lundi 12 octobre 2015

ALGERIE : PRODUIRE DE L'HUILE DE COLZA OU DE TOURNESOL SUR L'EXPLOITATION

ALGERIE : PRODUIRE DE L'HUILE DE COLZA OU DE TOURNESOL SUR L'EXPLOITATION
Djamel BELAID 12.10.2015
A plusieurs reprises nous avons exposé dans ces colonnes l'idée pour des producteurs algériens de colza ou de tournesol la possibilité de presser leur récolte sur leur exploitation. Il suffit pour cela d'une presse mobile achetée à plusieurs qui se déplacerait de ferme en ferme ou d'une presse personnelle. Ce schéma est décrit dans l'article et la vidéo qui suit. Certes, il ne s'agit pas là d'obtenir de l'huile pour mettre dans les réservoirs des tracteurs mais de produire de l'huile de table. Dans ce cas là, il faudrait que des groupements de producteurs réussissent à arracher aux pouvoirs publics les aides financières attribuées aux raffineries d'huile brute telle CEVITAL. Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la protection des marges des agriculteurs. Cette transformation peut concerner  également le blé tendre et le blé dur (les paysans pourraient moudre leur blé). Seule la constitution de groupements de producteurs assurant l'approvisionnement ou la collecte et la vente ainsi que dans cette exemple la transformation peut garantir des marges rémunératrices aux exploitations. D'autant plus que se dessinent à l'horizon la menace de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et donc la libre importation de blé par les minoteries et semouleries.  LIRE:

Pressage de graines de Tournesol, huile de ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=t10E_YNlK0o
3 juin 2014 - Ajouté par Ibrahima Diarra
Pressage de graines oléagineuses de Tournesol avec la presse continue VE 060 produite par Vero Energia ...

LA PRODUCTION D’HUILE CARBURANT EN CUMA : LA CO-CONSTRUCTION D’UN OUTIL ET DE SON TERRITOIRE 
Communication colloque SFER des 28 et 29 février 2008
PIERRE Geneviève Maître de conférences Département de géographie Université d’Angers UMR ESO 6590 –CARTA Angers genevieve.pierre@univ-angers.fr

Résumé :
Cette étude de cas portant sur la construction d’un objet de développement agricole, la presse à huile mobile départementale du Maine-et-Loire, en CUMA, s’inscrit au croisement de thématiques liées aux agro-carburants, à l’autonomie agricole, aux circuits courts. En quoi la structure coopérative CUMA, par son mode de fonctionnement, par les projets qu’elle met en œuvre, à forte dimension expérimentale et sans recherche de profit, permet-elle une co-production et co-construction d’un outil et inscrit-elle ses projets dans une logique territoriale très différente de la filière longue ? Le rôle des acteurs territorialisés est fondamental pour comprendre la coconstruction de l’outil, sa territorialité, voire sa territorialisation
Cette communication s’inscrit dans l’axe II (coopératives, développement et territoire) du colloque, bien qu’elle relève d’un contrat de recherche « économie sociale et solidaire et territoire », dans une définition prise au sens large1 (non capitaliste, non gérée par des fonds publics, dans des structures juridiques associatives ou coopératives ; Defourny & Monzon-Campos dir., 1992). Ce sujet se trouve à la confluence de plusieurs thématiques : le rôle des structures coopératives « CUMA2 » ( Draperi J.-F. & Touzard J.-M., 2003) dans les projets de développement local et de territoire, en lien également avec une réflexion sur l’économie sociale, les questions d’énergies nouvelles, des « agro-carburants », l’évolution des systèmes de production agricole et des pratiques culturales à travers la recherche d’autonomie alimentaire, de circuits courts, de relocalisation économique. La dimension territoriale est au cœur de la réflexion. Cette étude de cas, centrée sur la presse à huile mobile départementale du Maine-et-Loire, est une analyse de la construction territoriale d’un projet de développement agricole en CUMA et de ses temporalités. Dans ce projet, l’encadrement institutionnel agricole peut apparaître fort, du fait de l’intervention du réseau pré-construit « Chambre », et des réseaux associatifs et coopératifs : le réseau CUMA, à partir de la FD CUMA (fédération départementale). Parallèlement, le fonctionnement CUMA fait appel très fortement au réseau de ses acteurs locaux (les CUMA locales) et existe surtout par cette dynamique locale et les relations horizontales, d’acteurs à acteurs, de CUMA à CUMA, plus que sur la logique descendante ou hiérarchique. Le rapport acteurs/institutions est donc intéressant à observer, dans une dynamique de co-construction. Par nature, les projets agricoles s’inscrivent dans une assise – si ce n’est une réflexion – territoriale forte : le sol, la terre, ne sont pas délocalisables même si l’agriculture a eu tendance à se « dé-territorialiser ». Les systèmes de production, les bassins de production définissent une emprise spatiale forte et sont des données à temporalités d’évolution assez lente, notamment lorsqu’il est question d’élevage herbager. Cependant, ce projet local de production de biocarburant procède d’une dynamique de groupe visant à l’autonomie agricole, alimentaire et énergétique, par un

