lundi 23 novembre 2015

ALGERIE: BUSINESS, BUSINESS, BUSINESS....

IDEES D'INVESTISSEMENT EN ALGERIE.

 PRODUCTION DE SAVON A PARTIR D'HUILE D'OLIVE

 Fabrication du savon d'Alep NAJEL - SAS|NAJJAR - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=fR7sVXxCdUk
25 janv. 2013 - Ajouté par SASNAJJAR

Grass Farmer 1414 - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=plIp8DTJFKM
25 févr. 2010 - Ajouté par simclarke
Pour un concessionnaire de matériel agricole, ce type de semoir est intéressant pour resemer les jachères pâturées. 

UN BLA-BLA CAR AGRICOLE?
Le site Pleinchamp.com publie un article sur la location de matériel agricole par l'intermédiaire d'internet. Pourquoi ne pas créer un tel service en Algérie? La société WeFarmUp cherche à se développer à l'international. Pourquoi ne pas s'associer avec? Djamel BELAID 25.11.2015

WeFarmUp.com ou « nous agriculteurs, cultivons le progrès et la recherche de compétitivité »

27/10/15WeFarmUp, une plate-forme de partage de machines agricoles

L’économie du partage s’invite en agriculture avec une plateforme dédiée à la location de machines agricoles entre particuliers, entrepreneurs, concessionnaires. Créateur du site : un agriculteur, entrepreneur de travaux et directeur d’une concession.

Drivy pour louer une voiture entre particuliers, Wheeliz pour louer une voiture adaptée, Airbnb pour un logement, Blablacar pour covoiturer : l’économie du partage gagne de nombreux secteurs de la vie courante et bouscule certains modèles de consommation. Cette économie dite collaborative s’invite en agriculture avec la plateforme WeFarmUp, dédiée à la location de toutes machines agricoles partout en France. En quelques clics, les candidats à la location d’une machine peuvent effectuer une recherche ciblée sur le site et être mis en relation avec des propriétaires ayant préalablement proposés une ou plusieurs machines pour cause de sous-utilisation à des périodes données. Ni plus ni moins que la formule moderne des cercles des d’échange ou de l’entraide telle qu’elle se pratique de manière formelle ou informelle entre agriculteurs.
Travaux-agri.fr, une autre plate-forme de mise en relation centrée sur les machines agricoles

Le changement, c’est l’internet, le smartphone et les appli dédiées qui démultiplient la puissance et les potentialités de cette nouvelle économie. « WeFarmUp, grâce au numérique, redéfinit la notion d’entraide en la passant en 3.0 : la communauté au service de la rentabilité des exploitations », explique Laurent Bernede, fondateur de la plate-forme. « Malgré le relatif suréquipement des exploitations, les agriculteurs ont toujours besoin de nouveaux matériels, toujours plus performants, qui répondent à des exigences particulières. De l’autre côté, nous avons des propriétaires qui se sont parfois lourdement endettés en finançant des machines mal rentabilisées sur leur exploitation. La raison d’exister de WeFarmUp est de mettre en relation ces deux membres de la communauté et d’agir en tant que tiers de confiance qui réalisera la transaction en confiance et en sécurité, du point du vue du paiement, du contrat de location, de l’assurance, sans oublier les avis d’utilisateurs. D’un point de vue plus large, les charges de mécanisation représentent entre 30 % et 40 % du chiffre d’affaire des exploitations agricoles et, ces charges sont à 99.99 % fixes : je propose de mettre une « dose » flexibilisation de ces charges afin de les adapter à l’environnement économique de l’exploitation, soumise à la volatilité des prix et aux aléas climatiques ». WeFarmUp se rémunère sur le gain que réalise le propriétaire en prélevant une commission. La plateforme avait été précédée il y a quelques mois de la création de Travaux-agri.fr, se proposant de mettre en relation des prestataires de travaux avec des agriculteurs.

Quatre profils en un

Le profil du créateur de WeFarmUp en dit beaucoup sur le caractère décomplexé de cette nouvelle économie. Laurent Bernede est céréalier dans le Gers, entrepreneur de travaux agricoles, directeur général de Dupuy SAS, concessionnaire John Deere rayonnant sur les départements des Landes, du Gers, des Hautes-Pyrénées et de l’Ariège. Et fondateur de WeFarmUp. De quoi y perdre son GPS dans le rapport clients / concurrents. « En tant qu’entrepreneur de travaux, je trouve aussi rentable de louer ma machine sans chauffeur qu’avec un chauffeur », souligne Laurent Bernede. « Je pense qu’il y a un marché de la location de machines agricoles et que le marché de la prestation de services est un marché différent avec des prestations clé en main. En ce qui concerne mon activité de concession de machines agricoles, nous pratiquons déjà la location de machines agricoles et nous pensons qu’elle deviendra stratégique au sein d’une concession. Seulement, WeFarmUp permet de fluidifier les flux administratifs chronophages, sécurise le concessionnaire avec un contrat de location clé en main, assure le recouvrement du montant de la location, informe sur l’activité du locataire et les avis de la communauté et, enfin, assure le matériel loué pendant la durée de la location contractualisée sur le site. En plus, avec la gestion de l’annonce grâce à un planning intégré sur WeFarmUp, le futur locataire connaît la disponibilité de la machine et le propriétaire est assuré de la louer dès qu’elle est disponible. Pour un concessionnaire, nous participons à améliorer la rentabilité de cette activité grâce au gain de temps, au paiement sécurisé et au fait que le matériel assuré réalise un maximum d’heures dans l’année ». Raphaël Lecocq

FABRICATION DE BLOCS MULTI-NUTRITIONNELS
Par rapport à la vidéo présentée, quelques remarques:
-les opérations peuvent être mécanisées à l'aide d'une bétonnière et d'une machine à parpaing,
-on rajoutera de l'urée (engrais azoté),
-comme liant, on peut utiliser du ciment ou mieux encore, de la chaux éteinte,

LA TECHNOLOGIE DES BLOCS MULTI ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=MH7qfQnFuYE


DEVELOPPER UN PARTENARIAT AVEC UN PRODUCTEUR DE SEMENCES FRANCAIS

Sem Partners Partie II Couverts végétaux à cycle ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=TEKPfDHBsyQ
15 avr. 2011 - Ajouté par www.Agriavis.com


FABRIQUER DES OUTILS DE DESHERBAGE MECANIQUE

Bineuse : élargir le spectre d'utilisation ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=dN-DxvJAG-E
15 avr. 2014 - Ajouté par ArvalisTV


Pressage de graines de Tournesol, huile de ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=t10E_YNlK0o
3 juin 2014 - Ajouté par Ibrahima Diarra
Pressage de graines oléagineuses de Tournesol avec la presse continue VE 060 produite par Vero Energia ...

 

ALGERIE, POUR LE RENFORCEMENT DE LA FILIERE BLE DUR LOCALE

ALGERIE, POUR LE RENFORCEMENT DE LA FILIERE BLE DUR LOCALE
Djamel BELAID 22.11.2015

La culture du blé dur en Algérie est actuellement menacée. Le coût de production du quintal de blé dur (BD) reste élevé. Jusque là, les pouvoirs publics soutenaient à bout de bras les producteurs, les organismes de collecte et l’industrie de la transformation. La récente chute des prix du pétrole risque de réduire l’aide publique et mettre à mal la filière. Pourtant contrairement au blé tendre, le blé dur possède une réelle typicité . Comment en est-on arrivé là et existe-t-il une alternative ? 

PRODUCTION ET CONSOMMATION DE BLE DUR, UNE SPECIFICiTE ALGERIENNE
Le couscous et le pain à la semoule de même que de nombreuses préparations culinaires sont spécifiquement algériennes, voire maghrébines. Mais elles ne se retrouvent pas dans le monde arabe plus tourné vers la consommation de céréales telles que le riz. Ce type de consommation ne se rencontre pas dans le pourtour méditerranéen où les principales utilisations du blé dur concerne la confection de pâtes alimentaires.
Si le blé dur est si présent dans l’alimentation locale, c’est que depuis toujours, cette céréale a été produite localement. Comme l’orge, elle est particulièrement bien adaptée au terroir local : des hivers froids et des printemps souvent marqués par un déficit hydrique. Si les paysans cultivent donc du blé dur, c’est qu’ils ne peuvent faire autrement à moins d’irriguer. Or, toutes les surfaces céréalières ne peuvent être irriguées. La culture du blé dur présente ainsi un réel ancrage local, un « lien au lieu ». Les céréaliers ne peuvent se passer du blé dur. Il leur assure de meilleures marges que l’orge même si cette dernière est très demandée en alimentation animale. Le problème est que si de tout temps, la production de BD a permis de nourrir la population locale et même d’assurer des exportations vers Rome, cela n’est plus le cas aujourd’hui. 

