vendredi 16 octobre 2015

POUR PLUS DE COOPERATION AGRICOLE ALGERO-MAROCAINE.

 POUR PLUS DE COOPERATION AGRICOLE ALGERO-MAROCAINE.

Djamel BELAID 16.10.2015
La lecture de l'article qui suit mais également les progrès dans l'utilisation du semis direct (dont la fabrication de semoirs) ou la culture de la betterave à sucre et du colza nous incitent à être un ardent défendeur d'un rapprochement entre l'agriculture algérienne et marocaine. Nous ne manquerons pas de revenir sur ce sujet et d'alimenter cette rubrique.

Sommaire:
I- DE AGUELMOUS A BISKRA ET RETOUR: L’EXPERIENCE D’UN JEUNE MARAICHER
II-ALGERIE : LES LECONS DE L’AGRICULTURE MAROCAINE.

Alternatives Rurales Hors Série Jeunes Ruraux
www.alternatives-rurales.org
DE AGUELMOUS A BISKRA ET RETOUR: L’EXPERIENCE D’UN JEUNE MARAICHER
Abderahim El Abdellaoui Entretien réalisé en janvier 2015 par Zhour Bouzidi
Pouvez –vous nous parler de votre parcours personnel et de comment vous avez eu l’idée de partir en Algérie ?
Je suis issu de Aguelmous, un village dans la région du Khénifra au Moyen Atlas. Je n’ai pas fait d’études. Depuis mon enfance j’aidais mon père qui était plus éleveur qu’agriculteur. Il pratiquait l’élevage sur un petit lopin de terre en zone montagneuse. Nous étions 3 frères et 5 sœurs et nous vivions tous avec le revenu faible de mon père. En 1993, je suis parti dans la région du Souss, à Khmiss Ait Amira, à la recherche d’un travail dans les cultures maraichères. La plupart des jeunes de mon village partaient travailler dans le Souss car notre région est très pauvre et les jeunes étaient obligés d’aller travailler là -bas. C’était un jeune technicien du bled, installé à Khmiss Ait Amira, qui amenait les jeunes et formaient certains au montage des serres canariennes. Les jeunes qu’il a formés ont pu soit monter leur propre projet ici au Maroc, soit sont partis ailleurs pour travailler en agriculture. Certains sont partis en Italie, d’autres au Canada, et deux sont en Tunisie. Ils ont tous continué à travailler dans l’agriculture. C’était cette personne qui nous a formés à la pratique de l’agriculture moderne. Pour ma part, j’étais toujours à ses côtés pendant les opérations culturales. Entre 1993 et 2001, j’ai travaillé chez plusieurs agriculteurs de la région du Souss. En 2001, j’ai tenté une expérience d’émigration en Espagne avec un groupe de jeunes mais nous avons été refoulés par la police aux frontières. Je suis retourné à Agadir et j’ai intégré la COPAG en 2003, pour travailler dans les fermes gérées par cette coopérative.
J’étais un assistant du technicien responsable des cultures. J’ai suivi les premières expériences d’introduction de la culture de tomate chez la COPAG. J’assurais plusieurs tâches à la fois : le transport des ouvriers, l’irrigation,
la fertigation, le montage des serres etc. Je faisais pratiquement tout : le travail de six ouvriers à la fois. En plus de la tomate, nous avons introduit aussi d’autres cultures sous serres, telles que le melon, l’aubergine, le poivron et le haricot.
Un jour, un investisseur algérien installé à Agadir m’a suggéré de partir travailler en Algérie, à Biskra. Il avait croisé, dans un hôtel en France, un agriculteur algérien, D., qui voulait développer sa société agricole à Biskra mais qui avait besoin d’une main d’œuvre expérimentée. En effet, en Algérie, il y a un manque fort de main d’œuvre qualifiée en agriculture et la formation professionnelle agricole est peu développée, notamment dans le sud Algérien. De plus, quand cette formation existe, elle est généralement très théorique et manque de pratique. La pratique est une condition essentielle pour réussir tout projet agricole. Pour ma part, comme pour d’autres ouvriers au Maroc, même si nous n’avons pas suivi de formation professionnelle, nous avons appris par l’expérience dans tous les domaines : les pépinières, l’installation des cultures, le tracteur, l’atomiseur... Tout devait être calculé et nous payions la moindre erreur, mais c’est comme ça que nous avons appris. J’éprouvais beaucoup de respect pour cet investisseur algérien, c’est pourquoi j’ai répondu favorablement à sa demande et, j’ai entamé cette aventure sans être sûr de ce que je pouvais en tirer. Sans trop y réfléchir, j’ai pris l’avion en juillet 2009 directement Casa-Alger-Biskra sans même faire un passage par mon village. Au départ, c’était dur de m’adapter aux nouvelles conditions et à la forte température (55 °C à l’approche du Ramadan). Juste après mon arrivée, j’ai demandé à l’agriculteur D de repartir directement au Maroc. Mais D. m’a demandé de patienter au moins pendant deux mois le temps de rentabiliser le billet d’avion qu’il m’avait payé et de leur enseigner la technique d’installation des serres canariennes et des cultures maraichères. Et j’étais encore à Biskra en 2015 !

