ORGE -
AVOINE
CCLS
CONSTANTINE, FAIBLESSE DE LA COLLECTE
djam.bel@voila.fr
7.08.2015
Selon Le
Quotidien d'Oran, la CCLS de Constantine connait une faible collecte
d'orge et d'avoine. Ainsi, seuls 3919 qx d'orge ont été collecté
contre une production estimée à 74 000 qx. Concernant l'avoine ces
chiffres sont respectivement de 282 qx pour 8842 qx produits.
Cette
situation s'explique par la tension sur le marché des aliments du
bétail et de la semence. Les producteurs semblent préférer garder
leur production pour leur propre cheptel ou pour la revendre à des
tarifs plus rémunérateurs. Cette situation particulière amène à
rechercher quelles pourraient être les meilleures formes de
commercialisation de ces produits.
UNE
SITUATION INQUIETANTE ?
Cette
situation est-elle inquiétante ? Oui, si on se place du côté
de la CCLS. Celle-ci doit être en mesure de répondre à la demande
à venir en orge et avoine comme aliment du bétail et comme
semences. La CCLS locale comme toute CCLS a pour rôle de fournir les
agriculteurs.
Apparemment,
un marché hors CCLS existe. Faut-il blâmer les agriculteurs? A
chacun de juger. Il nous semble que face à la demande en ces deux
produits le rôle des CCLS est d'aider les agriculteurs à produire
plus et cela pour le plus grand nombre.
Pour les
agriculteurs qui ont conservé leur production d'orge ou d'avoine, la
première priorité est de la conserver dans de bonnes conditions.
Pour cela, les services agricoles, en collaboration avec des
constructeurs locaux devraient les aider à se procurer du matériel
de stockage : cellules métalliques, convoyeur, vis sans fin.
Pour ceux qui conditionnent leur propre semence, ces mêmes services
agricoles devraient aider les producteurs à acquérir :
-des
trieurs afin de séparer les grains de céréales des graines de
mauvaises herbes et des diverses impuretés,
-des
appareils de traitements des semences afin de leur apporter
insecticides et/ou fongicides (parfois une simple bétonnière peut
permettre ce mélange).
Certes,
ces opérations requièrent une certaine technicité. Il s'agit
également pour chaque agriculteur producteur de « semences de
ferme » de renouveler chaque année auprès de la CCLS une
partie de ses semences afin d'éviter tout processus de
dégénérescence.
Il nous
semble qu'au lieu de regretter que les agriculteurs ne leur confient
pas leur production, les cadres et employés des CCLS devraient
apprendre aux agriculteurs les techniques de production de semences.
Par
ailleurs, les cadres et employés des CCLS devraient apprendre aux
agriculteurs comment mieux valoriser l'orge. Chacun sait que l'orge
concassée est mieux utilisée par les ruminants. Mais peu savent que
de l'urée 46% (engrais azoté) peut être apporté dans les rations
comportant de l'orge. Et cela à raison de 20 grammes d'urée pour
500 grammes d'orge.
L'urée
apporte de l'azote que la microflore des ruminants (ovins, bovins,
caprins) sait utiliser contrairement aux monogastriques (volailles).
CCLS :
« RAZK EL BEYLIK »
Cette
situation de collecte réduite d'orge et d'avoine au niveau de la CCLS
de Constantine mais aussi d'autres régions illustre à notre avis,
le divorce qui peut exister entre les intérêts des agriculteurs et
des structures administratives telles les CCLS.
Rappelons
que les CCLS sont des antennes de l'OAIC qui est un office public.
Bien que les CCLS portent le nom de « coopératives »,
elles ne sont en rien de vraies coopératives. Par définition dans
une coopérative, les murs et le matériel appartiennent aux
sociétaires car en achetant des parts sociales, ils en sont devenus
propriétaires ; par ailleurs, le directeur est nommé par les
agriculteurs et non pas nommé par la tutelle.
