Désolé, nous ne sommes pas arriver à inclure le fichier. Nous y travaillons.
Il s'agit d'un gros fichier de 209 pages.
Mais, le dossier est disponible sur notre site djamel-belaid.fr en PDF.
Merci de votre intérêt.
vendredi 21 août 2015
vendredi 7 août 2015
CCLS CONSTANTINE, FAIBLESSE DE LA COLLECTE
ORGE -
AVOINE
CCLS
CONSTANTINE, FAIBLESSE DE LA COLLECTE
djam.bel@voila.fr
7.08.2015
Selon Le
Quotidien d'Oran, la CCLS de Constantine connait une faible collecte
d'orge et d'avoine. Ainsi, seuls 3919 qx d'orge ont été collecté
contre une production estimée à 74 000 qx. Concernant l'avoine ces
chiffres sont respectivement de 282 qx pour 8842 qx produits.
Cette
situation s'explique par la tension sur le marché des aliments du
bétail et de la semence. Les producteurs semblent préférer garder
leur production pour leur propre cheptel ou pour la revendre à des
tarifs plus rémunérateurs. Cette situation particulière amène à
rechercher quelles pourraient être les meilleures formes de
commercialisation de ces produits.
UNE
SITUATION INQUIETANTE ?
Cette
situation est-elle inquiétante ? Oui, si on se place du côté
de la CCLS. Celle-ci doit être en mesure de répondre à la demande
à venir en orge et avoine comme aliment du bétail et comme
semences. La CCLS locale comme toute CCLS a pour rôle de fournir les
agriculteurs.
Apparemment,
un marché hors CCLS existe. Faut-il blâmer les agriculteurs? A
chacun de juger. Il nous semble que face à la demande en ces deux
produits le rôle des CCLS est d'aider les agriculteurs à produire
plus et cela pour le plus grand nombre.
Pour les
agriculteurs qui ont conservé leur production d'orge ou d'avoine, la
première priorité est de la conserver dans de bonnes conditions.
Pour cela, les services agricoles, en collaboration avec des
constructeurs locaux devraient les aider à se procurer du matériel
de stockage : cellules métalliques, convoyeur, vis sans fin.
Pour ceux qui conditionnent leur propre semence, ces mêmes services
agricoles devraient aider les producteurs à acquérir :
-des
trieurs afin de séparer les grains de céréales des graines de
mauvaises herbes et des diverses impuretés,
-des
appareils de traitements des semences afin de leur apporter
insecticides et/ou fongicides (parfois une simple bétonnière peut
permettre ce mélange).
Certes,
ces opérations requièrent une certaine technicité. Il s'agit
également pour chaque agriculteur producteur de « semences de
ferme » de renouveler chaque année auprès de la CCLS une
partie de ses semences afin d'éviter tout processus de
dégénérescence.
Il nous
semble qu'au lieu de regretter que les agriculteurs ne leur confient
pas leur production, les cadres et employés des CCLS devraient
apprendre aux agriculteurs les techniques de production de semences.
Par
ailleurs, les cadres et employés des CCLS devraient apprendre aux
agriculteurs comment mieux valoriser l'orge. Chacun sait que l'orge
concassée est mieux utilisée par les ruminants. Mais peu savent que
de l'urée 46% (engrais azoté) peut être apporté dans les rations
comportant de l'orge. Et cela à raison de 20 grammes d'urée pour
500 grammes d'orge.
L'urée
apporte de l'azote que la microflore des ruminants (ovins, bovins,
caprins) sait utiliser contrairement aux monogastriques (volailles).
CCLS :
« RAZK EL BEYLIK »
Cette
situation de collecte réduite d'orge et d'avoine au niveau de la CCLS
de Constantine mais aussi d'autres régions illustre à notre avis,
le divorce qui peut exister entre les intérêts des agriculteurs et
des structures administratives telles les CCLS.
Rappelons
que les CCLS sont des antennes de l'OAIC qui est un office public.
Bien que les CCLS portent le nom de « coopératives »,
elles ne sont en rien de vraies coopératives. Par définition dans
une coopérative, les murs et le matériel appartiennent aux
sociétaires car en achetant des parts sociales, ils en sont devenus
propriétaires ; par ailleurs, le directeur est nommé par les
agriculteurs et non pas nommé par la tutelle.
Actuellement
dans l'esprit des agriculteurs les CCLS sont considérés à juste
titre comme structure publique « razk el beylik ». Nous
pensons que cet état d'esprit est un obstacle au développement
agricole. Dans une vraie coopérative, la question de la collecte de
l'orge et de l'avoine serait débattue entre sociétaires. Des
solutions pourraient être trouvées.
ORGE,
PASSER D'UN MARCHE FORMEL A UN MARCHE OFFICIEL
Etant
donnée la tension actuelle sur le marché de l'orge et de l'avoine,
des solutions originales seraient à trouver.
Précisions
qu'une vraie coopérative – nous préférons employer dans un
premier temps le terme de groupement de producteurs – ne réunirait
pas tous les agriculteurs d'une petite région. Bien sûr nous ne
sommes pas naïf, nous sommes conscient des intérêts
contradictoires au sein des sociétaires. Mais une coopérative est
le prix à payer pour survivre. Elle réunirait, dans un premier
temps les agriculteurs les plus conscient de la nécessité de mettre
leur force en commun au niveau de la commercialisation de leurs
productions ou de leurs achats.
Les
solutions à trouver se feraient aux yeux de tous. Elles se feraient
au niveau d'une structure officielle et non dans l'informel comme
actuellement. Certes, il y aurait des tensions. En effet, les
éleveurs sans terre seraient demandeurs de grosses quantités
d'orge. La fixation d'un prix libre de marché permettrait de les
départager.
Parmi les
membres du gouvernement, certains ministres dont Mr Belaib ont
clairement indiqué la nécessité de parler un langage de vérité
au « peuple algérien à propos de la balance entre avantages
et inconvénients à attendre d'une adhésion future de l'Algérie à
l'OMC.
Concernant
les CCLS et la commercialisation des céréales, en cas d'adhésion
de l'Algérie à l'OMC, les opérateurs algériens auraient le libre
choix de l'importation de céréales. L'OMC se base sur les seules
forces du marché concernant la commercialisation des produits
agricoles. Cela signifierait l'arrêt du monopole du commerce de
céréales par l'OAIC et donc de profonds remaniements au sein des
CCLS. Qu'en serait-il de leur activité de collecte de l'orge, de
l'avoine mais également du blé ?
Depuis
2005, le Maroc a adhéré à l'OMC, ce qui a amené à la réduction
considérable de l'office marocain des céréales.
GROUPEMENTS
DE PRODUCTEURS, UNE ALTERNATIVE AU CENTRALISME ADMINISTRATIF
Etant
données ces évolutions probables du marché des céréales en
Algérie, il nous semble nécessaire de se projeter dans le futur.
Cela est nécessaire à tous les niveaux : céréaliers,
éleveurs, cadre et employé de CCLS.
Les
intérêts des céréaliers et éleveurs peuvent être divergents. Les
céréaliers peuvent être intéressés par des rotations longues
comprenant des oléagineux (tournesol et colza) alors que les
éleveurs et notamment les éleveurs avec peut de terre peuvent être
intéressés par des tourteaux importés à bas prix.
Dans tous
les cas, que ce soient cadres ou employés de CCLS, céréalier ou
éleveur, petit paysan ou gros propriétaire terrien et membre des
élites rurales ou simple chômeur chacune de ces composantes a
intérêt à l'émergence de groupements de producteurs. Seuls de
telles structures sont en mesure de défendre leurs marges, de
valoriser les productions locales et de créer de l'emploi en milieu
rural.
La
recherche de solution à la question posée par le directeur de la
CCLS de Constantine, à propos de la collecte de l'orge et de
l'avoine dans son secteur peut être l'occasion à imaginer de
nouvelles formes de solidarités entre producteurs. Face à l'OMC et
à l'application intégrale dès 2020 de l'Accord d'Association
Economique Algérie-Union Européenne, le plus vite sera le mieux.
Nb :
il s'agit là d'une réflexion que nous serions heureux de prolonger
avec ceux qui nous font l'amitié de nous lire. Leurs commentaires
sont les bienvenus.
RAPPORT METBOUL POUR L'AGRICULTURE DZ, OUI MAIS...
PROSPECTIVE
RAPPORT
METBOUL POUR L'AGRICULTURE DZ, OUI MAIS...