Parlez-nous de votre expérience de travail en agriculture à Biskra

A mon arrivée, il y avait seulement les serres-tunnels, il n’y avait pas de serres canariennes. J’ai commencé à convaincre les agriculteurs d’installer des serres canariennes chez eux dans la zone de Mzirâa à Biskra. J’étais le premier ouvrier agricole marocain à Mzirâa. Au départ il y avait beaucoup de réticences. Mais on a commencé par deux serres dans la société de D. J’ai fixé avec D le programme d’installation et je suis reparti au Maroc pour faire venir 4 ouvriers d’Agadir spécialistes dans le montage des serres canariennes pour installer les 2 premières serres. Je suis ensuite reparti au Maroc pour ramener les ouvriers pour travailler dans les cultures maraichères, ces ouvriers sont venus d’Agadir mais aussi de mon village. Dans les deux premières serres, on a cultivé la tomate et on a battu le record national algérien en quantité et en qualité dans cette production avec 230 T/ha. On a même eu un prix et une visite du ministre de l’agriculture algérien en 2009/2010. Il y a eu beaucoup d’articles dans les journaux algériens qui ont parlé de ce succès. Un des titres nous qualifiait de « les djnouns [diables] de la tomate à Biskra».
Le ministre a montré une grande satisfaction à l’égard de cette expérience qu’il a qualifiée de réussie. Il a lancé ensuite un programme de subvention pour 400 ha destinés au montage de serres canariennes. Cependant, ces incitations étaient contrariées par le manque de main d’œuvre locale disposant d’un savoir-faire dans le montage des serres. De plus, faire venir des ouvriers du Maroc coûte cher aux agriculteurs car il faut en plus du paiement du travail, payer des billets d’avions chers tous les trois mois en absence de permis de travail.

Pouvez–vous nous expliquer un peu plus cette histoire de permis de travail?

C’est le plus gros problème ! En absence de permis, nous sommes obligés de rentrer au Maroc tous les trois mois et les billets allers/retours Biskra-Alger-Casa coûtent très cher. Mais le paiement des billets par le propriétaire n’est pas systématique car tout dépend de l’arrangement conclu avec les ouvriers. En général, le logement est assuré par le propriétaire et les ouvriers sont payés à 500 euros/mois (5500dh/mois). C’est un prix qui reste relativement bas et les ouvriers préfèrent, de plus en plus travailler au Maroc à 3000dh/ mois près de leur famille que d’aller en Algérie. Ceux qui partent refusent de retourner en Algérie après quelques mois de travail. En effet, notre idée de départ était de montrer un exemple pour que les agriculteurs développent des serres canariennes et passent un contrat avec nous: nous aurions touché un pourcentage pour les installer et continuer à travailler avec eux. Mais en absence de permis de travail, les ouvriers marocains se retrouvent dans une relation de pouvoir dissymétrique avec les agriculteurs algériens qui, de ce fait, arrivent à imposer une faible rémunération aux Marocains. De plus, il est difficile pour les ouvriers de transférer ou de ramener l’argent au Maroc pour aider leurs familles. Ces conditions finissent par décourager la plupart des ouvriers. De plus, c’est un travail incertain, on peut par exemple travailler avec un agriculteur et dès que les gendarmes arrivent, il peut nier nous connaitre par crainte de recevoir une amende. Lorsque cela arrive, l’ouvrier est présenté au tribunal, il doit s’acquitter d’une amende avant d’être renvoyé ensuite au Maroc. Cela est arrivé à un groupe de mes amis après un mois et demi de travail.
Après sa visite à Biskra, le ministre de l’agriculture algérien s’est rendu au salon de l’agriculture au Maroc accompagné d’une délégation de 15 agriculteurs. Il a invité à l’occasion le ministre d’agriculture marocain qui s’est par la suite rendu à Biskra pour voir l’expérience des serres canariennes. A l’issu de ces échanges, une convention a été signée pour donner aux ouvriers marocains des permis de travail valables durant une année. Cette initiative m’a encouragé à amener 50 ouvriers du Maroc pour travailler dans une société agricole. Dès que les ouvriers sont arrivés en Algérie, les demandes de permis de travail ont été refusées. Les gendarmes ont commencé à me mettre la pression car j’étais considéré comme l’intermédiaire entre ces ouvriers et la société de D. J’ai passé des nuits entières d’interrogatoires à la gendarmerie pour justifier que ces jeunes sont là seulement pour travailler en agriculture. J’ai depuis commencé à réduire l’effectif des ouvriers et cette année, j’ai décidé de préparer mon retour au Maroc.
Actuellement il y a entre 60 et 70 ouvriers marocains à Biskra alors que ce chiffre dépassait 100 les années précédentes. Je pense que d’ici la fin de la campagne agricole, l’effectif de ceux qui vont rester ne dépassera pas 20 ouvriers car aujourd’hui c’est rare que des ouvriers reviennent en Algérie après avoir vécu cette expérience. De plus, il y a un manque de reconnaissance de la part des agriculteurs qui ne récompensent pas l’effort des ouvriers, même quand la compagne est très rentable. De plus, ces agriculteurs ne dédommagent pas les ouvriers en cas d’accident de travail. Une fois, l’œil d’un ouvrier marocain a été blessé gravement pendant l’installation d’une serre, mais le propriétaire a refusé de prendre en charge les frais médicaux. Pour honorer mon engagement moral vis-à-vis de cet ouvrier, car c’est moi qui l’avais incité de venir, j’ai pris en charge le coût de deux opérations chirurgicales au Maroc dont chacune m’a coûté 40 000 dh.