Actuellement
dans l'esprit des agriculteurs les CCLS sont considérés à juste
titre comme structure publique « razk el beylik ». Nous
pensons que cet état d'esprit est un obstacle au développement
agricole. Dans une vraie coopérative, la question de la collecte de
l'orge et de l'avoine serait débattue entre sociétaires. Des
solutions pourraient être trouvées.
ORGE,
PASSER D'UN MARCHE FORMEL A UN MARCHE OFFICIEL
Etant
donnée la tension actuelle sur le marché de l'orge et de l'avoine,
des solutions originales seraient à trouver.
Précisions
qu'une vraie coopérative – nous préférons employer dans un
premier temps le terme de groupement de producteurs – ne réunirait
pas tous les agriculteurs d'une petite région. Bien sûr nous ne
sommes pas naïf, nous sommes conscient des intérêts
contradictoires au sein des sociétaires. Mais une coopérative est
le prix à payer pour survivre. Elle réunirait, dans un premier
temps les agriculteurs les plus conscient de la nécessité de mettre
leur force en commun au niveau de la commercialisation de leurs
productions ou de leurs achats.
Les
solutions à trouver se feraient aux yeux de tous. Elles se feraient
au niveau d'une structure officielle et non dans l'informel comme
actuellement. Certes, il y aurait des tensions. En effet, les
éleveurs sans terre seraient demandeurs de grosses quantités
d'orge. La fixation d'un prix libre de marché permettrait de les
départager.
Parmi les
membres du gouvernement, certains ministres dont Mr Belaib ont
clairement indiqué la nécessité de parler un langage de vérité
au « peuple algérien à propos de la balance entre avantages
et inconvénients à attendre d'une adhésion future de l'Algérie à
l'OMC.
Concernant
les CCLS et la commercialisation des céréales, en cas d'adhésion
de l'Algérie à l'OMC, les opérateurs algériens auraient le libre
choix de l'importation de céréales. L'OMC se base sur les seules
forces du marché concernant la commercialisation des produits
agricoles. Cela signifierait l'arrêt du monopole du commerce de
céréales par l'OAIC et donc de profonds remaniements au sein des
CCLS. Qu'en serait-il de leur activité de collecte de l'orge, de
l'avoine mais également du blé ?
Depuis
2005, le Maroc a adhéré à l'OMC, ce qui a amené à la réduction
considérable de l'office marocain des céréales.
GROUPEMENTS
DE PRODUCTEURS, UNE ALTERNATIVE AU CENTRALISME ADMINISTRATIF
Etant
données ces évolutions probables du marché des céréales en
Algérie, il nous semble nécessaire de se projeter dans le futur.
Cela est nécessaire à tous les niveaux : céréaliers,
éleveurs, cadre et employé de CCLS.
Les
intérêts des céréaliers et éleveurs peuvent être divergents. Les
céréaliers peuvent être intéressés par des rotations longues
comprenant des oléagineux (tournesol et colza) alors que les
éleveurs et notamment les éleveurs avec peut de terre peuvent être
intéressés par des tourteaux importés à bas prix.
Dans tous
les cas, que ce soient cadres ou employés de CCLS, céréalier ou
éleveur, petit paysan ou gros propriétaire terrien et membre des
élites rurales ou simple chômeur chacune de ces composantes a
intérêt à l'émergence de groupements de producteurs. Seuls de
telles structures sont en mesure de défendre leurs marges, de
valoriser les productions locales et de créer de l'emploi en milieu
rural.
La
recherche de solution à la question posée par le directeur de la
CCLS de Constantine, à propos de la collecte de l'orge et de
l'avoine dans son secteur peut être l'occasion à imaginer de
nouvelles formes de solidarités entre producteurs. Face à l'OMC et
à l'application intégrale dès 2020 de l'Accord d'Association
Economique Algérie-Union Européenne, le plus vite sera le mieux.
Nb :
il s'agit là d'une réflexion que nous serions heureux de prolonger
avec ceux qui nous font l'amitié de nous lire. Leurs commentaires
sont les bienvenus.
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