LA CONCURRENCE DU PAIN DE BLE TENDRE
Le blé tendre est de plus en plus présent dans la consommation des habitants du Maghreb. Même en Egypte, la consommation de céréales se fait principalement à partir de blé tendre. La demande est telle que pour satisfaire les besoins des ménages les moins favorisé les pouvoirs publics ont instauré une carte à puce. Une lutte féroce est engagée entre les pays producteurs de blé tendre pour conserver ou augmenter leur part de marché. A Alger, comme dans les capitales voisines, un représentant des exportateurs français est présent sur place afin de scruter l’évolution de la demande locale. En Algérie, l’engouement pour le blé tendre est réel à travers la demande en baguette parisienne. La consommation de blé tendre augmente aux dépends de celle du blé dur. Qui, en début de mois, comme dans les années 70 rentre encore chez soit « balla smid* »? L’urbanisation et le développement de l’emploi féminin font que les préparations culinaires à base de blé dur diminuent face à l’omniprésence de la baguette parisienne au blé tendre.
(*) sac de semoule d’un quintal.

LA BAGUETTE DE PAIN, UNE AUBAINE POUR LES POUVOIRS PUBLICS
Le développement de la consommation de blé tendre sous forme de baguette de pain est une aubaine pour les pays producteurs de blé tendre mais également pour les pouvoirs publics des pays importateurs. La cause de cet intérêt vient du prix inférieur du blé tendre par rapport au blé dur. Il est plus intéressant financiérement d’importer du blé tendre que du blé dur. Pour les pouvoirs publics de nombreux pays de la rive sud de la Méditerranée, il est devenu plus facile de faire accoster des bateaux chargés de blé tendre que de développer la production locale. La guerre des prix entre pays producteurs liées aux actuelles bonnes récoltes ainsi qu’au développement récent de la production de céréales en Russie et Ukraine fait que le blé tendre inonde le marché marocain, tunisien, égyptien et algérien. C’est également un moyen d’éviter toute explosion sociale. Dans ce contexte la production de blé dur se trouve directement menacée.

UNE MENACE POUR L’ENSEMBLE DE LA FILIERE BLE DUR
En Algérie, la menace du blé tendre étranger vis à vis du blé dur local concerne l’ensemble de la filière : céréalier, organisme de collecte et transformateurs. Les producteurs locaux de BD perçoivent actuellement une prime de 1 000 DA par rapport au quintal de BT livré aux silos des CCLS. Ils reçoivent en effet 4500 DA pour tout quintal livré contre seulement 3500 DA pour le blé tendre. L’éventuelle suppression de cette prime porterait un sévère coup à une production locale marquée par une faible productivité. Ce relèvement des prix à la production décidé en 2008 a été pour beaucoup dans l’augmentation des emblavements en BD. Pour les CCLS, principaux organismes de collecte et d’approvisionnement en intrants agricole, la réduction des tonnages livrés pourrait impacter directement leur survie dans la mesure où, étant données les rigueurs du climat, la substitution de la culture du BD par le BT n’est pas systématiquement envisageable dans les exploitations. Quant à une éventuelle augmentation de la collecte en orge suite à une substitution des emblavements de BT par l’orge, il ne faut pas y compter pour les CCLS. Celles-ci ne collectent que très peu d’orge. Les céréaliers préférant l’utiliser directement pour l’alimentation de leurs animaux ou la vendre aux éleveurs à des prix supérieurs à ceux proposés par les CCLS.
Quant aux transformateurs, leur intérêt premier pourrait être de s’approvisionner sur le marché extérieur. Ce dernier propose des blés durs de qualité. Cependant la production mondiale en BD est réduite. Dans le cas français, cette production est même subventionnée dans le cas de la région sud. L’orientation de la nouvelle PAC amène à se demander jusqu’à quand tiendront ces subventions? Déjà la filière BD française s’inquiète de la baisse des volumes collectés. Les céréaliers français étant plus réticents à une production particulièrement réglementé. Dans le cas du BD canadien, les coûts de transport peuvent réduire son intérêt. Enfin, toute importation est sujette à divers aléas. Or, ce n’est pas le cas avec un approvisionnement local. Bien que dépendant des CCLS par qui passe le commerce du grain, les transformateurs commencent à identifier les BD de qualité et les exploitations qui les produisent. Il s’établit ainsi au fil du temps un « lien au lieu » qui est plus sûr que le produit arrivant en camions à partir des ports. En effet, selon les contrats passés, malgré le cahier des charges de l’OAIC, la qualité des blés d’importation peut être différente du fait des assemblages réalisés outre-mer. 

CEREALIERS DZ, SEDUIRE LES TRANSFORMATEURS
On le voit les transformateurs ont tout intérêt à un approvisionnement local. Mais cela sous réserve de prix compétitifs, d’une stabilité des quantités livrées et d’une qualité irréprochable. Ces conditions ne sont pas actuellement réunies. Cependant, céréaliers et organismes de collecte peuvent rapidement progresser vers cet objectif.
Concernant les prix, les céréaliers disposent de plusieurs leviers afin de continuer à produire malgré une éventuelle réduction du mécanisme d’incitation par les prix (abandon éventuel de la prime BD). Concernant les charges de structures, ils peuvent réduire leur coût de mécanisation en adoptant la technique du non-labour avec semis direct. Le statut du foncier agricole s’est trouvé clarifié ces dernières années. Reste à préciser le cas des locataires exploitant les terres des attributaires. Il est certain que la définition d’un droit de fermage, comme il en existe à l’étranger, conforterait l’activité des exploitants.
Concernant les charges opérationnelles (semences, engrais et phytosanitaires), il s’agit de jouer sur divers tableaux. Le coût de la semence certifiée peut être réduit par la production partielle de semence de ferme triée et traitée. Cela nécessite cependant le développement d’unités mobiles de ferme en ferme. Concernant la fertilisation, il est possible de baisser son coût en se basant, pour l’azote, sur des rotations à base de légumineuses ainsi que la mesure du reliquat azoté en sortie hiver. Le développement de la localisation des engrais de fonds sur la ligne de semis est également envisageable. L’utilisation des produits phytosanitaires est difficilement réductibles. Ceux-ci sont actuellement peu employés. Or désherbants, insecticides et fongicides constituent des gages d’augmentation des rendements. Ceci dit, des réductions d’emploi sont possibles par le développement du désherbage mécanique et plus généralement par une meilleure technicité des exploitants.

QUANTITE DES LIVRAISONS, MOBILISER LES TERRES EN JACHERE
L’établissement d’une relation entre les producteurs d’un bassin de production et les moulins locaux passe par la levée de l’incertitude sur les quantités livrées. Afin de répondre au défi des quantités de BD à livrer au secteur de la transformation, les céréaliers disposent de plusieurs atouts. Le premier concerne l’irrigation de complément. Là où il est possible de disposer de ressources en eau, c’est là un moyen de passer de rendements moyens de 15 qx/ha à 40 qx/ha voire plus. Un autre atout vient des terres actuellement en jachère. Elles peuvent permettre d’augmenter les emblavements. Il est cependant nécessaire de tenir compte des surfaces réservées à l’élevage ovin. Il s’agit le plus souvent de surfaces de jachère pâturées. Les animaux y broutent la végétation naturelle. Le remplacement de cette jachère pâturée par des pâturages semés permettrait d’offrir aux animaux plus d’unités fourragères par hectare et par conséquent de réduire leur surface.
Le drame de l’agriculture algérienne est de devoir semer la presque totalité des cultures à l’automne ; c’est à dire au début de la période des pluies. Il est difficilement imaginable de semer des cultures de printemps comme en Europe sauf à devoir les irriguer. Par conséquent, l’automne est caractérisé par une pointe de travail liée au labour, aux opérations de préparation du lit de semences puis au semis proprement dit. En matière de grandes culture, en Algérie, tout est joué en automne.
Or, depuis peu est apparu un atout dont les décideurs algériens n’ont pas encore entièrement réalisé l’importance stratégique en matière de sécurité alimentaire. Il s’agit de la technique du semis direct.
Testé et développé depuis plus de quinze ans au Maroc, le semis direct permet d’assurer une stabilisation des rendements céréaliers en année sèche. Du fait de la meilleur valorisation de l’eau emmagasinée dans le sol, il permet des rendements de 10 qx/ha en année de sécheresse là où l’utilisation de la charrue n’en permet que 2. A cet avantage, le semis direct apporte la rapidité d’exécution. Il permet d’emblaver 6 fois plus vite de surfaces que la conduite conventionnelle. En effet, en s’exonerant du labour, il évite les longues opérations de préparation du lit de semences. Cela est si vrai que les premiers à s’être emparé de cette technique en Algérie, Maroc et Tunisie sont de grosses exploitations céréalières.
L’intérêt du semis direct ne se limite pas au blé dur. Il concerne bien entendu le BT et l’orge mais également les légumes secs. Sur les surfaces consacrées en fourrages, il peut être également utilisé. Cette technique permet donc de lever le goulot d’étranglement constitué dans le cas de la conduite conventionnelle des cultures et qui obligeait à la persistance de la jachère travaillée.
Emblaver plus de surfaces en BD risque cependant de favoriser le retour plus souvent de cette céréale sur les mêmes parcelles. Il s’en suit des baisses de rendement. La solution passe par l’extension des rotations. Il s’agit pour cela d’introduire sur les exploitations de nouvelles cultures telles les oléagineux. Par ailleurs, afin d’assurer le développement des surfaces en cultures déjà existantes telles les légumes secs et les fourrages de vesce-avoine, il s’agit respectivement d’améliorer les possibilités de désherbage et les capacité de récolte.