Par ailleurs, en plus de la main d’œuvre, il fallait aussi faire face au manque de matériel agricole nécessaire pour l’installation des serres sur le marché algérien. Nous faisions parfois venir des semences et du matériel léger depuis le Maroc (par exemple des lances de pulvérisation, etc.) mais ce n’est pas évident de les faire passer. Enfin, la convention d’attribution de permis de travail d’un an aux ouvriers marocains n’a jamais vu le jour, ce qui nous expose toujours à de grands risques.
Malgré ces difficultés , je continue à travailler avec l’agriculteur D mais aussi dans toute la région chez d’autres agriculteurs qui veulent installer les serres. J’ai aussi formé un groupe d’ouvriers algériens qui travaille avec moi depuis 4 ans. En fonction des projets, je fais souvent des allers-retours Algérie -Maroc pour amener des ouvriers. J’effectue pratiquement le suivi de l’installation et de la main d’œuvre chez la plupart des agriculteurs de la zone, soit environ 100 ha occupés par des serres canariennes et appartenant à une trentaine d’agriculteurs. En effet, dès que nous avons réussi l’expérience des serres canariennes chez l’agriculteur D, les autres ont vu le résultat et nous ont sollicités pour reproduire cela chez eux.
Aujourd’hui, il y a plus de 150 ha dans toute la zone de Biskra couverts de serres canariennes, dont 30 appartient à D. Cette année, j’ai expérimenté la tomate cerise, le piment en plus de la tomate, de l’aubergine, et du melon. Nous nous attendons à un rendement record cette année aussi.

Quels sont vos projets futurs ?
J’ai commencé à préparer mon retour définitif au Maroc. J’ai constitué une association avec un ami qui possède de la terre pour installer des serres canariennes sur 2ha dans mon village à Aguelmous
, comme nous l’avons fait à Biskra. Nous sommes les premiers à introduire les serres dans cette région. Nous allons cultiver la tomate et le melon à partir de mars 2015. Nous allons commencer avec 2 ha car nous n’avons pas beaucoup de moyens mais dès que nous les aurons, nous allons agrandir ce projet. Nous avons déjà installé le forage, préparé le terrain, construit le bassin et la station de pompage et de fertigation est en cours d’installation. Nous avons installé aussi une serre d’aviculture sur un terrain accidenté inapproprié pour l’agriculture et qui appartient à mon père.

Pourquoi voulez-vous travailler à Aguelmous et non pas à Agadir ou dans d’autres régions agricoles au Maroc ?
C’est parce que je veux travailler dans mon bled qui est une zone très pauvre. Mon souhait est de développer l’agriculture au bled, pourquoi pas, tout est possible avec le travail. Nous avons monté un dossier pour demander les subventions pour le bassin et l’installation des serres. Marégion était au départ une zone d’élevage extensif mais plus récemment, il y a eu un développement de l’élevage avicole, bovin et ovin notamment grâce aux envois d’argent des émigrés en France. Notre souk hebdomadaire de bétail est devenu aujourd’hui parmi les plus grands au Maroc. Nous pouvons donc développer l’agriculture de la même manière que l’élevage s’est développé, grâce au travail et à la bonne volonté. Dès que le projet se met en marche, je rentre au Maroc et si je reviens en Algérie, ce sera seulement pour rendre à visite à mes amis là-bas.

Quel bilan tirez-vous de votre expérience de travail à Biskra ?
De mon expérience en Algérie, j’ai beaucoup appris en termes de gestion de problèmes difficiles, j’ai surtout appris la patience et la persévérance. Aujourd’hui, quels que soient les obstacles que je croise ici, ils sont moins durs que ce que j’avais à gérer. On a aussi fait la connaissance de beaucoup d’Algériens mais aussi de Français, d’Espagnols, et d’Allemands qui nous ont rendu visite pour voir les serres à Biskra.

Si le gouvernement algérien vous avait accordé les permis de travail, quels auraient été vos projets ?
J’aurais installé mon projet à Biskra car en Algérie il y a beaucoup d’avantages. Le coût des intrants agricoles est très bas (pétrole, électricité) les sols sont de bonne qualité et les prix de vente des légumes sont très intéressants. Au Maroc, l’agriculture est plus difficile car les coûts de production sont plus élevés, le marché est très incertain et il y a de plus en plus de risques climatiques. Au Maroc il faut miser sur le tonnage pour faire face à tout cela.

Existe-t-il une main d’œuvre qualifié dans votre village avec une expérience dans le montage des serres et les cultures maraichères pour mener votre projet ?
Oui, la plupart des jeunes de mon village sont des ouvriers à Agadir. Deux autocars font des allers retours quotidiens à Agadir pour chercher la main d’œuvre chez nous à Aguelmous. Ils ont une bonne expérience dans la plasticulture. 

 
ALGERIE : LES LECONS DE L’AGRICULTURE MAROCAINE.
Djamel BELAID 02.03.2014

Relatant la rencontre à Paris entre les ministres Français et Algériens de l’Agriculture, dans le cadre du Salon International de l’Agriculture, Sophia Aït Kaci note dans El Watan de ce jour que Mr A. NOURI a été interpelé par le délégué général d’IPEMED, Jean-Louis Guigou sur le manque de coopération entre les pays du Maghreb, rappelant que le coût du « non-Maghreb » est estimé entre 3 et 9 milliards de dollars par an par la Banque mondiale. Il est vrai que nous avons tout à gagner sur le plan alimentaire d’une intégration agricole maghrébine. En matière agricole, nous avons à apprendre du Maroc.