I) Contexte et méthodes : l’importance des CUMA dans les projets agro-territoriaux innovants
A) Le contexte
L’étude de cas de la mise en place de la presse à huile départementale en CUMA du Maineet-Loire doit être replacée dans le contexte géographique plus large de l’ouest de la France et de la France en général, à partir des outils de production d’huile végétale pure en CUMA et de la production de la matière première : le colza. Certes, les CUMA n’ont pas le monopole de l’utilisation des presses à huile par les agriculteurs. Notre enquête s’est limitée au réseau CUMA parce que c’est un exemple de filière courte organisée en réseau, récente, dont l’information est relativement accessible (sources FD CUMA, FR CUMA et FN CUMA) ; il n’existe pas de recensement des presses à huile végétale pure « hors CUMA ». Parallèlement, cela montre l’importance des CUMA dans l’émergence de projets de développement agricole et de territoire innovants.

L’outil permet la production d’huile végétale pure qui, mélangée au diesel à 30 % maximum (et sur des moteurs relativement anciens), sert de carburant d’appoint pour les tracteurs et peut êtrre égalemetn utilisée dans des chaudières pour le chauffage. La presse à huile départementale du Maine-et-Loire est un outil « semi mobile3 », sillonnant le département. Elle produit de l’huile et du tourteau pour l’alimentation du bétail : seuls les adhérents (agriculteurs, collectivités locales) peuvent utiliser l’huile en carburant ou produire le tourteau pour la consommation animale. L’utilisation de l’outil concerne 73 adhérents (source FD CUMA , février 2007). La première saison, 2005/2006, a été essentiellement expérimentale. L’année 2006/2007 est la première année de pleine activité de la machine. La presse à huile départementale du Maine-et-Loire est la première grosse presse mise en place en CUMA départementale dans l’ouest, devant répondre à une forte exigence de qualité et à une certaine dimension productive. Sa capacité prévisionnelle de production est de 270 000 litres, pour une capacité technique de 350 000 litres par an. On peut produire 1000 à 1200 litres par jour, pour une année moyenne de 300 jours de production par an. Sa mise en place, à partir de fin 2005, correspond à une volonté de substituer au fuel cher une énergie meilleur marché et occasionnant moins de dépendance, au moment où les prix des matières premières agricoles (colza, tournesol), sont encore assez bas. Cette presse a été innovante par sa capacité de production et son débit à l’heure, par le plateau sur lequel elle est installée, permettant sa semi-mobilité, et par son système de filtration. Le tourteau fermier produit est jugé de très bonne qualité, peu gras. Il existe une liste d’attente de 20 agriculteurs pour utiliser la machine. Depuis, d’autres presses à huile ont été acquises dans l’ouest, mais peu ont une capacité supérieure à celle du Maine-et-Loire : la presse à huile semi-mobile du Calvados, plus récente, a une capacité technique équivalente. Depuis février 2007, une presse fixe de forte capacité est installée dans les Côtes d’Armor, dans une CUMA « locale » ; son objectif est de produire 500 000 litres à terme. Dans la très grande majorité des cas, les presses à huile des CUMA de l’ouest sont de petites presses mobiles (de 50 à 100 kg/heures de capacité), transportables en remorque tractée par une voiture ou une camionnette (Morbihan, Mayenne, Loire-Atlantique) voire, pour les plus anciennes, dans un coffre de voiture.

