LAIT
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GROGNE DES ELEVEURS LAITIERS, 1ER TEST POUR FERROUKHI
djam.bel@voila.fr 4.08.2015
NEGOCIATION
SUR LE LAIT : C'EST AUX LAITERIES DE FAIRE UN EFFORT.
Djamel
BELAID 3.10.2015
Dans un
article du 2.10.2015, le quotidien El-Watan titre « Les
laiteries bloquent les négociations sur le lait.
Selon
Leïla Beratto et Samir Amar-Khodja, auteurs de l'article, du côté
des producteurs, on accuse les transformateurs : «Nous n’avons pas
trouvé de solutions pour l’augmentation du prix du litre de lait.
Le gouvernement veut que les transformateurs prennent en charge
l’augmentation car ils font de gros bénéfices. Les
transformateurs refusent. Nous sommes dans une impasse et nous avons
demandé un rendez-vous pour la semaine prochaine, avec le Premier
ministre Abdelmalek Sellal», rapporte Hassan Aït Mohand Saïd,
président de l’Association des producteurs de lait de Batna.
Face à
ce qui semble être un point de blocage et étant donné que les
caisses de l'Etat sont vides, la solution pourrait venir des laits
végétaux.
Un deal pourrait être proposé par les pouvoirs publics aux transformateurs sous la forme suivante. Pour la préparation de desserts (yaourts, flans, « danette », …) ainsi que certains laits diététiques, nous vous livrons du soja en remplacement de la poudre de lait. Comme le soja coûte moins cher, une partie des subventions auparavant allouées aux laiteries passent aux éleveurs.
Un deal pourrait être proposé par les pouvoirs publics aux transformateurs sous la forme suivante. Pour la préparation de desserts (yaourts, flans, « danette », …) ainsi que certains laits diététiques, nous vous livrons du soja en remplacement de la poudre de lait. Comme le soja coûte moins cher, une partie des subventions auparavant allouées aux laiteries passent aux éleveurs.
Une telle
solution passe par la mise en place rapide des proces de fabrication
et les dosages nécessaire afin de suivre les habitudes alimentaires
des consommateurs. Cependant, la solution est viable. Rappelons qu'à
l'étranger des firmes come sojasun.fr et Bjorg.fr commercialisent
des desserts à base de lait de soja et des laits végétaux à base
de soja, de riz, d'avoine ou d'amandes.
L'Algérie
dispose d'ingénieurs en technologie alimentaire et d'une industrie
de transformation du lait. A eux de montrer de ce qu'ils sont
capables. A eux de nouer des partenariats avec les firmes étrangères
citées et aussi de mettre au point des préparations originales.
LE MADR
AU PIED DU MUR
Sur le
long terme, il s'agit de trouver des solutions afin de trouver de
produire plus de fourrages. Certes, il y a l'irrigation mais
également l'introduction de nouvelles espèces fourragères la mise
à la disponibilité des agriculteurs de plus de matériel
d'implantation et de récolte des fourrages.
Les
solutions techniques sont pour la plupart connues des cadres
techniques. Il s'agit de mettre ces cadres au plus près des
producteurs. Pour cela, les solutions à développer sont de :
- transférer des postes budgétaires de cadres en poste dans des bureaux pour les affecter à des associations d'éleveurs,
- encourager la mise sur pied d'associations représentatives d'éleveurs et de groupements d'éleveurs pouvant telle la Coopsel de Sétif mettre un pied dans la vente du lait,
- d'obliger les laiteries à mettre sur place des équipes d'appui technique en s'appuyant sur des expériences telles celles du projet Alban,
- de financer des postes budgétaires des associations d'éleveurs et de groupements d'éleveurs en prélevant une taxe sur l'activité des laiteries.
Le
secteur agricole et de la transformation est riche de potentialités
humaine. Au MADR d'être le catalyseur afin de réunir le diagnostic
le plus pertinent au sein de la filière et de dégager des actions
permettant aux éleveurs d'être les propres agents de leur
dévelopement au lieu d'en faire d'éternels asssités.