La presse poursuit la publication du Rapport sur l'économie
algérienne remis par le Pr METBOUL à Mr Sellal. Ce rapport comprend
plusieurs parties et se veut une contribution pour une relance
économique en Algérie. Ce rapport comprend un volet concernant
l'agro-industrie. Nous proposons une relecture critique.
Ce rapport a le grand mérite d'exister. Il faut à ce propos
féliciter le Pr Metboul d'avoir réunit un comité d'experts afin de
dégager des propositions d'action. Nous aurions cependant souhaité
une participation plus large d'agro-économistes à la rédaction de
la partie consacrée au secteur de l'agro-industrie.
D'emblée, les rédacteurs notent : « Nous devons donc
avoir une approche holistique, le développement
de la grande distribution dépend de l’agro-industrie qui dépend à
son tour de l’agriculture qui ne pourra se développer sans un
investissement dans le réseau hydrique conséquent ».
LES POINTS POSITIFS DU RAPPORT ET CE QUI MANQUE
Ce rapport comporte de nombreux points positifs. C'est le cas par
exemple lorsqu'il note la fragilité du milieu semi-aride et la
nécessité d'adopter les techniques les plus appropriées de travail
du sol. C'est également le cas en prônant le développement de
coopératives agricoles, de formation ou de la nécessité d'un
observatoire.
Il nous semble que certains points de ce rapport mériteraient d'être
enrichis des propositions faites lors de colloques qui se sont tenus
en Algérie et par les propositions de différents agro-économistes
algériens et étrangers reconnus pour leur maîtrise des questions
de développement au Maghreb.
Dans ce rapport, il manque une analyse des actions entreprises
localement par le MADR, une sorte de bilan d'étapes. Pour les
décideurs il est important de trouver des réponses aux questions
qu'ils ne manquent pas de se poser : « Où en sommes
nous ? Pourquoi cela n'a pas marché ? Vers où nous
ré-orienter ? ».
Ainsi, quand il est question de cluster, nulle trace d'une analyse
des pôles agricoles locaux actuellement mis en place depuis quelques
années sous l'égide du MADR. Les auteurs semblent ne pas savoir que
cette démarche a été adoptée par les pouvoirs publics. Ils
restent dans l'évocation de l'intérêt de telles structures en
évoquant les clusters français d'Agen de Marmande ou de ceux de la
Silicon Valley. On aurait aimé des propositions basées sur
l'analyse de la situation de l'activité actuelle des pôles
d'excellence déjà en place pour le lait, les céréales ou les
pommes de terre.
Le rapport n'aborde pas la question de la protection des marges des
producteurs, ni l'importance de consolider des filières ni le rôle
des associations professionnelles et syndicats agricoles.
Enfin, rien sur les perspectives de l'accord d'association Algérie-UE
où des cons équences d'une adhésion à l'OMC.
Concernant l'hydraulique on peut lire « la nappe albienne
n’est pas encore exploitée par l’Algérie alors que la Libye et
le Maroc s’y emploient déjà ». Rien n'est dit
concernant l'utilisation durable de cette source ressource et des
risques de salinisation des terres.
Par ailleurs, le dry-farming est jugé comme technique intéressante
alors que chacun sait qu'elle constitue une des causes de la forte
érosion des terres.
Concernant l'élevage, après quelques considérations générales,
on peut lire : « Pour que ces éleveurs soient
considérés comme des entités économiques, il faut que leur
exploitation se compose d’au moins 20 bêtes ». L'idée
est généreuse, mais comment procéder quand on sait que nombre
d'éleveurs sont en hors-sol ou ne disposent pas de la surface de
terre sufisante pour accéder à une autonomie fourragère ? Au
delà des incantations, que proposer de concret aux cadres de terrain
et aux DSA ?
Le rapport comprend par ailleurs quelques formulations malheureuses.
Ainsi, on peut être étonné de lire que « le maraîchage
et l’élevage sont délaissés par les agriculteurs ».
On peut également être étonné de lire que « Atteindre
les objectifs de souveraineté alimentaire, de sécurité
alimentaire, de développement rural, de préservation des emplois et
de l’environnement, implique que l’Algérie y consacre
enfin un budget ambitieux ». Chacun sait que ces
dernières années des centaines de millions de dollars ont été
consacrés au développement agricole.
CONCLUSION
A la lecture de ce rapport, c'est un sentiment de gène et
d'insatisfaction qui saisit le lecteur au fur et à mesure des pages.
A sa lecture l'impression qui domine est celle d'une analyse non
approfondie.
Il nous semble qu'un tel rapport ne devrait pas être un simple
catalogue de propositions. Il doit être également un descriptif
d'actions prioritaires avec à chaque fois expliqué les conséquences
et les implications attendues. A ce titre, ce rapport s'adressant à
Décideurs de différents secteurs d'activités, il nous semble que
sa rédaction devrait être plus pédagogique. Il est nécessaire
d'indiquer les « tenants et aboutissements » espérés
des mesures proposées et ce qui les motive. Ainsi, des propositions
importantes ne doivent pas être noyées dans le flot d'exemples
parfois anecdotiques.
Assez bien disposé en début de lecture de ce rapport du fait de la
signature prestigieuse du Pr Metboul, nous avons vite dû déchanter
par le ton généraliste et parfois superficiel de ce document. Nous
avons eu parfois l'impression d'un mémoire rédigés par des
étudiants de master alors que l'ambition première est de proposer
une feuille de route pour M Sellal.
Il s'agit donc de le considérer comme un « premier jet »
et de poursuivre sa rédaction quitte à élargir ses contributeurs
et à nourrir la réflexion de la lecture de travaux antérieurs1.
Travaux accessibles sur la toile et qui permettent de resituer le
développement de l'agriculture algérienne dans le cadre plus large
de la mondialisation.
1Nulle
trace dans les propositions des deux auteurs d'une lecture
d'économistes qui font autorité en la matière : A.
Benachenou, O Bessaoud, S. Bedrani, Rastoin, … etc.
ALGERIE. AMAP du COLLECTIF TORBA.
Cet
article a pour objectif de présenter ce qu'est le fonctionnement d'une
AMAP à la lumière d'une première expérience réussie d'un groupe de
consommateurs à Alger.
Rahal Karim "Cultivons notre santé"
Rahal Karim "Cultivons notre santé"
Qu’est-ce qu’une AMAP ? c’est littéralement
une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne, par le développement
d’une formule de vente directe entre producteur (de légumes, fruits, fromage, œufs
ou viande) et un groupe de consommateurs. Ces consommateurs intéressés préfèrent
généralement des produits sains, exempts de produits chimiques cancérigènes. ils
s’organisent pour acheter la production et la distribuent en un point de vente,
situé chez nous à Ouled fayet.
L’expérience de l’AMAP d’Alger a commencé par
la rencontre avec un agriculteur paysan situé dans la région de Bouinane, à 800
mètres d’altitude au sein du Parc National de Chréa. Il s’agit de Rachid et sa
famille, un paysan jovial très sympathique et accueillant, et qui a vite
compris notre besoin de produits naturels, nos préoccupations des gens des
villes qui souhaiteraient à tout prix fuir le monde urbain et ses pollutions,
son stress…
Nous nous sommes donc rapidement entendus de
lui acheter sa production de fruits et de légumes, à condition qu’elle ne soit
pas traitée chimiquement. Nous gagnons par rapport à l’innocuité des légumes
achetés, mais aussi pour le goût et la saveur de ces aliments cultivés à partir
de graines locales, qui ont grandi naturellement, sans être boostées par des
engrais chimiques, comme c’est le cas actuellement un peu partout.
Le prix convenu est équitable, proche de celui
du marché, sachant que les deux parties se trouveraient gagnantes, à partir du
moment où Ammi Rachid n’aura pas à revendre sa production chez un intermédiaire
qui va lui acheter 30% moins cher, ou qu’il n’aura pas à passer la journée à
vendre sur la route la quantité qu’on lui achète au même prix.
Une petite différence avec un maraicher intensif,
c’est que notre paysan en doit pas faire de la mono-culture, mais plutôt
diversifier et étaler ses cultures dans le temps, afin de nous livrer régulièrement
dans la saison. Pour lui, diversifier au maximum lui permet de limiter ses
pertes si jamais il avait un aléa climatique ou un problème de maladie.
Evidemment, nous en tant que consommateurs Bio
n’allons pas rechigner si les produits ne sont pas de taille standard comme
dans les marchés, s’ils sont tâchés ou présentent des piqures d’insectes ou
sont difformes. Ça veut dire que le maraicher nous vend tout ce qu’il produit,
sans avoir à mettre de côté ce qui n’est pas standard. Nous avons donc fait
signer une charte mentionnant bien que l’adhérent accepte un produit qui serait
non standard, et avec un prix qui ne saurait excéder 20% le prix du marché.