B) L’importance du réseau, des structures CUMA, dans la co-construction de l’objet et de son territoire

Le réseau CUMA représente avant tout une structure coopérative fédérative, engagée dans une dynamique de co-production d’un outil de développement (Guigou, 1998) entre structures et structures/acteurs, et une dynamique de co-construction, qui nécessite une réciprocité entre acteurs (Di Méo, 1996). La CUMA inscrit ses réseaux dans des structures territoriales à différents niveaux d’échelle, dans un fonctionnement non hiérarchique : la CUMA (souvent communale ou « péricommunale, parfois en « Intercuma »), la FD CUMA (structure de conseil et d’encadrement technique, administratif, juridique), elle-même organisée en FR CUMA (l’intercuma de l’ouest fédère les CUMA départementales de trois régions, Bretagne, Basse-Normandie, Pays de Loire, sans relation hiérarchique, plutôt une mutualisation de conseil technique) et FN CUMA. Dans ce cas, le territoire des CUMA répond à l’organisation d’un réseau d’acteurs et de CUMA issus d’un même système coopératif, ou s’y fédérant, et organisés à un échelon départemental (cadre juridique, institutionnel, de fonctionnement). Ce projet en Maine-et-Loire associe des territoires et des structures, dont le périmètre d’action correspond à des échelles différentes : les CUMA locales, la FD CUMA par l’intermédiaire de la CUMA « Innov-Expé », qui établit un réseau particulier d’adhérents utilisateurs inclus dans la FD CUMA mais ne s’y superposant pas exactement, le pays du Layon (pays « Voynet » de la LOADDT de 19994) et la Chambre d’agriculture du Maine-etLoire, voire le conseil général, qui a proposé un financement au titre de l’environnement et des bioénergies. Cela permet d’envisager comment le réseau de structures partenaires s’articule aux acteurs dans la co-production et co-construction d’un outil de développement agricole et son territoire d’action. Si la Chambre a été très vite partenaire de cette expérimentation en Maine-etLoire, dans d’autres départements, la mobilisation des acteurs s’est plutôt faite par le réseau Civam, en lien avec les FD CUMA (Mayenne, voire Loire Atlantique pour une CUMA fixe). Cela montre aussi la capacité des structures FD CUMA à fonctionner dans des réseaux agricoles et structures différents (le réseau des agriculteurs bio, Morbihan, Mayenne, le réseau Civam (Mayenne, Loire Atlantique…) tout en maintenant des contacts plus ou moins étroits avec la Chambre d’agriculture. Des CUMA départementales d’innovation ont été créées, souvent à partir des années 1990 dans l’ouest, pour abriter des outils d’expérimentation, correspondant à des pratiques agricoles ou agro territoriales nouvelles. Cela met en avant la capacité des CUMA à porter des projets de valorisation agricole et énergétique. Dans l’ouest de la France (source FR CUMA), deux types de valorisations énergétiques ont été privilégiées: il s’agit du bois-énergie et de la production d’huile végétale pure (Godin M., 2005). Sur les 12 départements qui constituent l’Intercuma de l’ouest, 11 ont intégré l’outil presse à huile au sein de la CUMA départementale d’innovation et d’expérimentation en matériel. Peu de presses à huile ont été acquises en CUMA locales et, dans l’ouest, il s’agit d’acquisitions récentes, en 2006 et 2007 : deux CUMA locales dans l’Orne (2006), un exemple en Loire Atlantique (2007), un exemple en Côte d’Armor (2007). Dans le Maine-et-Loire, cet outil est accueilli dans la CUMA départementale « innovexpé ». Cette CUMA, née en 1996, réunit au départ 4 