Toaster
ses graines de protéagineux à la ferme
En
Vendée, la Cuma Défis 85 a fait l’acquisition d’un toasteur
mobile de protéagineux.
Réussir
lait 04 mai 2016 V. Bargain
[Cet article pourrait intéresser les importateurs de protéagineux (pois, féverole, lupin, soja), les fabricants d'aliments de bétail et les éleveurs. Il apparait qu'en chauffant ces graines, leur valeur alimentaire augmente. Djamel BELAID 3.08.2016]
Objectif
? Mieux valoriser les protéagineux produits sur les exploitations
pour être plus autonome en protéines.
L’idée
du toasteur mobile est née d’un groupe d’éleveurs vendéens du
Grapea-Civam, le Groupe de recherche pour une agriculture paysanne
économe et autonome. « Nous réfléchissions aux moyens d’être
plus autonomes en protéines en produisant et valorisant des
protéagineux, explique Antoine Biteau, président du Grapea. Dans le
cadre d’un projet Casdar, nous avons travaillé sur la production
de mélanges céréaliers, moins gourmands en intrants et plus
réguliers en rendement que des protéagineux purs. Nous nous sommes
orientés vers des mélanges blé-féverole, orge-pois et
triticale-pois-féverole, avec aussi quelques essais en lupin. Puis
nous avons cherché comment les valoriser au mieux. Utilisés crus,
les protéagineux sont mal valorisés car les protéines sont en
grande partie dégradées par les bactéries du rumen. Le fait de
cuire les graines protège les protéines et augmente la part d’azote
by-pass dans le rumen. »
Après
s’être intéressés à l’extrusion, qui s’est avérée
coûteuse, exigeante en réglages et entretien, avec des risques de
colmatage à la reprise par vis, les éleveurs se sont finalement
tournés vers le toastage.
Un
chauffage avec de l'air à 280°C
«
Le toastage consiste à chauffer les graines pendant quelques
dizaines de secondes en les faisant passer dans un air à 280 °C,
explique Antoine Biteau. Un toasteur est moins fragile qu’un
extrudeur et donc plus adapté à la mobilité. De plus, il ne pose
pas de problème de reprise et la conservation est améliorée. »
Fin
2015, un toasteur de la marque italienne Mecmar a donc été acquis
par la Cuma Défis 85 auprès des Ets Hervé (85). L’appareil a été
complété par un système de refroidissement en continu conçu par
les Ets Hervé.
«
En sortie du toasteur, les graines sont à 125 °C, avec un peu d’eau
en surface, précise Gilles Gaillard, des Ets Hervé. Avant de les
stocker, il faut donc les ventiler avec de l’air froid pour les
refroidir et les assécher. Certains agriculteurs sont équipés de
systèmes de ventilation. Mais ce n’est pas toujours le cas. »
Le
choix a été fait aussi d’installer l’ensemble sur une remorque
routière pouvant être tirée par un tracteur.
Depuis
janvier 2016, le toasteur est utilisé par les sept éleveurs du
groupe à l’origine du projet (5 bio, 2 conventionnels). Les
quantités engagées varient de 500 kg à 40 tonnes par exploitation,
soit un total de 250 tonnes.
Trier
et nettoyer les mélanges avant toastage
«
L’objectif est que le maximum d’éleveurs de ruminants mais aussi
de volailles et de porcs utilisent le toasteur », insiste Antoine
Biteau. Dans un premier temps, il a été décidé de déplacer le
toasteur entre trois exploitations.
«
Les mélanges céréales-protéagineux doivent être triés avant
toastage, précise Thibaut Schelstraete, animateur au Grapea. Il est
important aussi de les nettoyer pour éviter tout risque d’incendie
lié aux balles et poussières. Les trois sites sont des
exploitations équipées d’installations de tri. Une puissance
électrique de 36 kW et 60 ampères est par ailleurs nécessaire pour
brancher la machine. »
Le
toasteur reste 3-4 semaines sur l’exploitation et tout éleveur
peut venir y faire toaster ses protéagineux. « Les prévisions sont
de 3-4 passages par an sur chaque site, précise Antoine Biteau,
l’important étant que chaque éleveur de ruminants puisse faire
toaster ses protéagineux avant l’hiver. » L’exploitant qui
reçoit le toasteur est responsable de son fonctionnement et
reçoit...
LIRE
LA SUITE DANS LA REVUE N°302, p44 à 46, avec l'expérience de la
Cuma départementale du Gers, et un projet dans le Grand-Ouest.
Les
multiples intérêts du toastage
-
Il limite la dégradation des protéines dans le rumen, permettant
leur assimilation dans l’intestin, tel est le principal intérêt
du toastage, en ruminant. Le gain en PDIE et PDIA est important.
-
Il détruit les facteurs antinutritionnels thermosensibles des
protéagineux, notamment les facteurs antitrypsiques et les lectines.
« Même si la flore ruminale détruit une grande partie de ces
facteurs, le toastage complète leur destruction », souligne David
Capdevielle, de la société de conseil en nutrition Secopalm.
-
En faisant passer les protéagineux de 87 % à 95 % MS et en
éliminant les bactéries et champignons, le toastage améliore leur
conservation.
.
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