Le producteur nous livre donc chaque samedi sa
production au point de rencontre à Ouled fayet,
et deux adhérents s’occupent de la pesée et de
la distribution des légumes et fruits dans chacun des paniers. Chaque adhérent
est tenu de s’occuper de la distribution au moins une fois par saison.
L’AMAP comme son nom l’indique n’est pas
seulement un moyen de se procurer des aliments bio auprès du producteur, mais
également une occasion de soutenir ce genre d’activité en voie de disparition.
En effet, devant le raz de marée de la production maraichère utilisant les
produits chimiques en quantité (au dépend de la qualité), tout producteur qui
cherche à vivre de sa production serait tenté, pour ne pas dire obligé,
d’utiliser des produits chimiques. Donc pour maintenir tant que possible ce
type d’activité qui devient atypique chez nous, il est de notre devoir non
seulement de lui acheter sa production à un prix qui lui permet de garder cette
activité, mais aussi de le soutenir dans des projets qu’il peut avoir dans sa
ferme.
C’est ainsi que nous avons d’ores et déjà
investi avec Ammi Rachid dans l’extension de ses vergers, en lui achetant près
de 500 arbres fruitiers (pommiers, figuiers, pruniers, oliviers, cognassiers,
vigne). L’objectif de ce projet était de diversifier ses sources de revenus,
mais aussi de lutter contre l’érosion qui menace cette ferme de montagne.
Enfin, nous souhaitions développer l’agroforesterie, qui est une forme d’agriculture qui fait ses
preuves dans le monde, et qui montre que l’agriculture avec des arbres
forestiers est plus rentable que seulement maraichère. Pour financer ce projet,
nous avons fait appel à la solidarité de personnes qui étaient d’accord de
souscrire à un contrat solidaire, en finançant un certain nombre d’arbres
fruitiers, à raison de 100 DA / arbre. Ce pré-financement permet de bénéficier prioritairement
des fruits produits, au bout de 2 ou 3 ans. Cette opération a été une réussite
et appelle à être étendue à d’autres localités. En effet, il est reconnu que
pour lutter contre l’érosion, la désertification et le réchauffement
climatique, rien ne vaut la plantation de millions d’arbres. Nous avons suffisamment
de marge de progrès !
Une autre action d’investissement solidaire a
été la construction d’un poulailler fermier avec des matériaux écologiques
(bois, paille, plante locale appelée Diss). De la même façon, les souscripteurs
ont avancé une somme d’argent (de 2000 à 9000 DA) pour acheter les matériaux et
le retour sur investissement se fera par la vente promotionnelle de poulet
fermier.
Notons que tous les 15 jours une visite est
programmée par les membres de l’AMAP à la ferme de Ammi Rachid, où ils auront à
loisir de discuter avec le producteur, visiter les champs de cultures
maraichères, les vergers d’arbres fruitiers, les étables d’animaux (vaches,
brebis, chèvres, poules…) et consommer dans la convivialité un déjeuner sur
place, fait à base de produits locaux entièrement cuisinés par la famille de
Rachid. Un super-moment convivial, qui permet de mieux se rendre compte des
conditions dans lesquelles les aliments sont cultivés, et transformés. C’est
aussi une occasion unique de ressourcement dans un cadre
Collectif Torba. Voir la page sur Facebook.
Lu ce jour sur le blog "paysans d'Algérie" ce commentaire.
bonjour je viens de decouvrir votre site tres interessant. pour info la
1ere AMAP est née a alger le 25 septembre avec le Collectif Torba devenu
une association.
nous recevons nos legumes de djnane bouinan chez un maraicher
traditionnel. les legumes sont payes a l’avance (en debut de campagne)
et nous avons une petite ferme mise a notre disposition par un de nos
membre a titre experimental. nous faisons nos formations avec des
agriculteurs qui respectent la nature cest a dire sans pesticides et
nous apprenons la permaculture avec des benevoles qui sortent de leurs
bureaux pour venir jardiner. voir page facebook
collectif Torba et Amap alger.
jeudi 6 août 2015
AVICULTURE: M . FERROUKHI SOUHAITE REDYNAMISER LA FILIERE
AVICULTURE
VERS UNE
REDYNAMISATION DU SECTEUR
djam.bel@voila.fr
6.08.2015
Rencontrant
en ce début de mois d'août des producteurs puis le Conseil
Interprofessionnel de l'Aviculture, le Ministre de l'Agriculture a
souhaité une meilleure efficacité de la filière. Il a ainsi
exprimé le souhait d'un « développement durable » de
cette filière stratégique pour la fourniture de protéines animales
aux ménages.
RATIONALISER
L'ORGANISATION DES ELEVAGES AVICOLES
Par
« développement durable », le Ministre entend notamment
aller vers l'officialisation de l'activité de nombreux éleveurs.
Souvent ceux-ci utilisent des serres comme poulailler et nombreux
sont ceux qui agiraient dans le secteur informel.
Rendant
compte de l'activité ministérielle, Amokrane H donne différentes
informations dans le quotidien Horizon du 6 août. Il apparaît
qu'une des contraintes rencontrées par les éleveurs concerne le
prix de l'aliment pour volailles. Selon des éleveurs la suppression
de la TVA sur le maïs et les tourteaux de soja importés profitent
plus aux importateurs et fabricants d'aliments pour volailles qu'aux
producteurs et consommateurs.
A ce
propos les niveaux de prix sont un indicatif du rapport de force
exercé par les intermédiaires. Les éleveurs cèdent actuellement
leurs produits à 170 DA/kilo contre 360 DA/kilo concernant les
bouchers.
Les
producteurs réclament l'intervention des pouvoirs publics afin de
les protéger des risques de baisse des prix.
REVENU
DES AVICULTEURS, CERNER LES VRAIS PROBLEMES
Il est
quelque peu étonnant que les aviculteurs réclament l'intervention
des pouvoirs publics afin de protéger leur revenu sans même essayer
de s'organiser. La puissance publique intervient déjà avec la
suppression de la TVA sur l'aliment volailles. Par ailleurs, est-ce à
l'Etat de s'occuper de ce dont se nourrissent les poules ? N'est
ce pas le rôle de l'inter-profession ?
Comme
noté plus haut, ce ne sont ni les éleveurs ni les conommateurs qui
profitent de la baisse de la TVA sur les importations de maïs et
tourteau de soja. On atteint là les limites de l'action de la
puissance publique.
Aussi, il
nous semble que c'est aux producteurs à s'organiser et
accessoirement aux consommateurs de développer des AMAP. Aux
producteurs à s'organiser en groupements de producteurs afin de
produire leur propre aliment volaille. S'il y a une chose à demander
aux pouvoirs publics, les représentants des éleveurs ont à
demander au MADR de pouvoir bénéficier des mêmes avantages que les
importateurs. Enoncée ainsi, cette proposition semble irréelle et
bien ambitieuse vu les rapports de force actuels entre importateurs
et éleveurs.
Mais
n'est ce pas là la question centrale ? Si des groupements
d'éleveurs organisés librement sur la base d'une adhésion
volontaire à un tel programme de production d'aliments pour
volailles, les marges des éleveurs seraient meilleures. Ainsi, la
suppression de la TVA bénéficierait au plus grand nombre.
Il faut
signaler qu'à l'étranger de tels groupements existent. Ils achètent
une partie de la matière première aux céréaliers et assemblent
dans leurs ateliers les différentes formules selon les besoins des
élevages de poulets de chair ou de ponte. Lorsque de telles
structures ont la taille suffisante, elles recrutent même des
vétérinaires et techniciens qui assurent un appui technique au
niveau des élevages des sociétaires.
Si M le
Ministre souhaite réellement solutionner de façon « durable »
la protection du revenu des aviculteurs, il doit encourager ce type
de démarche. De tels groupements ont toute leur place à côté des
fabricants privés d'aliments, des Cassap et des grossistes. Ainsi
organisés, les producteurs permettraient de faire jouer une saine
concurrence. L'ONAB pourrait apporter au départ une aide technique à
de tels groupements.
De tels
groupements pourraient également enrichir leur activité par des
achats groupés de médicaments vétérinaires mais également par le
développement de moyens pour la conservation des produits avicoles
voire même la vente directe aux consommateurs et collectivités
locales.
ALIMENT
VOLAILLE, 100% IMPORTE
Arriver à
un développement « durable » de la filière passe
également par une réduction du poste des importations de maïs et
de tourteaux de soja nécessaires à la confection de l'aliment pour
volailles.
