mardi 4 août 2015

ALGERIE. GROGNE DES ELEVEURS LAITIERS, 1er TEST POUR FERROUKHI

LAIT

 
NEGOCIATION SUR LE LAIT : C'EST AUX LAITERIES DE FAIRE UN EFFORT.
Djamel BELAID 3.10.2015

Dans un article du 2.10.2015, le quotidien El-Watan titre « Les laiteries bloquent les négociations sur le lait.
Selon Leïla Beratto et Samir Amar-Khodja, auteurs de l'article, du côté des producteurs, on accuse les transformateurs : «Nous n’avons pas trouvé de solutions pour l’augmentation du prix du litre de lait. Le gouvernement veut que les transformateurs prennent en charge l’augmentation car ils font de gros bénéfices. Les transformateurs refusent. Nous sommes dans une impasse et nous avons demandé un rendez-vous pour la semaine prochaine, avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal», rapporte Hassan Aït Mohand Saïd, président de l’Association des producteurs de lait de Batna.

Face à ce qui semble être un point de blocage et étant donné que les caisses de l'Etat sont vides, la solution pourrait venir des laits végétaux.
Un deal pourrait être proposé par les pouvoirs publics aux transformateurs sous la forme suivante. Pour la préparation de desserts (yaourts, flans, « danette », …) ainsi que certains laits diététiques, nous vous livrons du soja en remplacement de la poudre de lait. Comme le soja coûte moins cher, une partie des subventions auparavant allouées aux laiteries passent aux éleveurs.

Une telle solution passe par la mise en place rapide des proces de fabrication et les dosages nécessaire afin de suivre les habitudes alimentaires des consommateurs. Cependant, la solution est viable. Rappelons qu'à l'étranger des firmes come sojasun.fr et Bjorg.fr commercialisent des desserts à base de lait de soja et des laits végétaux à base de soja, de riz, d'avoine ou d'amandes.

L'Algérie dispose d'ingénieurs en technologie alimentaire et d'une industrie de transformation du lait. A eux de montrer de ce qu'ils sont capables. A eux de nouer des partenariats avec les firmes étrangères citées et aussi de mettre au point des préparations originales.

LE MADR AU PIED DU MUR
Sur le long terme, il s'agit de trouver des solutions afin de trouver de produire plus de fourrages. Certes, il y a l'irrigation mais également l'introduction de nouvelles espèces fourragères la mise à la disponibilité des agriculteurs de plus de matériel d'implantation et de récolte des fourrages.

Les solutions techniques sont pour la plupart connues des cadres techniques. Il s'agit de mettre ces cadres au plus près des producteurs. Pour cela, les solutions à développer sont de :
  • transférer des postes budgétaires de cadres en poste dans des bureaux pour les affecter à des associations d'éleveurs,
  • encourager la mise sur pied d'associations représentatives d'éleveurs et de groupements d'éleveurs pouvant telle la Coopsel de Sétif mettre un pied dans la vente du lait,
  • d'obliger les laiteries à mettre sur place des équipes d'appui technique en s'appuyant sur des expériences telles celles du projet Alban,
  • de financer des postes budgétaires des associations d'éleveurs et de groupements d'éleveurs en prélevant une taxe sur l'activité des laiteries.

Le secteur agricole et de la transformation est riche de potentialités humaine. Au MADR d'être le catalyseur afin de réunir le diagnostic le plus pertinent au sein de la filière et de dégager des actions permettant aux éleveurs d'être les propres agents de leur dévelopement au lieu d'en faire d'éternels asssités.

LES ELEVEURS AU PIED DU MUR
De leur côté si les associations d'éleveurs ont fait preuve de beaucoup de maturité, il est de leur devoir de pousser leur adhérents à former des groupes de producteurs afin d'obtenir un minimum d'aide financière et de postes budgétaires publics. Car, au final, c'est aux éleveurs organisés en réelles coopératives de services de se doter des moyens de produire plus de fourrages, d'avoir les moyens de transport de ces fourrages mais également de progressivement intervenir dans la transformation du lait afin de garantir leurs marges.
A ce titre, l'expérience de la Coopsel de Sétif mérite toute leur attention.