adhérents pour un projet de compostage des fumiers avec mélange de déchets verts : la FD CUMA, la Chambre d’agriculture, la ferme expérimentale départementale des Trinottières et l’association Gab’Anjou. Au début des années 2000, on connaît une forte demande de matériel pour l’implantation de haies bocagères : « dérouleuse de plastique ». En 2002, la CUMA départementale de compostage s’intéresse à la déchiqueteuse à bois, en vue d’une valorisation en bois-chaudière, par un partenariat entre la FD CUMA, la chambre départementale d’agriculture du Maine-et-Loire et l’association Mission bocage (Mauges). Puis, en 2005/2006, on passe au projet expérimental de presse à huile. Cet outil s’inscrit dans un contexte d’inquiétude face à l’évolution des prix des carburants classiques. C’est un projet de développement agricole au sein du département, en circuit court, dans lequel on n’attend pas de valorisation économique extérieure mais juste « gérer ses coûts de production autrement » ; la question de l’autonomie agricole a été évoquée dans la plupart des cas. Toutefois, ce n’est pas la FD CUMA, ni la CUMA départementale « innov-expé » qui a été à l’origine du projet de presse à huile. Aux dires de tous les acteurs enquêtés, ce projet est vraiment né de la base, de quelques acteurs et agriculteurs du Layon engagés dans une réflexion locale sur l’autonomie agricole. Cependant, sans démarche collective, le projet n’aurait sans doute pas abouti et la perspective de partager les risques, les responsabilités et le travail sur un nouvel outil ont compté beaucoup dans la réalisation concrète du projet, selon les acteurs enquêtés. L’accueil en CUMA s’est imposé naturellement, à la fois parce qu’elle est la structure compétente pour la réflexion sur le machinisme, la structure la plus à même, par sa nature coopérative, de prendre en charge un outil expérimental et donc « aux résultats incertains « , et qu’elle a les moyens, par son réseau, de mobiliser rapidement les agriculteurs. Nous sommes bien dans le cas d’une mutualisation de moyens et de ressources, de bénéfice collectif pour les adhérents, sans recherche de plus value à tout prix, caractéristique d’une démarche CUMA et relative également à l’« économie sociale ».
(…) Voir la suite en ligne sur le site de la SFER.
Notes
1 Le projet ESSTER s’inscrit dans l’appel à propositions pour l’innovation sociale et le développement en économie sociale de la DIIESES Pays de Loire, axe 3, 2007 : « mieux comprendre les dynamiques territoriales de l’ESS », Bertille Thareau, Valérie Billaudeau, Emmanuel Bioteau, Sébastien Fleuret, Isabelle Leroux, Geneviève Pierre, Laurent Pujol.
2 CUMA : coopérative d’utilisation du matériel agricole fonctionnement en circuit local. La CUMA permet cette démarche expérimentale, hors de la filière classique de valorisation du colza en grande culture et des circuits industriels de biocarburants. Cet outil est, dans l’ouest de la France, porté par des éleveurs qui cherchent à rendre leurs exploitations plus autonomes, à moindre coût énergétique. En quoi n’est-il pas indifférent, pour comprendre les formes de construction de l’outil et de son territoire, qu’il procède d’une démarche de groupe, expérimentale, en CUMA ? Le mode de construction du projet, son territoire d’action, le réseau des utilisateurs, permettent de mettre en évidence la logique de co-construction, à travers le rôle des acteurs territorialisés.
3 Mobilité réduite à 6 lieux principaux de stationnement de la machine.

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