La
production locale de maïs est insignifiante malgré les efforts de
l'OAIC et l'ITGC. Cette culture réclame beaucoup d'eau. Outre la
maîtrise de son itinéraire technique peu familier pour les
agriculteurs, cette culture nécessite une irrigation de type goutte
à goutte. Quant au soja, il est pratiquement inexistant localement.
Maïs et
tourteaux de soja sont produits par des agriculteurs européens et
américains au niveau d'exploitations agricoles à la forte
productivité.
Produire
ces matières premières localement nécessite une politique de
subventions publiques qui risque d'être remise en cause dès 2020
par l'application intégrale de l'accord d'association DZ-UE et par
une éventuelle signature de l'Algérie à l'OMC. Par ailleurs, les
producteurs américains développent de fortes pressions afin de
placer leur tourteau dans les pays du Maghreb. Un accord avec le
Maroc existe déjà depuis plusieurs années . Cet accord a
ruiné la jeune industrie locale de trituration de graines
oléagineuses produites localement et a entraîné la baisse des
superficies de tournesol et colza.
En effet,
le tourteau de tournesol ou de colza peut être remplacé dans la
fabrication d'aliments pour bétail par le tourteau de soja.
Celui-ci, même importé, étant moins cher que le produit local, les
importateurs marocains se sont détournés de la production locale.
Celle-ci ne pouvait plus être subventionnée selon les termes de
l'adhésion à l'OMC. La seule loi applicable devant être celle des
forces du marché. Seule l'application d'une TVA est acceptée.
FILIERE
AVICOLE, DES QUESTIONS CONJONCTURELLES ET STRUCTURELLE
Assurer
un développement « durable » de la filière avicole
nécessite donc des actions dans différentes directions1.
La volonté du MADR d'arriver à ré-intégrer dans le giron de la
filière les aviculteurs agissant dans l'informel est à saluer. De
même que la volonté de développement les moyens de conservation
des produits avicoles.
Comme
dans de multiples filières agricoles, il s'agit de protéger les
marges des aviculteurs. Cela en encourageant la mise en place de
groupements de producteurs.
Par
ailleurs, il s'agit de renforcer les capacités de production locale
de substituts au maïs et au soja. L'orge, les triticales, la
féverole, le tournesol et le colza peuvent permettre partiellement
cette substitution. Des itinéraires adaptés2
peuvent permettre la réussite de ces cultures. L'utilisation
d'enzymes agissant sur les facteurs anty-nutritionnels peut également
permettre d'utiliser plus d'orge à la place de maïs.
Sur le
plan du mode de consommation alimentaire, on ne peut laisser
l'omelette frite prendre une place prépondérante aux dépends de la
diète méditerranéenne (couscous aux légumes et pois-chiche,
garantita, …) bien plus équilibrée du point de vue diététique.
L'amélioration
de l'efficacité de la filière avicole passe donc par des mesures
conjoncturelles mais également structurelles. Seule la combinaison
des deux assurera la durabilité de la filière.
1
Nous n'avons nous pas abordé la question des souches de poulets
actuellement utilisées localement.
2Voir
nos précédents articles sur cette question.
mercredi 5 août 2015
DEVELOPPEMENT AGRICOLE: VOLONTE DE BIEN FAIRE, MAIS INCOHERENCES DU MADR.
DEVELOPPEMENT
AGRICOLE
MALGRE
UNE VOLONTE DE BIEN FAIRE, LES INCOHERENCES DU MADR.
djam.bel@voila.fr
05.08.015
La
profession agricole semble avoir accueilli avec enthousiasme la
nomination le 25 juillet dernier de Mr Did-Ahmed Ferroukhi au poste
de Ministre de l'agriculture. Les premières déclarations et gestes
de ce dernier montrent une réelle volonté d'aller de l'avant.
Cependant, concernant le faible niveau de structuration du monde
paysan et sa plus grande implication dans la capacité à participer
à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une politique de
développement agricole, il ne semble pas encore se dégager de ligne
d'action réellement novatrice. Que ce soit le nouveau titulaire du
poste, ses prédécesseurs ou les cadres des administrations centrale
et régionale, les tendances au centralisme administratif restent
profondément ancrées dans les esprits.
POMME DE
TERRE, PRIORITE AU STOCKAGE PRIVE
Lors de
son déplacement à Bouira en ce début de mois d'août le Ministre a
rencontré les producteurs de pomme de terre. Ces derniers se
plaignent d'une baisse des prix à la production. En effet, les
grossistes en mandataires proposent des prix moyens de 15 DA/kilo
contre le double en moyenne durant le ramadhan. Cette situation
s'explique également par l'arrivée sur le marché de la nouvelle
récolte. Le président de l'association locale des producteurs de
pommes de terre a même brandit le risque de faillite de nombre
d'exploitations face à cette situation.
Le
Ministre a donc indiqué que dorénavant les structures privées de
stockage seraient mobilisées afin d'assurer l'entière conservation
de la récolte en cette période de mévente. En période de crise,
on comprend que l'urgence est de trouver des solutions immédiates
aux problèmes des agriculteurs.
Cependant,
on peut regretter que le Ministre n'ait pas appelé les producteurs à
unir leurs forces afin de créer des groupements de producteurs et
investir dans des structures communes de stockage. Car, partout à
l'étranger, les agriculteurs investissent dans de telles
structures ; que ce soit pour les légumes, les fruits, le lait
ou les céréales.
PROSPECTIVE
ET ATONIE DU MADR
On aurait
pu s'attendre à ce que les cadres du MADR poussent dans ce sens. Or,
à notre connaissance, l'idée de telles structures de stockage et de
commercialisation semblent inconnue de nos décideurs.
Certes,
les cadres de l'INVA organisent des campagnes d'information sur les
groupements de producteurs, par exemple pour l'achat de matériel à
plusieurs exploitants. Mais à part ces actions, on ne remarque
aucune directive du MADR.
Nous
souhaitons être bien clair, il ne s'agit pas là de suggérer un
retour aux années 70 et de proposer à nouveau la constitution de
CAPRA et de CAPCS. Mais d'insuffler une dynamique locale pour la
constitution de grandes coopératives privées céréalières ou
d'élevage telles qu'elles existent par exemple en Europe dans des
économies libérales.
Ne pas
aider les producteurs algériens à se réunir sur la base d'une
libre initiative et d'une adhésion volontaire en groupements de
producteurs, c'est les laisser poings et pieds liés au secteur privé
local aux firmes agro-alimentaires et aux grosses coopératives
européennes dès qu'en 2020 l'accord d'association DZ-UE fera sauter
les barrières douanières. C'est à terme les mener à une mort
lente et à donc accélerer l'exode rural . Cela avec pour
corolaire pour les pouvoirs publics de devoir nourrir, à partir des
ports, des populations essentiellement urbaines.
A l'heure
de la mondialisation des échanges internationaux, les agriculteurs
algériens vont devoir affronter d'autres agriculteurs à la
productivité bien supérieure. Tout doit être fait afin de les y
préparer.
Concernant
le secteur privé local, agriculteurs et consommateurs ont pu tester
sa voracité. Plusieurs travaux d'agro-économistes montrent que les
subventions publiques au secteur agricole passent en définitive dans
leur escarcelle. Plus que jamais la voie des groupements de
producteurs apparaît donc comme un outil de sauvegarde des intérêts
du monde paysan et rural.
COMMERCIALISATION,
ATTENTION, DANGER
Comment
expliquer cette absence de vision à long terme des Décideurs du
MADR ? Il nous semble que cela est lié à un manque de culture
professionnelle et à une déconection par rapport aux réalités du
terrain. L'origine sociale de ces cadres peut également expliquer
cet état de fait.
Chose
plus grave, même à la tête de l'UNPA, la notion de groupements de
producteurs est inexistante. Cette notion est pratiquement
inexistante en Algérie, si ce n'est dans le monde universitaire qui
a consacrer un colloque à Blida ces dernières années.
Mais le
plus grave à nos yeux est le manque d'initiatives à la base. Car,
s'il est vrai que de tels groupements ne peuvent voir le jour et
prospérer que dans un environnement juridique et fiscal adapté,
c'est la demande de la base qui est le moteur essentiel. Dans
le cas français, la structuration du modèle coopératif agricole
s'est accompagné d'un syndicalisme paysan fort, de la formation de
cadres paysans dans des maisons rurales et s'est appuyé sur des
associations telles par exemple les Jeunesses Rurales Chrétiennes.