QUALITE DU BD, L’AFFAIRE DE TOUS
Si seule une qualité irréprochable des BD est un moyen fondamental afin d’ancrer localement l’approvisionnement des transformateurs, celle-ci est l’affaire de toute la filière.
Le céréalier y a sa part par le respect de la culture des variétés conseillées par le transformateur. Il doit également assurer une bonne qualité semoulière par la maîtrise de la fertilisation azotée. Enfin, seul un désherbage impeccable est en mesure de réduire dans le graine taux d’impuretés (graines de mauvaises herbes).
L’organisme de collecte a sa part dans une politique de qualité en assurant la traçabilité des lots depuis le champs jusqu’au moulin du transformateur. Cela nécessite des procédures de prises d’échantillons sur les livraisons de grains à l’entrée des silos avec analyses immédiates et différées, des barèmes d’agréage adaptés – les derniers datent de 1988 – ainsi qu’une disponibilité en cellules de stockage permettant un allotement correct. Cette stratégie de l’organisme de collecte peut être confortée par un stockage partiel et momentané à la ferme.
Enfin, concernant le transformateur, sa participation à une politique de qualité intervient dans la définition d’un cahier des charges. En l’absence actuelle d’organisation des céréaliers et de politique qualité de la part des organismes de collecte, il revient aux transformateurs de jouer le rôle de chef d’orchestre. Actuellement à Sétif ou Guelma, face aux carences de l’OAIC, des transformateurs ont pris l’initiative d’inciter les céréaliers à faire de la qualité. Ils ont monté des réseaux d’agriculteurs qui sont suivis techniquement. Il leur est ainsi proposé un choix variétal particulier de même qu’une protection phytosanitaire de la culture.

FILIERE BLE DUR, PROPOSER AU CONSOMMATEUR DE NOUVELLES FARINES
Depuis peu des cadres de l’Eriad testent localement l’intérêt des consommateurs pour des pains incorporant à la farine importée de la semoule de blé dur locale. Cette initiative peut conduire à plus utiliser la production locale parfois boudée par les transformateurs pour ses piètres qualités. Mais au delà, cette initiative ouvre la voie à la mise au point de nouveaux mélanges de farine. On pourrait imaginer à l’avenir des farines incorporant un certain pourcentage d’orge. Du fait de son cycle végétatif plus court, cette céréale est plus aisée à produire. Elle peut ainsi éviter les sécheresses de fin de printemps accentuées ces derniers temps par le réchauffement climatique. Cette céréale a été la première à être exportée, certes en petite quantité, lors des dernières années record.
De tels mélanges présentent des avantages en matière de santé du fait des beta-glucanes présents dans l’orge. Ils présentent également l’avantage de réduire le coût de revient du pain. En effet, le quintal d’orge présente une valeur moindre que celle du BD ou même du BT.
Ces voies ne sont actuellement que modestement explorées. A l’étranger, elles sont le fait d’organismes de collecte et de stockage ayant investi dans le secteur de la transformation. C’est le cas des farines
pour les baguettes traditionnelles Banette ou Rétrodor qui connaissent un vif succès en France. En Algérie, ce type de mélange pourrait contribuer à rendre moins couteuse la filière BD. 

QUEL MAITRE D’OEUVRE POUR RENFORCER LA FILIERE BD ?
En Algérie, le renforcement de la filière BD passe par des actions qui concernent différents acteurs. Les enjeux dépassent le seul cadre de la parcelle de blé ou l’exploitation de l’agriculteur puisqu’elle concerne le marché. Or, l’expérience montre, souvent pour le petit paysan, le seul horizon immédiat est celui du bout de son champs.
D’où peut donc venir l’étincelle salvatrice ? Viendra-t-elle des CCLS ? Celles-ci représentent en effet un poids considérable en matière de chiffre d’affaires céréalier. Ces organismes de collecte et de stockage et de collecte se situent à l’interface entre production et transformation. On pourrait s’attendre à ce que ces structures situées dans les régions à fort potentiel (Sétif, Constantine, Tiaret) collectant dans une zone traditionnelle et en plus pour des produits à prime déploient des moyens fassent preuve d’initiative afin d’augmenter le volume de collecte. Or, les CCLS en question, de part leur statut d’antenne d’un Office public ne tirent aucun avantage à toute augmentation de collecte. Dans les pays céréaliers, les organismes de collecte déploient des moyens considérables en matière de vulgarisation technique. Ce sont avant tout des émanations des agriculteurs eux mêmes dans le cas de coopératives. La concurrence est rude avec les entreprises de négoce. L’OAIC s’est illustré par l’ingéniosité du montage permettant le financement des installations d’irrigation d’appoint. Par contre en matière d’animation technique de terrain, de participation des producteurs ou d’intégration verticale on note un immobilisme. Ce sont les CCLS qui devraient dialoguer avec les transformateurs et leur proposer un approvisionnement en quantité stable de BD de qualité. Or, les statuts des CCLS ne permettent pas la prise d’initiative. Il y a une non prise en compte des enjeux actuels. A ce titre, en occupant le rôle dévolu à de véritables coopératives céréalières et n’assumant pas ce rôle, les CCLS empêchent l’émergence de groupements de producteurs. Elles pourraient ainsi même être les futurs fossoyeurs de la filière BD. Quid des cadres des CCLS ? Le ministre en charge du MADR, Mr Ferroukhi, faisait récemment remarquer que ces CCLS comptent pas moins de 400 ingénieurs. L’avenir de la filière, c’est aussi le leur qui est en jeu. Sur la base de l’expérience acquise par des années de présence sur le terrain ces cadres sauront-ils suggérer à leur tutelle une évolution  salvatrice? Cette tutelle ne s’exprime actuellement qu’en terme de surfaces emblavées, de milliers de quintaux collectés, d’équivalent hectares fongicides livrés. Mais la notion de gouvernance au niveau des CCLS ou de filière lui semble étrangère. A son échelle, l’OAIC reproduit l’autisme du petit paysan qui ne raisonne qu’en terme de parcelle oubliant l’échelle de l’exploitation et du marché.

UNE POLITIQUE CE CONTRATS INITIES AU NIVEAU DES MOULINS ?
L’étincelle viendra-t-elle des transformateurs ? Certains ne risquent-ils pas d’être sensibles au chant des sirènes  liées à l’approvisionnement sur les marchés extérieurs ? Déjà certains transformateurs s’équipent en salle de marchés et recrutent des traders en grains.
La solution pourrait consister dans le développement d’une politique de contrats avec les agriculteurs. Celui-ci s’engage à produire une variété recommandée par le transformateur (bonne variété semoulière) en conséquence, il s’assure de pouvoir livrer sa récolte au moulin, voire recevoir un avantage financier. Pouvoir livrer sa récolte pourrait devenir un luxe, car rappelons le, en cas de signature de l’Algérie à l’OMC, le commerce du grain serait libre. Les transformateurs seraient libres de s’approvisionner à l’extérieur.
Déjà les transformateurs développent des réseaux qualité-blé et ont la possibilité de soulager les CCLS avec leurs moyens de stockage. Il n’y a qu’un pas à franchir pour que la vente du grain ne passe plus par les CCLS. Celles-ci auraient alors à leur côté de nouveaux opérateurs ; opérateurs plus impliqués dans la qualité .

