En Algérie, à propos d'éducation le débat est rude. Nous proposons un article et une contribution sur ce sujet.
ALGERIE :
Une ministre face aux islamistes.
Nouria
Benghebrit se bat contre la « médiocrité » du système
éducatif. Les islamistes comme les syndicats veulent sa peau.
Portrait.
Adlène
Meddi. Alger Le Point 22 septembre 2016
Sur
une photo, on voit son nom «écrit sur une feuille de papier. A
côté un pistolet Makarov, un grade et l'insigne de la gendarmerie
ont été posés. Sur une autre, son nom est écrit à l'aide de
balles de kalashnikov. La cible de ces images diffusées sur les
réseaux sociaux ? La ministre algérienne de l'Education
nationale, Nouria Benghebrit. L'auteur du montage, un gendarme âgé
de 25 ans habitant l'est algérien, a été appréhendé par ses
propres collègues de la brigade anticybercriminalité qui l'ont
traqué sur le Net, mais l'épisode en dit long sur les passions que
déchaîne cette femme de 64 ans venue de la gauche algérienne.
Enseignement
de la langue arabe, conditions de recrutement des enseignants
contractuels, réforme du bac et même erreur des manuels
scolaires... Depuis sa nomination, en 2014, les polémiques sont
innombrables : N Benghebrit bat tous les records d'hostilité
chez les conservateurs, les islamistes, les syndicalistes, mais aussi
chez une partie de l'élite algérienne opposée à tout ce qui
émane du système Bouteflika.
Nouria Benghebrit est
la cible d'insultes : « juive », « sioniste »,
« francophile »,
« ennemie de l'identité arabo-musulmane »...
« juive »,
« sioniste », « francophile », « ennemie
de l'identité arabo-musulmane »... Dans ce pays qui se déchire
toujours sur les questions identitaires, celle qui, avant d'entrer en
politique, dirigeait d'une main de fer le très renommé Centre
national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC),
fleuron de la recherche sociale en Algérie, fait face à
d'incessantes attaques et affronte toutes les injures, même les plus
improbables. Signe de la colère d'une partie de la « base »
qui n'accepte pas cette ministre qui parle d'universalisme, de
réformes, de rigueur, d' « algérianité » et
évoque même ouvertement le « malaise » de l'école
algérienne, une rumeur affirme que les enseignants conservateurs
auraient organisé plusieurs opérations de fraude aux examens.
« Roc
de convictions ».
Proche
dans sa jeunesse des milieux gauchistes, petite-fille de Si Keddour
Benghebrit, fondateur de l'Institut musulman de la Grande Mosquée de
Paris, cette ministre qui détonne dans le paysage politique algérien
est pourtant soutenue – pour l'instant –, contre vents et
marées, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. « Nous
voulons une école ancrée dans l'Islam, l'arabité et résolument
tournée vers la modernité et la qualité », a ainsi récemment
déclaré le chef du gouvernement pour appuyer sa ministre.
A
la tête de l’Éducation nationale, NB doit en réalité gérer une
« guerre » permanente qui déchire les partisans d'une
école moderne et algérienne face aux défenseurs d'une école qui
porte les valeurs de l' »authenticité » arabo-musulmane.
Une école qui forme les citoyens contre une école qui engendre des
croyants, pour paraphraser l'écrivain Kamel Daoud [NDLR :
l'écrivain est l'auteur de l'appel « Sauvez Benghebrit, sauvez
nos enfants !», dans El Watan du 9 septembre]. « D'un
côté, Benghebrit applique le programme du président Bouteflika,
donc logiquement on fait fonctionner la solidarité gouvernementale,
soutien un ancien ministre ? De l'autre, elle est dans une
conjoncture où le système est encore dominé par des courants
séculaires, où on a des décideurs traumatisés par la violente
dérive islamiste des années 1990 qui accusent l'école des années
1970-1980 d'avoir créé des terroristes à cause de l'influence et
des conservateurs au sein du système éducatif ? »
« Quand
elle a pris ses fonctions, elle a appelé le Premier ministre pour
discuter des consignes qu'il aurait à lui donner. Il lui a répondu
qu'elle savait exactement ce qu'elle devait faire » raconte un
proche d'A Bouteflika, le président algérien. « Elle
s'attendait aux critiques. Elle n'est pas naïve. Pendant la période
des violences islmistes durant les années 1990, elle vivait en
Algérie. C'est une intellectuelle qui a analysé la société et les
profondes forces qui la dominent. Mais elle tient bon, c'est un roc
de convictions, explique un de ses collaborateurs. Vu la réaction
des adeptes du wahabisme, nous sommes sûrs d'être sur la bonne
voie ! » Se sent-elle physiquement menacée ? « Pas
plus que n'importe quel responsable chez nous, elle n'est pas du tout
alarmiste », poursuit-il.
