ALGERIE, UP-GRADING DES SUKHOI,
T-62 MAIS EGALEMENT NOS SEMOIRS A BLE
ALGERIE, LOW-COST UPGRADING
CONVENTIONAL SEEDERS
Djamel Belaid. 4.04.2016
La lecture de sites spécialisés
montrent les efforts réalisés par l'ANP afin de régulièrement
moderniser le matériel militaire dont elle a la charge. Ces
opérations sont réalisées avec le concours de constructeurs russes
ou de spécialistes algériens. Il s'agit d'opérations courantes
dans toutes les armées du monde. L'armée arabe syrienne a récemment
up-gradé des Mig, des Sukhoi* et des … semoirs à blé. Les
nouveaux semoirs permettent de meilleurs rendements même en milieu
semi-aride. En Algérie, dans l'immédiat, up-grader des semoirs
n'est pas d'actualité. Retour sur un raté.
CEREALES, DE NOMBREUX RATAGES ET
LENTEURS
En Algérie, s'il existe des
ratages en matière agricole, la culture des céréales en est
l'exemple type. Il ne s'agit pas de tomber dans la critique gratuite
mais d'essayer d'analyser nos erreurs en tant que partie prenante de
la filière. Nous n'avons par exemple que trop tardivement pris
l'option de l'irrigation d'appoint. En matière de céréales
non-irriguées, nous ne savons pas proposer aux agriculteurs des
outils efficaces pour implanter les cultures à moindre coût. Nous
ne savons également pas optimiser l'utilisation des engrais dans
l'environnement semi-aride ni sur le plan du management
responsabiliser les producteurs au niveau de réelles coopératives
céréalières paysannes.
Par contre des progrès énormes
ont été réalisés en moyens de traction, de semences certifiées,
de traitement phyto-sanitaire, de récolte ou de stockage. Comment
expliquer ces progrès si inégaux ?
ECHEC DE L'ECOLE ALGERIENNE
D'AGRONOMIE
L'analyse des handicaps de
l'agriculture algérienne a été récemment réalisé par
l'agro-économiste Omar Bessaoud. Concernant les choix techniques,
sans prétendre à être exhaustif, on peut citer le tropisme de
l'agronomie locale vers les techniques qui ont cours en Europe et
principalement en France. L'Australie, l'Espagne ou même le Maroc
sont de biens meilleurs exemples du point de vue des solutions
imaginées dans les conditions de déficit hydrique auxquelles sont
confrontés ces pays.
Enfin, on peut mentionner la
barrière entre l'acquisition de références agronomiques locales et
leur mise en application sur le terrain. A ce titre, on peut se
demander s'il ne faudrait pas plus insuffler le sens de
l'entreprenariat aux élites agronomiques de nos université.
LOURDEUR DE LA CONSTRUCTION
PUBLIQUE NATIONALE
Notre secteur public et privé
de la construction de matériel agricole est envié des pays voisins
au nôtre. Les avancées sont notables : i) montage ou
fabrication sous licence de tracteurs et moissonneuse-batteuse, ii)
conception de remorques agricoles, de citernes, de pulvérisateurs
pour produits phyto-sanitaires, matériel pour atelirs d'aliments du
bétail, tank réfrigérés, … etc. Cette liste – non exhaustive
– aurait de quoi rassurer les plus pessimistes. Cependant, nous ne
sommes pas rassurés. Une analyse fine de ce secteur de la
construction pourrait révèler les retards dans la conception
d'outils d'implantation des cultures – dont les fameux semoirs –
mais également concernant la récolte des fourrages, ou des pommes
de terre. Et quand parfois, du matériel est conçu localement, les
quantités produites sont insuffisantes. Le plus inquiétant
également est l'absence d'interactivité fabricants-agriculteurs.
Ainsi, si la société publique STF permet d'équiper les
exploitations en un matériel rustique et abordable de traitement
phytosanitaire, il s'agit maintenant de faire évoluer ce matériel.
La production locale semble figée comme si cette entreprise n'avait
pas la capacité de conception.
Alors que les agriculteurs ont
besoin de matériel permettant d'innover en matière de culture en
sec, l'industrie locale n'a que la traditionnelle charrue à
proposer. Le groupe PMAT a même signé un accord avec la firme
Galucho pour produire ces outils d'un autre âge et pratiquement
abandonnés par les céréaliers australiens ou ceux du sud de
l'Espagne. C'est un peu comme si il était proposé aux consommateurs
mélomanes des tourne-disques ; les plus anciens se rappelleront
des modèles Made in DZ dit « jerrycane » des années
70. Le jugement porté sur le secteur de la construction de matériel
agricole peut paraître sévère, mais les défis à relever sont
énormes : arriver à plus d'auto-suffisance alimentaire et de
plein emploi. Cela implique avant tout veille technologique et
adaptation. D'autant plus que la production nationale est
concurrencée par l'importation. Dans la presse, Mr Salah Attouchi,
PDG du groupe PMAT, se plaignait du tort fait à la production locale
par un recours immodéré à l'importation.