SUCRE, 50% DES BESOINS ASSURES PAR LA BETTERAVE ET LA CANNE A SUCRE
Aussi étonnant que cela puisse paraître, comme à Cuba, la canne à sucre est cultivée au Maroc. Cette culture est ancienne puisque les archéologues ont retrouvé des traces d’anciens bassins à sucre datant du 16ème siècle. La betterave à sucre est également cultivée sur de larges périmètres irrigués. Ces deux cultures assurent, bon an mal an, 50 % de la demande intérieure en sucre. La compagnie Cosumar assure un suivi agronomique des agriculteurs. L’apparition des semences mono-germes, d’herbicides sélectifs et de machine de récolte permet une mécanisation de plus en plus poussée. Les bonnes années, les rendements n’ont rien à envier à ceux des planteurs européens. En Algérie, il faut rappeler que la culture de la betterave a été abandonnée dans les années 70. De ce fait, mis à part le sucre de dattes, nous sommes dépendants à 100% de l’étranger.
Vidéo : récolte mécanisée de betteraves http://youtu.be/cH52HwrP36w

FILIERE OLEAGINEUX, DEJA LES PREMIERES VARIETES DE COLZA

En matière de production d’huile, le Maroc se distingue par une production locale en provenance du colza et du tournesol. Cultures à peine testées en Algérie puis passées par la trappe. D’où une dépendance actuelle de 95% vis-à-vis de l’étranger.
Certes la production marocaine d’oléagineux connait des hauts et des bas en fonctions du soutien accordé par les pouvoirs publics aux producteurs. L’existence d’une production locale de colza a permis à l’INRA de Meknès de créer les premières variétés marocaines. La presse marocaine signale que « Le ministère de l'Agriculture et la Fédération interprofessionnelle des oléagineux ont signé un programme de développement de la filière locale qui prévoit de porter les surfaces de tournesol et de colza au Maroc de 44 000 à 127 000 hectares d’ici à 2020 ».
Lien : Développement des premières variétés de colza Maroc webagris.inra.org.ma/doc/awamia/125-12601.pdf
CEREALES, CAP SUR LE SEMIS DIRECT

En matière de conduite des céréales, le Maroc est un des pionniers du non labour avec semis direct. Le centre d’arido-culture de Settat a acquis des références qui prouvent que cette technique permet non seulement de stabiliser à la hausse les rendements mais également de préserver la fertilité des sols. Mieux, aidés par des experts en machinisme une entreprise marocaine (ATMAR) a entrepris la production locale de semoirs pour semis direct 3 fois moins chers que ceux importés d’Europe.
Vidéo : http://youtu.be/FqqJVdVL5Xw

IRRIGATION, LES PROGRES DU GOUTTE A GOUTTE

Mais c’est en matière d’irrigation et de gestion de l’eau que les progrès sont les plus grands. Lorsqu’il est question de canne à sucre, betterave ou maïs, il n’est pas rare de voir des parcelles irriguées au goutte à goutte. Dans les grands vergers d’agrumes et les serres, à l’eau d’irrigation sont ajoutés des engrais faisant des agriculteurs marocains des experts en matière de fertigation. C’est également le cas dans les oliveraies modernes. Au lieu de planter les arbres aux densités habituelles, les arbres sont rapprochés les uns des autres. L’apport d’eau et d’engrais à même la plante permet un développement adéquat des plants. La taille est mécanique et permet de garder un petit gabarit aux oliviers. La récolte peut être assurée mécaniquement et dans la trémie de la machine ce sont des milliers d’olives qui sont engrangées et ramenées à l’huilerie.
Video : parcelle de betterave irriguée par goutte à goutte http://youtu.be/6988P-dSVdk

UNE VULGARISATION DYNAMIQUE

Avec l’irrigation la vulgarisation est l’un des points forts de l’agriculture marocaine. Alors que sur le Net on ne trouve que peu de références agronomiques algériennes concernant les cultures en milieu sec ; il suffit de rajouter « Maroc » au moteur de recherche pour voir défiler plusieurs publications de très bonne facture. Chose extraordinaire, ces références agronomiques parfois de très grandes valeurs sont en libre accès. C’est par exemple le cas de la valorisation de l’orge en aviculture afin de remplacer le maïs importé. Or, le plus souvent sur les sites agronomiques algériens l’information est délivrée au compte goutte laissant agriculteurs et étudiants dans l’ignorance et obligeant à refaire ce qui a été déjà trouvé par des chercheurs.
Il n’est pas rare de voir des agriculteurs algériens prendre l’habitude de consulter directement des sites marocains. Tel cet agriculteur se lançant dans la culture des lentilles et affirmant s’appuyer sur des préconisations trouvées sur un site marocain.
Lien : Cours en ligne sur la reproduction ovine. www.ma.auf.org/ovirep/cours3/mort.htm
MAROC, PLUS D'AUTO-SUFFISANCE ALIMENTAIRE

Tout n’est pas rose en matière de développement agricole au Maroc. En témoigne la production de cannabis pas les petits paysans pauvres des zones de montagnes. Le développement de grosses exploitations au standard européen essentiellement tournées vers l’exploitation n’est pas une réponse aux besoins du développement local. Le chômage reste en effet élevé au Maroc. Il reste cependant que dans plusieurs domaines l’agriculture marocaine est plus avancée. L’expérience acquise par les agronomes, techniciens et agriculteurs marocains pourraient contribuer à gagner plusieurs années dans la course vers plus d’auto-suffisance alimentaire. En effet, leur expérience provient de conditions climatiques identiques au nôtres. Du côté tunisien nous aurions également des choses à prendre comme cette variété de sulla (fourrage) sélectionnée par les agronomes locaux ou l’expérience des groupes de développement agricole (GDA). En définitive, le développement agricole semble dépasser les frontières.

mardi 13 octobre 2015

ALGERIE: PRODUIRE DU SUCRE AU LIEU D'EN IMPORTER.

PRODUCTION DE SUCRE EN ALGERIE
Nous vous proposons un dossier de 60 pages sur la question du sucre en Algérie

ACTUALITE: Les décideurs algériens font une erreur en pensant qu'importer du sucre brut et le raffiner permet de résoudre définitivement la question de l'approvisionnement. Seule la production locale est à même d'assurer une sécurité alimentaire. D BELAID 13.10.2015

Algérie:le problème de monopole du sucre "sera réglé définitivement dans moins d’une année" (ministre). 

