ALGERIE-CEREALES,
BILAN 2016 ET PERSPECTIVES
Djamel
BELAID 11.08.2016
Les
quelques publications relatives à la production de céréales
semblent indiquer qu'en Algérie, on s'attend à un niveau de
production moyen. Il en est tout autre en France, Ukraine ou Russie .
Quelles répercussions cette situation mondiale peut-elle avoir sur
la stratégie céréales locale ?
LA
TENTATION DES IMPORTATIONS
En
France, la récolte de céréales est catastrophique. Le printemps a
été trop humide avec peu d'ensoleillement. Dès la floraison du
blé, les pluies ont provoqué le développement de la fusariose.
Souvent les traitements aux fongicides n'ont pu être effectués du
fait de la trop grande fréquence des pluies.
Au
contraire en Ukraine et Russie, les récoltes sont exceptionnelles.
Dès cette annonce, les cours mondiaux ont poursuivis leur chute
entamée depuis deux ans.
De
tels prix bas risquent d'encourager l'option « importation des
céréales » aux dépends d'efforts continus d'augmentation de
la production locale.
REORIENTER
LES SUBVENTIONS CEREALES
Comme
ailleurs, la filière céréales en Algérie a besoin de subventions
publiques. Dans un contexte de baisse des prix des hydrocarbures, les
pouvoirs publics disposent de moins de manœuvre.
La
solution serait de ré-orienter une partie des subventions.
Actuellement quelque soit la taille des exploitations, chaque
céréalier bénéficie du même niveau de subventions (3500
DA/quintal plus une prime de 1000 DA pour le blé dur). Ces
subventions pourraient être dégressives au delà d'un niveau de
quintaux livrés aux CCLS. Pour un même niveau d'enveloppe allouée
au secteur céréales, il serait ainsi possible d'assurer la
poursuite d'un soutien aux plus petites exploitations. Celles-ci en
ont le plus besoin face à l'augmentation du prix des carburants, des
engrais et de la location du matériel.
FILIERE
CEREALES LOCALES, DES ATOUTS
En
Algérie, le niveau de production des céréales ne correspond pas
aux potentialités existantes. Des réserves de productivité
existent. La filière possède des atouts certains : réseau de
CCLS, encadrement qualifié, production locale d'engrais et de
matériel agricole, irrigation d'appoint.
Parmi
ces potentialités, le développement de la technique du non labour
avec semis direct s'avère la plus prometteuse concernant la baisse
des charges de mécanisation et l'optimisation de l'humidité du sol.
REFORMER
AU PLUS VITE
Cependant
de nombreux freins entravent la mise en œuvre de ces potentialités.
Ainsi, il n'y a pas de vraies coopératives céréalières en
Algérie. Les CCLS ne sont que des dépôts locaux de l'OAIC
administrés par un directeur nommé depuis la capitale. Les
céréaliers n'ont aucun pouvoir de décision
Concernant
le semis direct, si CMA-SOLA a démarré une production locale de
semoirs low-cost à Sidi Bel-Abbès, le semis-direct est loin d'être
la priorité du MADR. Pourtant cette technique peu gourmandes en
moyens est la seule à permettre le dry-farming tout en maintenant la
fertilité des sols.
CEREALIERS,
SE PRENDRE EN MAIN
En
plusieurs endroits des associations professionnelles réellement
représentatives se développent. Concernant les céréaliers, il est
tant que ceux-ci puissent exercer plus de responsabilités. Ils ne
doivent pas se satisfaire du confort des prix garantis par les
pouvoirs publics à travers l'OAIC. Ainsi, il est tant que des
coopératives libres puissent exister avec par exemple des activités
d'achat groupé d'intrants, de collecte et de transformation des
céréales.
Seules
cette voie là peut permettre l'émergence de leaders paysans à même
de structurer une filière et de mettre sur pied des outils
permettant de s'adapter aux aléas de la conjoncture.