C'est
dire le terreau nécessaire à l'émergence à de tels groupements de
producteurs. Notons que ces groupements ou coopératives n'ont rien à
voir avec nos « coopératives » locales qui ne sont la
plupart du temps des antennes d'offices tel l'OAIC, concernant les
CCLS, ou des antennes des services agricoles. En Algérie, les
structures « coopératives » sont dévoyées, elles ne
correspondent pas au concept coopératif tel qu'il est admis au
niveau international.
MADR, UNE
ATTITUDE PATERNALISTE
Un autre
exemple est donné de l'attitude paternaliste des cadres du MADR vis
à vis du monde paysan. Ainsi, le 2 août dernier la presse nationale
note que « M. Ferroukhi a indiqué à cet effet que
le ministère instruira les wilayas, les comités et les
chambres d'agriculture pour faire participer les agriculteurs
aux débats pour qu'ils puissent exposer leurs
préoccupations ».
Chacun a
bien lu, des instructions pour faire « participer les
agriculteurs aux débats ». L'intention est louable. La
question est de savoir à quel moment de la prise de décision les
agriculteurs seront associés. Trop souvent jusqu'à présent le
principe de subsidiarité est resté inconnu des cadres du MADR. Dans
une démarche de subsidiarité active, l'essentiel consiste dans le
processus de mise en place de solutions et non pas dans la
reproduction systèmatique de modèles.
Comme le
note Denis Pommier1
« Une association, un groupement, une coopérative, une
mutuelle , sont des outils entre les mains de leurs membres pour
résoudre leurs problèmes. Ce sont eux qui doivent poser les
questions... et qui doivent chercher les réponses. Ce n'est qu'une
fois, et une fois seulement que les questions et les réponses sont
posées que l'Etat peut intervenir utilement pour appuyer les projets
des agriculteurs et non pas exiger des agriculteurs de participer à
des projets planifiés par les ministères ».
Souvent
des programmes de développement sont mis au point dans les bureaux
climatisés du Ministère puis ensuite, le monde rural est convié
pour dire « amen ». Afin d'arriver à un développement
authentique, la logique des choses voudrait que le monde paysan soit
convié en amont pour participer à la rédaction des projets.
La même
démarche existe en matière de vulgarisation agricole. Celle-ci est
souvent de type « top-down » et se manifeste par des
« caravanes » de techniciens qui sillonent les campagnes.
Si l'intention est louable, rien ne remplace l'enquête culture2
ou enregistrement de performances de type « bottom-up »
qui permet d'approfondir les itinéraires techniques sur la base des
données propres aux agriculteurs d'une petite région. « Dans
la pratique, l'un des mécanismes les plus efficients pour la
recherche de solution techniques et la diffusion durable de ces
innovations a été l'échange horizontal et la coopération entre
les agriculteurs eux-mêmes3 ».
GROUPEMENTS
DE PRODUCTEURS , S'APPUYER SUR LES ELITES RURALES
En
Algérie, dans le cas du stockage de leurs produits, les agriculteurs
et notamment les producteurs de pomme de terre n'ont de perspectives
qu'entre le centralisme administratif des services agricoles et des
antennes d'offices ou des structures privées. Or, il existe une
autre voie, celle du stockage au niveau de groupements de
producteurs. Chacune de ses formes d'organisation doit avoir sa place
dans l'économie locale. Le MADR se doit ce se préoccuper de cet
équilibre.
Cet
exemple illustre les schémas anciens ancrés dans les esprits des
cadres mais aussi du monde paysan.
Tout
agent de développement agricole, quelque soit sa position, doit
avoir en tête que la performance de l'agriculture ne dépend pas
uniquement de la capacité d'action des institutions publiques.
Certes, celles-ci ont une part déterminante dans la fixation des
prix. Mais ces performances dépendent avant tout des agriculteurs et
surtout de leur capacité à se mobiliser, à s'organiser et à
investir . C'est à dire du degré de confiance qu'ils peuvent
accorder à des institutions qu'ils auront eux mêmes créés :
associations professionnelles, syndicats agricoles, groupements de
producteurs.
Aussi,
les agents de développement du MADR se doivent de rechercher les
structures paysannes et rurales qui émergent depuis ces dernières
années suite à la promulgation d'une loi sur la liberté
d'association. Ces structures sont des éléments essentiels dans
toute politique de développement. De même que des résultats
insuffisants doivent être analysés à la lumière du niveau de leur
participation .
Oublier
la possibilité de futurs groupements de producteurs, c'est continuer
à livrer au marché des producteurs sans aucune protection et
pouvoir de négociation par rapport à l'amont et l'aval. Or, les
lois du marché sont impitoyables face à des paysans inorganisés.
Les producteurs de pomme de terre et de lait en sont un exemple.
Certes une telle démarche ne se fera pas du jour au lendemain.
Cependant, c'est la seule voie garantissant les intérêts du monde
paysan. De tels groupements ont leur place dans une économie régit
par les lois du marché. Il ne s'agit nullement d'aller contre ces
lois.
L'expérience
de l'agriculture européenne montre que la participation active des
agriculteurs dans la définition des politiques agricoles est un
préalable déterminant de la pertinence et de leur justesse comme
elle est également un moyen indispensable pour leur réelle mise en
application sur le terrain. Dans leur volonté de bien faire, les
cadres du MADR se doivent de réfléchir à se principe. On peut se
féliciter à ce propos de la volonté de concertation exprimée par
M Ferroukhi lors de sa récente rencontre avec l'UNPA.
Face à
ce manque de vision stratégique de bon nombre de cadres, c'est aux
producteurs les plus conscients à s'organiser. Parmi ces producteurs
existent des agri-managers paysans ou issus des instituts
agronomiques. Dans l'environnement des producteurs existent également
des élites rurales : fonctionnaires à la retraite, diplômés
sans emploi, élus d'associations locales, agents d'administrations
locales, partisans du patriotisme économique. C'est à eux, en
partenariat avec les producteurs, à imaginer des structures
permettant la valorisation locale des produits agricoles afin de
défendre les marges des producteurs et de créer une dynamique de
circuit courts, voire de transformation seule à même de créer de
l'emploi.
Ces
dernières années, le développement de fêtes de la cerise, de
l'abricot, du miel et d'autres productions spécifiques à un terroir
démontre l'émergence des forces sociales existant dans les
campagnes. A ces forces là de se fédérer afin de créer un nouveau
rapport de force par rapport aux grossistes et transformateurs.
1Denis
Pommier 2009 Relever le défi du développement agricole et rural.
Options Méditerranéennes, B 64. Perspectives des politiques
agricoles en Afrique du Nord. Ciheam.213-220.
2Voir
nos précédents articles sur ce sujet.
3Denis
Pommier Op. Cit.
mardi 4 août 2015
ALGERIE. GROGNE DES ELEVEURS LAITIERS, 1er TEST POUR FERROUKHI
LAIT
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GROGNE DES ELEVEURS LAITIERS, 1ER TEST POUR FERROUKHI
djam.bel@voila.fr 4.08.2015
NEGOCIATION
SUR LE LAIT : C'EST AUX LAITERIES DE FAIRE UN EFFORT.
Djamel
BELAID 3.10.2015
Dans un
article du 2.10.2015, le quotidien El-Watan titre « Les
laiteries bloquent les négociations sur le lait.
Selon
Leïla Beratto et Samir Amar-Khodja, auteurs de l'article, du côté
des producteurs, on accuse les transformateurs : «Nous n’avons pas
trouvé de solutions pour l’augmentation du prix du litre de lait.
Le gouvernement veut que les transformateurs prennent en charge
l’augmentation car ils font de gros bénéfices. Les
transformateurs refusent. Nous sommes dans une impasse et nous avons
demandé un rendez-vous pour la semaine prochaine, avec le Premier
ministre Abdelmalek Sellal», rapporte Hassan Aït Mohand Saïd,
président de l’Association des producteurs de lait de Batna.
Face à
ce qui semble être un point de blocage et étant donné que les
caisses de l'Etat sont vides, la solution pourrait venir des laits
végétaux.
Un deal pourrait être proposé par les pouvoirs publics aux transformateurs sous la forme suivante. Pour la préparation de desserts (yaourts, flans, « danette », …) ainsi que certains laits diététiques, nous vous livrons du soja en remplacement de la poudre de lait. Comme le soja coûte moins cher, une partie des subventions auparavant allouées aux laiteries passent aux éleveurs.
Un deal pourrait être proposé par les pouvoirs publics aux transformateurs sous la forme suivante. Pour la préparation de desserts (yaourts, flans, « danette », …) ainsi que certains laits diététiques, nous vous livrons du soja en remplacement de la poudre de lait. Comme le soja coûte moins cher, une partie des subventions auparavant allouées aux laiteries passent aux éleveurs.