A eux de se dire que les ministres de l'agriculture passent (parfois très vite) et qu'eux seuls restent sur le terrain et que le salut ne viendra que de leurs propres initiatives.

DES PISTES A CREUSER POUR LE MADR
Le choix de développer l'élevage laitier en Algérie permet de réduire les importations de lait en poudre, crée de l'emploi rural et constitue une source d'ammendements organiques irremplaçables. Les difficultés actuelles proviennent de la nouveauté de cette activité pour certains éleveurs et chômeurs sans terre reconvertis dans l'élevage ainsi que d'une faiblesse actuelle de la production de fourrages.
Si la situation est préoccupante, elle n'est pas sans issue ; à conditions qu'une politique juste et volontariste soit mise n œuvre.

La réussite des politiques de développement économique nécessitent une innovation technique, managériale et juridique. En Algérie, trop souvent ces politiques sont restées dans les sentiers battus. Sans tomber dans le libéralisme on peut se demander s'il ne faut pas un Emmanuel Macron pour notre agriculture ?
Il s'agit ici moins d'investissements nouveaux que de rédéploiement et de valorisation de moyens existants.
En effet, certaines positions acquises gênent le développement de l'élevage : main-mise des meuniers sur le son, tarifs vétérinaires, marges des laiteries.

Pour le MADR comme pour tout ministère les moyens sont limités de même que le pouvoir d'action. Aussi s'agit-il de savoir sur « quels boutons appuyer » afin d'arriver au maximum d'efficacité.
Ces pistes de recherche sont également des idées à développer, en les adaptant, pour des laiteries, des éleveurs ou investisseurs.

Il s'agit avant tout de trouver rapidement des solutions à la situation intenable des éleveurs laitiers. Pour cela les points de blocage doivent être identifiés sachant que des résultats peuvent être obtenus à court, moyen ou long terme.
C'est aux cadres de la filière lait de les identifier et de les classer. Pour notre part, en tant qu'observateur, nous soulevons les points que nous avons identifier. Cette liste n'est donc pas exhaustive.

A-Diminuer les dépenses des éleveurs (hors poste alimentation)
-poste frais vétérinaires :
Constats : Il existe de maladies liées à l'hygiène (mammite, tiques, boiteries...) et à une mauvaise conduite d'élevage (non tarissement de vaches gestantes d'où des cas de fièvre vitulaire). Les vétérinaires ont des prix de prestations élevées.
---autoriser les techniciens vétérinaires à réaliser certains actes simples (souvent fait par les vétérinaires à des prix exorbitant) tels les vaccinations, les inséminations artificielles ainsi qu'une liste d'actes à définir au niveau des concernés.
-poste frais reproduction
Constat : intervalle vêlage, coût taureau, détection chaleur,
---voir avec le Ceniaag les améliorations possibles : démocratiser l'usage des paillettes
---de nouveaux droits pour les techniciens ?

A'-Renforcer le niveau technique des éleveurs.
Constat : le niveau technique des éleveurs est bas. Des pertes considérables ont lieu à cause d'une ignorance de principes basiques d'élevage.
-décider d'un diplôme de base OBLIGATOIRE pour tout éleveur (connaissances minimes sur l'alimentation, l'hygiène, les soins la conservation du lait, les groupements de producteurs),
-utiliser TOUS les moyens disponibles (chambres d'agriculture, laiteries, DSA, université,...) afin de faire passer ces stages de formation de quelques jours permettant la délivrance d'une carte d'éleveur.
-l'université a un grand rôle à jouer dans ces formations que beaucoup d'enseignants d'agronomie et de biologie pourraient dispenser.