LES AGRI-MANAGERS MAITRE D’OEUVRE D’UNE POLITIQUE DE RENOUVEAU ?
Qu’attendre des agri-managers ? Comme la petite paysannerie, ils ont tout à perdre d’un abandon de la filière BD à son sort. Ces représentants des grosses fermes privées regroupent différents ayant-droit et totalisent souvent des centaines d’hectares. Ils se recrutent également au niveau des fermes pilote ou d’EAC n’ayant pas cédé à la tentation de l’exploitation individuelle es terres. Il s’agit souvent de personnes diplômée et possédant une connaissance du marché. Ils pourraient jouer le rôle d’aiguillon, agir dans le cadre d’institutions telle le FCE, sur les adaptations nécessaires des CCLS. Ils pourraient constituer le noyau pour créer des groupements de producteurs de BD creusets de futures coopératives céréalières telles qu’il en existe à l’étranger. Ils pourraient demander les avantages fiscaux accordés par la puissance publique à toute coopérative. Il leur faudrait obtenir le droit à recevoir les compensations publiques – jusque là réservées aux transformateurs – dans le cas de la mise sur pied d’unités de transformation du grain. Ces grosses exploitations ainsi que les petites qu’ils pourraient fédérer possèdent un atout : c’est elles qui détiennent le grain. Au lieu de se précipiter, dès la récolte terminée, aux portes des CCLS et de le livrer, elles pourraient investir dans la transformation et non plus vendre seulement du grain, mais de la semoule voire du couscous en mettant le pied dans le secteur de la deuxième transformation. Ainsi, non seulement, ils pourraient préserver leur marge, mais également s’assurer de débouchés locaux et acquérir plus de force vis à vis des transformateurs actuellement installés et plus susceptibles de s’approvisionner en BD étranger. Pratiquer une intégration verticale permettrait aux producteurs de conforter leur pouvoir de négociation. 

CEREALIERS, NE COMPTER QUE SUR SOIT-MEME
Par ailleurs, face à des pouvoirs publics tétanisés par le risque d’explosion sociale de quel poids pèserait les céréaliers ? Nul doute qu’il seraient sacrifiés sur l’autel de la paix sociale au bénéfice des céréaliers de BT étrangers. Au printemps dernier, avec la grève de la livraison du lait de vache, les éleveurs ont innové en matière de revendication catégorielle. Grève des livraisons du grain, comme celle du lait ? Outre la baisse des subventions publiques liées à la baisse de la rente pétrolière, les céréaliers doivent tenir compte de la libéralisation du commerce du grain qu’entrainerait une éventuelle signature de l’Algérie à l’OMC. Comme les céréaliers marocains, ils y auraient tout à perdre. Quant à eux, les pouvoirs publics ne peuvent rester éternellement spectateurs face aux évolutions qui se dessinent au sein de la filière et qui les dépassent. Aussi, à ces pouvoirs publics d’orienter dès maintenant les acteurs de la filière dans la bonne direction. Une direction assurant le développement de la filière, du partage équitable des marges, de l’emploi agricole et rurale ainsi que la satisfaction du consommateur. Certes, cela est plus difficile que faire accoster un bateau chargé de céréales au port d’Alger, mais c’est ce qu’on appelle la bonne gouvernance.

vendredi 20 novembre 2015

ALGÉRIE : recherche agronomique, une armée sans état-major.


ALGÉRIE : recherche agronomique, une armée sans état-major.
Djamel BELAID 20.11.2015

En Algérie, le niveau de la recherche agronomique connait un essor considérable. A la moindre annonce de colloque, les organisateurs sont débordés par le nombre de propositions de communications reçues. Pour autant, à l'heure de restrictions budgétaires, cette recherche est-elle actuellement profitable au développement agricole local?

EN ALGERIE, TOUT LE MONDE CHERCHE...

Un universitaire qui a récemment contribué à organiser un colloque raconte : « j'ai consacré mes vacances [d'été] pour ce séminaire, j'ai répondu à plus de 260 personnes ». Ce chiffre  est remarquable. Il témoigne à lui seul de la vitalité de la recherche agronomique locale. L'explication vient du fait que le nombre d'enseignants-chercheurs a augmenté en même temps que s'ouvrait des centres universitaires. Ces derniers couvrent actuellement pratiquement toutes les wilayas du pays. Mais qui veut comprendre ce résultat se doit de considérer l'effort en matière de scolarisation depuis plus de 20 ans. Les générations scolarisées dans les années 70 peuplent actuellement les centres de recherche universitaires1. 
Jeter un coup d'oeil à l'origine géographique des communications proposées au-dit colloque montre la diversité des centres de recherche : El-Tarf, Naama, Ouargla, M'sila, Batna, Khémis-Milliana, Tiaret… etc.

Cette recherche agronomique peut constituer une force de frappe extraordinaire au service du développement agricole d'un pays dont les importations alimentaires annuelles se chiffrent en millions de dollars.

UN CONSTAT : UNE RECHERCHE AVANT TOUT UNIVERSITAIRE

En compilant les publications agronomiques produites, il apparaît que cette recherche est avant tout universitaire. Non pas que les services agricoles n'aient pas de recherche propre et que les chercheurs sous l'égide du MADR ne publient pas, mais la task force se situe dans les centres universitaires. A travers ses instituts techniques et leurs stations de recherche, le MADR développe ses propres axes de recherche. Il existe également une porosité entre ces deux institutions. Ainsi, les chercheurs de ces stations proviennent de l'université et bon nombre d'universitaires viennent dans ces mêmes stations à des fins d'expérimentation.
Par ailleurs, l'avancement des enseignants à l'université passe par un minimum de recherche et de publications. Cela peut également expliquer la prépondérance des publications de ce secteur.

RECHERCHE FONDAMENTALE OU APPLIQUEE ?

Une analyse exhaustive serait à dresser quant au nombre de publications. Elle serait d'autant plus intéressante si elle était rapportée aux catégories de produits alimentaires les plus importées.
Nous abordons là une question qui peut fâcher. Quelle doit être le rôle de la recherche ? Doit-elle être fondamentale ou appliquée ? Nous ne trancherons pas aujourd'hui cet éternel débat. La recherche fondamentale est en effet … fondamentale. Ce ne sont pas les fabricants de bougies qui ont créé l'ampoule électrique. Mais force est de constater qu'un pays qui consacre des sommes de plus en plus élevées pour nourrir sa population se doit de mobiliser toutes les compétences scientifiques afin de réduire cette hémorragie. D'autant plus que cette manne financière qui est liée à la rente des hydrocarbures n'est pas éternelle et que notre jeunesse réclame des emplois.

UNE DISPERSION DE MOYENS?

En l'absence d'un inventaire exhaustif de l'orientation des publications agronomiques, procédons autrement afin de vérifier s'il existe une cohérence entre l'effort de recherche agronomique et le besoin légitime de sécurité alimentaire.

Prenons le cas des plantes oléagineuses : colza, tournesol, carthame. Combien d'articles sont-ils consacrés à ces productions susceptibles de concourir à l'approvisionnement en matière de corps gras de nos concitoyens. Pour nous être intéressé à la question, nous pouvons répondre qu'un nombre insignifiant d'articles est actuellement consacré à ce domaine2. Pourtant, à part l'huile d'olive, aucun gramme, vous lisez bien, aucun gramme d'huile consommé en Algérie n'est produit localement par les usines de Cevital ou celles des autres groupes huiliers opérant en Algérie3. La même remarque est valable concernant les plantes sucrières (betterave, canne à sucre4).

Nous ne donnerons pas d'exemples de recherche qui nous semblent éloignées des préoccupations immédiate des besoins de notre agriculture. Nous ne voulons pas nous brouiller avec des collègues et institutions amies. Néanmoins, la lecture de certains titres de communications, d'articles ou de mémoire de fin d'études ou de magistère font sourire. N'insistez pas, nous ne livrerons aucun nom... Nous nous interrogeons donc à l'apport au pays de certains de ces thèmes de recherche. Certes, les fabricants de bougies... mais, l'urgence liée à la chute de la rente des hydrocarbures est à notre porte. Nous comptons des milliers de jeunes chômeurs et les cas rapportés de pauvreté de la population augmentent.

DES UNIVERSITAIRES ISOLES DANS LEURS LABORATOIRES

Certes tout n'est pas noir. Ainsi des chercheuses et chercheurs de l'université de Bab-Ezzouar travaillant sur des techniques de pointe telles que les cultures in-vitro permettent de diagnostiquer très tôt les plants de palmier-dattier atteint par le terrible fléau du bayoudh. Des chercheurs de l'université de Tiaret ont établi la liste des parasites intestinaux qui frappent les ovins. Ces parasites freinent l'efficacité alimentaire d'élevages qui peinent à trouver suffisamment de ressources fourragères. A Sétif, un groupe d'enseignants s'est penchés sur les moyens d'améliorer les rendements céréaliers en utilisant la technique du semis direct. Les résultats de leur recherche permet d'envisager de meilleurs rendements, particulièrement en année sèche du fait d'une meilleur gestion de l'eau du sol, tout en réduisant de 40% les dépenses en carburant des tracteurs.
Au centre universitaire de Batna, la technique de l'enrichissement de la paille en urée a été testé localement sur des brebis. Ce thème à été initié dès la fin des années 70 à l'ENSA (ex-INA) d'El-Harrach. A la question de la vulgarisation sur le terrain dans une région où le déficit en fourrages est fort, une des auteurs de l'étude explique « j'en ais parlé à deux agriculteurs et à un centre de formation agricole voisin ».