Une telle
solution passe par la mise en place rapide des proces de fabrication
et les dosages nécessaire afin de suivre les habitudes alimentaires
des consommateurs. Cependant, la solution est viable. Rappelons qu'à
l'étranger des firmes come sojasun.fr et Bjorg.fr commercialisent
des desserts à base de lait de soja et des laits végétaux à base
de soja, de riz, d'avoine ou d'amandes.
L'Algérie
dispose d'ingénieurs en technologie alimentaire et d'une industrie
de transformation du lait. A eux de montrer de ce qu'ils sont
capables. A eux de nouer des partenariats avec les firmes étrangères
citées et aussi de mettre au point des préparations originales.
LE MADR
AU PIED DU MUR
Sur le
long terme, il s'agit de trouver des solutions afin de trouver de
produire plus de fourrages. Certes, il y a l'irrigation mais
également l'introduction de nouvelles espèces fourragères la mise
à la disponibilité des agriculteurs de plus de matériel
d'implantation et de récolte des fourrages.
Les
solutions techniques sont pour la plupart connues des cadres
techniques. Il s'agit de mettre ces cadres au plus près des
producteurs. Pour cela, les solutions à développer sont de :
- transférer des postes budgétaires de cadres en poste dans des bureaux pour les affecter à des associations d'éleveurs,
- encourager la mise sur pied d'associations représentatives d'éleveurs et de groupements d'éleveurs pouvant telle la Coopsel de Sétif mettre un pied dans la vente du lait,
- d'obliger les laiteries à mettre sur place des équipes d'appui technique en s'appuyant sur des expériences telles celles du projet Alban,
- de financer des postes budgétaires des associations d'éleveurs et de groupements d'éleveurs en prélevant une taxe sur l'activité des laiteries.
Le
secteur agricole et de la transformation est riche de potentialités
humaine. Au MADR d'être le catalyseur afin de réunir le diagnostic
le plus pertinent au sein de la filière et de dégager des actions
permettant aux éleveurs d'être les propres agents de leur
dévelopement au lieu d'en faire d'éternels asssités.
LES
ELEVEURS AU PIED DU MUR
De leur
côté si les associations d'éleveurs ont fait preuve de beaucoup de
maturité, il est de leur devoir de pousser leur adhérents à former
des groupes de producteurs afin d'obtenir un minimum d'aide
financière et de postes budgétaires publics. Car, au final, c'est
aux éleveurs organisés en réelles coopératives de services de se
doter des moyens de produire plus de fourrages, d'avoir les moyens de
transport de ces fourrages mais également de progressivement
intervenir dans la transformation du lait afin de garantir leurs
marges.
A ce titre, l'expérience de la Coopsel de Sétif mérite toute leur attention.
A ce titre, l'expérience de la Coopsel de Sétif mérite toute leur attention.
A eux de
se dire que les ministres de l'agriculture passent (parfois très
vite) et qu'eux seuls restent sur le terrain et que le salut ne
viendra que de leurs propres initiatives.
DES
PISTES A CREUSER POUR LE MADR
Le choix
de développer l'élevage laitier en Algérie permet de réduire les
importations de lait en poudre, crée de l'emploi rural et constitue
une source d'ammendements organiques irremplaçables. Les difficultés
actuelles proviennent de la nouveauté de cette activité pour
certains éleveurs et chômeurs sans terre reconvertis dans l'élevage
ainsi que d'une faiblesse actuelle de la production de fourrages.
Si la
situation est préoccupante, elle n'est pas sans issue ; à
conditions qu'une politique juste et volontariste soit mise n œuvre.
La
réussite des politiques de développement économique nécessitent
une innovation technique, managériale et juridique. En Algérie,
trop souvent ces politiques sont restées dans les sentiers battus.
Sans tomber dans le libéralisme on peut se demander s'il ne faut pas
un Emmanuel Macron pour notre agriculture ?
Il s'agit
ici moins d'investissements nouveaux que de rédéploiement et de
valorisation de moyens existants.
En effet,
certaines positions acquises gênent le développement de
l'élevage : main-mise des meuniers sur le son, tarifs
vétérinaires, marges des laiteries.
Pour le
MADR comme pour tout ministère les moyens sont limités de même que
le pouvoir d'action. Aussi s'agit-il de savoir sur « quels
boutons appuyer » afin d'arriver au maximum d'efficacité.
Ces
pistes de recherche sont également des idées à développer, en les
adaptant, pour des laiteries, des éleveurs ou investisseurs.
Il s'agit
avant tout de trouver rapidement des solutions à la situation
intenable des éleveurs laitiers. Pour cela les points de blocage
doivent être identifiés sachant que des résultats peuvent être
obtenus à court, moyen ou long terme.
C'est aux cadres de la filière lait de les identifier et de les classer. Pour notre part, en tant qu'observateur, nous soulevons les points que nous avons identifier. Cette liste n'est donc pas exhaustive.
C'est aux cadres de la filière lait de les identifier et de les classer. Pour notre part, en tant qu'observateur, nous soulevons les points que nous avons identifier. Cette liste n'est donc pas exhaustive.
A-Diminuer
les dépenses des éleveurs (hors poste alimentation)
-poste
frais vétérinaires :
Constats :
Il existe de maladies liées à l'hygiène (mammite, tiques,
boiteries...) et à une mauvaise conduite d'élevage (non tarissement
de vaches gestantes d'où des cas de fièvre vitulaire). Les
vétérinaires ont des prix de prestations élevées.
---autoriser
les techniciens vétérinaires à réaliser certains actes simples
(souvent fait par les vétérinaires à des prix exorbitant) tels les
vaccinations, les inséminations artificielles ainsi qu'une liste
d'actes à définir au niveau des concernés.
-poste
frais reproduction
Constat :
intervalle vêlage, coût taureau, détection chaleur,
---voir
avec le Ceniaag les améliorations possibles : démocratiser
l'usage des paillettes
---de
nouveaux droits pour les techniciens ?
A'-Renforcer
le niveau technique des éleveurs.
Constat :
le niveau technique des éleveurs est bas. Des pertes considérables
ont lieu à cause d'une ignorance de principes basiques d'élevage.
-décider
d'un diplôme de base OBLIGATOIRE pour tout éleveur (connaissances
minimes sur l'alimentation, l'hygiène, les soins la conservation du
lait, les groupements de producteurs),
-utiliser
TOUS les moyens disponibles (chambres d'agriculture, laiteries, DSA,
université,...) afin de faire passer ces stages de formation de
quelques jours permettant la délivrance d'une carte d'éleveur.
-l'université
a un grand rôle à jouer dans ces formations que beaucoup
d'enseignants d'agronomie et de biologie pourraient dispenser.
B-utiliser
les organismes économiques publics
La
puissance publique possède une force d'intervention économique avec
des offices tels l'ONAB ou PMAT. Autant l'utiliser. Cela n'empêche
pas également des partenariats avec le secteur privé.
-Avec par
exemple l'ONAB pour développer de :
---nouveaux
produits de consommation: laits végétaux (lait de soja,
d'avoine, de riz ou d'amande).
---nouveaux
aliments du bétail : aliment engraissement pour veau enrichi en
urée
---blocs
multi-nutritionnels
-Avec
PMAT et privé (concessionnaires)
---importation,
montage ou fabrication de semoirs pour Semis Direct (rappel, cette
technique permet une implantation rapide des fourrages pour un coût
réduit).
C-redéploiement
des moyens humains du MADR
Constat :
il est plus facile de gérer des postes budgétaires que la
spéculation sur les issues de meuneries tel le son.
---pour 2
départ à la retraite, affecter un poste budgétaire à une
association ou groupement d'éleveurs (pour des périodes
renouvelables de deux ans).
---trouver
les moyens pour des fonctionnaires en CDD (jeunes)
D-utilisation
des moyens du MADR
Constat :
problème de vulgarisation de techniques nouvelles voir (avec INVA)
---spot
TV sur l'hygiène de la traite, désinfection du trayon
---spot
semis direct de l'orge, technique de l'enrubannage, utilisation de
nouveaux fourrages tel le colza fourrager,
---spot
semis direct de l'avoine
---spot
utilisation urée chez ovins (réduire pression sur orge pour VL)
---revoir
totalement les sites internet des instituts techniques du MADR (plus
de vulgarisation)
---spot
groupement de producteurs (coopsel Sétif) avantages :
protéction des marges, exonération sur les bénéfices.
