyclées provenaient de la station d’épuration de Narbonne-Plage. L’eau de qualité B a subi, en plus des traitements classiques en station d’épuration, une préfiltration, une désinfection par passage aux UV et une chloration. L’eau de qualité C, uniquement une préfiltration et une désinfection au chlore », explique-t-elle.

L’irrigation a été apportée en même temps et en quantité équivalente sur les différentes modalités, pendant la période de déficit hydrique, de mai-juin à la récolte, selon les résultats des modèles de prévision (mesure des potentiels hydriques).

En moyenne, 500 m3/ha d’eau ont été apportés par campagne, en dix apports.
Les scientifiques ont analysé à la fois la qualité des différentes « eaux » apportées aux ceps, mais aussi l’impact sur le sol, sur la nappe phréatique, sur la vigne et dans le raisin. Des vinifications ont également été effectuées.

« La qualité des eaux a été étudiée au niveau sanitaire (microbiologique), mais aussi vis-à-vis des résidus de pesticides, des résidus de médicaments, et de la présence éventuelle de métaux lourds. Les résultats confirment leur utilisation possible pour irriguer la vigne, y compris pour les eaux usées de qualité C. »

Des eaux plus chargées en nutriments

Comparée à l’eau potable et à l’eau agricole, l’eau recyclée a une teneur en sels et une charge nutritive plus élevées. Les premiers résultats montrent qu’il n’y pas de différence dans le sol, la nappe phréatique, la plante et dans la composition de la récolte et du vin entre vignes irriguées avec des eaux recyclées ou eau agricole ou eau potable. Ces résultats démontrent que la qualité du fruit et du vin est plus sensible aux effets millésimes qu’au type d’eau d’irrigation.

Les eaux issues de la station d’épuration sont plus riches en nutriments (azote, phosphore, potassium), mais aussi plus chargées en sels (chlorure, sodium). Les expérimentations visaient donc également à voir l’effet de cette « fertirrigation ».

« Nous n’avons pas constaté d’effet de l’irrigation avec les eaux issues de la station d’épuration sur la nutrition de la vigne. Mais ces résultats ne proviennent que de deux années d’expérimentations – les résultats des analyses pétiolaires de 2015 ne sont pas encore connus – et les effets attendus sont plutôt des effets à long terme. Les apports sont en effet réalisés en très petites quantités et dans le temps (50 m3/ha à chaque irrigation). » Ce point nécessitera d’être creusé. Le projet Irri-Alt’eau s’est achevé en 2016, mais les expérimentations devraient être poursuivies sur cette thématique à la station Inra de Pech Rouge. Le site pourrait servir « d’observatoire » et de démonstration sur le terrain à long terme.

(1) Laboratoire de biotechnologie de l’environnement de Narbonne (LBE) et l’unité expérimentale Pech Rouge.

Article paru dans Viti n°417 de mai/juin 2016

dimanche 2 octobre 2016

Agro-alimentaire ALGERIE : fabriquer de la gélatine hallal.

 Agro-alimentaire ALGERIE : fabriquer de la gélatine hallal.
 Djamel BELAID 2.10.2016

MODE DE FABRICATION DE LA GELATINE EN EUROPE
En Europe la gélatine proposée dans le commerce n'est pas hallal. Elle est à base de  couenne de porc.
Feuille de gélatine alimentaire non-hallal. 
 Vidéo montrant le process de fabrication de la gélatine en Europe.

En Algérie, il est possible de fabriquer de la gélatine hallal à partir de pattes de poulets.
Un des procédés d'extraction consiste à faire chauffer pendant 4 heures à petit feu dans de l'eau des pattes de poulets.

 Photo de pattes de poulets prêtes à la consommation en cuisine chinoise.
Ensuite, on filtre le bouillon et on laisse reposer. Le bouillon se fige alors, c'est de la gélatine.

LES GELIFIANTS EN AGRO-ALIMENTAIRE
Le secteur agro-alimentaire est un gros utilisateur de gélifiants. A côté de la gélatine existe la poudre d'agar-agar (algue dont le Maroc est un gros producteur) ou la poudre de caroube. Rappelons que le caroube est disponible en Algérie. L'arbre produisant des gousses de caroube est très bien adapté au climat local.


