PROSPECTIVE
RAPPORT
METBOUL POUR L'AGRICULTURE DZ, OUI MAIS...
La presse poursuit la publication du Rapport sur l'économie
algérienne remis par le Pr METBOUL à Mr Sellal. Ce rapport comprend
plusieurs parties et se veut une contribution pour une relance
économique en Algérie. Ce rapport comprend un volet concernant
l'agro-industrie. Nous proposons une relecture critique.
Ce rapport a le grand mérite d'exister. Il faut à ce propos
féliciter le Pr Metboul d'avoir réunit un comité d'experts afin de
dégager des propositions d'action. Nous aurions cependant souhaité
une participation plus large d'agro-économistes à la rédaction de
la partie consacrée au secteur de l'agro-industrie.
D'emblée, les rédacteurs notent : « Nous devons donc
avoir une approche holistique, le développement
de la grande distribution dépend de l’agro-industrie qui dépend à
son tour de l’agriculture qui ne pourra se développer sans un
investissement dans le réseau hydrique conséquent ».
LES POINTS POSITIFS DU RAPPORT ET CE QUI MANQUE
Ce rapport comporte de nombreux points positifs. C'est le cas par
exemple lorsqu'il note la fragilité du milieu semi-aride et la
nécessité d'adopter les techniques les plus appropriées de travail
du sol. C'est également le cas en prônant le développement de
coopératives agricoles, de formation ou de la nécessité d'un
observatoire.
Il nous semble que certains points de ce rapport mériteraient d'être
enrichis des propositions faites lors de colloques qui se sont tenus
en Algérie et par les propositions de différents agro-économistes
algériens et étrangers reconnus pour leur maîtrise des questions
de développement au Maghreb.
Dans ce rapport, il manque une analyse des actions entreprises
localement par le MADR, une sorte de bilan d'étapes. Pour les
décideurs il est important de trouver des réponses aux questions
qu'ils ne manquent pas de se poser : « Où en sommes
nous ? Pourquoi cela n'a pas marché ? Vers où nous
ré-orienter ? ».
Ainsi, quand il est question de cluster, nulle trace d'une analyse
des pôles agricoles locaux actuellement mis en place depuis quelques
années sous l'égide du MADR. Les auteurs semblent ne pas savoir que
cette démarche a été adoptée par les pouvoirs publics. Ils
restent dans l'évocation de l'intérêt de telles structures en
évoquant les clusters français d'Agen de Marmande ou de ceux de la
Silicon Valley. On aurait aimé des propositions basées sur
l'analyse de la situation de l'activité actuelle des pôles
d'excellence déjà en place pour le lait, les céréales ou les
pommes de terre.
Le rapport n'aborde pas la question de la protection des marges des
producteurs, ni l'importance de consolider des filières ni le rôle
des associations professionnelles et syndicats agricoles.
Enfin, rien sur les perspectives de l'accord d'association Algérie-UE
où des cons équences d'une adhésion à l'OMC.
Concernant l'hydraulique on peut lire « la nappe albienne
n’est pas encore exploitée par l’Algérie alors que la Libye et
le Maroc s’y emploient déjà ». Rien n'est dit
concernant l'utilisation durable de cette source ressource et des
risques de salinisation des terres.
Par ailleurs, le dry-farming est jugé comme technique intéressante
alors que chacun sait qu'elle constitue une des causes de la forte
érosion des terres.
Concernant l'élevage, après quelques considérations générales,
on peut lire : « Pour que ces éleveurs soient
considérés comme des entités économiques, il faut que leur
exploitation se compose d’au moins 20 bêtes ». L'idée
est généreuse, mais comment procéder quand on sait que nombre
d'éleveurs sont en hors-sol ou ne disposent pas de la surface de
terre sufisante pour accéder à une autonomie fourragère ? Au
delà des incantations, que proposer de concret aux cadres de terrain
et aux DSA ?
Le rapport comprend par ailleurs quelques formulations malheureuses.
Ainsi, on peut être étonné de lire que « le maraîchage
et l’élevage sont délaissés par les agriculteurs ».
On peut également être étonné de lire que « Atteindre
les objectifs de souveraineté alimentaire, de sécurité
alimentaire, de développement rural, de préservation des emplois et
de l’environnement, implique que l’Algérie y consacre
enfin un budget ambitieux ». Chacun sait que ces
dernières années des centaines de millions de dollars ont été
consacrés au développement agricole.
CONCLUSION
A la lecture de ce rapport, c'est un sentiment de gène et
d'insatisfaction qui saisit le lecteur au fur et à mesure des pages.
A sa lecture l'impression qui domine est celle d'une analyse non
approfondie.
Il nous semble qu'un tel rapport ne devrait pas être un simple
catalogue de propositions. Il doit être également un descriptif
d'actions prioritaires avec à chaque fois expliqué les conséquences
et les implications attendues. A ce titre, ce rapport s'adressant à
Décideurs de différents secteurs d'activités, il nous semble que
sa rédaction devrait être plus pédagogique. Il est nécessaire
d'indiquer les « tenants et aboutissements » espérés
des mesures proposées et ce qui les motive. Ainsi, des propositions
importantes ne doivent pas être noyées dans le flot d'exemples
parfois anecdotiques.
Assez bien disposé en début de lecture de ce rapport du fait de la
signature prestigieuse du Pr Metboul, nous avons vite dû déchanter
par le ton généraliste et parfois superficiel de ce document. Nous
avons eu parfois l'impression d'un mémoire rédigés par des
étudiants de master alors que l'ambition première est de proposer
une feuille de route pour M Sellal.
Il s'agit donc de le considérer comme un « premier jet »
et de poursuivre sa rédaction quitte à élargir ses contributeurs
et à nourrir la réflexion de la lecture de travaux antérieurs1.
Travaux accessibles sur la toile et qui permettent de resituer le
développement de l'agriculture algérienne dans le cadre plus large
de la mondialisation.
1Nulle
trace dans les propositions des deux auteurs d'une lecture
d'économistes qui font autorité en la matière : A.
Benachenou, O Bessaoud, S. Bedrani, Rastoin, … etc.
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