Constat :
manque de semences d'avoine, manque structurel de fourrages
---avec
ITGC élaboration d'un plan d'action pour produire plus de semences
d'avoine, pour vulgariser l'emploi du semis-direct sans labour pour
implanter des fourrages (vesce-avoine mais également sur-semis des
jachères pâturées).
---étudier
l'expérience de laiterie Soummam dans la région de Constantine
concernant la récolte de fourrages par enrubannage.
E-utilisation
de la puissance publique
Constat :
recherche-développement peu développée
---contrat
de recherche avec les universités : lait végétaux, enrichissement
du son en urée
---utilisation
des amphithéâtres et des enseignants pour une formation de base
obligatoire pour tout éleveur (quelques jours).
F-Législation
---autoriser
les groupements de producteurs à ouvrir des points de vente au
détail de lait, étudier les moyens pour leur faciliter l'abatage et
la vente viande de veaux.
---autoriser
les actes d'Insémination Artificielle par les techniciens d'élevage
et les techniciens vétérinaires.
---autoriser
l'affectation à des groupements de producteurs des subventions
publiques pour écraser au niveau de petits moulins du grain et
vendre de la farine et de la semoule. Actuellement les meuneries ont
le monopole. Buts : Réduire le monopole de la meunerie sur le
son et la spéculation qui s'en suit. Améliorer les marges des
céréaliers. Il est regrettable que la plus-value de la
transformation des céréales produite par des agriculteurs aille
uniquement à des citadins.
---prévoir
le prélèvement d'un pourcentage minime sur les subventions allouées
aux laiteries pour la création de postes budgétaires destinés à
l'appui technique aux éleveurs. Il ne s'agit pas là de créer à
nouveau des postes de fonctionnaires. Bien au contraire, il s'agit de
créer un service d'appui tel qu'il existe à l'étranger avec les
EDE (Etablissement Départemental de l'Elevage, contrôle laitier,
…). Le recrutement devant être effectué par des élus paysans
pour des contrats bi-annuels renouvelables.
G-partenariats
avec autres ministères
-MERS :
---recherche :
la recherche agronomique et agro-alimentaire doit être, en partie,
orientée vers les problèmes de l'heure (production de fourrages,
valorisation des aliments pour bétail et des sous-produits,
développement de nouveaux aliments). A ce propos la recherche
agronomique locale a permis de préciser les moyens d'enrichir la
paille et l'orge avec de l'urée. Il serait intéressant de vulgarisr
ces résultats mais de voir comment valoriser le son (peut-on
l'enrichir partiellement avec de l'urée?).
---formation :
les amphithéâtres de l'université doivent également recevoir les
agriculteurs pour des formations de base, des remises à niveau. Il
en est de même pour le personnel d'encadrement du MADR.
-MDN :
---matériel
agricole (recherche-développement avec les ateliers de mécanique de
l'armée telle la Base logistique de Blida). Il nous semble que la
production locale de semoirs pour semis direct et de tout matériel
concourant à la production de fourrage est à envisager. Cette
coopération pourrait permettre la mise au point de prototypes que
des entreprises locales pourraient ensuite fabriquer en série).
---poursuite
de l'interdiction du pâturage des moutons le long des frontières
afin de lutter contre la contrebande.
H-Partenariat
avec le secteur privé national ou étranger
-Avec
laiteries :
---étude
et élargissement des expériences des laiteries Soummam (enrubannage
à Constantine), appui technique aux éleveurs par Danone.
---développement
des groupes d'appui techniques (Gaspels),
---étude
sur la faisabilité de la production de laits végétaux, desserts
(type « Danette » au lait de soja, yaourt au lait de
soja).
-Avec les
chambres d'Agriculture et coopératives étrangères
---recruter
des chefs d'étables étrangers pour des séjours de quelques mois
pour des actions de vulgarisation.
---développer
des actions d'appui technique tel le projet Alban.
-Avec les
ex-pays de l'Est.
---les
importations de jeunes bovins depuis ces pays coûtent beaucoup moins
cher que ceux provenant de France ou d'Espagne.
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GROGNE DES ELEVEURS LAITIERS, 1ER TEST POUR FERROUKHI
djam.bel@voila.fr 4.08.2015
Le mouvement revendicatif des éleveurs laitiers se poursuit et se
structure. Ces éleveurs demandent une revalorisation des subventions
publiques et ont l’intention de rencontrer le Ministre de l’agriculture.
Ils ont prévu un sit-in le 20 aout devant le Ministère à Alger. Fait
nouveau, la coordination inter-wilayas des éleveurs qui vient juste
d’être créée dénonce dans un communiqué « l’exploitation des paysans par
l’industrie de la transformation et le commerce de fourrages et des
intrants de l’alimentation du bétail ». On peut se demander quelles
solutions apporter et comment va réagir le nouveau Ministre de
l’Agriculture, Sid-Ahmed Ferroukhi..
PROTEGER LES MARGES DES ELEVEURS
Lors de leur dernière réunion, les représentants de différentes
wilayas se sont constitués en collectif. La dénonciation de
«l’exploitation des paysans par l’industrie de la transformation » est
signe d’une maturité dans l’analyse qu’ils font de la situation de la
filière lait. Auparavant, les éleveurs réclamaient principalement un
relèvement des subventions versées par les pouvoirs publics.
La situation des éleveurs est particulière. Dans un pays affecté une bonne partie de l’année par la sécheresse, élever des vaches laitières, grandes consommatrices d’herbe verte, reste une gageure. Pourtant, ils tentent de relever le défi. Le problème se complique car qu’un bon nombre d’éleveurs sont en hors-sol1 et sont pénalisés par l’augmentation des prix des fourrages et de l’aliment du bétail.
La situation des éleveurs est particulière. Dans un pays affecté une bonne partie de l’année par la sécheresse, élever des vaches laitières, grandes consommatrices d’herbe verte, reste une gageure. Pourtant, ils tentent de relever le défi. Le problème se complique car qu’un bon nombre d’éleveurs sont en hors-sol1 et sont pénalisés par l’augmentation des prix des fourrages et de l’aliment du bétail.
Augmenter les subventions publiques aux éleveurs risquerait de se
traduire par un relèvement des prix du poste alimentation souvent aux
mains de nombreux intermédiaires. Par ailleurs, avec la baisse de la
rente gazière, les disponibilités allouées au secteur agricole seront
tôt ou tard en baiss.
Pour le MADR, la solution ne peut donc pas consister à ouvrir plus
grand le robinet des subventions. Reste la solution de protéger les
marges des éleveurs. Marges mises à mal autant par l’amont que l’aval.
En amont, les éleveurs doivent tenir compte des prix imposés par les
vendeurs d’aliments. En aval, les transformateurs prospèrent notamment
en transformant le lait en yaourt et fromage.
PROTECTION DES MARGES, MODE D’EMPLOI
Protéger les marges des éleveurs passe avant tout par la constitution
de groupements d’éleveurs. Seuls de tels groupements peuvent permettre
de faire reculer les appétits démesurés des intervenants en amont et
aval de la filière.
C’est aux éleveurs à s’organiser. La balle est dans leur camp. Par
contre, ils peuvent demander au MADR, des mesures juridiques, fiscales
et financières – postes budgétaires, par exemple – afin de créer un
environnement propice au développement de tels groupements. Déjà
certaines dispositions juridiques existent localement. Il devient urgent
de les compléter et de les faire conaître aux éleveurs.
Avec l’adhésion à venir de l’Algérie à l’OMC, seule la loi du marché devra s’appliquer. Toute forme de subvention aux producteurs sera interdite. En Algérie, les groupements de producteurs sont quasi inexistant alors qu’en France ou en Nouvelle-Zélande ceux-ci possèdent plus de cinquante ans d’expérience. Après une phase de fusion ces groupements ont donné naissance à des géants qui dorénavant s’internationalisent. Il est consternant que les décideurs algériens du MADR restent muets sur cet aspect du développement agricole. Il existe pourtant localement la tradition de l’entraide, la touiza. Il est urgent de remettre au goût du jour ce concept.
Avec l’adhésion à venir de l’Algérie à l’OMC, seule la loi du marché devra s’appliquer. Toute forme de subvention aux producteurs sera interdite. En Algérie, les groupements de producteurs sont quasi inexistant alors qu’en France ou en Nouvelle-Zélande ceux-ci possèdent plus de cinquante ans d’expérience. Après une phase de fusion ces groupements ont donné naissance à des géants qui dorénavant s’internationalisent. Il est consternant que les décideurs algériens du MADR restent muets sur cet aspect du développement agricole. Il existe pourtant localement la tradition de l’entraide, la touiza. Il est urgent de remettre au goût du jour ce concept.