Que reprochent les milieux
conservateurs, les partis islamistes et certains médias populistes à
cette ministre venue de l'université ? « De vouloir faire
de l'école un véritable lieu de savoir par excellence »,
affirme ainsi Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du président Bouteflika
et anti-islamiste déclaré. En fait, les réformes de Benghebrit
sont simples. Elle veut passer de la logique de l'enseignement à
l'apprentissage, assurer une meilleure connaissance des langues,
« algérianiser » les contenus littéraires et même,
parfois, inclure les langues étrangères dans les cours de sciences.
Une véritable révolution. Elle n'est pas la première à avoir
tenté ces réformes impossibles. Au début des années 2000, A
Bouteflika, nouvellement élu, avait lancé ce grand chantier. Déjà,
les conservateurs criaient à l' »occidentalisation » de
l'école, car les propositions des experts parlaient dans le sens
d'une plus grande diversification de l'apprentissage du français et
de l'anglais tout en gardant la place prépondérante de la langue
arabe.
Déclaration
de guerre.
Restées
en partie lettre morte, ces réformes, otages des équilibres que le
pouvoir politique voulait sauvegarder entre plusieurs chapelles
idéologiques, ont été remises au goût du jour par Benghebrit en
2014. Avec ce résultat : quand elle a pris les commandes de ce
secteur qui absorbe à lui seul 30% des fonctionnaires, l'hostilité
des conservateurs, des islamistes, et des syndicats a été
immédiate.
Pour les islamistes, et à leur
tête le Mouvement de la société pour la paix (MSP, tendance Frères
musulmans), les ambitions de la ministre sont une véritable
déclaration de guerre : le président du mouvement, Abderrezak
Makri, ne cesse de demander la démission de la ministre pour
« atteinte à l'identité nationale ». Quand, au
printemps, son homologue française, Najat Valaud-Belkacem, en visite
à Alger, avait évoqué la coopération entre les deux pays dans le
cadre des réformes, le leader islamiste n'avait pas raté l'occasion
et dénoncé « la tentative de franciser l'école
algérienne » ! Mais benghebrit ne lâche rien. Quelques
jours plus tard, face aux députés de l'Assemblée populaire
nationale, elle avait trouvé la parade : « Notre ennemi
principal aujourd'hui, c'est la médiocrité .»
Qu'est ce qui fait tenir cette
sociologue de formation, une des meilleures spécialistes de
l'éducation en Algérie ? Au delà du soutien de ses camarades
du gouvernement, c'est sa tenacité : « C'était déjà un
trait de caractère bien saillant chez elle et qui s'est renforcé
avec son parcours professionnel et académique, face aussi aux crises
qu'elle a dû, à l'époque, affronter » témoigne la
sociologue Fatma Oussedik. Un parcours scientifique brillant,
reconnaissent mêmes ses opposants : « Quoique je ne
partage pas ses visions sur l'éducation et la pédagogie, je lui
reconnais une grande compétence dans le domaine, et du courage
aussi » admet Idir Achour, porte-parole de la Coordination des
lycées d'Alger.
Directrice de 1995 à 2015 du
CRASC d'Oran, doctorante de troisième cycle à Paris V Sorbonne et
auteure de plusieurs études sur l'éducation, cette native d'Oujda,
ville frontalière marocaine, a toujours impressionné ses collègues
par son caractère de feu. « Dans le passé, plusieurs crises
ont éclaté entre elle et d'autres chercheurs, se souvient un de ses
collaborateurs à Oran. Mais Benghebrit a toujours eu le dernier mot.