 Pot de poudre de caroube vendu en grande surface en Europe.

GHARDAIA, LE MAÏS NE FAIT PLUS RECETTE.

GHARDAIA, LE MAÏS NE FAIT PLUS RECETTE.
Djamel BELAID 1.10.2016

Selon Ali Bendjoudi, directeur des services agricoles à Ghardaïa, la récolte automnale de maïs devrait connaître une sensible baisse. Les superficies emblavées n'ont en effet représentées que 900?ha au lieu des 2 500 ha de l'an passé. La cause ? L'ONAB qui a du mal à enlever les 8 000 qx produits par les agriculteurs locaux. Un comble quand on sait que la facture des importations de produits pour aliments du bétail (maïs et soja) tourne en moyenne autour de 1,4 milliards de DA.

LES DIFFICULTES DU MADE IN DZ
Le cas du maïs illustre les difficultés de bâtir une agriculture nationale orientée vers la satisfaction des besoins des consommateurs locaux.
Produire du maïs dans le sud sous irrigation continue avec pivot est un bel exploit des agriculteurs. Il faut dire que le maïs est une culture pratiquement inconnue localement. A part quelques pieds servant de mini brise-vent en maraîchage, le maïs était absent de nos champs.
Or, voilà que dans une seule région, des agriculteurs arrivent à en produire une quantité appréciable. Certes les quantités produites ne sont qu'une goutte d'eau face aux actuelles importations. Mais, cette production illustre le savoir-faire technique des investisseurs nationaux.

MAÏS-GRAIN, UN SAVOIR-FAIRE INCONTESTABLE
Les agriculteurs produisant du maïs et les cadres techniques les conseillant sont à féliciter. En effet, le maïs-grain produit vient en deuxième culture après le blé ou l'orge. Cela est possible grâce au choix de variétés à cycle court, au climat chaud et aux disponibilités actuelles en eau.
L'efficacité économique et agronomique de la rotation pourrait même être améliorée en semant en culture dérobée du colza fourrager avant le semis du blé. A cette fin, l'usage d'un semoir pour semis direct s'avère fort utile afin de concilier vitesse de semis et maintien de la matière organique du sol.

Le seul inconvénient de la production de maïs-grain vient de la forte demande en eau nécessaire à ce type de production. Or, l'eau des nappes phréatiques se renouvelle pas ou à un rythme nettement inférieur aux prélèvements. Par ailleurs, selon les nappes phréatiques, l'eau d'irrigation est plus ou moins chargée en sel. Aussi, au fur des campagnes d'irrigation, les sols deviennent saturés en sel. En effet, du fait de la faiblesse de la pluviométrie locale, on ne peut compter sur un lessivage naturel du sel par les pluies.

FELLAHINE, FAITES ENTENDRE VOTRE VOIX
Mais paradoxalement, cette production de maïs et le regrettable désengagement de l'ONAB illustrent le faible poids politique des paysans algériens. En effet, sous d'autres cieux, el-fellahines sont organisées en coopératives paysannes libres. Il ne s'agit pas comme chez nous de ces dépôts CCLS de l'OAIC dénommés abusivement « Coopératives » où les sociétaires n'ont pas voix au chapitre face à un directeur nommé par la tutelle depuis la capitale. Sous d'autres cieux, ce sont les coopératives qui organisent la collecte du maïs et le commercialise ou le transforme. A charge pour elles de préciser aux pouvoirs publics les quantités livrées et donc payées aux agriculteurs. Ces pouvoirs publics adressant alors aux-dits agriculteurs le montant des subventions allouées à la culture.

L'INCAPACITE DE L'ONAB
A ce schéma où les agriculteurs sont organisés librement en entités économiques viables et dynamiques, les nos pouvoirs publics ont préférés des offices publics. Or, dans le cas présent l'ONAB montre son incapacité à stimuler la production locale de matière première pour aliment du bétail. Cet office et l'OAIC sont plus à l'aise pour installer des suceuses à grains sur les quais de nos ports ou importer à tour de bras des grains achetés en devises à des agriculteurs étrangers.
Si un tel schéma pouvait se concevoir aux premières années de l'indépendance, à l'heure de la réduction de la rente pétrolière, de l'émergence d'une paysannerie dynamique et d'élites rurales, il semble temps de fluidifier le commerce du grain.
Certes, les enjeux sont grands. On touche là au secteur de l'alimentation. Or, qui dit réforme de l'outil public dit appétits démesurés de certains opérateurs privés et copinages répréhensibles. 
 