A cet égard il est significatif que les éleveurs en colère se soient
réunis à la « Coopérative » Agricole de Services de Draa Ben Khedda. En
fait de coopérative, cette structure n’en porte que le nom comme
beaucoup d’autres structures homologues2. Une authentique coopérative3
ou groupement de producteurs pourrait développer par exemple des
activités de transformation du lait en produits fromagers. Ou encore
développer la vente direct de viande rouge. Ces activités permettraient
de s’affranchir en partie des intermédiaires qui en profitent au passage
et ainsi récupèrent à leur compte les subventions étatiques. Sans un
réel changement, une partie de la filière risque d’être condamnée. Or,
l’activité laitière réduit le chômage et fait vivre de nombreuses
familles.
Le problème est qu’en Algérie la notion de coopérative a été dévoyée.
Une vraie coopérative n’est pas une antenne administrative d’un
quelconque office. Il faut réconcilier les éleveurs avec la notion de
groupement de producteurs et leur montrer que c’est à eux à investir
dans l’aval. Pas facile quand on voit l’avance prise par des groupes
privés tels Laiterie Soummam ou Danone Djurdjura.
Il s’agit donc là d’un levier à moyen terme sur lequel peut agir le
Ministre en favorisant de tels groupements. Sinon, que lui
reste-t-il comme moyen d’action?
Il pourrait affecter quelques postes budgétaires aux associations
d’éleveurs afin que ceux-ci mettent sur pied leur propre structure
d’appui technique, quitte à faire prélever une somme symbolique sur
l’activité des laiteries pour financer ces créations de postes. L’appui
technique est essentiel. Nombre d’éleveurs laitiers sont des chômeurs
sans aucune connaissances technique sur l’élevage laitier d’animaux
importés. Pourtant certaines mesures simples concernant l’alimentation
en concentrés, en minéraux ou en eau, l’hygiène des étables
permettraient de nettes augmentations de la production laitière.
Concernant le prix des fourrages et des aliments du bétail, là aussi
les mesures permettant immédiatement de protéger les marges des éleveurs
sont rares. La suppression de la TVA sur l’importation de maïs et de
tourteau de soja a surtout profité aux intermédiaires fabricants
d’aliments du bétail et peu aux éleveurs.
Reste la solution d’accorder des délais supplémentaires pour le
remboursement des emprunts des éleveurs auprès de la banque agricole. Ou
encore de créer un fonds spécial sécheresse alimenté par une taxe sur
l’activité des transformateurs de lait. Ces derniers réalisent en effet
de confortables marges sur le dos des éleveurs. A défaut de taxe
supplémentaire, la solution pourrait être d’exiger des laiteries la
généralisation de groupes d’appui technique aux éleveurs situés dans
leur bassin d’approvisionnement. Celles-ci ont en effet tout intérêt à
sécuriser et à augmenter leur approvisionnement local en lait. La
Laiterie Soummam et le groupe Danone Djurdjura ont développé des actions
dans ce sens là. Pour inciter les autres laiteries à suivre cette voie
et à développer l’aide technique aux éleveurs, aux pouvoirs publics de
réduire progressivement l’accès au lait en poudre importé et à favoriser
l’utilisation de laits végétaux. Le lait de soja, de riz, d’avoine ou
d’amandes peut remplacer totalement ou partiellement le lait consommé
mais également s’y substituer totalement ou partiellement dans la
fabrication de certains yaourts ou de desserts de type « Danette ».
FERROUKHI, DES MARGES DE MANOEUVRE ETROITES
Face à la crise du secteur laitier, les marges de manœuvre du nouveau ministre de l’agriculture sont très étroites.
Le secteur laitier est marqué par un déficit structurel en fourrages que seules des mesures telles que la technique du semis direct4, l’attribution aux éleveurs de kit d’irrigation et l’acquisition par les agriculteurs de plus de moyens mécanique de récolte des fourrages peut permettre de combler. Par ailleurs, les éleveurs de montagne en hors-sol devraient pouvoir bénéficier prioritairement de concessions spécifiques en terre agricole.
Face à la crise du secteur laitier, les marges de manœuvre du nouveau ministre de l’agriculture sont très étroites.
Le secteur laitier est marqué par un déficit structurel en fourrages que seules des mesures telles que la technique du semis direct4, l’attribution aux éleveurs de kit d’irrigation et l’acquisition par les agriculteurs de plus de moyens mécanique de récolte des fourrages peut permettre de combler. Par ailleurs, les éleveurs de montagne en hors-sol devraient pouvoir bénéficier prioritairement de concessions spécifiques en terre agricole.
Enfin, les mesures pour protéger en aval ou en amont les marges des
éleveurs ne peuvent aboutir que sur le moyen terme. Raison de plus pour
dès maintenant aider les éleveurs à se ré-approprier une partie de leurs
marges en les aidant à se constituer en groupements d’éleveurs pour par
exemple acquérir les moyens de transport pour s’approvisionner en foin
directement dans les zones de production, produire une partie de leurs
aliments du bétail mais également mettre sur pied de petites unités de
fabrication de fromages voir de petites chaînes de production de yaourts
et de desserts (type « danette »).
Jusque là les éleveurs ont fait montre d’une grande maturité. Il y a
quelques semaines, afin d’alerter les pouvoirs publics, ils ont
distribué gratuitement du lait dans les rues de Tizi-Ouzou. Jusqu’à
quand pourront-ils faire preuve d’une telle maturité ? Lors de
regroupements publics, comme celui projeté le 20 devant le siège du MADR
à Alger, il suffirait d’une provocation de gens mal-intentionnés pour
que la situation dégénère. De leur côté, les services de sécurité avec
le professionnalisme qui est le leur, notamment avec la notion de
« gestion démocratique des foules » chère au général-major Hamel, ont de
tout temps su gérer avec respect les manifestations de rue.
La solution reste dans le dialogue. Les échos de la récente réunion
entre le Ministre et l’UNPA montrent la capacité d’écoute de Mr
Ferroukhi. Au Ministre de mettre cartes sur table avec les représentants
des éleveurs, de parler le langage de la vérité et de définir ensemble
les mesures urgentes et celles de moyen terme en fonction des capacités
financières actuelles du pays.
Il s’agit de mettre sur la table des questions trop peu souvent abordées telles l’utilisation plus efficace des cadres agricoles qui peuplent les bureaux, la réflexion sur le développement de véritables groupements de producteurs pouvant par exemple être abrités dans un premier temps au sein de structures telles les « coopératives » de services ou les CCLS. A ce propos, le Ministre et ses conseillers doivent aller voir comment fonctionnent à l’étranger et, notamment en France, les groupements d’éleveurs5 et de céréaliers.
Il s’agit de mettre sur la table des questions trop peu souvent abordées telles l’utilisation plus efficace des cadres agricoles qui peuplent les bureaux, la réflexion sur le développement de véritables groupements de producteurs pouvant par exemple être abrités dans un premier temps au sein de structures telles les « coopératives » de services ou les CCLS. A ce propos, le Ministre et ses conseillers doivent aller voir comment fonctionnent à l’étranger et, notamment en France, les groupements d’éleveurs5 et de céréaliers.
Immédiatement après sa prise de fonction, le Ministre a eu à
s’intéresser au dossier de la labellisation des produits agricoles. La
solution de la crise du secteur laitier passe, comme dans le cas de la
labellisation, dans l’organisation des producteurs au sein de leur
filière. A eux, en amont de créer des circuits courts permettant de
mieux protéger leur marge.
Que ce soit dans le secteur de l’élevage, de la pomme de terre ou des céréales la fin de l’aisance financière liée à la rente gazière montre la nécessité du passage d’une politique de larges subventions publiques à une politique d’organisation des filières.
Aux pouvoirs publics d’exercer leur droit régalien pour une meilleure équité dans la répartition des marges au sein de ces différentes filières agricoles. Aux producteurs également d’imposer à la puissance publique la prise en compte des intérêts du plus grand nombre (producteurs et consommateurs). Faute de quoi, la situation risquerait vite de devenir ingérable.
Que ce soit dans le secteur de l’élevage, de la pomme de terre ou des céréales la fin de l’aisance financière liée à la rente gazière montre la nécessité du passage d’une politique de larges subventions publiques à une politique d’organisation des filières.
Aux pouvoirs publics d’exercer leur droit régalien pour une meilleure équité dans la répartition des marges au sein de ces différentes filières agricoles. Aux producteurs également d’imposer à la puissance publique la prise en compte des intérêts du plus grand nombre (producteurs et consommateurs). Faute de quoi, la situation risquerait vite de devenir ingérable.
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