CONCESSIONNAIRES PRIVES,
PREFERENCE A L'IMPORTATION
On aurait pu penser que le
développement de concessionnaires privés chargés de l'importation
de matériel agricole aurait pu solutionner cette question des
semoirs à blé. Mais non. Certes, malgré la destruction d'emplois
qu'ils causent à l'économie nationale – certaines usines n'ont pu
maintenir un plan de charge que grâce à des commandes émanant du
ministère de l'intérieur destinées aux collectivités
territoriales - les concessionnaires ont à leur actif quelques
belles réalisations. A cet égard, il serait intéressant que des
mémoires d'étudiants se penchent sur cet apport à l'agriculture
nationale. Ce sont des concessionnaires qui, par exemple, ont permis
d'introduire en Algérie les round-balleurs et la technique de
l'enrubannage des céréales. En matière de semoirs pour semis
direct, l'importation a permis la dotation à quelques grosses
exploitations d'engins modernes mais de trop grosses tailles et de
trop grande sophistication pour les petites et moyennes
exploitations.
UP-GRADER LES SEMOIRS A BLE,
MODE D'EMPLOI
L'urgence est donc à mettre à
la disposition des petits et moyens céréaliers ce type de semoirs.
Ils constituent une véritable révolution . Un peu comme
l'optronique peut rendre bien plus performant notre aviation, nos
chars et nos transport blindés de troupes. En effet, avec un semoir
pour semis direct, plus besoin de gaspiller son temps et son fuel en
travaux longs et inutiles, voire néfastes. Il est aujourd'hui
démontré que le labour assèche le sol. En Australie, près de 90%
des céréaliers l'ont abandonné.
Up-grader nos semoirs
conventionnels pourrait être possible en suivant la démarche des
agriculteurs irakiens. Ne disposant pas, avant 2012, de la petite
industrie syrienne de production de ce type de semoirs, ils ont
produit de concert avec des artisans locaux, des kits de
modernisation de leurs semoirs. Ces cemoirs peuvent être tirés par
les tracteurs de 65 -80 chevaux équipant les agriculteurs locaux.
Cette production a été rendue possible par l'aide d'experts
australiens basés dès 2005 à la station agronomique d'Alep et
agissant dans le cadre d'un projet de l'Icarda.
Selon, les types de semoirs les
plus répandus en Algérie, il pourrait être possible de produire de
tels kits et de vulgariser les nouvelles façons de faire auprès des
agriculteurs, CCLS et entrepreneurs de travaux agricoles. Il
s'agit-là d'une démarche participative bien différente de celle de
l'OAIC. Cet office, ayant pris connaissance de la technique du semis
direct, a importé d'Europe une vingtaine de ces semoirs afin
d'équiper les CCLS. Mais il s'agit de gros engins nécessitant de
gros tracteurs. Or, ceux-ci sont parfois non disponibles et dans
certains cas, les semoirs importés sont restés plusieurs mois dans
leur emballage d'origine sur palettes.
Une
première étape dans le up-grading doit concerner, sur la base du
volontariat, les semoirs conventionnels des agriculteurs. L'intérêt
réside aussi dans le fait que les semoirs ainsi modifiés pourraient
être tirés par les tracteurs de moyenne puissance situés sur les
exploitations. Cette première étape permettrait d'attendre
la mise au point de semoirs pour semis direct par l'entreprise
publique CMA Sidi-Bel-Abbès. Un premier prototype aurait été
réalisé en collaboration avec des ingénieurs de l'ITGC et Jack
Desbiolles, un des experts australiens de renomée mondiale
auparavant basé à Alep. Ce semoir serait actuellement à l'essai
chez un agriculteur. A ce propos, il est injuste que des
investisseurs privés ne soient pas invités aux réunions de travail
avec les experts australiens.
ALLER VERS LA DEMARCHE CLUSTER
Des entreprises publiques ou
privées telles CMA, Tirsam, Djoudi Métal ou la Base Centrale
Logistique de l'ANP à Blida possèdent de grandes capacités
d'ingenierie, de conception assistée par ordinateur (CAO), de
découpe laser de l'acier ou de soudage moderne. Ces capacités
dépassent de bien loin les faibles moyens des 8 petits ateliers
autour d'Alep (Syrie) qui avant 2012 ont pourtant permis d'up-grader
plus de 92 semoirs. Et cela pour le plus grand bien des agriculteurs
dont certains ont été associés à la conception et à l'évolution
de versions ultérieures. La même démarche a été suivie à
Mossoul et à Irbil (Irak), en Jordanie et s'est même propagée
jusqu'en Iran. En Palestine, quelques paysans utilisent des semoirs
syriens. En Iran, une production locale a démarré et des étudiants
en thèse sont même encadrés par des experts australiens.