LES
ELEVEURS AU PIED DU MUR
De leur
côté si les associations d'éleveurs ont fait preuve de beaucoup de
maturité, il est de leur devoir de pousser leur adhérents à former
des groupes de producteurs afin d'obtenir un minimum d'aide
financière et de postes budgétaires publics. Car, au final, c'est
aux éleveurs organisés en réelles coopératives de services de se
doter des moyens de produire plus de fourrages, d'avoir les moyens de
transport de ces fourrages mais également de progressivement
intervenir dans la transformation du lait afin de garantir leurs
marges.
A ce titre, l'expérience de la Coopsel de Sétif mérite toute leur attention.
A ce titre, l'expérience de la Coopsel de Sétif mérite toute leur attention.
A eux de
se dire que les ministres de l'agriculture passent (parfois très
vite) et qu'eux seuls restent sur le terrain et que le salut ne
viendra que de leurs propres initiatives.
DES
PISTES A CREUSER POUR LE MADR
Le choix
de développer l'élevage laitier en Algérie permet de réduire les
importations de lait en poudre, crée de l'emploi rural et constitue
une source d'ammendements organiques irremplaçables. Les difficultés
actuelles proviennent de la nouveauté de cette activité pour
certains éleveurs et chômeurs sans terre reconvertis dans l'élevage
ainsi que d'une faiblesse actuelle de la production de fourrages.
Si la
situation est préoccupante, elle n'est pas sans issue ; à
conditions qu'une politique juste et volontariste soit mise n œuvre.
La
réussite des politiques de développement économique nécessitent
une innovation technique, managériale et juridique. En Algérie,
trop souvent ces politiques sont restées dans les sentiers battus.
Sans tomber dans le libéralisme on peut se demander s'il ne faut pas
un Emmanuel Macron pour notre agriculture ?
Il s'agit
ici moins d'investissements nouveaux que de rédéploiement et de
valorisation de moyens existants.
En effet,
certaines positions acquises gênent le développement de
l'élevage : main-mise des meuniers sur le son, tarifs
vétérinaires, marges des laiteries.
Pour le
MADR comme pour tout ministère les moyens sont limités de même que
le pouvoir d'action. Aussi s'agit-il de savoir sur « quels
boutons appuyer » afin d'arriver au maximum d'efficacité.
Ces
pistes de recherche sont également des idées à développer, en les
adaptant, pour des laiteries, des éleveurs ou investisseurs.
Il s'agit
avant tout de trouver rapidement des solutions à la situation
intenable des éleveurs laitiers. Pour cela les points de blocage
doivent être identifiés sachant que des résultats peuvent être
obtenus à court, moyen ou long terme.
C'est aux cadres de la filière lait de les identifier et de les classer. Pour notre part, en tant qu'observateur, nous soulevons les points que nous avons identifier. Cette liste n'est donc pas exhaustive.
C'est aux cadres de la filière lait de les identifier et de les classer. Pour notre part, en tant qu'observateur, nous soulevons les points que nous avons identifier. Cette liste n'est donc pas exhaustive.
A-Diminuer
les dépenses des éleveurs (hors poste alimentation)
-poste
frais vétérinaires :
Constats :
Il existe de maladies liées à l'hygiène (mammite, tiques,
boiteries...) et à une mauvaise conduite d'élevage (non tarissement
de vaches gestantes d'où des cas de fièvre vitulaire). Les
vétérinaires ont des prix de prestations élevées.
---autoriser
les techniciens vétérinaires à réaliser certains actes simples
(souvent fait par les vétérinaires à des prix exorbitant) tels les
vaccinations, les inséminations artificielles ainsi qu'une liste
d'actes à définir au niveau des concernés.
-poste
frais reproduction
Constat :
intervalle vêlage, coût taureau, détection chaleur,
---voir
avec le Ceniaag les améliorations possibles : démocratiser
l'usage des paillettes
---de
nouveaux droits pour les techniciens ?
A'-Renforcer
le niveau technique des éleveurs.