POUR UN ETAT-MAJOR DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE?

On le voit, nos chercheurs, cherchent et trouvent. Mais souvent leurs résultats ornent les rayons des bibliothèques universitaires. Il nous semble que si les explications sont nombreuses afin de répondre à cet état de fait, dont le sous-développement5 dont nous sortons progressivement, cela est également lié au fait qu'il n'existe pas en Algérie de programme national de recherche agronomique ou du moins qu'un tel programme n'est pas établi en collaboration avec l'Université algérienne. Souvent les thèmes de recherche proviennent des chercheurs eux-mêmes, de leurs lectures, des moyens dont ils disposent ou de directeurs de recherche basés à … l'étranger6. Cette situation si elle peut être intéressante pour une acquisition de connaissances, n'aboutit à rien dans le court terme, dans la mesure où les résultats obtenus ne feront pas l'objet d'applications de terrain.

Pour le Pr Slimane Bedrani7, le manque de relations entre l'institution agricole et la recherche universitaire explique la non prise en considération des résultats obtenus par les enseignants-chercheurs. La solution à ce manque de collaboration entre université et MADR serait d'ouvrir le conseil scientifique de l'INRA au monde universitaire. Ce  pourrait être l'INRA qui décide de l'attribution des primes de recherche actuellement versées par le MESRS aux universitaires. Ce financement par l'institution agricole de programmes de recherche prioritaires serait un moyen d'attirer le maximum d'équipes vers les sujets prioritaires. L'INRA devrait arriver alors au degré de compétence et de dynamisme nécessaire à assurer la reconnaissance par tous de ce rôle d'arbitre.

PRIVATISER EN PARTIE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE ?

Jusqu'ici, en Algérie, la recherche agronomique a été pensée uniquement en termes de laboratoires publics. A l'heure où en Algérie, de grands groupes agro-industriels et de petites entreprises émergent, ne s'agit-il pas de favoriser également la recherche dans ce type de structures ? Le système de la contractualisation entre agro-industriels et producteurs constitue un outil puissant de progrès agricole. La forme d'un financement public partiel  mais incitatif de la recherche privée pourrait consister en un « impôt recherche » à l'image de ce qui existe à l'étranger et notamment en France. Dans les entreprises françaises engageant des efforts de recherche-développement, les sommes allouées à la recherche font l'objet de déductions fiscales, voire de subventions publiques. Ce serait là un moyen pour la puissance publique d'orienter recrutement des chercheurs et recherche vers des applications directement utiles à l'économie du pays.

Ainsi, quand le Groupe Benamor multiplie par 3 les rendements de la tomate industrielle grâce au recours à la mécanisation des semis, du repiquage des plants puis de la récolte, ne devrait-il pas recevoir des subventions ? Lorsque Mr Benelbedjaoui, le dynamique PDG de la société agricole Axium, relance à Constantine la production de lentille et de semences de légumineuses fourragères grâce à un procédé original, ne devrait-il pas recevoir une aide financière, matérielle ou humaine ? Idem concernant le groupe Profert qui innove en matière d'engrais plus adaptés à la spécificité de nos sols. Combien sont-ils également ces anonymes qui comme Rachid Ibersiène a initié la fabrication de fromage à Tamaâssit (wilaya de Tizi Ouzou) ou qui à El Oued ont créé pour l'irrigation des rampes pivots et dans la région de Biskra ont créé des systèmes de régulateurs de pression sous forme de château d'eau métalliques pour réguler la pression d'eau dans les systèmes de goutte-à-goutte. Parfois avec de simples fûts en plastique ils ont mis au point des dispositifs rustiques de fertigation. Plus organisés que ces petits agriculteurs, citons le cas d'entreprises telles Djoudi Métal qui produit du matériel pour des ateliers d'aliment du bétail  ou de la Sarl Cuisinox Algérie qui produit des tanks à lait réfrigérés. Les exemples d'innovation en amont, et en aval ou dans les champs sont légion. N'est ce pas à eux que devrait également aller le financement de la recherche ?

RECHERCHE AGRONOMIQUE L'AGE DE LA MATURITE

Il apparaît qu'en Algérie, la recherche agronomique a connu ces dernières années un fort développement. Ce développement est lié à l'abnégation de jeunes équipes se dépensant sans compter et à l'effort sans précédant des pouvoirs publics. A l'heure de restrictions financières et d'une maturité de ce secteur, il nous semble que plus de coordination doit exister entre l'université et le secteur agricole et agro-alimentaire. Cette recherche d'une efficience accrue peut, par exemple, passer par la réallocation des budgets de recherche sous tutelle de l'INRA sous réserve que cette institution s'ouvre au monde universitaire. Par ailleurs, alors que le secteur agricole a connu un « effacement des dettes » indifférencié et quelque peu contestable dans certains cas, ceux qui innovent en milieu agricole en Algérie sont actuellement ignorés. Ne faudrait-il pas les encourager afin que la recherche agronomique et agro-alimentaire locale puisse aujourd'hui pleinement contribuer à l'effort de sécurité alimentaire et de pleine emploi de la Nation?

dimanche 15 novembre 2015

CEREALICULTURE. AVEC MOINS DE 300 MM DE PLUIE, LES MAROCAINS SAVENT FAIRE.

CEREALICULTURE AVEC MOINS DE 300 MM DE PLUIE. LES MAROCAINS SAVENT FAIRE.
Djamel BELAID 15.1.2015
Le réchauffement climatique n'est pas un vain mot en Algérie. Les agriculteurs de Laghouat en savent quelque chose. Dans la région de Laghouat, en 2007-2008, il n'est tombé que 198 mm de pluie et 207 mm l'année suivante contre 300 mm en moyenne. Depuis ces années de sécheresse la pluie est revenue1 comme en 2010. Comment faire de l'agriculture sous moins de 300 mm de pluie ? Nous ne savons pas encore faire ; mais les agriculteurs et agronomes marocains eux, savent.

STRATEGIE DES AGROPASTEURS DE LA COMMUNE DE HADJ MECHRI
Pour tirer parti du milieu steppique, les agriculteurs de la commune de Hadj Mechri (Laghouat) ayant les moyens ont diversifié leurs productions. Ils ont ainsi développé le maraichage lorsqu'ils ont les moyens d'avoir accès à l'eau. Mais c'est pour les agropasteurs détenant moins de 100 moutons que la situation est difficile. Dès 2013, une équipe d'universitaires a décrit la situation dans la commune de Hadj Mechri,2 une des plus pauvres d'Algérie. La situation est dramatique. En année de sécheresse, les céréales locales ne peuvent même pas être récoltées et les petits éleveurs vendent progressivement leurs bêtes. Ils le font dans des conditions particulières : le prix du fourrage s'envole alors que le prix des animaux chute.
Dans cette région le réchauffement climatique est une réalité. Les auteurs de l'étude ont relevé à El Bayadh et Aflou l'évolution de la pluviométrie moyenne annuelle (en mm/an) depuis 1913. Ils arrivent à des diminutions respectives des quantités de pluie de 20% et de 7%.

Stations
1913-1938
1926-1950
1971-2005
Diminution
El Bayadh
326
294
261
20,00%
Aflou
342
332
318
7,00%
Tableau : Evolution de la pluviométrie moyenne annuelle (en mm/an) depuis 1913 (Sources : Office National de météorologie).


LA SOLUTION POURRAIT VENIR DU MAROC VOISIN
On connait l'agriculture marocaine pour ses capacités d'exportation de produits agricoles licites ou non vers l'Europe. Mais ce qu'on connait moins ce sont les succès de la recherche agronomique marocaine en matière d'aridoculture. Depuis plus d'une dizaine d'années à Settat, des agronomes marocains, dont certains ont étudié dans des université américaines, ont développé des techniques de culture du blé en milieu semi-aride. Leur façon de faire permet de récolter 10 quintaux de blé les années où les façons de faire traditionnelles ne permettent aucune récolte. Pire, dans ces années là, le fellah y perd le capital investi en semences et labour. Outre, les grains, ces techniques d'aridoculture permettent de produire de la paille si prisée en zone d'élevage mais aussi des pois-chiche et lentille. En quoi consistent ces techniques qui concernent égalemet les régions un peu plus arrosées par la pluie?