Qu'attendons
nous ?
Qu'attendons nous, nous qui
sommes en paix. Alors que chacun connait les évennements tragiques
de Syrie et d'Irak. En 2014, le Pr Jack Desbiolles déclarait dans la
presse australienne « Iraqi farming was
about 30 years behind Australia1 »
l'agriculture irakienne se trouve à 30 années derrière celle de
l'Australie. En la matière, nous nous situons derrière l'Irak alors
qu'un seul organisme tel l'OAIC compte 400 ingénieurs agronomes.
C'est dire le chemin à parcourir mais aussi les potentialités
existantes pour arriver au niveau technique des céréaliers
australiens.
Afin de faire progresser ce
dossier, il ne s'agit pas simplement de faire pleuvoir des
pétro-dnars sur le secteur agricole. Il s'agit plus de management.
Il s'agit de réunir, dans des pôles d'excellence régionaux, les
compétences locales de la filière : artisans, industriels
(publics ou privés), chercheurs et agriculteurs. Comme en Syrie et
Irak, une production locale de semoirs modernes peut ainsi être
développée. Une production autonome initiée par des acteurs locaux
ruraux. Une production indépendante de décisions administratives
centralisées dans la capitale. Une production dépendant d'artisans
locaux et non pas d'ingénieurs aux moyens limités par une
bureaucratie tatillonne et qui parfois sont affectés par leur
administration à d'autres tâches ; quand ce n'est pas eux
mêmes qui évoluent vers d'autres horizons. Associer des
agriculteurs et des artisans ruraux est un gage d'implantation
certaine de cette technique dans nos campagnes.
Quel
rôle pour l'ANP ?
A plusieurs reprises dans
l'histoire récente l'ANP a apporté sa part au développement du pays
ou à l'amélioration de la situation de populations menacées par
les intempéries. Concernant la modernisation des semoirs à
céréales, l'ANP pourrait intervenir en apportant une aide
matérielle à des groupes d'ingénieurs, d'artisans, d'investisseurs
et d'agriculteurs souhaitant suivre les exemples australiens, syriens
et irakiens. On ne peut en effet se satisfaire du seul rôle de CMA.
Le dossier est urgent et par ailleurs requiert la participation des
premiers concernés. Par ailleurs, les sols et les conditions
climatiques étant différentes d'une région à une autre, un seul
modèle de semoir ne peut convenir. C'est à des groupes locaux de
tester différents prototypes dans leurs conditions régionales. Ces
conditions sont nettement différentes en Mitidja, dans le
Constantinois, à Msila ou sous pivot saharien en sol sableux. Si
aucune institution civile, association ou ONG n'est capable
d'impulser un tel dossier, à l'ANP d'envisager de mettre à
disposition de groupes intéressés quelques cadres, un local, des
moyens pour découper l'acier et un poste à souder. Ce sera ensuite
l'expertise des paysans et des ingénieurs de terrain d'orienter les
modifications éventuelles sur les premiers semoirs construit. Ainsi,
il sera possible, comme en Australie, de tracer, à moindre frais,
des sillons collecteurs d'eau de pluie et d'y placer semences de
céréales et engrais. Car actuellement nous ne savons pas le faire.
Cela semble simple, mais pourtant nécessite un minimum de bon sens
et de connaissances en sidérurgie pour, par exemple, usiner les
meilleurs types de pointes de dents selon le sol concerné. Une
semence non mise dans des conditions optimum de germination et levée
équivaut à une récolte diminuée dès le départ.
Ce dossier semoirs pour
semis-direct devrait permettre d'améliorer les cultures de céréales,
fourrages, légumes secs et oléagineux. A ce titre, il est capital.
Une population bien nourrit, c'est un problème en moins à gérer.
Face au contexte régional, l'upgrading de notre flotte de semoirs à
blé, équivaut à acquérir une nouvelle division blindée. Ce
dossier montre également que le développement de la céréaliculture
algerienne ne doit pas seulement s'inspirer de ce qui se fait sur
l'autre rive de la Méditerranée. Il s'agit de maintenir une veille
technologique constante sur ce qui se passe également dans les
autres régions agricoles semi-arides du monde et particulièrement
en Australie et au Moyen Orient.
1
« Visitors from Iraq and Korea are heading to the Mallee
Machinery Field Days at Speed to learn about Australian farming
techniques ». Kate Dowler July 30, 2014 The Weekly Times
Notes:
Par Valentin Vasilescu. Au cours des années 2014 et 2015 les actions de combat de
Notes:
La Russie modernise les forces armées syriennes - Â
w41k.com/?read=109260&order=1
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