CEREALES :
CONTRE LES SECHERESSES AUTOMNALES, SEMER DANS UN SILLON.
Djamel
Belaid 10.04.2016 Djamel.belaid@ac-amiens.fr
En
Algérie, les semis d'automne 2015 ont été éprouvants pour les
agriculteurs situés à l'Ouest. D 'habitude, ils ne sèment
qu'avec les pluies. Or, celles-ci sont arrivées en retard. Elles ont
été faibles et irrégulières. Désespérés de pouvoir un jour
arriver à la récolte, certains agriculteurs ont lâché leurs
moutons sur leurs maigres parcelles de blé. Si dès le début de
campagne, les parcelles de blé sont menacées, comment arriver à
plus d'autosuffisance céréalière ?
LES
RESPONSABLES AGRICOLES, « IRRIGUEZ VOS PARCELLES ! »
Face
à ce déficit pluviométrique la parade des responsables agricoles a
été de conseiller aux agriculteurs d'irriguer leurs parcelles de
céréales. Cette consigne témoigne d'une naïveté et d'une
méconnaissance inquiétante des réalités des exploitations.
Les
parcelles de blé ont une grande surface. Les irriguer demande des
moyens considérables: kit d'irrigation par aspersion, canon à
eau ou pivot mais surtout une source en eau (forage ou barrage). Puis
irriguer suppose que l'agriculteur se situe dans une démarche
d'intensification. Or, pour beaucoup de petits agriculteurs, le revenu
de l'exploitation provient en partie, de l'élevage ovin. Elevage
parfois plus rémunérateur que les céréales.
Par
ailleurs, s'il y a un déficit hydrique, on peut supposer que les
barrages et les nappes ne sont pas à leur plus haut niveau. Dans ce
cas là l'agriculture concurrence directement l'approvisionnement en
eau potable des villes.
Aussi,
avant de penser à irriguer, il s'agit d'épuiser toutes les
solutions agronomiques et notamment les nouvelles techniques de
« dry-farming ».
SEMOIRS
AUSTRALIENS, DES SILLONS COLLECTEURS DE PLUIE
Pour
qui a vu travailler des semoirs à dents australiens, la formation
d'un sillon derrière chaque dent est chose connue. La dent est munie
d'un étroit soc ouvreur à laquelle sont fixées deux tubulures de
descente : une pour les semences et une autre pour les engrais.
La semence est donc déposée à 3-4 cm sous la surface du sillon et
les engrais quelques centimètres sous la graine. Bizarement alors
qu'en zone semi-aride la logique est de réaliser un roulage après
semis et d'obtenir un sol parfaitement plat, les pratiques
australiennes sont différentes. C'est le cas notamment avec le
semoir pour semis-direct John Shearer, après son passage les champs
ressemblent à de la tôle ondulée. Tous les 17 cm sur, on distingue
au sol un sillon de 8 cm de profondeur et de 7-8 cm de large.
Rappelons
que dans le premier cas, le passage d'un rouleau lisse ou d'un
rouleau cross-killette permet de rappuyer le sol sur la semence et
favoriser le contact entre le sol et la semence. Ainsi, l'humidité
du sol se transmet mieux aux semences.
Dans
le cas du semoir pour semis-direct John Shearer, les dents créent un
sillon qui permet de collecter l'eau de pluie. En effet, au moindre
épisode pluvieux, l'eau de pluie est récoltée par le sillon. Elle
s'infiltre donc juste au niveau de la zone où est située la semence
et l'engrais. Résultats, une germination-levée rapide et homogène.
La
création d'un sillon est lié au type de socs ouvreurs et de la
vitesse d'avancement du semoir. Une trop grande vitesse entraîne
parfois le recouvrement des sillons par la deuxième ou troisième
ligne d'éléments semeurs. Enfin, il s'agit de tenir compte
également du type de sol.
Photo :
Certains sillons sont recouverts par la dernière ligne de dents
(Icarda-Aciar).
Un
autre moyen efficace de conserver l'humidité du sol est de laisser
au sol les résidus de récolte telle la paille. Mais celle-ci est
très souvent destinée aux animaux délevage.
SEMOIRS
AUSTRALIENS, DES ROUES PLOMBEUSES DERRIERE LES DENTS
La
récolte de l'eau de pluie est également favorisée par l'action des
roues plombeuses. Celles-ci passent dans le fond du sillon et
permettent de lui donner sa forme finale. Par ailleurs, en rappuyant
le sol au dessus de la semence, elles favorisent le contact
sol-graine et donc le passage de l'humidité du sol vers la graine.
Les
roues plombeuses ont diverses formes. Elles sont en caoutchouc ou en
métal. Elles peuvent être muni d'un mécanisme qui permet de mieux
appuyer sur le sol ; cela peut être un ressort. La présence
d'un « décroteur » permet d'ôter la terre qui colle à
la roue en conditions humides.
Photo :
Roues plombeuses en condition d'humidité moyenne.
La
formation d'un sillon et le fait d'utiliser des roues plombeuses
permet de réaliser des semis précoces (octobre). En effet, outre la
récupération de l'eau de pluie le fait de rappuyer le sol au dessus
de la zone semée réduit les dégâts causés aux graines par des
ravageurs tels les fourmis.
Pour
des raisons économiques, les roues plombeuses sont parfois
remplacées par des « snake chain ». Il s'agit d'une
chaîne d'une vingtaine de centimètres fixée à chaque dent. Un
petit disque de métal fixé à l'arrière de la chaîne permet, au
fond du sillon, de recouvrir les semences qui seraient mal enterrées.
Mais en aucun cas, ce type de chaîne ne peut remplacer le travail
des roues plombeuses.
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