Constat :
le niveau technique des éleveurs est bas. Des pertes considérables
ont lieu à cause d'une ignorance de principes basiques d'élevage.
-décider
d'un diplôme de base OBLIGATOIRE pour tout éleveur (connaissances
minimes sur l'alimentation, l'hygiène, les soins la conservation du
lait, les groupements de producteurs),
-utiliser
TOUS les moyens disponibles (chambres d'agriculture, laiteries, DSA,
université,...) afin de faire passer ces stages de formation de
quelques jours permettant la délivrance d'une carte d'éleveur.
-l'université
a un grand rôle à jouer dans ces formations que beaucoup
d'enseignants d'agronomie et de biologie pourraient dispenser.
B-utiliser
les organismes économiques publics
La
puissance publique possède une force d'intervention économique avec
des offices tels l'ONAB ou PMAT. Autant l'utiliser. Cela n'empêche
pas également des partenariats avec le secteur privé.
-Avec par
exemple l'ONAB pour développer de :
---nouveaux
produits de consommation: laits végétaux (lait de soja,
d'avoine, de riz ou d'amande).
---nouveaux
aliments du bétail : aliment engraissement pour veau enrichi en
urée
---blocs
multi-nutritionnels
-Avec
PMAT et privé (concessionnaires)
---importation,
montage ou fabrication de semoirs pour Semis Direct (rappel, cette
technique permet une implantation rapide des fourrages pour un coût
réduit).
C-redéploiement
des moyens humains du MADR
Constat :
il est plus facile de gérer des postes budgétaires que la
spéculation sur les issues de meuneries tel le son.
---pour 2
départ à la retraite, affecter un poste budgétaire à une
association ou groupement d'éleveurs (pour des périodes
renouvelables de deux ans).
---trouver
les moyens pour des fonctionnaires en CDD (jeunes)
D-utilisation
des moyens du MADR
Constat :
problème de vulgarisation de techniques nouvelles voir (avec INVA)
---spot
TV sur l'hygiène de la traite, désinfection du trayon
---spot
semis direct de l'orge, technique de l'enrubannage, utilisation de
nouveaux fourrages tel le colza fourrager,
---spot
semis direct de l'avoine
---spot
utilisation urée chez ovins (réduire pression sur orge pour VL)
---revoir
totalement les sites internet des instituts techniques du MADR (plus
de vulgarisation)
---spot
groupement de producteurs (coopsel Sétif) avantages :
protéction des marges, exonération sur les bénéfices.
Constat :
manque de semences d'avoine, manque structurel de fourrages
---avec
ITGC élaboration d'un plan d'action pour produire plus de semences
d'avoine, pour vulgariser l'emploi du semis-direct sans labour pour
implanter des fourrages (vesce-avoine mais également sur-semis des
jachères pâturées).
---étudier
l'expérience de laiterie Soummam dans la région de Constantine
concernant la récolte de fourrages par enrubannage.
E-utilisation
de la puissance publique
Constat :
recherche-développement peu développée
---contrat
de recherche avec les universités : lait végétaux, enrichissement
du son en urée
---utilisation
des amphithéâtres et des enseignants pour une formation de base
obligatoire pour tout éleveur (quelques jours).
F-Législation
---autoriser
les groupements de producteurs à ouvrir des points de vente au
détail de lait, étudier les moyens pour leur faciliter l'abatage et
la vente viande de veaux.
---autoriser
les actes d'Insémination Artificielle par les techniciens d'élevage
et les techniciens vétérinaires.
---autoriser
l'affectation à des groupements de producteurs des subventions
publiques pour écraser au niveau de petits moulins du grain et
vendre de la farine et de la semoule. Actuellement les meuneries ont
le monopole. Buts : Réduire le monopole de la meunerie sur le
son et la spéculation qui s'en suit. Améliorer les marges des
céréaliers. Il est regrettable que la plus-value de la
transformation des céréales produite par des agriculteurs aille
uniquement à des citadins.