B-utiliser les organismes économiques publics

La puissance publique possède une force d'intervention économique avec des offices tels l'ONAB ou PMAT. Autant l'utiliser. Cela n'empêche pas également des partenariats avec le secteur privé.
-Avec par exemple l'ONAB pour développer de :
---nouveaux produits de consommation: laits végétaux (lait de soja, d'avoine, de riz ou d'amande).
---nouveaux aliments du bétail : aliment engraissement pour veau enrichi en urée
---blocs multi-nutritionnels

-Avec PMAT et privé (concessionnaires)
---importation, montage ou fabrication de semoirs pour Semis Direct (rappel, cette technique permet une implantation rapide des fourrages pour un coût réduit).

C-redéploiement des moyens humains du MADR
Constat : il est plus facile de gérer des postes budgétaires que la spéculation sur les issues de meuneries tel le son.
---pour 2 départ à la retraite, affecter un poste budgétaire à une association ou groupement d'éleveurs (pour des périodes renouvelables de deux ans).
---trouver les moyens pour des fonctionnaires en CDD (jeunes)

D-utilisation des moyens du MADR
Constat : problème de vulgarisation de techniques nouvelles voir (avec INVA)
---spot TV sur l'hygiène de la traite, désinfection du trayon
---spot semis direct de l'orge, technique de l'enrubannage, utilisation de nouveaux fourrages tel le colza fourrager,
---spot semis direct de l'avoine
---spot utilisation urée chez ovins (réduire pression sur orge pour VL)
---revoir totalement les sites internet des instituts techniques du MADR (plus de vulgarisation)
---spot groupement de producteurs (coopsel Sétif) avantages : protéction des marges, exonération sur les bénéfices.

Constat : manque de semences d'avoine, manque structurel de fourrages
---avec ITGC élaboration d'un plan d'action pour produire plus de semences d'avoine, pour vulgariser l'emploi du semis-direct sans labour pour implanter des fourrages (vesce-avoine mais également sur-semis des jachères pâturées).
---étudier l'expérience de laiterie Soummam dans la région de Constantine concernant la récolte de fourrages par enrubannage.

E-utilisation de la puissance publique
Constat : recherche-développement peu développée
---contrat de recherche avec les universités : lait végétaux, enrichissement du son en urée
---utilisation des amphithéâtres et des enseignants pour une formation de base obligatoire pour tout éleveur (quelques jours).

F-Législation
---autoriser les groupements de producteurs à ouvrir des points de vente au détail de lait, étudier les moyens pour leur faciliter l'abatage et la vente viande de veaux.
---autoriser les actes d'Insémination Artificielle par les techniciens d'élevage et les techniciens vétérinaires.
---autoriser l'affectation à des groupements de producteurs des subventions publiques pour écraser au niveau de petits moulins du grain et vendre de la farine et de la semoule. Actuellement les meuneries ont le monopole. Buts : Réduire le monopole de la meunerie sur le son et la spéculation qui s'en suit. Améliorer les marges des céréaliers. Il est regrettable que la plus-value de la transformation des céréales produite par des agriculteurs aille uniquement à des citadins.
---prévoir le prélèvement d'un pourcentage minime sur les subventions allouées aux laiteries pour la création de postes budgétaires destinés à l'appui technique aux éleveurs. Il ne s'agit pas là de créer à nouveau des postes de fonctionnaires. Bien au contraire, il s'agit de créer un service d'appui tel qu'il existe à l'étranger avec les EDE (Etablissement Départemental de l'Elevage, contrôle laitier, …). Le recrutement devant être effectué par des élus paysans pour des contrats bi-annuels renouvelables.


G-partenariats avec autres ministères
-MERS :
---recherche : la recherche agronomique et agro-alimentaire doit être, en partie, orientée vers les problèmes de l'heure (production de fourrages, valorisation des aliments pour bétail et des sous-produits, développement de nouveaux aliments). A ce propos la recherche agronomique locale a permis de préciser les moyens d'enrichir la paille et l'orge avec de l'urée. Il serait intéressant de vulgarisr ces résultats mais de voir comment valoriser le son (peut-on l'enrichir partiellement avec de l'urée?).
---formation : les amphithéâtres de l'université doivent également recevoir les agriculteurs pour des formations de base, des remises à niveau. Il en est de même pour le personnel d'encadrement du MADR.