Elle a une sorte d'intransigeance naturelle et elle sait qu'elle ne
doit son poste de responsable d'un grand centre de recherche ou de
ministre qu'à ses compétences. » Sous-entendu, pas pour faire
de la figuration ou pour féminiser l'image du gouvernement.
« Elle tire sa combativité
de l'héritage que nous avions, nous, filles de l'indépendance, du
combat de nos aînés, de Djamila Bouhired à Hassiba ben Bouali [
héroïnes algériennes de la guerre d'indépendance ], insiste Fatma
Oussedik, également membre du réseau Wassila (collectif
d'associations) pour les droits des femmes. Benghebrit appartient à
cette génération de militants progressistes, tiers-mondistes, qui
s'activaient dans les facultés de tout le pays, babas cool engagés,
bardés de diplômes, qu'on trouvait à l'époque infiltrés même au
sein du parti-Etat, le FLN, ou activistes dans les organisations
communistes clandestines. Son mari, l'historien de renon Hassan
Remaoun, est lui aussi une figure de cette génération qui a donné
une classe technocrate volontariste, assez bien formé, qui a soutenu
l'effort « socialiste » des années 1970, la
libéralisation prudente des années 1980 et qui, malgré les
désillusions face à un système fermé au changement, malgré le
cataclysme des années 1990 et sa guerre civile, a continuer à
« servir l'Etat algérien et non un régime », selon un
haut cadre de l'Etat.
Piège.
« Les
années 1990 ont été une période difficile pour le monde de la
recherche, des universitaires et des intellectuels et des
intellectuels : l'exil, les assassinats, la difficulté de
travailler avec d'autres centres à l'étranger », se rappelle
un assistant de Benghebrit à l'université. « Grâce à elle,
l'école doctorale en anthropologie a vu le jour et nous travaillons
avec des chercheurs associés du monde entier », énumère
Belkacem Benzenine, actuel directeur du CRASC. « Benghebrit est
têtue, elle essaie par tous les moyens de te faire adhérer à sa
cause, raconte un syndicaliste, mais en même temps, elle fait
attention à ne pas provoquer : elle a envoyé des messages
d'apaisement aux Oulémas [association traditionnelle musulmane] pour
les rassurer sur la place de l'arabe et de l'éducation islamique,
elle a aussi négocié jusqu'à épuisement avec les syndicats qui
lui ont fait la guerre. »
Prudente, elle a raison de
l'être : « Les enjeux de l'éducation dans mon pays
dépassent, me semble-t-il, ma personne », avoue-t-elle à la
presse. « Dans cette polémique sur le système éducatif, le
souci n'est pas d'être contre ou pour Benghebrit. C'est là le piège
mis en place par le pouvoir pour dévitaliser le vrai débat au sein
de l'élite », prévient le journaliste et écrivain arabophone
Hmida Layachi. « La vraie question n'est pas celle de l'arabe
ou du français, renchérit la sociologue Fatma Oussedik. L'enjeu est
qu'il y a contradiction entre le système «éducatif qui impose
d'apprendre par cœur et clui qui permet de réfléchir. L'enjeu est
que l'écolee redevienne cet important acquis de l'indépendance,
redevienne un élément de l'ascension sociale, comme ce fut le cas
jusqu'aux années 1970. » Nouria Benghebrit croit dans son
combat. Elle ne lâche rien. Pour l'instant.
Chercheuse
et ministre.
1952
Naissance.
1982
Doctorat de sociologie à Paris-V.
1992
Dirige le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle
(CRASC).
2003-2006
Présidente du comité arabe de l'Unesco
2014
Ministre de l'éducation nationale.
* Journaliste et écrivain
algérien. Dernier ouvrage paru : « Jours tranquilles à
Alger » coécrit avec Mélanie Mataresse (Riveneuve éditions).
Sauvez Benghebrit,
sauvez vos enfants !
