mardi 5 avril 2016

ALGERIE, UP-GRADING DES SUKHOI, T-62 MAIS EGALEMENT NOS SEMOIRS A BLE

ALGERIE, UP-GRADING DES SUKHOI, T-62 MAIS EGALEMENT NOS SEMOIRS A BLE
ALGERIE, LOW-COST UPGRADING CONVENTIONAL SEEDERS
Djamel Belaid. 4.04.2016
La lecture de sites spécialisés montrent les efforts réalisés par l'ANP afin de régulièrement moderniser le matériel militaire dont elle a la charge. Ces opérations sont réalisées avec le concours de constructeurs russes ou de spécialistes algériens. Il s'agit d'opérations courantes dans toutes les armées du monde. L'armée arabe syrienne a récemment up-gradé des Mig, des Sukhoi* et des … semoirs à blé. Les nouveaux semoirs permettent de meilleurs rendements même en milieu semi-aride. En Algérie, dans l'immédiat, up-grader des semoirs n'est pas d'actualité. Retour sur un raté.

CEREALES, DE NOMBREUX RATAGES ET LENTEURS
En Algérie, s'il existe des ratages en matière agricole, la culture des céréales en est l'exemple type. Il ne s'agit pas de tomber dans la critique gratuite mais d'essayer d'analyser nos erreurs en tant que partie prenante de la filière. Nous n'avons par exemple que trop tardivement pris l'option de l'irrigation d'appoint. En matière de céréales non-irriguées, nous ne savons pas proposer aux agriculteurs des outils efficaces pour implanter les cultures à moindre coût. Nous ne savons également pas optimiser l'utilisation des engrais dans l'environnement semi-aride ni sur le plan du management responsabiliser les producteurs au niveau de réelles coopératives céréalières paysannes.
Par contre des progrès énormes ont été réalisés en moyens de traction, de semences certifiées, de traitement phyto-sanitaire, de récolte ou de stockage. Comment expliquer ces progrès si inégaux ?


ECHEC DE L'ECOLE ALGERIENNE D'AGRONOMIE
L'analyse des handicaps de l'agriculture algérienne a été récemment réalisé par l'agro-économiste Omar Bessaoud. Concernant les choix techniques, sans prétendre à être exhaustif, on peut citer le tropisme de l'agronomie locale vers les techniques qui ont cours en Europe et principalement en France. L'Australie, l'Espagne ou même le Maroc sont de biens meilleurs exemples du point de vue des solutions imaginées dans les conditions de déficit hydrique auxquelles sont confrontés ces pays.
Enfin, on peut mentionner la barrière entre l'acquisition de références agronomiques locales et leur mise en application sur le terrain. A ce titre, on peut se demander s'il ne faudrait pas plus insuffler le sens de l'entreprenariat aux élites agronomiques de nos université.

LOURDEUR DE LA CONSTRUCTION PUBLIQUE NATIONALE
Notre secteur public et privé de la construction de matériel agricole est envié des pays voisins au nôtre. Les avancées sont notables : i) montage ou fabrication sous licence de tracteurs et moissonneuse-batteuse, ii) conception de remorques agricoles, de citernes, de pulvérisateurs pour produits phyto-sanitaires, matériel pour atelirs d'aliments du bétail, tank réfrigérés, … etc. Cette liste – non exhaustive – aurait de quoi rassurer les plus pessimistes. Cependant, nous ne sommes pas rassurés. Une analyse fine de ce secteur de la construction pourrait révèler les retards dans la conception d'outils d'implantation des cultures – dont les fameux semoirs – mais également concernant la récolte des fourrages, ou des pommes de terre. Et quand parfois, du matériel est conçu localement, les quantités produites sont insuffisantes. Le plus inquiétant également est l'absence d'interactivité fabricants-agriculteurs. Ainsi, si la société publique STF permet d'équiper les exploitations en un matériel rustique et abordable de traitement phytosanitaire, il s'agit maintenant de faire évoluer ce matériel. La production locale semble figée comme si cette entreprise n'avait pas la capacité de conception.
Alors que les agriculteurs ont besoin de matériel permettant d'innover en matière de culture en sec, l'industrie locale n'a que la traditionnelle charrue à proposer. Le groupe PMAT a même signé un accord avec la firme Galucho pour produire ces outils d'un autre âge et pratiquement abandonnés par les céréaliers australiens ou ceux du sud de l'Espagne. C'est un peu comme si il était proposé aux consommateurs mélomanes des tourne-disques ; les plus anciens se rappelleront des modèles Made in DZ dit « jerrycane » des années 70. Le jugement porté sur le secteur de la construction de matériel agricole peut paraître sévère, mais les défis à relever sont énormes : arriver à plus d'auto-suffisance alimentaire et de plein emploi. Cela implique avant tout veille technologique et adaptation. D'autant plus que la production nationale est concurrencée par l'importation. Dans la presse, Mr Salah Attouchi, PDG du groupe PMAT, se plaignait du tort fait à la production locale par un recours immodéré à l'importation.