-MDN :
---matériel agricole (recherche-développement avec les ateliers de mécanique de l'armée telle la Base logistique de Blida). Il nous semble que la production locale de semoirs pour semis direct et de tout matériel concourant à la production de fourrage est à envisager. Cette coopération pourrait permettre la mise au point de prototypes que des entreprises locales pourraient ensuite fabriquer en série).
---poursuite de l'interdiction du pâturage des moutons le long des frontières afin de lutter contre la contrebande.

H-Partenariat avec le secteur privé national ou étranger
-Avec laiteries :
---étude et élargissement des expériences des laiteries Soummam (enrubannage à Constantine), appui technique aux éleveurs par Danone.
---développement des groupes d'appui techniques (Gaspels),
---étude sur la faisabilité de la production de laits végétaux, desserts (type « Danette » au lait de soja, yaourt au lait de soja).
-Avec les chambres d'Agriculture et coopératives étrangères
---recruter des chefs d'étables étrangers pour des séjours de quelques mois pour des actions de vulgarisation.
---développer des actions d'appui technique tel le projet Alban.
-Avec les ex-pays de l'Est.
---les importations de jeunes bovins depuis ces pays coûtent beaucoup moins cher que ceux provenant de France ou d'Espagne.

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GROGNE DES ELEVEURS LAITIERS, 1ER TEST POUR FERROUKHI
djam.bel@voila.fr 4.08.2015
Le mouvement revendicatif des éleveurs laitiers se poursuit et se structure. Ces éleveurs demandent une revalorisation des subventions publiques et ont l’intention de rencontrer le Ministre de l’agriculture. Ils ont prévu un sit-in le 20 aout devant le Ministère à Alger. Fait nouveau, la coordination inter-wilayas des éleveurs qui vient juste d’être créée dénonce dans un communiqué « l’exploitation des paysans par l’industrie de la transformation et le commerce de fourrages et des intrants de l’alimentation du bétail ». On peut se demander quelles solutions apporter et comment va réagir le nouveau Ministre de l’Agriculture, Sid-Ahmed Ferroukhi..

PROTEGER LES MARGES DES ELEVEURS
Lors de leur dernière réunion, les représentants de différentes wilayas se sont constitués en collectif. La dénonciation de «l’exploitation des paysans par l’industrie de la transformation » est signe d’une maturité dans l’analyse qu’ils font de la situation de la filière lait. Auparavant, les éleveurs réclamaient principalement un relèvement des subventions versées par les pouvoirs publics.
La situation des éleveurs est particulière. Dans un pays affecté une bonne partie de l’année par la sécheresse, élever des vaches laitières, grandes consommatrices d’herbe verte, reste une gageure. Pourtant, ils tentent de relever le défi. Le problème se complique car qu’un bon nombre d’éleveurs sont en hors-sol1 et sont pénalisés par l’augmentation des prix des fourrages et de l’aliment du bétail.
Augmenter les subventions publiques aux éleveurs risquerait de se traduire par un relèvement des prix du poste alimentation souvent aux mains de nombreux intermédiaires. Par ailleurs, avec la baisse de la rente gazière, les disponibilités allouées au secteur agricole seront tôt ou tard en baiss.
Pour le MADR, la solution ne peut donc pas consister à ouvrir plus grand le robinet des subventions. Reste la solution de protéger les marges des éleveurs. Marges mises à mal autant par l’amont que l’aval. En amont, les éleveurs doivent tenir compte des prix imposés par les vendeurs d’aliments. En aval, les transformateurs prospèrent notamment en transformant le lait en yaourt et fromage.