---prévoir
le prélèvement d'un pourcentage minime sur les subventions allouées
aux laiteries pour la création de postes budgétaires destinés à
l'appui technique aux éleveurs. Il ne s'agit pas là de créer à
nouveau des postes de fonctionnaires. Bien au contraire, il s'agit de
créer un service d'appui tel qu'il existe à l'étranger avec les
EDE (Etablissement Départemental de l'Elevage, contrôle laitier,
…). Le recrutement devant être effectué par des élus paysans
pour des contrats bi-annuels renouvelables.
G-partenariats
avec autres ministères
-MERS :
---recherche :
la recherche agronomique et agro-alimentaire doit être, en partie,
orientée vers les problèmes de l'heure (production de fourrages,
valorisation des aliments pour bétail et des sous-produits,
développement de nouveaux aliments). A ce propos la recherche
agronomique locale a permis de préciser les moyens d'enrichir la
paille et l'orge avec de l'urée. Il serait intéressant de vulgarisr
ces résultats mais de voir comment valoriser le son (peut-on
l'enrichir partiellement avec de l'urée?).
---formation :
les amphithéâtres de l'université doivent également recevoir les
agriculteurs pour des formations de base, des remises à niveau. Il
en est de même pour le personnel d'encadrement du MADR.
-MDN :
---matériel
agricole (recherche-développement avec les ateliers de mécanique de
l'armée telle la Base logistique de Blida). Il nous semble que la
production locale de semoirs pour semis direct et de tout matériel
concourant à la production de fourrage est à envisager. Cette
coopération pourrait permettre la mise au point de prototypes que
des entreprises locales pourraient ensuite fabriquer en série).
---poursuite
de l'interdiction du pâturage des moutons le long des frontières
afin de lutter contre la contrebande.
H-Partenariat
avec le secteur privé national ou étranger
-Avec
laiteries :
---étude
et élargissement des expériences des laiteries Soummam (enrubannage
à Constantine), appui technique aux éleveurs par Danone.
---développement
des groupes d'appui techniques (Gaspels),
---étude
sur la faisabilité de la production de laits végétaux, desserts
(type « Danette » au lait de soja, yaourt au lait de
soja).
-Avec les
chambres d'Agriculture et coopératives étrangères
---recruter
des chefs d'étables étrangers pour des séjours de quelques mois
pour des actions de vulgarisation.
---développer
des actions d'appui technique tel le projet Alban.
-Avec les
ex-pays de l'Est.
---les
importations de jeunes bovins depuis ces pays coûtent beaucoup moins
cher que ceux provenant de France ou d'Espagne.
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GROGNE DES ELEVEURS LAITIERS, 1ER TEST POUR FERROUKHI
djam.bel@voila.fr 4.08.2015
Le mouvement revendicatif des éleveurs laitiers se poursuit et se
structure. Ces éleveurs demandent une revalorisation des subventions
publiques et ont l’intention de rencontrer le Ministre de l’agriculture.
Ils ont prévu un sit-in le 20 aout devant le Ministère à Alger. Fait
nouveau, la coordination inter-wilayas des éleveurs qui vient juste
d’être créée dénonce dans un communiqué « l’exploitation des paysans par
l’industrie de la transformation et le commerce de fourrages et des
intrants de l’alimentation du bétail ». On peut se demander quelles
solutions apporter et comment va réagir le nouveau Ministre de
l’Agriculture, Sid-Ahmed Ferroukhi..
PROTEGER LES MARGES DES ELEVEURS
Lors de leur dernière réunion, les représentants de différentes
wilayas se sont constitués en collectif. La dénonciation de
«l’exploitation des paysans par l’industrie de la transformation » est
signe d’une maturité dans l’analyse qu’ils font de la situation de la
filière lait. Auparavant, les éleveurs réclamaient principalement un
relèvement des subventions versées par les pouvoirs publics.