 APS lundi 12 octobre 2015 09:17

Le ministre du Commerce, Bakhti Belaib, a annoncé, dimanche à Oran, que "le problème de monopole du sucre sera réglé définitivement dans moins d’une année avec l’entrée en service de nouvelles raffineries" implantées dans diverses régions du pays.
Au cours d’une visite effectuée à la "Grande raffinerie oranaise de sucre", implantée dans la commune de Tafraoui, le ministre a assuré qu’il "n’y a pas de problème d’approvisionnement en sucre, ni même celui de la disponibilité de la matière première". Il existe, toutefois, a-t-il dit, "une situation de monopole de fait du marché. La loi ne le permet pas".
Pour remédier à cette situation, quatre raffineries de sucre sont en cours de réalisation à travers le pays, a annoncé le ministre, ajoutant que six autres investisseurs nationaux ont fait part de leur intention d’investir dans ce créneau.
"Après la réception de ces projets, il y aura un potentiel pour l’exportation vers l’Afrique et certains pays européens", a fait remarquer le ministre.
La "Grande raffinerie oranaise de sucre" que le ministre a visitée entrera en production dans moins d’une année, a-t-on expliqué. Cette raffinerie de sucre est un investissement privé appartenant au Groupe "Berrahal" qui prévoit de construire une autre raffinerie de sucre à Aïn Defla et possède d’autres investissements à Oran, Mostaganem et Mascara.
La raffinerie de Tafraoui, d’une capacité de 1.000 tonnes par jour, extensible à 2.000 tonnes par jour, sera réceptionnée en mars 2016. Elle devra employer quelque 410 personnes.
APS

lundi 12 octobre 2015

ALGERIE : PRODUIRE DE L'HUILE DE COLZA OU DE TOURNESOL SUR L'EXPLOITATION

ALGERIE : PRODUIRE DE L'HUILE DE COLZA OU DE TOURNESOL SUR L'EXPLOITATION
Djamel BELAID 12.10.2015
A plusieurs reprises nous avons exposé dans ces colonnes l'idée pour des producteurs algériens de colza ou de tournesol la possibilité de presser leur récolte sur leur exploitation. Il suffit pour cela d'une presse mobile achetée à plusieurs qui se déplacerait de ferme en ferme ou d'une presse personnelle. Ce schéma est décrit dans l'article et la vidéo qui suit. Certes, il ne s'agit pas là d'obtenir de l'huile pour mettre dans les réservoirs des tracteurs mais de produire de l'huile de table. Dans ce cas là, il faudrait que des groupements de producteurs réussissent à arracher aux pouvoirs publics les aides financières attribuées aux raffineries d'huile brute telle CEVITAL. Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la protection des marges des agriculteurs. Cette transformation peut concerner  également le blé tendre et le blé dur (les paysans pourraient moudre leur blé). Seule la constitution de groupements de producteurs assurant l'approvisionnement ou la collecte et la vente ainsi que dans cette exemple la transformation peut garantir des marges rémunératrices aux exploitations. D'autant plus que se dessinent à l'horizon la menace de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et donc la libre importation de blé par les minoteries et semouleries.  LIRE:

Pressage de graines de Tournesol, huile de ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=t10E_YNlK0o
3 juin 2014 - Ajouté par Ibrahima Diarra
Pressage de graines oléagineuses de Tournesol avec la presse continue VE 060 produite par Vero Energia ...

LA PRODUCTION D’HUILE CARBURANT EN CUMA : LA CO-CONSTRUCTION D’UN OUTIL ET DE SON TERRITOIRE 
Communication colloque SFER des 28 et 29 février 2008
PIERRE Geneviève Maître de conférences Département de géographie Université d’Angers UMR ESO 6590 –CARTA Angers genevieve.pierre@univ-angers.fr

Résumé :
Cette étude de cas portant sur la construction d’un objet de développement agricole, la presse à huile mobile départementale du Maine-et-Loire, en CUMA, s’inscrit au croisement de thématiques liées aux agro-carburants, à l’autonomie agricole, aux circuits courts. En quoi la structure coopérative CUMA, par son mode de fonctionnement, par les projets qu’elle met en œuvre, à forte dimension expérimentale et sans recherche de profit, permet-elle une co-production et co-construction d’un outil et inscrit-elle ses projets dans une logique territoriale très différente de la filière longue ? Le rôle des acteurs territorialisés est fondamental pour comprendre la coconstruction de l’outil, sa territorialité, voire sa territorialisation
Cette communication s’inscrit dans l’axe II (coopératives, développement et territoire) du colloque, bien qu’elle relève d’un contrat de recherche « économie sociale et solidaire et territoire », dans une définition prise au sens large1 (non capitaliste, non gérée par des fonds publics, dans des structures juridiques associatives ou coopératives ; Defourny & Monzon-Campos dir., 1992). Ce sujet se trouve à la confluence de plusieurs thématiques : le rôle des structures coopératives « CUMA2 » ( Draperi J.-F. & Touzard J.-M., 2003) dans les projets de développement local et de territoire, en lien également avec une réflexion sur l’économie sociale, les questions d’énergies nouvelles, des « agro-carburants », l’évolution des systèmes de production agricole et des pratiques culturales à travers la recherche d’autonomie alimentaire, de circuits courts, de relocalisation économique. La dimension territoriale est au cœur de la réflexion. Cette étude de cas, centrée sur la presse à huile mobile départementale du Maine-et-Loire, est une analyse de la construction territoriale d’un projet de développement agricole en CUMA et de ses temporalités. Dans ce projet, l’encadrement institutionnel agricole peut apparaître fort, du fait de l’intervention du réseau pré-construit « Chambre », et des réseaux associatifs et coopératifs : le réseau CUMA, à partir de la FD CUMA (fédération départementale). Parallèlement, le fonctionnement CUMA fait appel très fortement au réseau de ses acteurs locaux (les CUMA locales) et existe surtout par cette dynamique locale et les relations horizontales, d’acteurs à acteurs, de CUMA à CUMA, plus que sur la logique descendante ou hiérarchique. Le rapport acteurs/institutions est donc intéressant à observer, dans une dynamique de co-construction. Par nature, les projets agricoles s’inscrivent dans une assise – si ce n’est une réflexion – territoriale forte : le sol, la terre, ne sont pas délocalisables même si l’agriculture a eu tendance à se « dé-territorialiser ». Les systèmes de production, les bassins de production définissent une emprise spatiale forte et sont des données à temporalités d’évolution assez lente, notamment lorsqu’il est question d’élevage herbager. Cependant, ce projet local de production de biocarburant procède d’une dynamique de groupe visant à l’autonomie agricole, alimentaire et énergétique, par un