PROTECTION DES MARGES, MODE D’EMPLOI
Protéger les marges des éleveurs passe avant tout par la constitution de groupements d’éleveurs. Seuls de tels groupements peuvent permettre de faire reculer les appétits démesurés des intervenants en amont et aval de la filière.
C’est aux éleveurs à s’organiser. La balle est dans leur camp. Par contre, ils peuvent demander au MADR, des mesures juridiques, fiscales et financières – postes budgétaires, par exemple – afin de créer un environnement propice au développement de tels groupements. Déjà certaines dispositions juridiques existent localement. Il devient urgent de les compléter et de les faire conaître aux éleveurs.
Avec l’adhésion à venir de l’Algérie à l’OMC, seule la loi du marché devra s’appliquer. Toute forme de subvention aux producteurs sera interdite. En Algérie, les groupements de producteurs sont quasi inexistant alors qu’en France ou en Nouvelle-Zélande ceux-ci possèdent plus de cinquante ans d’expérience. Après une phase de fusion ces groupements ont donné naissance à des géants qui dorénavant s’internationalisent. Il est consternant que les décideurs algériens du MADR restent muets sur cet aspect du développement agricole. Il existe pourtant localement la tradition de l’entraide, la touiza. Il est urgent de remettre au goût du jour ce concept.
A cet égard il est significatif que les éleveurs en colère se soient réunis à la « Coopérative » Agricole de Services de Draa Ben Khedda. En fait de coopérative, cette structure n’en porte que le nom comme beaucoup d’autres structures homologues2. Une authentique coopérative3 ou groupement de producteurs pourrait développer par exemple des activités de transformation du lait en produits fromagers. Ou encore développer la vente direct de viande rouge. Ces activités permettraient de s’affranchir en partie des intermédiaires qui en profitent au passage et ainsi récupèrent à leur compte les subventions étatiques. Sans un réel changement, une partie de la filière risque d’être condamnée. Or, l’activité laitière réduit le chômage et fait vivre de nombreuses familles.
Le problème est qu’en Algérie la notion de coopérative a été dévoyée. Une vraie coopérative n’est pas une antenne administrative d’un quelconque office. Il faut réconcilier les éleveurs avec la notion de groupement de producteurs et leur montrer que c’est à eux à investir dans l’aval. Pas facile quand on voit l’avance prise par des groupes privés tels Laiterie Soummam ou Danone Djurdjura.
Il s’agit donc là d’un levier à moyen terme sur lequel peut agir le Ministre en favorisant de tels groupements. Sinon, que lui reste-t-il comme moyen d’action?
Il pourrait affecter quelques postes budgétaires aux associations d’éleveurs afin que ceux-ci mettent sur pied leur propre structure d’appui technique, quitte à faire prélever une somme symbolique sur l’activité des laiteries pour financer ces créations de postes. L’appui technique est essentiel. Nombre d’éleveurs laitiers sont des chômeurs sans aucune connaissances technique sur l’élevage laitier d’animaux importés. Pourtant certaines mesures simples concernant l’alimentation en concentrés, en minéraux ou en eau, l’hygiène des étables permettraient de nettes augmentations de la production laitière.
Concernant le prix des fourrages et des aliments du bétail, là aussi les mesures permettant immédiatement de protéger les marges des éleveurs sont rares. La suppression de la TVA sur l’importation de maïs et de tourteau de soja a surtout profité aux intermédiaires fabricants d’aliments du bétail et peu aux éleveurs.
Reste la solution d’accorder des délais supplémentaires pour le remboursement des emprunts des éleveurs auprès de la banque agricole. Ou encore de créer un fonds spécial sécheresse alimenté par une taxe sur l’activité des transformateurs de lait. Ces derniers réalisent en effet de confortables marges sur le dos des éleveurs. A défaut de taxe supplémentaire, la solution pourrait être d’exiger des laiteries la généralisation de groupes d’appui technique aux éleveurs situés dans leur bassin d’approvisionnement. Celles-ci ont en effet tout intérêt à sécuriser et à augmenter leur approvisionnement local en lait. La Laiterie Soummam et le groupe Danone Djurdjura ont développé des actions dans ce sens là. Pour inciter les autres laiteries à suivre cette voie et à développer l’aide technique aux éleveurs, aux pouvoirs publics de réduire progressivement l’accès au lait en poudre importé et à favoriser l’utilisation de laits végétaux. Le lait de soja, de riz, d’avoine ou d’amandes peut remplacer totalement ou partiellement le lait consommé mais également s’y substituer totalement ou partiellement dans la fabrication de certains yaourts ou de desserts de type « Danette ». 