La situation des éleveurs est particulière. Dans un pays affecté une bonne partie de l’année par la sécheresse, élever des vaches laitières, grandes consommatrices d’herbe verte, reste une gageure. Pourtant, ils tentent de relever le défi. Le problème se complique car qu’un bon nombre d’éleveurs sont en hors-sol1 et sont pénalisés par l’augmentation des prix des fourrages et de l’aliment du bétail.
La situation des éleveurs est particulière. Dans un pays affecté une bonne partie de l’année par la sécheresse, élever des vaches laitières, grandes consommatrices d’herbe verte, reste une gageure. Pourtant, ils tentent de relever le défi. Le problème se complique car qu’un bon nombre d’éleveurs sont en hors-sol1 et sont pénalisés par l’augmentation des prix des fourrages et de l’aliment du bétail.
Augmenter les subventions publiques aux éleveurs risquerait de se
traduire par un relèvement des prix du poste alimentation souvent aux
mains de nombreux intermédiaires. Par ailleurs, avec la baisse de la
rente gazière, les disponibilités allouées au secteur agricole seront
tôt ou tard en baiss.
Pour le MADR, la solution ne peut donc pas consister à ouvrir plus
grand le robinet des subventions. Reste la solution de protéger les
marges des éleveurs. Marges mises à mal autant par l’amont que l’aval.
En amont, les éleveurs doivent tenir compte des prix imposés par les
vendeurs d’aliments. En aval, les transformateurs prospèrent notamment
en transformant le lait en yaourt et fromage.
PROTECTION DES MARGES, MODE D’EMPLOI
Protéger les marges des éleveurs passe avant tout par la constitution
de groupements d’éleveurs. Seuls de tels groupements peuvent permettre
de faire reculer les appétits démesurés des intervenants en amont et
aval de la filière.
C’est aux éleveurs à s’organiser. La balle est dans leur camp. Par
contre, ils peuvent demander au MADR, des mesures juridiques, fiscales
et financières – postes budgétaires, par exemple – afin de créer un
environnement propice au développement de tels groupements. Déjà
certaines dispositions juridiques existent localement. Il devient urgent
de les compléter et de les faire conaître aux éleveurs.
Avec l’adhésion à venir de l’Algérie à l’OMC, seule la loi du marché devra s’appliquer. Toute forme de subvention aux producteurs sera interdite. En Algérie, les groupements de producteurs sont quasi inexistant alors qu’en France ou en Nouvelle-Zélande ceux-ci possèdent plus de cinquante ans d’expérience. Après une phase de fusion ces groupements ont donné naissance à des géants qui dorénavant s’internationalisent. Il est consternant que les décideurs algériens du MADR restent muets sur cet aspect du développement agricole. Il existe pourtant localement la tradition de l’entraide, la touiza. Il est urgent de remettre au goût du jour ce concept.
Avec l’adhésion à venir de l’Algérie à l’OMC, seule la loi du marché devra s’appliquer. Toute forme de subvention aux producteurs sera interdite. En Algérie, les groupements de producteurs sont quasi inexistant alors qu’en France ou en Nouvelle-Zélande ceux-ci possèdent plus de cinquante ans d’expérience. Après une phase de fusion ces groupements ont donné naissance à des géants qui dorénavant s’internationalisent. Il est consternant que les décideurs algériens du MADR restent muets sur cet aspect du développement agricole. Il existe pourtant localement la tradition de l’entraide, la touiza. Il est urgent de remettre au goût du jour ce concept.
A cet égard il est significatif que les éleveurs en colère se soient
réunis à la « Coopérative » Agricole de Services de Draa Ben Khedda. En
fait de coopérative, cette structure n’en porte que le nom comme
beaucoup d’autres structures homologues2. Une authentique coopérative3
ou groupement de producteurs pourrait développer par exemple des
activités de transformation du lait en produits fromagers. Ou encore
développer la vente direct de viande rouge. Ces activités permettraient
de s’affranchir en partie des intermédiaires qui en profitent au passage
et ainsi récupèrent à leur compte les subventions étatiques. Sans un
réel changement, une partie de la filière risque d’être condamnée. Or,
l’activité laitière réduit le chômage et fait vivre de nombreuses
familles.