« AL HARDH , «'ADOU AL ARDH ! »
« Le labour est l'ennemi de la terre ». C'est ce cri qui revient le plus souvent parmi les spécialistes en aridoculture. Ce slogan se traduit par l'abandon du labour. Abandonner le labour afin de ne pas arracher les touffes d'alfa et de chih (armoise) de la steppe ? Non, il s'agit d'abandonner le labour dans les zones steppiques propices à la céréaliculture. Là où le sol est un peu plus épais, dans les dépressions (dayat) où traditionnellement les agropasteurs sèment de l'orge pour nourrir leurs bêtes. Le labour abandonné, le semis est réalisé directement grâce à un semoir pour semis direct. Ce mode de semis économise l'eau du sol. Si un sécheresse survient à la fin du printemps, les plants de blé semés en semis direct mettent à profit l'eau préservée dans le sol afin de former un épi. Résultat, l'agropasteur peut récolter alors qu'en conduite traditionnelle il n'y a rien à récolter si ce n'est amertume désespoir et dettes.
En fait, les agronomes marocains, dont Rachid Mrabet, ont ramené très tôt des USA une technique employée contre l'érosion des sols. Très tôt les grandes plaines américaines ont été touchées par l'érosion éolienne et hydrique. Cet épisode est d'ailleurs raconté dans le livre de Stenbeick, les Raisins de la colère. L'Ecole Algérienne d'agronomie, plus tournée vers l'autre côté de la Méditerranée, n'a pas su s'approprier à temps cette approche novatrice. Mais l'idée du non-labour progresse en Algérie. Et le Pr Rachid Mrabet était l'un des invités d'honneur du séminaire international de l'agriculture de conservation qui s'est tenu à Sétif en 2010. Depuis, de plus en plus d'exploitations céréalières de la région de Constantine et Sétif adoptent le semis direct. Les semoirs utilisés sont actuellement importés. Ils coûtent 3 fois plus cher qu'un semoir classique et de ce fait le semis direct reste l'apanage de grosses exploitations privées et fermes pilotes. Ce procédé de semis pourrait même être utilisé pour des sur-semis des jachères pâturées dans les régions céréalières plus arrosées.
LE MAROC PRODUCTEUR DE MATERIEL POUR ARIDOCULTURE
Décidemment, le Maroc ne fini pas de nous étonner. Nous seulement, des agronomes marocains du centre d'aridoculture de Settat ont réussi à adapter aux conditions locales la technique du semis direct, mais en plus ceux de l'Ecole D'agronomie de Meknès participent avec des ONG française à la mise au point d'un prototype de semoir pour semis direct. Ce semoir maintenant produit en quelques exemplaires par un petit industriel local – les établissements ATMAR – commence à équiper la campagne. Il présente l'intérêt d'être trois fois moins cher que les semoirs pour semis direct étrangers. Ces derniers sont sophistiqués et demandent des tracteurs de forte puissance pour être tractés. Or, le modèle marocain peut être tiré par des tracteurs de 80 chevaux. On peut, en passant, imaginer ce qu'une coopération PMAT-ATMAR apporterait...
En Syrie, avant les évennements que connait actuellement ce pays, il a été également construit un semoir local pour semis direct. Cela a été fait avec l'aide d'experts internationaux du centre d'aridoculture d'Alep. Le semoir Aschbel mis ainsi au point avait permis à ce pays de semer 60 000 ha de céréales en semis direct alors que chacun des pays du Maghreb n'en semait pas plus de 6 000.

L'OAIC, PARTENAIRE DES AGROPASTEURS
L'OAIC, à travers ses CCLS apporte un soutien capital à la céréaliculture locale et aux agropasteurs. Mais le réchauffement climatique, la dégradation des parcours et l'augmentation de la demande en viande militent en faveur d'une autre stratégie d'aide à l'agriculture en milieu steppique.
La technique de l'aridoculture est parvenue jusqu'à l'OAIC. A défaut d'une communication sur son site, des informations font état de l'achat d'une vingtaine de semoirs de marque SOLA pour semis direct par cet office qui a la charge de nourrir 38 000 000 Algériens. Ces semoirs auraient été répartis au niveau des unités motoculture des différentes CCLS. Rappelons qu'après la dissolution des CAPCS issues de la Révolution Agraire des années 70, est apparu dans les campagnes un déficit en moyens de location de tracteurs. A l'époque coloniale existaient des SIP que ont été remplacées par des SAP. Ces structures permettaient un minimum d'approvisionnement des fellahs en intrants agricoles. S'appercevant de ce manque en moyens de traction, les tenants d'une politique libérale ont fait machine arrière et ouvert des unités motoculture au niveau des CCLS. Ces unités rendent un service conséquent pour les emblavements et les opérations de récolte. Par leur présence, ces unités ont également un effet sur les tarifs de location de matériel agricole privé.

ARIDOCULTURE, LE DIRIGISME ADMINISTRATIF DE L'OAIC
Les semoirs SOLA achetés par l'OAIC seraient des semoirs portés et non pas tractés. Ce qui suppose des tracteurs de 200 chevaux pour utiliser de tels monstres. Résultats, dans certaines CCLS, les semoirs importés sont restés plusieurs mois emballés sur des palettes faute de disponibilité en tracteur de forte puissance. On peut s'étonner de cette stratégie pour un Office qui, selon le Ministre de l'Agriculture, dispose de 400 ingénieurs agronomes. N'aurait-il pas fallu des semoirs moins lourds tels les semoirs Semeato déjà utilisés localement ou une politique de rapprochement entre PMAT avec la société marocaine Atmar ou encore la fabrication de semoirs syriens de type Aschbel ?

A travers ses CCLS, l'OAIC développe également une politique de production de semences certifiées. Il a été procédé à l'importation de matériel de tri et de traitement des semences. Il s'agit là d'un moyen puissant de faire pénétrer le progrès agronomique dans les exploitations. En effet, il s'agit le plus souvent de variétés adaptées au déficit hydrique, de variétés pures génétiquement, de variétés débarassées de graines de mauvaises herbes et de graines traitées contre les insectes et maladies. Cependant, dans la commune de Hadj Mechri, 80% des semences sont des semences autoproduites, des semences de ferme. Si l'effort des CCLS en matière de semences certifiées est louable, ne faudrait-il pas en parallèle encourager la mordernisation de la production de semences de ferme en favorisant l'installation en milieu steppique de petites unités mobiles de traitement des semences ? En effet, acheter des semences certifiées représente une dépense. Il faut ensuite transporter les semences depuis les dépôts de la CCLS jusqu'à la parcelle mais également disposer des semences à temps, ce qui est loin d'être le cas actuellement. Le drame de la céraliculture algérienne est qu'une partie des emblavements a lieu encore au mois de décembre ; cela est trop tardif. La plante n'a pas le temps de boucler son cycle végétatif.

AIDE TOI, LE CIEL T'AIDERA...
Quelles solutions pour le développement des petits agropasteurs de la commune de Hadj Mechri ? « Aide toi, le ciel t'aidera » a-t-on coutume de dire. Il est évident qu'ils ne peuvent attendre éternellement des décisions prises dans des tutelles éloignées des réalités locales. Certes, ces agropasteurs bénéficient des retombées des PPDRI, des subventions divers (orge pour bétail, carburants). Jusqu'à présent ces dispositions ont permis un certain équilibre. Le réchauffement climatique avec l'apparition de sécheresses plus fréquentes et le surpaturage imposent de nouvelles stratégies. Parmi elles, le recours aux coopératives de services constitue une alternative. A condition que ces groupements de producteurs proviennent d'initiatives locales. Le bilan des expériences en ce domaine reste à faire.
Toute production agricole ne peut être durable sans préserver la fertilité de l'agrosystème. A ce titre, la gestion des parcours mérite d'être revue. De même que toute céréaliculture implique des restitutions organiques au sol. A cet égard, la question du statut du foncier est décisive. En effet, les opérations de conservtion du milieu s'échelonne sur le moyen et long terme. Il s'agit donc de trouver le meilleur équilibre entre ces objectifs et la gestion des parcours et le statut des terres consacrées à la céréaliculture.

LA SOLUTION POURRAIT VENIR DE PMAT
Nous avons une industrie du machinisme agricole que nos voisins maghrébins nous envient. Nous savons produire, grâce à la politique de feu Houari Boumediene, des tracteurs, charrues et remorques agricoles. Ces productions se sont aujourd'hui diversifiées. Le groupe PMAT produit des semoirs, épandeurs d'engrais, déchaumeuses, herses, pulvérisateurs, moissonneuses-batteuses. Mais ce groupe ne produit pas de semoirs pour semis direct. Pire, il tourne le dos à cette technique d'agriculture de conservation avec la signature l'an passé d'un accord avec le portugais Galucho pour produire plus de charrues.