UN CHANTIER POUR LE NOUVEAU MINISTRE DE L'AGRICULTURE
Il y a là un chantier pour le nouveau ministre de l'agriculture. Techniciens de terrain, directeurs des services agricoles, élus et walis doivent exiger à leur autorité de tutelle un examen critique de la situation. L'organisation du commerce du maïs concernant le Sud ne peut se satisfaire de schémas bureaucratiques. Plus qu'ailleurs, dans le Sud, les distances pénalisent le geste économique. Surtout lorsque celui-ci a à pâtir de la bureaucratie. Aussi, sans céder aux sirènes de l'ultra-libéralisme, il est nécessaire d'imaginer un nouveau type d'organisation du marché du maïs-grain. Celui-ci ne peut plus être du seul ressort de l'ONAB, du moins au Sud du pays.

Actuellement, l'ONAB n'arrivant pas à enlever le maïs produit par les agriculteurs, pourquoi donc ne pas déléguer à ces producteurs la possibilité de valoriser leur production. Pour cela, il s'agit d'encourager la création d'unités locales de fabrication d'aliments du bétail. Certes, les marchés les plus importants se situent au Nord. Mais une demande existe au Sud. Si les producteurs locaux de maïs-grain pouvaient bénéficier des prix garantis et des aides à la production d'aliments de bétail, nul doute qu'ils sauraient progressivement réunir les conditions nécessaires afin de valoriser leur production.
Or, actuellement, le schéma dominant est celui des offices tout puissants. Pourtant, sur le terrain, l'exemple du maïs de Ghardaïa vient démontrer le contraire.

MAÏS, SOJA, TRITICALE ET EAU
La dépendance de l'Algérie pour l'alimentation des élevages avicoles est forte. Afin de nourrir les animaux, d'autres moyens que la production locale de maïs existe. Ce maïs importé peut être partiellement remplacé par l'orge et encore plus par les triticales. Or ces deux céréales ne réclament pas l'irrigation coûteuse indispensable aux parcelles de maïs.
Par ailleurs, la production de protéines animales revient cher en grains et fourrages. Aussi, il devient indispensable d'élargir l'offre locale en protéines végétales : lentilles, pois-chiche, fèves, soja extrudé. Ce type de produits apporte dans la ration alimentaire les mêmes acides aminés indispensables que les produits carnés.
Une réflexion portant sur le long terme est donc à envisager.

samedi 1 octobre 2016

« Panama papers » : malversations d’un importateur algérien de poudre de lait

Un article qui se passe de commentaires et que nous reproduisons in extenso.

« Panama papers » : malversations d’un importateur algérien de poudre de lait

Par Lyas Hallas (contributeur Le Monde Afrique, Alger) LE MONDE Le 30.09.2016


En Algérie, l’importation de poudre de lait a permis de bâtir des fortunes, parfois douteuses. Et des sociétés offshore ont été utilisées pour gonfler les prix et engranger à la fois profits et subventions. C’est en tout cas ce que permettent de comprendre les documents « Panama papers », obtenus par la Süddeutsche Zeitung et le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dont Le Monde est partenaire. On y découvre que le fabricant de lait en sachet, Zoubir Bererhi, 73 ans, dispose de deux compagnies offshore : Dairy Food Ingredients Ltd et Oxford Chemical Ltd. Il en est le bénéficiaire économique en association avec son fils Jawed, 45 ans. Celui-ci est directeur de l’usine d’Oued Smar, dans la banlieue d’Alger, gérée par la société de son père, la SARL Liko.