Le problème est qu’en Algérie la notion de coopérative a été dévoyée.
Une vraie coopérative n’est pas une antenne administrative d’un
quelconque office. Il faut réconcilier les éleveurs avec la notion de
groupement de producteurs et leur montrer que c’est à eux à investir
dans l’aval. Pas facile quand on voit l’avance prise par des groupes
privés tels Laiterie Soummam ou Danone Djurdjura.
Il s’agit donc là d’un levier à moyen terme sur lequel peut agir le
Ministre en favorisant de tels groupements. Sinon, que lui
reste-t-il comme moyen d’action?
Il pourrait affecter quelques postes budgétaires aux associations
d’éleveurs afin que ceux-ci mettent sur pied leur propre structure
d’appui technique, quitte à faire prélever une somme symbolique sur
l’activité des laiteries pour financer ces créations de postes. L’appui
technique est essentiel. Nombre d’éleveurs laitiers sont des chômeurs
sans aucune connaissances technique sur l’élevage laitier d’animaux
importés. Pourtant certaines mesures simples concernant l’alimentation
en concentrés, en minéraux ou en eau, l’hygiène des étables
permettraient de nettes augmentations de la production laitière.
Concernant le prix des fourrages et des aliments du bétail, là aussi
les mesures permettant immédiatement de protéger les marges des éleveurs
sont rares. La suppression de la TVA sur l’importation de maïs et de
tourteau de soja a surtout profité aux intermédiaires fabricants
d’aliments du bétail et peu aux éleveurs.
Reste la solution d’accorder des délais supplémentaires pour le
remboursement des emprunts des éleveurs auprès de la banque agricole. Ou
encore de créer un fonds spécial sécheresse alimenté par une taxe sur
l’activité des transformateurs de lait. Ces derniers réalisent en effet
de confortables marges sur le dos des éleveurs. A défaut de taxe
supplémentaire, la solution pourrait être d’exiger des laiteries la
généralisation de groupes d’appui technique aux éleveurs situés dans
leur bassin d’approvisionnement. Celles-ci ont en effet tout intérêt à
sécuriser et à augmenter leur approvisionnement local en lait. La
Laiterie Soummam et le groupe Danone Djurdjura ont développé des actions
dans ce sens là. Pour inciter les autres laiteries à suivre cette voie
et à développer l’aide technique aux éleveurs, aux pouvoirs publics de
réduire progressivement l’accès au lait en poudre importé et à favoriser
l’utilisation de laits végétaux. Le lait de soja, de riz, d’avoine ou
d’amandes peut remplacer totalement ou partiellement le lait consommé
mais également s’y substituer totalement ou partiellement dans la
fabrication de certains yaourts ou de desserts de type « Danette ».
FERROUKHI, DES MARGES DE MANOEUVRE ETROITES
Face à la crise du secteur laitier, les marges de manœuvre du nouveau ministre de l’agriculture sont très étroites.
Le secteur laitier est marqué par un déficit structurel en fourrages que seules des mesures telles que la technique du semis direct4, l’attribution aux éleveurs de kit d’irrigation et l’acquisition par les agriculteurs de plus de moyens mécanique de récolte des fourrages peut permettre de combler. Par ailleurs, les éleveurs de montagne en hors-sol devraient pouvoir bénéficier prioritairement de concessions spécifiques en terre agricole.
Face à la crise du secteur laitier, les marges de manœuvre du nouveau ministre de l’agriculture sont très étroites.
Le secteur laitier est marqué par un déficit structurel en fourrages que seules des mesures telles que la technique du semis direct4, l’attribution aux éleveurs de kit d’irrigation et l’acquisition par les agriculteurs de plus de moyens mécanique de récolte des fourrages peut permettre de combler. Par ailleurs, les éleveurs de montagne en hors-sol devraient pouvoir bénéficier prioritairement de concessions spécifiques en terre agricole.