CONCESSIONNAIRES PRIVES, PREFERENCE A L'IMPORTATION
On aurait pu penser que le développement de concessionnaires privés chargés de l'importation de matériel agricole aurait pu solutionner cette question des semoirs à blé. Mais non. Certes, malgré la destruction d'emplois qu'ils causent à l'économie nationale – certaines usines n'ont pu maintenir un plan de charge que grâce à des commandes émanant du ministère de l'intérieur destinées aux collectivités territoriales - les concessionnaires ont à leur actif quelques belles réalisations. A cet égard, il serait intéressant que des mémoires d'étudiants se penchent sur cet apport à l'agriculture nationale. Ce sont des concessionnaires qui, par exemple, ont permis d'introduire en Algérie les round-balleurs et la technique de l'enrubannage des céréales. En matière de semoirs pour semis direct, l'importation a permis la dotation à quelques grosses exploitations d'engins modernes mais de trop grosses tailles et de trop grande sophistication pour les petites et moyennes exploitations.

UP-GRADER LES SEMOIRS A BLE, MODE D'EMPLOI
L'urgence est donc à mettre à la disposition des petits et moyens céréaliers ce type de semoirs. Ils constituent une véritable révolution . Un peu comme l'optronique peut rendre bien plus performant notre aviation, nos chars et nos transport blindés de troupes. En effet, avec un semoir pour semis direct, plus besoin de gaspiller son temps et son fuel en travaux longs et inutiles, voire néfastes. Il est aujourd'hui démontré que le labour assèche le sol. En Australie, près de 90% des céréaliers l'ont abandonné.
Up-grader nos semoirs conventionnels pourrait être possible en suivant la démarche des agriculteurs irakiens. Ne disposant pas, avant 2012, de la petite industrie syrienne de production de ce type de semoirs, ils ont produit de concert avec des artisans locaux, des kits de modernisation de leurs semoirs. Ces cemoirs peuvent être tirés par les tracteurs de 65 -80 chevaux équipant les agriculteurs locaux. Cette production a été rendue possible par l'aide d'experts australiens basés dès 2005 à la station agronomique d'Alep et agissant dans le cadre d'un projet de l'Icarda.
Selon, les types de semoirs les plus répandus en Algérie, il pourrait être possible de produire de tels kits et de vulgariser les nouvelles façons de faire auprès des agriculteurs, CCLS et entrepreneurs de travaux agricoles. Il s'agit-là d'une démarche participative bien différente de celle de l'OAIC. Cet office, ayant pris connaissance de la technique du semis direct, a importé d'Europe une vingtaine de ces semoirs afin d'équiper les CCLS. Mais il s'agit de gros engins nécessitant de gros tracteurs. Or, ceux-ci sont parfois non disponibles et dans certains cas, les semoirs importés sont restés plusieurs mois dans leur emballage d'origine sur palettes.
Une première étape dans le up-grading doit concerner, sur la base du volontariat, les semoirs conventionnels des agriculteurs. L'intérêt réside aussi dans le fait que les semoirs ainsi modifiés pourraient être tirés par les tracteurs de moyenne puissance situés sur les exploitations. Cette première étape permettrait d'attendre la mise au point de semoirs pour semis direct par l'entreprise publique CMA Sidi-Bel-Abbès. Un premier prototype aurait été réalisé en collaboration avec des ingénieurs de l'ITGC et Jack Desbiolles, un des experts australiens de renomée mondiale auparavant basé à Alep. Ce semoir serait actuellement à l'essai chez un agriculteur. A ce propos, il est injuste que des investisseurs privés ne soient pas invités aux réunions de travail avec les experts australiens.

ALLER VERS LA DEMARCHE CLUSTER
Des entreprises publiques ou privées telles CMA, Tirsam, Djoudi Métal ou la Base Centrale Logistique de l'ANP à Blida possèdent de grandes capacités d'ingenierie, de conception assistée par ordinateur (CAO), de découpe laser de l'acier ou de soudage moderne. Ces capacités dépassent de bien loin les faibles moyens des 8 petits ateliers autour d'Alep (Syrie) qui avant 2012 ont pourtant permis d'up-grader plus de 92 semoirs. Et cela pour le plus grand bien des agriculteurs dont certains ont été associés à la conception et à l'évolution de versions ultérieures. La même démarche a été suivie à Mossoul et à Irbil (Irak), en Jordanie et s'est même propagée jusqu'en Iran. En Palestine, quelques paysans utilisent des semoirs syriens. En Iran, une production locale a démarré et des étudiants en thèse sont même encadrés par des experts australiens.