On peut rêver à ce que ce fleuron du machinisme agricole consente un jour à s'intéresser à la production d'outils spécifiques à l'aridoculture. Le travail du groupe PMAT est positif dans la mesure où depuis des dizaines d'années les cadres et ouvriers ont permis l'équipement de l'agriculture algérienne. Au plus profond des campagnes ont trouve du matériel agricole Made in DZ, matériel robuste et accessible financiérement comme les derniers épandeurs de fumier produits localement. Les conditions de développement du groupe PMAT ne sont pas faciles actuellement face à la politique d'importation tout azimuth de matériel agricole. Ce groupe doit cependant rapidement se pencher sur la production de matériel pour l'aridoculture dont les semoirs directs.

CONCLUSION
Le développement harmonieux des activités des agropasteurs de Hadj Mechri est possible. Le réchauffement climatique est certes problématique. Leur activité est possible à la condition qu'ils s'approprient des techniques d'aridoculture pour produire une partie de leurs besoins en fourrages.
Le développement de ces techniques passe par un abandon du paradigme du labour. Abandon de la part des agropasteurs mais également des urbains : ingénieurs agronomes et dirigeants des entreprises de matériel agricole. Pour cela, les décideurs algériens montrent un déficit criant de communication quand il ne s'agit pas d'errements dans le choix d'une politique stratégique. L'analyse des choix de l'OAIC et de PMAT en témoigne. Manque de communication entre décideurs mais également manque de communication avec des investisseurs privés (agriculteurs et artisans). Les typologies d'investisseurs liés au mileiu agricole réalisées à travers diverses études montrent un dynamisme certain. C'est notamment le cas dans le domaine de la production de maraichage sous serre dans le Sud : développement de système de goutte à goutte avec mini château d'eau, système de fertigation, fabrication de rampes pivots. En grande culture, des innovations techniques apparaissent également : fabrication de herses dans un atelier de ferme pour biner des lentilles, utilisation d'une pompe et d'une rampe pour traiter des pommes de terre en remplacement de matériel à dos. Il est à espérer que d'ingénieux investiseurs s'emparent de la question du matériel d'implantation des céréales en aridoculture. De part le grand nombre d'hectares concernés en Algérie (hauts-plateaux, steppe et pivots du grand Sud), il s'agit là de la « mère des batailles ».
1 La campagne 2007-2008, considérée comme référence pour l’étude, a été sèche (198 mm) et a succédé à une autre, elle aussi déficitaire en pluies (207 mm). Les deux campagnes suivantes ont enregistré des niveaux de précipitations largement supérieurs à la moyenne de la région avec respectivement 481 et 305 mm.
2Ali Daoudi, Salima Terranti, Rachid Fethi Hammouda, Slimane Bédrani. Adaptation à la sécheresse en steppe algérienne : le cas des stratégies productives des agropasteurs de Hadj Mechri. Volume 22, numéro 4, Juillet-Août 2013
Djamel BELAID 15.1.2015
Le réchauffement climatique n'est pas un vain mot en Algérie. Les agriculteurs de Laghouat en savent quelque chose. Dans la région de Laghouat, en 2007-2008, il n'est tombé que 198 mm de pluie et 207 mm l'année suivante contre 300 mm en moyenne. Depuis ces années de sécheresse la pluie est revenue1 comme en 2010. Comment faire de l'agriculture sous moins de 300 mm de pluie ? Nous ne savons pas encore faire ; mais les agriculteurs et agronomes marocains eux, savent.

STRATEGIE DES AGROPASTEURS DE LA COMMUNE DE HADJ MECHRI
Pour tirer parti du milieu steppique, les agriculteurs de la commune de Hadj Mechri (Laghouat) ayant les moyens ont diversifié leurs productions. Ils ont ainsi développé le maraichage lorsqu'ils ont les moyens d'avoir accès à l'eau. Mais c'est pour les agropasteurs détenant moins de 100 moutons que la situation est difficile. Dès 2013, une équipe d'universitaires a décrit la situation dans la commune de Hadj Mechri,2 une des plus pauvres d'Algérie. La situation est dramatique. En année de sécheresse, les céréales locales ne peuvent même pas être récoltées et les petits éleveurs vendent progressivement leurs bêtes. Ils le font dans des conditions particulières : le prix du fourrage s'envole alors que le prix des animaux chute.
Dans cette région le réchauffement climatique est une réalité. Les auteurs de l'étude ont relevé à El Bayadh et Aflou l'évolution de la pluviométrie moyenne annuelle (en mm/an) depuis 1913. Ils arrivent à des diminutions respectives des quantités de pluie de 20% et de 7%.

Stations
1913-1938
1926-1950
1971-2005
Diminution
El Bayadh
326
294
261
20,00%
Aflou
342
332
318
7,00%
Tableau : Evolution de la pluviométrie moyenne annuelle (en mm/an) depuis 1913 (Sources : Office National de météorologie).


LA SOLUTION POURRAIT VENIR DU MAROC VOISIN
On connait l'agriculture marocaine pour ses capacités d'exportation de produits agricoles licites ou non vers l'Europe. Mais ce qu'on connait moins ce sont les succès de la recherche agronomique marocaine en matière d'aridoculture. Depuis plus d'une dizaine d'années à Settat, des agronomes marocains, dont certains ont étudié dans des université américaines, ont développé des techniques de culture du blé en milieu semi-aride. Leur façon de faire permet de récolter 10 quintaux de blé les années où les façons de faire traditionnelles ne permettent aucune récolte. Pire, dans ces années là, le fellah y perd le capital investi en semences et labour. Outre, les grains, ces techniques d'aridoculture permettent de produire de la paille si prisée en zone d'élevage mais aussi des pois-chiche et lentille. En quoi consistent ces techniques qui concernent égalemet les régions un peu plus arrosées par la pluie?

« AL HARDH , «'ADOU AL ARDH ! »
« Le labour est l'ennemi de la terre ». C'est ce cri qui revient le plus souvent parmi les spécialistes en aridoculture. Ce slogan se traduit par l'abandon du labour. Abandonner le labour afin de ne pas arracher les touffes d'alfa et de chih (armoise) de la steppe ? Non, il s'agit d'abandonner le labour dans les zones steppiques propices à la céréaliculture. Là où le sol est un peu plus épais, dans les dépressions (dayat) où traditionnellement les agropasteurs sèment de l'orge pour nourrir leurs bêtes. Le labour abandonné, le semis est réalisé directement grâce à un semoir pour semis direct. Ce mode de semis économise l'eau du sol. Si un sécheresse survient à la fin du printemps, les plants de blé semés en semis direct mettent à profit l'eau préservée dans le sol afin de former un épi. Résultat, l'agropasteur peut récolter alors qu'en conduite traditionnelle il n'y a rien à récolter si ce n'est amertume désespoir et dettes.
En fait, les agronomes marocains, dont Rachid Mrabet, ont ramené très tôt des USA une technique employée contre l'érosion des sols. Très tôt les grandes plaines américaines ont été touchées par l'érosion éolienne et hydrique. Cet épisode est d'ailleurs raconté dans le livre de Stenbeick, les Raisins de la colère. L'Ecole Algérienne d'agronomie, plus tournée vers l'autre côté de la Méditerranée, n'a pas su s'approprier à temps cette approche novatrice. Mais l'idée du non-labour progresse en Algérie. Et le Pr Rachid Mrabet était l'un des invités d'honneur du séminaire international de l'agriculture de conservation qui s'est tenu à Sétif en 2010. Depuis, de plus en plus d'exploitations céréalières de la région de Constantine et Sétif adoptent le semis direct. Les semoirs utilisés sont actuellement importés. Ils coûtent 3 fois plus cher qu'un semoir classique et de ce fait le semis direct reste l'apanage de grosses exploitations privées et fermes pilotes. Ce procédé de semis pourrait même être utilisé pour des sur-semis des jachères pâturées dans les régions céréalières plus arrosées.
LE MAROC PRODUCTEUR DE MATERIEL POUR ARIDOCULTURE
Décidemment, le Maroc ne fini pas de nous étonner. Nous seulement, des agronomes marocains du centre d'aridoculture de Settat ont réussi à adapter aux conditions locales la technique du semis direct, mais en plus ceux de l'Ecole D'agronomie de Meknès participent avec des ONG française à la mise au point d'un prototype de semoir pour semis direct. Ce semoir maintenant produit en quelques exemplaires par un petit industriel local – les établissements ATMAR – commence à équiper la campagne. Il présente l'intérêt d'être trois fois moins cher que les semoirs pour semis direct étrangers. Ces derniers sont sophistiqués et demandent des tracteurs de forte puissance pour être tractés. Or, le modèle marocain peut être tiré par des tracteurs de 80 chevaux. On peut, en passant, imaginer ce qu'une coopération PMAT-ATMAR apporterait...
En Syrie, avant les évennements que connait actuellement ce pays, il a été également construit un semoir local pour semis direct. Cela a été fait avec l'aide d'experts internationaux du centre d'aridoculture d'Alep. Le semoir Aschbel mis ainsi au point avait permis à ce pays de semer 60 000 ha de céréales en semis direct alors que chacun des pays du Maghreb n'en semait pas plus de 6 000.