Kamel Daoud El Watan
Tuer Benghebrit, la
ministre de l’Education. Voilà où nous en sommes sous le règne
du califat virtuel annoncé, toléré et encouragé. Faut-il laisser
faire ?
Oui, si on veut voir nos
enfants, un jour, figurants d’un désert sans fin, kalachnikovs en
main, enturbanés par la bêtise et les néo-moyen-âges. Jouant dans
les clips des égorgements avec un drapeau noir et sinistre. Et si
aujourd’hui il nous faut une preuve sur la remontée de l’islamisme
en Algérie, la liberté dont il bénéfice et presque la bénédiction
post-réconciliation dont il est l’enfant gâté, c’est bien la
levée de barrage contre cette femme algérienne qui en témoigne.
Son crime aura été de
vouloir une école performante, libre, moderne, comme celle dont
bénéficient les enfants de la nomenklatura en Occident. Elle aura
contre elle et son projet de salut les islamistes, les bêtes et
méchants, les hystériques de l’identité devenue une alimentation
générale et les hordes sales et fielleuses qui font commerce des
«constantes» : ulémas assis et inutiles pour notre nation,
journaux post-FIS qui opèrent encore avec le mode massacres et faux
barrages, les prêcheurs lancés comme des égorgeurs d’opinions et
les foules bêtes et stupides de notre système plébéien. «Un jour
elle peut être tuée !» m’avait dit un ami. Et on y est.
Menaces de mort,
insultes, campagnes et diffamations de la part de gens dont la seule
possibilité de gagner un salaire est de se faire les «doubleurs»
de Dieu ou des «constantes» pour s’accaparer de nos croyances et
de notre algérianité. Ne voilà-t-il pas ces syndicats qui, au lieu
de défendre les droits de travailleurs, deviennent les propriétaires
«légitimes» de notre histoire et de notre «identité», se
faisant idéologues et avocats. Des ratés de l’évolution qui se
positionnent en imams et des traitres à la nation, néo-saoudiens de
formation devenus des donneurs de leçons en religion.
Désormais, le ton est
donné : soit l’Algérie est à sauver, soit elle est à afghaniser
par ces ténébreux arrière-petits-fils du FIS, du GIA intellectuel,
du Daech mental et de ce qu’a formé l’école comme néo-talibans
capables de siffler l’hymne de leur pays pour applaudir celui d’une
Palestine fantasmée durant un match amical. Cette armée a
aujourd’hui la liberté de dire, menacer, parler, avoir des chaînes
TV, des journaux, des leaders et impose son code et sa loi. Le FIS a
gagné et les 200 000 morts des années 90 sont devenus des mégots
de cigarettes, des restes dans une poubelle d’os, des cailloux.
C’est donc aujourd’hui
qu’il faut faire un choix : sauver Benghebrit et nos enfants ou
laisser advenir le califat, l’Afghanistan national, le Daech
triomphant. Mourir de voir nos enfants réduits à des ânonneurs de
fatwas, des «récitateurs» bêtes et méchants, des intégristes de
la mauvaise pensée pendant que le monde marche sur la lune, en
fabrique ou en domestique dans les cieux. Il faut choisir ou subir.
Se taire et se faire écraser et laisser revenir le temps des
coupeurs de mains et des «lapideurs» de femmes.
Ou protester et sauver
cette femme, notre pays, l’école et nos enfants. Il ne s’agit là
ni d’un sigle ni d’un slogan, mais de notre chair. Nous, nos
enfants ne partent pas ailleurs pour étudier et cette école est la
seule que nous avons pour leur donner la possibilité de vivre mieux
que nous. Nous, nous n’avons pas un autre pays de rechange : ceux
qui veulent partir, qu’ils le fassent et ceux qui veulent nous
imposer l’Arabie saoudite ou l’Afghanistan, qu’ils partent y
vivre et mutiler leurs avenirs.
Nous, on est Algériens,
on vit en Algérie et on défend notre histoire : libres depuis nos
ancêtres et libres pour la fortune de nos enfants. Se taire
aujourd’hui est un infanticide : ces néo-GIA de la pensée ont
pris trop d’importance et bénéficient de trop de libertés et il
faut que cela cesse. Si certains se sentent faibles devant cette
racaille qui tue enfants et martyrs, nous non. On est forts et c’est
parce que nous le devons à nos enfants.