I) Contexte et méthodes : l’importance des CUMA dans les projets agro-territoriaux innovants
A) Le contexte
L’étude de cas de la mise en place de la presse à huile départementale en CUMA du Maineet-Loire doit être replacée dans le contexte géographique plus large de l’ouest de la France et de la France en général, à partir des outils de production d’huile végétale pure en CUMA et de la production de la matière première : le colza. Certes, les CUMA n’ont pas le monopole de l’utilisation des presses à huile par les agriculteurs. Notre enquête s’est limitée au réseau CUMA parce que c’est un exemple de filière courte organisée en réseau, récente, dont l’information est relativement accessible (sources FD CUMA, FR CUMA et FN CUMA) ; il n’existe pas de recensement des presses à huile végétale pure « hors CUMA ». Parallèlement, cela montre l’importance des CUMA dans l’émergence de projets de développement agricole et de territoire innovants.

L’outil permet la production d’huile végétale pure qui, mélangée au diesel à 30 % maximum (et sur des moteurs relativement anciens), sert de carburant d’appoint pour les tracteurs et peut êtrre égalemetn utilisée dans des chaudières pour le chauffage. La presse à huile départementale du Maine-et-Loire est un outil « semi mobile3 », sillonnant le département. Elle produit de l’huile et du tourteau pour l’alimentation du bétail : seuls les adhérents (agriculteurs, collectivités locales) peuvent utiliser l’huile en carburant ou produire le tourteau pour la consommation animale. L’utilisation de l’outil concerne 73 adhérents (source FD CUMA , février 2007). La première saison, 2005/2006, a été essentiellement expérimentale. L’année 2006/2007 est la première année de pleine activité de la machine. La presse à huile départementale du Maine-et-Loire est la première grosse presse mise en place en CUMA départementale dans l’ouest, devant répondre à une forte exigence de qualité et à une certaine dimension productive. Sa capacité prévisionnelle de production est de 270 000 litres, pour une capacité technique de 350 000 litres par an. On peut produire 1000 à 1200 litres par jour, pour une année moyenne de 300 jours de production par an. Sa mise en place, à partir de fin 2005, correspond à une volonté de substituer au fuel cher une énergie meilleur marché et occasionnant moins de dépendance, au moment où les prix des matières premières agricoles (colza, tournesol), sont encore assez bas. Cette presse a été innovante par sa capacité de production et son débit à l’heure, par le plateau sur lequel elle est installée, permettant sa semi-mobilité, et par son système de filtration. Le tourteau fermier produit est jugé de très bonne qualité, peu gras. Il existe une liste d’attente de 20 agriculteurs pour utiliser la machine. Depuis, d’autres presses à huile ont été acquises dans l’ouest, mais peu ont une capacité supérieure à celle du Maine-et-Loire : la presse à huile semi-mobile du Calvados, plus récente, a une capacité technique équivalente. Depuis février 2007, une presse fixe de forte capacité est installée dans les Côtes d’Armor, dans une CUMA « locale » ; son objectif est de produire 500 000 litres à terme. Dans la très grande majorité des cas, les presses à huile des CUMA de l’ouest sont de petites presses mobiles (de 50 à 100 kg/heures de capacité), transportables en remorque tractée par une voiture ou une camionnette (Morbihan, Mayenne, Loire-Atlantique) voire, pour les plus anciennes, dans un coffre de voiture.

B) L’importance du réseau, des structures CUMA, dans la co-construction de l’objet et de son territoire