FERROUKHI, DES MARGES DE MANOEUVRE ETROITES
Face à la crise du secteur laitier, les marges de manœuvre du nouveau ministre de l’agriculture sont très étroites.
Le secteur laitier est marqué par un déficit structurel en fourrages que seules des mesures telles que la technique du semis direct4, l’attribution aux éleveurs de kit d’irrigation et l’acquisition par les agriculteurs de plus de moyens mécanique de récolte des fourrages peut permettre de combler. Par ailleurs, les éleveurs de montagne en hors-sol devraient pouvoir bénéficier prioritairement de concessions spécifiques en terre agricole.
Enfin, les mesures pour protéger en aval ou en amont les marges des éleveurs ne peuvent aboutir que sur le moyen terme. Raison de plus pour dès maintenant aider les éleveurs à se ré-approprier une partie de leurs marges en les aidant à se constituer en groupements d’éleveurs pour par exemple acquérir les moyens de transport pour s’approvisionner en foin directement dans les zones de production, produire une partie de leurs aliments du bétail mais également mettre sur pied de petites unités de fabrication de fromages voir de petites chaînes de production de yaourts et de desserts (type « danette »).
Jusque là les éleveurs ont fait montre d’une grande maturité. Il y a quelques semaines, afin d’alerter les pouvoirs publics, ils ont distribué gratuitement du lait dans les rues de Tizi-Ouzou. Jusqu’à quand pourront-ils faire preuve d’une telle maturité ? Lors de regroupements publics, comme celui projeté le 20 devant le siège du MADR à Alger, il suffirait d’une provocation de gens mal-intentionnés pour que la situation dégénère. De leur côté, les services de sécurité avec le professionnalisme qui est le leur, notamment avec la notion de « gestion démocratique des foules » chère au général-major Hamel, ont de tout temps su gérer avec respect les manifestations de rue.
La solution reste dans le dialogue. Les échos de la récente réunion entre le Ministre et l’UNPA montrent la capacité d’écoute de Mr Ferroukhi. Au Ministre de mettre cartes sur table avec les représentants des éleveurs, de parler le langage de la vérité et de définir ensemble les mesures urgentes et celles de moyen terme en fonction des capacités financières actuelles du pays.
Il s’agit de mettre sur la table des questions trop peu souvent abordées telles l’utilisation plus efficace des cadres agricoles qui peuplent les bureaux, la réflexion sur le développement de véritables groupements de producteurs pouvant par exemple être abrités dans un premier temps au sein de structures telles les « coopératives » de services ou les CCLS. A ce propos, le Ministre et ses conseillers doivent aller voir comment fonctionnent à l’étranger et, notamment en France, les groupements d’éleveurs5 et de céréaliers.
Immédiatement après sa prise de fonction, le Ministre a eu à s’intéresser au dossier de la labellisation des produits agricoles. La solution de la crise du secteur laitier passe, comme dans le cas de la labellisation, dans l’organisation des producteurs au sein de leur filière. A eux, en amont de créer des circuits courts permettant de mieux protéger leur marge.
Que ce soit dans le secteur de l’élevage, de la pomme de terre ou des céréales la fin de l’aisance financière liée à la rente gazière montre la nécessité du passage d’une politique de larges subventions publiques à une politique d’organisation des filières.
Aux pouvoirs publics d’exercer leur droit régalien pour une meilleure équité dans la répartition des marges au sein de ces différentes filières agricoles. Aux producteurs également d’imposer à la puissance publique la prise en compte des intérêts du plus grand nombre (producteurs et consommateurs). Faute de quoi, la situation risquerait vite de devenir ingérable.

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