Etre un ancêtre cela
se mérite.
Nous n’avons pas à
revenir au cauchemar des années 90, ni aux hurleurs des mosquées,
ni à leurs menaces : il faut que cela cesse et il faut soutenir
cette femme. Nous n’avons pas à baisser les yeux car nous, nous
n’avons tué personne et nous n’appelons au meurtre de personne,
chez nous ou dans le monde. Notre foi est meilleure. Nous respectons
le désir, le rire, le bonheur, la liberté et la fierté.
Contrairement à ces gens qui ne savent qu’interdire, maudire,
menacer, insulter et pourchasser. Ils sont une menace et nous sommes
les habitants de ce pays. Quand retentit son hymne ou que flotte son
drapeau, on se lève pour les saluer, contrairement aux traîtres
barbus qui restent assis puis viennent aujourd’hui nous parler de
«matières d’identité» et d’arabité et d’islamité.
Nous cherchons à être
utiles pour la richesse de cette terre et non à y provoquer des
guerres pour une jupe, une chanson ou un film. Nous sommes sains,
Algériens, fiers et forts, pas islamistes, pas vendus aux Arabies
imaginaires, pas traitres et pas haineux des joies que nous ont
souhaité nos martyrs. Ils sont morts pour qu’on soit heureux et
pas soumis à une nouvelle colonisation. Le cas de Benghebrit nous
concerne tous. Il est nous. Il est l’avenir de nos enfants : si
nous laissons faire, on sera maudits. Ils feront de nos enfants leurs
égorgeurs futurs et ce pays disparaîtra entre une fatwa et une
hystérie. La réconciliation n’est pas la soumission.
L’école doit être
libérée de la talibanisation, des appels à la haine, des dénis de
soi et de son histoire et de cet avenir sombre que lui proposent les
daech assis des islamistes et autres fatwamen et leurs journaux. Elle
doit être libérée de la futilisation par les faux débats et les
hystériques de l’ancêtre pur, la langue pure et la souche pure.
L’avenir est tracé par le savoir, la science et la raison et la
foi, pas par la fatwa, les avis stupides et les appels à la haine de
l’Autre.
Nous sommes donc tombés
si bas, aux yeux de nos ancêtres, pour qu’un simple barbu et une
horde d’aliénés de la fausse racine et du fantasme de l’identité
viennent nous imposer leurs avis et leurs cris ? On a donc chassé
les colons pour se faire écraser par des vocations de chameliers ?
Nous avons attendu la libération tant de siècles pour abdiquer
devant des oisifs qui trouvent salaires en se faisant passer pour
Dieu ou ses représentants uniques ?
Aujourd’hui, ces gens
attaquent Bengehbrit parce que son projet de moderniser notre école
pour construire nos futures élites les gêne. Pourquoi ? Parce que
l’école islamiste est ce qui va construire l’armée des futures
islamistes qui leur permettra de prendre le pouvoir. Leur but est la
domination, la colonisation de l’Algérie, le meurtre. Ils ne
peuvent pas recruter dans le présent, ils le font dans l’avenir.
C’est la même stratégie pour les islamistes partout : infester
l’école pour devenir plus nombreux et construire leur émirat.
C’est pourquoi ils ne
se sentent concernés ni par l’échec économique, la corruption,
le classement de nos universités, le savoir, les réformes
d’administration, le fisc ou l’écologie. Non, rien que l’école
pour se garantir l’avenir qui leur manque. Là où nous nous
espérons une école pour maîtriser le monde, s’enrichir, créer
et inventer, mériter de meilleurs classements, faire face aux
concurrences et parler toutes les langues du monde et surtout celle
de la réussite.
Devrons-nous vivre
hallucinés au point d’accepter que l’on égorge nos enfants pour
sauver nos moutons ?
L’islam n’a pas
besoin des islamistes et l’école n’a pas besoin des talibans.
Mais Mme Benghebrit a
besoin de nous, tous.
(Kamel Daoud,El Watan du
09-09-2016)
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