Les Bererhi ont recouru aux services du cabinet panaméen Mossack Fonseca – mis en cause dans les « Panama papers » – par le biais de la société genevoise de gestion de fortune Fiducior SA pour domicilier leurs deux sociétés aux îles Vierges britanniques. Les deux compagnies étaient destinées à la gestion de portefeuilles placés à la banque Credit suisse, à Genève. Mais l’une d’entre elles, Dairy Food Ingredients Ltd, a aussi servi d’intermédiaire pour d’importantes transactions. Les Bererhi lui faisaient acheter de la poudre de lait au prix du marché, en Ukraine notamment, avant de la revendre en Algérie… à eux-mêmes, à un prix bien supérieur. Le tout en évitant que cela se sache.
Dans un courriel du 2 novembre 2009 à l’antenne genevoise de Mossack Fonseca, le fondé de pouvoir des Bererhi, Jean Sunier, employé de Fiducior SA, prévient le cabinet panaméen d’éventuelles vérifications des douanes algériennes. Il lui demande de ne pas mentionner que M. Bererhi contrôle Dairy Food Ingredients Ltd. Le contrat en question est signé par Jawed Bererhi pour le compte de Liko. Il porte sur l’achat à une société, sans doute ukrainienne (le nom n’apparaît pas), de 700 tonnes de poudre de lait au prix de 5 600 dollars la tonne, pour un montant total de 3,92 millions de dollars (3,5 millions d’euros). Et cela, alors qu’en 2009 la tonne de poudre de lait valait en moyenne 2 400 dollars sur le marché mondial.
Cette même année, les importations de poudre de lait en Algérie ont atteint 93 000 tonnes pour une valeur de plus de 220 millions de dollars, soit un prix moyen équivalent à celui du marché, 2 400 dollars, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS) des douanes algériennes. Et pourtant, les 6 300 tonnes importées d’Ukraine – notamment celles de Liko – étaient facturées en moyenne un peu plus de 4 000 dollars.
Le lait, aliment de base d’une grande partie des Algériens, avec 115 litres consommés par habitant et par an, selon le ministère de l’agriculture et du développement, figure en tête des produits que l’Etat algérien subventionne à coups de centaines de millions de dollars chaque année. Le marché du lait est estimé à 5 milliards de litres par an : 177 laiteries se partagent ce marché (15 appartiennant au groupe public Giplait, qui détient un tiers du marché, et 162 laiteries privées se répartissent le reste).
Selon le système qui prévalait jusqu’en 2009, date du changement de la politique de subvention, le gouvernement maintenait le prix du litre à 25 dinars (0,20 euro) grâce à des subventions versées aux producteurs par l’intermédiaire du fonds de compensation pour les produits alimentaires. Plus le coût déclaré par les importateurs et producteurs était élevé, plus ils recevaient de subventions, pour maintenir le litre de lait à 25 dinars.

ENCADRE : Les arnaques sur le lait algérien, calculette en main
A 2 400 dollars la tonne en 2009, les 103 grammes de poudre en sachet nécessaires à la production d’un litre de lait reviennent à 17,4 dinars au taux de change de l’époque (1 dollar valait 70 dinars). A considérer que la matière première représente 90 % du coût de revient du sachet du lait – le reste étant la masse salariale, l’emballage, l’amortissement et les charges diverses, comme l’électricité, ainsi que les impôts et les taxes –, le litre de lait revient à 19,3 dinars. En additionnant la marge que prend le transformateur (5 dinars), cela fait 24,3 dinars. Le prix public étant fixé 23,35 dinars à la sortie de l’usine pour 25 dinars en magasin, l’Etat aurait versé à Liko 1 dinar pour chaque litre produit.

Mais à 5 600 dollars la tonne, le prix pratiqué à plusieurs reprises par les Bererhi entre leur société offshore et Liko, le coût du sachet est de 40 dinars, ce qui leur donnait droit à 15 dinars du gouvernement pour chaque litre produit. Soit plus de 1,2 million de dollars de subventions par mois.