Enfin, les mesures pour protéger en aval ou en amont les marges des
éleveurs ne peuvent aboutir que sur le moyen terme. Raison de plus pour
dès maintenant aider les éleveurs à se ré-approprier une partie de leurs
marges en les aidant à se constituer en groupements d’éleveurs pour par
exemple acquérir les moyens de transport pour s’approvisionner en foin
directement dans les zones de production, produire une partie de leurs
aliments du bétail mais également mettre sur pied de petites unités de
fabrication de fromages voir de petites chaînes de production de yaourts
et de desserts (type « danette »).
Jusque là les éleveurs ont fait montre d’une grande maturité. Il y a
quelques semaines, afin d’alerter les pouvoirs publics, ils ont
distribué gratuitement du lait dans les rues de Tizi-Ouzou. Jusqu’à
quand pourront-ils faire preuve d’une telle maturité ? Lors de
regroupements publics, comme celui projeté le 20 devant le siège du MADR
à Alger, il suffirait d’une provocation de gens mal-intentionnés pour
que la situation dégénère. De leur côté, les services de sécurité avec
le professionnalisme qui est le leur, notamment avec la notion de
« gestion démocratique des foules » chère au général-major Hamel, ont de
tout temps su gérer avec respect les manifestations de rue.
La solution reste dans le dialogue. Les échos de la récente réunion
entre le Ministre et l’UNPA montrent la capacité d’écoute de Mr
Ferroukhi. Au Ministre de mettre cartes sur table avec les représentants
des éleveurs, de parler le langage de la vérité et de définir ensemble
les mesures urgentes et celles de moyen terme en fonction des capacités
financières actuelles du pays.
Il s’agit de mettre sur la table des questions trop peu souvent abordées telles l’utilisation plus efficace des cadres agricoles qui peuplent les bureaux, la réflexion sur le développement de véritables groupements de producteurs pouvant par exemple être abrités dans un premier temps au sein de structures telles les « coopératives » de services ou les CCLS. A ce propos, le Ministre et ses conseillers doivent aller voir comment fonctionnent à l’étranger et, notamment en France, les groupements d’éleveurs5 et de céréaliers.
Il s’agit de mettre sur la table des questions trop peu souvent abordées telles l’utilisation plus efficace des cadres agricoles qui peuplent les bureaux, la réflexion sur le développement de véritables groupements de producteurs pouvant par exemple être abrités dans un premier temps au sein de structures telles les « coopératives » de services ou les CCLS. A ce propos, le Ministre et ses conseillers doivent aller voir comment fonctionnent à l’étranger et, notamment en France, les groupements d’éleveurs5 et de céréaliers.
Immédiatement après sa prise de fonction, le Ministre a eu à
s’intéresser au dossier de la labellisation des produits agricoles. La
solution de la crise du secteur laitier passe, comme dans le cas de la
labellisation, dans l’organisation des producteurs au sein de leur
filière. A eux, en amont de créer des circuits courts permettant de
mieux protéger leur marge.
Que ce soit dans le secteur de l’élevage, de la pomme de terre ou des céréales la fin de l’aisance financière liée à la rente gazière montre la nécessité du passage d’une politique de larges subventions publiques à une politique d’organisation des filières.
Aux pouvoirs publics d’exercer leur droit régalien pour une meilleure équité dans la répartition des marges au sein de ces différentes filières agricoles. Aux producteurs également d’imposer à la puissance publique la prise en compte des intérêts du plus grand nombre (producteurs et consommateurs). Faute de quoi, la situation risquerait vite de devenir ingérable.
Que ce soit dans le secteur de l’élevage, de la pomme de terre ou des céréales la fin de l’aisance financière liée à la rente gazière montre la nécessité du passage d’une politique de larges subventions publiques à une politique d’organisation des filières.
Aux pouvoirs publics d’exercer leur droit régalien pour une meilleure équité dans la répartition des marges au sein de ces différentes filières agricoles. Aux producteurs également d’imposer à la puissance publique la prise en compte des intérêts du plus grand nombre (producteurs et consommateurs). Faute de quoi, la situation risquerait vite de devenir ingérable.
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