Le réseau CUMA représente avant tout une structure coopérative fédérative, engagée dans une dynamique de co-production d’un outil de développement (Guigou, 1998) entre structures et structures/acteurs, et une dynamique de co-construction, qui nécessite une réciprocité entre acteurs (Di Méo, 1996). La CUMA inscrit ses réseaux dans des structures territoriales à différents niveaux d’échelle, dans un fonctionnement non hiérarchique : la CUMA (souvent communale ou « péricommunale, parfois en « Intercuma »), la FD CUMA (structure de conseil et d’encadrement technique, administratif, juridique), elle-même organisée en FR CUMA (l’intercuma de l’ouest fédère les CUMA départementales de trois régions, Bretagne, Basse-Normandie, Pays de Loire, sans relation hiérarchique, plutôt une mutualisation de conseil technique) et FN CUMA. Dans ce cas, le territoire des CUMA répond à l’organisation d’un réseau d’acteurs et de CUMA issus d’un même système coopératif, ou s’y fédérant, et organisés à un échelon départemental (cadre juridique, institutionnel, de fonctionnement). Ce projet en Maine-et-Loire associe des territoires et des structures, dont le périmètre d’action correspond à des échelles différentes : les CUMA locales, la FD CUMA par l’intermédiaire de la CUMA « Innov-Expé », qui établit un réseau particulier d’adhérents utilisateurs inclus dans la FD CUMA mais ne s’y superposant pas exactement, le pays du Layon (pays « Voynet » de la LOADDT de 19994) et la Chambre d’agriculture du Maine-etLoire, voire le conseil général, qui a proposé un financement au titre de l’environnement et des bioénergies. Cela permet d’envisager comment le réseau de structures partenaires s’articule aux acteurs dans la co-production et co-construction d’un outil de développement agricole et son territoire d’action. Si la Chambre a été très vite partenaire de cette expérimentation en Maine-etLoire, dans d’autres départements, la mobilisation des acteurs s’est plutôt faite par le réseau Civam, en lien avec les FD CUMA (Mayenne, voire Loire Atlantique pour une CUMA fixe). Cela montre aussi la capacité des structures FD CUMA à fonctionner dans des réseaux agricoles et structures différents (le réseau des agriculteurs bio, Morbihan, Mayenne, le réseau Civam (Mayenne, Loire Atlantique…) tout en maintenant des contacts plus ou moins étroits avec la Chambre d’agriculture. Des CUMA départementales d’innovation ont été créées, souvent à partir des années 1990 dans l’ouest, pour abriter des outils d’expérimentation, correspondant à des pratiques agricoles ou agro territoriales nouvelles. Cela met en avant la capacité des CUMA à porter des projets de valorisation agricole et énergétique. Dans l’ouest de la France (source FR CUMA), deux types de valorisations énergétiques ont été privilégiées: il s’agit du bois-énergie et de la production d’huile végétale pure (Godin M., 2005). Sur les 12 départements qui constituent l’Intercuma de l’ouest, 11 ont intégré l’outil presse à huile au sein de la CUMA départementale d’innovation et d’expérimentation en matériel. Peu de presses à huile ont été acquises en CUMA locales et, dans l’ouest, il s’agit d’acquisitions récentes, en 2006 et 2007 : deux CUMA locales dans l’Orne (2006), un exemple en Loire Atlantique (2007), un exemple en Côte d’Armor (2007). Dans le Maine-et-Loire, cet outil est accueilli dans la CUMA départementale « innovexpé ». Cette CUMA, née en 1996, réunit au départ 4 adhérents pour un projet de compostage des fumiers avec mélange de déchets verts : la FD CUMA, la Chambre d’agriculture, la ferme expérimentale départementale des Trinottières et l’association Gab’Anjou. Au début des années 2000, on connaît une forte demande de matériel pour l’implantation de haies bocagères : « dérouleuse de plastique ». En 2002, la CUMA départementale de compostage s’intéresse à la déchiqueteuse à bois, en vue d’une valorisation en bois-chaudière, par un partenariat entre la FD CUMA, la chambre départementale d’agriculture du Maine-et-Loire et l’association Mission bocage (Mauges). Puis, en 2005/2006, on passe au projet expérimental de presse à huile. Cet outil s’inscrit dans un contexte d’inquiétude face à l’évolution des prix des carburants classiques. C’est un projet de développement agricole au sein du département, en circuit court, dans lequel on n’attend pas de valorisation économique extérieure mais juste « gérer ses coûts de production autrement » ; la question de l’autonomie agricole a été évoquée dans la plupart des cas. Toutefois, ce n’est pas la FD CUMA, ni la CUMA départementale « innov-expé » qui a été à l’origine du projet de presse à huile. Aux dires de tous les acteurs enquêtés, ce projet est vraiment né de la base, de quelques acteurs et agriculteurs du Layon engagés dans une réflexion locale sur l’autonomie agricole. Cependant, sans démarche collective, le projet n’aurait sans doute pas abouti et la perspective de partager les risques, les responsabilités et le travail sur un nouvel outil ont compté beaucoup dans la réalisation concrète du projet, selon les acteurs enquêtés. L’accueil en CUMA s’est imposé naturellement, à la fois parce qu’elle est la structure compétente pour la réflexion sur le machinisme, la structure la plus à même, par sa nature coopérative, de prendre en charge un outil expérimental et donc « aux résultats incertains « , et qu’elle a les moyens, par son réseau, de mobiliser rapidement les agriculteurs. Nous sommes bien dans le cas d’une mutualisation de moyens et de ressources, de bénéfice collectif pour les adhérents, sans recherche de plus value à tout prix, caractéristique d’une démarche CUMA et relative également à l’« économie sociale ».
(…) Voir la suite en ligne sur le site de la SFER.
Notes
1 Le projet ESSTER s’inscrit dans l’appel à propositions pour l’innovation sociale et le développement en économie sociale de la DIIESES Pays de Loire, axe 3, 2007 : « mieux comprendre les dynamiques territoriales de l’ESS », Bertille Thareau, Valérie Billaudeau, Emmanuel Bioteau, Sébastien Fleuret, Isabelle Leroux, Geneviève Pierre, Laurent Pujol.
2 CUMA : coopérative d’utilisation du matériel agricole fonctionnement en circuit local. La CUMA permet cette démarche expérimentale, hors de la filière classique de valorisation du colza en grande culture et des circuits industriels de biocarburants. Cet outil est, dans l’ouest de la France, porté par des éleveurs qui cherchent à rendre leurs exploitations plus autonomes, à moindre coût énergétique. En quoi n’est-il pas indifférent, pour comprendre les formes de construction de l’outil et de son territoire, qu’il procède d’une démarche de groupe, expérimentale, en CUMA ? Le mode de construction du projet, son territoire d’action, le réseau des utilisateurs, permettent de mettre en évidence la logique de co-construction, à travers le rôle des acteurs territorialisés.
3 Mobilité réduite à 6 lieux principaux de stationnement de la machine.

samedi 3 octobre 2015

AUTOSUFFISANCE EN BLE DUR : LES INCOHERENCES DE L’OAIC

AUTOSUFFISANCE EN BLE DUR : LES INCOHERENCES DE L’OAIC
Djamel BELAID 3.10. 2015
djam.bel@voila.fr
Le DG de l’Office algérien interprofessionnel des céréales a déclaré courant août 2015 à la presse nationale que « l’autosuffisance en blé dur est tributaire de la superficie irriguée». Certes, l’irrigation est un facteur décisif de rendement dans les conditions semi-arides de notre agriculture. Nous ne doutons pas de la bonne volonté du DG, cependant, son raisonnement reste partiel. Il existe d’autres facteurs essentiels à l’augmentation des rendements.