Ce dispositif a longtemps favorisé les surfacturations à l’importation. Le montage triangulaire auquel recouraient les Bererhi leur permettait ainsi de manipuler les prix de la matière première à leur guise. Leur société offshore, dont ils prétendaient ne pas être propriétaires, achetait la poudre au prix du marché mondial, et la revendait à leur propre laiterie parfois deux fois plus cher. Avec un triple avantage : toucher davantage de subventions, sortir des devises pour ces achats à valeur fictive, et engranger le bénéfice offshore.
Dans les documents de Mossack Fonseca apparaissent douze opérations d’importation réalisées entre 2007 et 2009 par Liko, totalisant 4 080 tonnes pour une valeur de 22 millions de dollars. Soit 5 400 dollars la tonne, le double du prix du marché en 2009.
A partir de 2009, l’Etat algérien a renoncé au mécanisme de subvention aux producteurs afin de favoriser la collecte du lait cru en Algérie. La poudre de lait importée est désormais distribuée par l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) à prix fixe (et non plus à prix flottant) et subventionnée à 159 dinars le kilo (1 450 dollars la tonne au taux actuel du change). L’Etat accorde par ailleurs au transformateur une prime de 5 dinars par litre de lait cru local.
Jusque-là, la surfacturation était un véritable sport national pour les importateurs, et pas seulement dans le secteur laitier. En 2012, pour des pratiques similaires découvertes par hasard, le laboratoire pharmaceutique Sanofi-Aventis Algérie avait été condamné à une amende de 26 millions de dollars et son directeur, condamné à un an de prison avec sursis.
Les douze contrats d’importations de la SARL Liko consultés ont quant à eux été conclus alors que la société bénéficiait du régime de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), lequel accorde d’importantes exonérations fiscales. La société s’en portait bien. Entre 2007 et 2008, selon une source proche de l’ANDI qui préfère garder l’anonymat, Liko a plus que doublé son chiffre d’affaires, passant de 673,6 millions à 1,5 milliard de dinars en 2008. Malgré ce doublement de l’activité, Liko est officiellement restée déficitaire ces années-là.
Contacté à de multiples reprises par courriel et par téléphone, Zoubir Bererhi n’a pas voulu répondre à nos questions. Son fondé de pouvoir genevois, Jean Sunier, non plus.

ENCADRE : Un continent de secrets : une nouvelle série sur les « Panama papers » en Afrique
Le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde est partenaire, publie dès lundi 25 juillet une nouvelle série d’articles à partir des documents « Panama papers » sur l’évaporation des ressources en Afrique.

La présentation (en anglais) de cette série est à trouver ici.

Les 11,5 millions de documents issus du cabinet panaméen Mossack Fonseca mettent en lumière le rôle des sociétés offshore dans le pillage du continent, qu’il s’agisse de l’industrie du diamant en Sierra Leone, des structures de dissimulations du milliardaire nigérian Kolawole Aluko, propriétaire d’un yacht sur lequel Beyonce a passé des vacances et lié à l’ancienne ministre du pétrole nigériane Diezani Alison-Madueke, ou le recours systématique aux paradis fiscaux par l’industrie extractive.

Selon l’ICIJ, des sociétés issues de 52 des 54 pays africains ont recouru à des structures offshore, participant à l’évaporation de 50 milliards de dollars d’Afrique chaque année. ICIJ, pour cette nouvelle série, s’est appuyé sur ses partenaires habituels ainsi que sur des journalistes en Algérie, au Ghana, en Tanzanie, au Niger, au Mozambique, à Maurice, au Burkina Faso et au Togo, coordonnés par le réseau indépendant ANCIR.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/30/les-panama-papers-revelent-les-malversations-d-un-importateur-algerien-de-poudre-de-lait_5005898_3212.html#wJ6BHCH9tdHw3tkI.99

vendredi 30 septembre 2016

CEREALIERS DZ, SEMEZ EN SEC!

CEREALIERS DZ, SEMEZ EN SEC!

L'an passé, à l'est du pays, la sécheresse automnale était telle que les semis de céréales ont été livrés très tôt aux moutons. Désespérés de ne pas voir de pluies, dès le début de l'hiver, des céréaliers avaient préférés que leurs parcelles de céréales, prématurément jaunies, servent de fourrage. Afin que ce scénario ne se renouvelle pas, les céréaliers ont une alternative : ne pas attendre la pluie et semer en sec.

SEMER EN SEC, MAIS PAR SEMIS DIRECT
S'il est proposé aux céréaliers de semer en sec, cette invitation se double du conseil suivant : semer en sec mais en adoptant le semis direct.
Pourquoi un tel conseil ? Car le labour ou le pseudo-labour au cover-crop assèche le sol et ne crée pas de conditions optimales à la germination des semences. L'expert marocain en semis direct, Rachid M'Rabet a montré qu'après un labour le sol est rapidement desséché. Or, ce n'est pas le cas en non-labour avec semis direct.
Par ailleurs, attendre la pluie pour semer conduit à des semis qui s'étalent jusqu'au mois de décembre. Cela EST UNE ABERRATION en zone semi-aride. Les semis doivent être terminés au 20 novembre. Différentes études algériennes et marocaines montrent l'intérêt des semis précoces.