L'OAIC, PARTENAIRE DES AGROPASTEURS
L'OAIC, à travers ses CCLS apporte un soutien capital à la céréaliculture locale et aux agropasteurs. Mais le réchauffement climatique, la dégradation des parcours et l'augmentation de la demande en viande militent en faveur d'une autre stratégie d'aide à l'agriculture en milieu steppique.
La technique de l'aridoculture est parvenue jusqu'à l'OAIC. A défaut d'une communication sur son site, des informations font état de l'achat d'une vingtaine de semoirs de marque SOLA pour semis direct par cet office qui a la charge de nourrir 38 000 000 Algériens. Ces semoirs auraient été répartis au niveau des unités motoculture des différentes CCLS. Rappelons qu'après la dissolution des CAPCS issues de la Révolution Agraire des années 70, est apparu dans les campagnes un déficit en moyens de location de tracteurs. A l'époque coloniale existaient des SIP que ont été remplacées par des SAP. Ces structures permettaient un minimum d'approvisionnement des fellahs en intrants agricoles. S'appercevant de ce manque en moyens de traction, les tenants d'une politique libérale ont fait machine arrière et ouvert des unités motoculture au niveau des CCLS. Ces unités rendent un service conséquent pour les emblavements et les opérations de récolte. Par leur présence, ces unités ont également un effet sur les tarifs de location de matériel agricole privé.

ARIDOCULTURE, LE DIRIGISME ADMINISTRATIF DE L'OAIC
Les semoirs SOLA achetés par l'OAIC seraient des semoirs portés et non pas tractés. Ce qui suppose des tracteurs de 200 chevaux pour utiliser de tels monstres. Résultats, dans certaines CCLS, les semoirs importés sont restés plusieurs mois emballés sur des palettes faute de disponibilité en tracteur de forte puissance. On peut s'étonner de cette stratégie pour un Office qui, selon le Ministre de l'Agriculture, dispose de 400 ingénieurs agronomes. N'aurait-il pas fallu des semoirs moins lourds tels les semoirs Semeato déjà utilisés localement ou une politique de rapprochement entre PMAT avec la société marocaine Atmar ou encore la fabrication de semoirs syriens de type Aschbel ?

A travers ses CCLS, l'OAIC développe également une politique de production de semences certifiées. Il a été procédé à l'importation de matériel de tri et de traitement des semences. Il s'agit là d'un moyen puissant de faire pénétrer le progrès agronomique dans les exploitations. En effet, il s'agit le plus souvent de variétés adaptées au déficit hydrique, de variétés pures génétiquement, de variétés débarassées de graines de mauvaises herbes et de graines traitées contre les insectes et maladies. Cependant, dans la commune de Hadj Mechri, 80% des semences sont des semences autoproduites, des semences de ferme. Si l'effort des CCLS en matière de semences certifiées est louable, ne faudrait-il pas en parallèle encourager la mordernisation de la production de semences de ferme en favorisant l'installation en milieu steppique de petites unités mobiles de traitement des semences ? En effet, acheter des semences certifiées représente une dépense. Il faut ensuite transporter les semences depuis les dépôts de la CCLS jusqu'à la parcelle mais également disposer des semences à temps, ce qui est loin d'être le cas actuellement. Le drame de la céraliculture algérienne est qu'une partie des emblavements a lieu encore au mois de décembre ; cela est trop tardif. La plante n'a pas le temps de boucler son cycle végétatif.

AIDE TOI, LE CIEL T'AIDERA...
Quelles solutions pour le développement des petits agropasteurs de la commune de Hadj Mechri ? « Aide toi, le ciel t'aidera » a-t-on coutume de dire. Il est évident qu'ils ne peuvent attendre éternellement des décisions prises dans des tutelles éloignées des réalités locales. Certes, ces agropasteurs bénéficient des retombées des PPDRI, des subventions divers (orge pour bétail, carburants). Jusqu'à présent ces dispositions ont permis un certain équilibre. Le réchauffement climatique avec l'apparition de sécheresses plus fréquentes et le surpaturage imposent de nouvelles stratégies. Parmi elles, le recours aux coopératives de services constitue une alternative. A condition que ces groupements de producteurs proviennent d'initiatives locales. Le bilan des expériences en ce domaine reste à faire.
Toute production agricole ne peut être durable sans préserver la fertilité de l'agrosystème. A ce titre, la gestion des parcours mérite d'être revue. De même que toute céréaliculture implique des restitutions organiques au sol. A cet égard, la question du statut du foncier est décisive. En effet, les opérations de conservtion du milieu s'échelonne sur le moyen et long terme. Il s'agit donc de trouver le meilleur équilibre entre ces objectifs et la gestion des parcours et le statut des terres consacrées à la céréaliculture.

LA SOLUTION POURRAIT VENIR DE PMAT
Nous avons une industrie du machinisme agricole que nos voisins maghrébins nous envient. Nous savons produire, grâce à la politique de feu Houari Boumediene, des tracteurs, charrues et remorques agricoles. Ces productions se sont aujourd'hui diversifiées. Le groupe PMAT produit des semoirs, épandeurs d'engrais, déchaumeuses, herses, pulvérisateurs, moissonneuses-batteuses. Mais ce groupe ne produit pas de semoirs pour semis direct. Pire, il tourne le dos à cette technique d'agriculture de conservation avec la signature l'an passé d'un accord avec le portugais Galucho pour produire plus de charrues.

On peut rêver à ce que ce fleuron du machinisme agricole consente un jour à s'intéresser à la production d'outils spécifiques à l'aridoculture. Le travail du groupe PMAT est positif dans la mesure où depuis des dizaines d'années les cadres et ouvriers ont permis l'équipement de l'agriculture algérienne. Au plus profond des campagnes ont trouve du matériel agricole Made in DZ, matériel robuste et accessible financiérement comme les derniers épandeurs de fumier produits localement. Les conditions de développement du groupe PMAT ne sont pas faciles actuellement face à la politique d'importation tout azimuth de matériel agricole. Ce groupe doit cependant rapidement se pencher sur la production de matériel pour l'aridoculture dont les semoirs directs.

CONCLUSION
Le développement harmonieux des activités des agropasteurs de Hadj Mechri est possible. Le réchauffement climatique est certes problématique. Leur activité est possible à la condition qu'ils s'approprient des techniques d'aridoculture pour produire une partie de leurs besoins en fourrages.
Le développement de ces techniques passe par un abandon du paradigme du labour. Abandon de la part des agropasteurs mais également des urbains : ingénieurs agronomes et dirigeants des entreprises de matériel agricole. Pour cela, les décideurs algériens montrent un déficit criant de communication quand il ne s'agit pas d'errements dans le choix d'une politique stratégique. L'analyse des choix de l'OAIC et de PMAT en témoigne. Manque de communication entre décideurs mais également manque de communication avec des investisseurs privés (agriculteurs et artisans). Les typologies d'investisseurs liés au mileiu agricole réalisées à travers diverses études montrent un dynamisme certain. C'est notamment le cas dans le domaine de la production de maraichage sous serre dans le Sud : développement de système de goutte à goutte avec mini château d'eau, système de fertigation, fabrication de rampes pivots. En grande culture, des innovations techniques apparaissent également : fabrication de herses dans un atelier de ferme pour biner des lentilles, utilisation d'une pompe et d'une rampe pour traiter des pommes de terre en remplacement de matériel à dos. Il est à espérer que d'ingénieux investiseurs s'emparent de la question du matériel d'implantation des céréales en aridoculture. De part le grand nombre d'hectares concernés en Algérie (hauts-plateaux, steppe et pivots du grand Sud), il s'agit là de la « mère des batailles ».
1 La campagne 2007-2008, considérée comme référence pour l’étude, a été sèche (198 mm) et a succédé à une autre, elle aussi déficitaire en pluies (207 mm). Les deux campagnes suivantes ont enregistré des niveaux de précipitations largement supérieurs à la moyenne de la région avec respectivement 481 et 305 mm.
2Ali Daoudi, Salima Terranti, Rachid Fethi Hammouda, Slimane Bédrani. Adaptation à la sécheresse en steppe algérienne : le cas des stratégies productives des agropasteurs de Hadj Mechri. Volume 22, numéro 4, Juillet-Août 2013