Qu'attendons nous ?
Qu'attendons nous, nous qui sommes en paix. Alors que chacun connait les évennements tragiques de Syrie et d'Irak. En 2014, le Pr Jack Desbiolles déclarait dans la presse australienne « Iraqi farming was about 30 years behind Australia1 » l'agriculture irakienne se trouve à 30 années derrière celle de l'Australie. En la matière, nous nous situons derrière l'Irak alors qu'un seul organisme tel l'OAIC compte 400 ingénieurs agronomes. C'est dire le chemin à parcourir mais aussi les potentialités existantes pour arriver au niveau technique des céréaliers australiens.
Afin de faire progresser ce dossier, il ne s'agit pas simplement de faire pleuvoir des pétro-dnars sur le secteur agricole. Il s'agit plus de management. Il s'agit de réunir, dans des pôles d'excellence régionaux, les compétences locales de la filière : artisans, industriels (publics ou privés), chercheurs et agriculteurs. Comme en Syrie et Irak, une production locale de semoirs modernes peut ainsi être développée. Une production autonome initiée par des acteurs locaux ruraux. Une production indépendante de décisions administratives centralisées dans la capitale. Une production dépendant d'artisans locaux et non pas d'ingénieurs aux moyens limités par une bureaucratie tatillonne et qui parfois sont affectés par leur administration à d'autres tâches ; quand ce n'est pas eux mêmes qui évoluent vers d'autres horizons. Associer des agriculteurs et des artisans ruraux est un gage d'implantation certaine de cette technique dans nos campagnes.

Quel rôle pour l'ANP ?
A plusieurs reprises dans l'histoire récente l'ANP a apporté sa part au développement du pays ou à l'amélioration de la situation de populations menacées par les intempéries. Concernant la modernisation des semoirs à céréales, l'ANP pourrait intervenir en apportant une aide matérielle à des groupes d'ingénieurs, d'artisans, d'investisseurs et d'agriculteurs souhaitant suivre les exemples australiens, syriens et irakiens. On ne peut en effet se satisfaire du seul rôle de CMA. Le dossier est urgent et par ailleurs requiert la participation des premiers concernés. Par ailleurs, les sols et les conditions climatiques étant différentes d'une région à une autre, un seul modèle de semoir ne peut convenir. C'est à des groupes locaux de tester différents prototypes dans leurs conditions régionales. Ces conditions sont nettement différentes en Mitidja, dans le Constantinois, à Msila ou sous pivot saharien en sol sableux. Si aucune institution civile, association ou ONG n'est capable d'impulser un tel dossier, à l'ANP d'envisager de mettre à disposition de groupes intéressés quelques cadres, un local, des moyens pour découper l'acier et un poste à souder. Ce sera ensuite l'expertise des paysans et des ingénieurs de terrain d'orienter les modifications éventuelles sur les premiers semoirs construit. Ainsi, il sera possible, comme en Australie, de tracer, à moindre frais, des sillons collecteurs d'eau de pluie et d'y placer semences de céréales et engrais. Car actuellement nous ne savons pas le faire. Cela semble simple, mais pourtant nécessite un minimum de bon sens et de connaissances en sidérurgie pour, par exemple, usiner les meilleurs types de pointes de dents selon le sol concerné. Une semence non mise dans des conditions optimum de germination et levée équivaut à une récolte diminuée dès le départ.

Ce dossier semoirs pour semis-direct devrait permettre d'améliorer les cultures de céréales, fourrages, légumes secs et oléagineux. A ce titre, il est capital. Une population bien nourrit, c'est un problème en moins à gérer. Face au contexte régional, l'upgrading de notre flotte de semoirs à blé, équivaut à acquérir une nouvelle division blindée. Ce dossier montre également que le développement de la céréaliculture algerienne ne doit pas seulement s'inspirer de ce qui se fait sur l'autre rive de la Méditerranée. Il s'agit de maintenir une veille technologique constante sur ce qui se passe également dans les autres régions agricoles semi-arides du monde et particulièrement en Australie et au Moyen Orient.
1 « Visitors from Iraq and Korea are heading to the Mallee Machinery Field Days at Speed to learn about Australian farming techniques ». Kate Dowler July 30, 2014 The Weekly Times 

Notes:

La Russie modernise les forces armées syriennes - Â

w41k.com/?read=109260&order=1
Par Valentin Vasilescu. Au cours des années 2014 et 2015 les actions de combat de

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