Source: Symposium international «Agriculture durable en région Méditerranéenne (AGDUMED)», Rabat, Maroc, 14-16 mai 2009. Jouve: Stratégies de valorisation de l’eau dans les systèmes de culture pluvial. Nb: Dans le cas du blé, l'absence de désherbage est la cause du moindre rendement en semis précoce.
QUEL MATERIEL POUR LE SEMIS-DIRECT ?
Pour pouvoir utiliser le semis direct, il est nécessaire de disposer d'un semoir pour semis direct (SD). De plus en plus des semoirs pour semis direct sont disponibles sur le marché local. Mais ces engins sont chers; jusqu'à trois fois le prix d'un semoir conventionnel. Heureusement depuis peu, CMA-SOLA a commencé à produire à Sidi Bel-Abbés le semoir low-cost « Boudour ».

Les experts australiens basés de 2006 à 2012 à la station Icarda d'Alep (Syrie) ont montré que des artisans soudeurs locaux sont en mesure de fabriquer de tels engins. A Mezloug (Sétif), Mr Refoufi et ses fils ont démarré la production de semoirs pour semis direct. Il est à espérer que plus de constructeurs locaux apparaissent.

RECONVERTIR UN SEMOIR CONVENTIONNEL EN SEMOIR SD
En Irak, face à l'absence de constructeurs locaux, une autre voie a été choisie; la reconversion de semoirs conventionnels en semoirs SD.
A condition de posséder un minimum de savoir faire et de pièces détachées, ce type de reconversion est à la portée d'artisans soudeurs, voire d'agriculteurs possédant d'un atelier de soudure.

Le mode opératoire est simple. Sur un chassis, il s'agit de fixer des dents en acier et une trémie de semoir. Les dents travaillent le sol sur quelques centimètres. Le fait de fixer une tubulure de descente derrière chaque dent permet de positionner les graines en provenance de la trémie. L'idéal est de partager la trémie en deux afin qu'en plus des semences, des engrais soient également apportés.

DES AUTORITES ALGERIENNES DEPASSEES TECHNIQUEMENT
Face aux risques de sécheresse automnales ou printannières, les céréaliers n'ont plus qu'une alternative: passer au SD. Les avantages sont multiples. Ces semoirs permettent de mieux valoriser l'humidité du sol. En rendant le labour inutile, ils évitent le desséchement du sol. Mais surtout en plaçant la semence dans un sillon, ils permettent, dès l'automne, la collecte des eaux et donc la réussite de la délicate phase de germination-levée.
« Cerise sur le gâteau », du fait d'un seul passage pour « travailler le sol » et semer, ces engins réduisent de 40% les coûts en carburants et main d'oeuvre.
Si les autorités algériennes commencent à s'intéresser à cette technique révolutionnaire, la mobilisation des services agricoles est nettement insuffisante. Or, face aux défis du réchauffement climatique qui frappe le pays et en particulier l'Ouest, il y a urgence à passer au SD.


CEREALIERS, ESSAYER LE SD SUR UNE PARTIE DE VOTRE EXPLOITATION
Il est recommandé aux céréaliers ne connaissant pas le SD de réaliser un essai sur une partie de leur exploitation. Pour cela, ils peuvent emprunter le semoir d'un voisin, passer par une entreprise de travaux agricoles ou une CCLS qui dispose de tels engins. Enfin, reste la solution de modifier son semoir conventionnel.
L'enjeu est primordial. Divers essais montrent que là où on ne récolte que 2 qx/ha en cas de sécheresse, avec le SD les parcelles voisines produisent 10 qx/ha. Le SD nécessite cependant de procéder à un désherbage chimique et donc une certaine maitrise technique.

La balle est dorénavant dans le camp des pouvoirs publics. A eux d'organiser les conditions favorables au développement de ce mode de semis « anti-sécheresse ». Mais, les céréaliers se doivent d'innover et de maîtriser cette technique sans attendre l'aide hypothétique des services agricoles parfois dépassés.