IRRIGATION, COURRIR APRES LES MIRACLES
En privilégiant l’irrigation le DG de l’OAIC met au second plan le semis direct. Or, que ce soit aux Maroc, en Tunisie ou en Algérie, des essais mais aussi la pratique de grandes exploitations céréalières montrent que :
-seul le semis direct sans labour, en année sèche, est en mesure de permettre un rendement correct (il faut savoir qu’en année sèche les fellahs n’arrivent même pas à rembourser les crédits Rfig),
-seul le semis direct en écartant l’opération longue et couteuse du labour permet de réduire les coûts de mécanisation (il faut savoir que la céréaliculture n’est rémunératrice que parce que les pouvoirs publics achètent au fellah le blé 40% au dessus du prix mondial),
-seul le semis direct permet d’emblaver de grandes surfaces de céréales en respectant les dates de semis optimales. Il faut savoir qu’en Algérie les semis se prolongent jusqu'en décembre alors qu’ils devraient être terminés un mois plus tôt.
Puis, toutes les surfaces céréalières ne pourront pas être irriguées. Il faut pouvoir proposer des améliorations techniques à l'ensemble du million de familles vivant de l'agriculture. En ignorant cela, l’OAIC rend un mauvais service à la production des céréales en Algérie. Le combat de Mr Belabdi devrait être que le maximum de surfaces soient irriguées et que des semoirs pour semis direct made in DZ voient le plus vite le jour.

DONNER AU FELLAH UNE CANNE A PECHE
Tout un chacun connait le principe : il faut mieux donner à quelqu’un qui a faim une canne à pêche qu’un poisson. Ce principe est à appliquer en zone céréalière. C’est aux CCLS de se préoccuper des nouvelles techniques pouvant permettre de produire plus et moins cher dans leur zone.
Pour adapter une gestion efficace, ce n’est pas à la tutelle, à partir d’Alger, de décider de la façon dont le fellah doit cultiver à l'intérieur du pays. C’est au fellah réunit au sein d’un conseil d’administration de sa coopérative de demander aux techniciens céréaliers embauchés par ladite coopérative de leur indiquer les meilleurs itinéraires techniques correspondant à leur zone de culture. C’est ainsi que fonctionnent les coopératives céréalières à travers le monde. Que ce soit en France (où nous avons vu de nos propres yeux ce fonctionnement), en Nouvelle-Zélande ou en Australie. Il n’y a qu’en Algérie que nous faisons autrement. Et chacun connait le résultat : des importations croissantes de céréales.

PRODUCTION DE CEREALES, IRRIGATION MAIS AUSSI NEURONES
Nous n’appelons pas ici au démantèlement de l’OAIC. D’autres s’en chargent en appelant à l’adhésion de l’Algérie à l’OMC. Une partie de la céréaliculture marocaine à été ruinée suite à telle adhésion. Les écrits en ligne des agro-économistes Jean-Louis Rastoin et El Hassan Benabderrazik de l’IPEMED* en témoignent. Nous conseillons à chacun de lire leur analyse des filières céréales et oléagineux au Maghreb.
La question est autre. Il s’agit de faire évoluer le statut des CCLS pour en faire de réelles coopératives. Actuellement ce ne sont que des dépôts et silos d’un office : l’OAIC. Parler à leur propos de « coopérative » c’est dévoyer le sens de ce terme. C’est tromper les paysans algériens sur ce que peut être une vraie coopérative. Nous conseillons aux décideurs du MADR et de l'OAIC d'aller visiter les coopératives céréalières françaises à qui nous achetons le blé de leurs coopérateurs. Ont-ils déjà mis les pieds dans de telles coopératives?
Arriver à de réelles coopératives céréalières en Algérie n’est pas chose aisé pour un produit si peu banal que le blé. C’est qu’en Algérie, « le blé et donc le pain est un plat ». Aussi, c’est aux intervenants de la filière céréales de se pencher sur la question afin de trouver les solutions les mieux adaptées à nos conditions, aux conditions de l’heure et aux conditions du plus grand nombre : agriculteurs comme consommateurs.

OAIC, COMME A SONELGAZ?
On le voit, l’irrigation n’est qu’un paramètre de l’équation. Il est navrant de constater que la direction de l’OAIC n’ait qu’une vue partielle de la question. Certes, l’OAIC est un office sous tutelle et on ne peut accabler son DG qui par ailleurs peut se taguer d'un beau bilan et ne ménage pas ses efforts. Comme on ne peut accabler Mr Bouterfa DG de Sonelgaz qui croule sous les dettes et dont la tutelle interdit toute augmentation de tarifs.

Le réveil sera brutal. Autant se réveiller le plus tôt possible et en douceur…

Notes:
(*)  http://www.ipemed.coop/adminIpemed/media/fich_article/1404979543_IPEMED%20-%20C%C3%A9r%C3%A9ales%20et%20ol%C3%A9oprot%C3%A9agineux%20au%20Maghreb.pdf