CEREALIERS
DZ, SEMEZ EN SEC!
djamel.belaid@ac-amiens.fr
21.09.2016
L'an
passé, à l'est du pays, la sécheresse automnale était telle que
les semis de céréales ont été livrés très tôt aux moutons.
Désespérés de ne pas voir de pluies, dès le début de
l'hiver, des céréaliers avaient préférés que leurs parcelles de
céréales, prématurément jaunies, servent de fourrage. Afin que ce
scénario ne se renouvelle pas, les céréaliers ont une
alternative : ne pas attendre la pluie et semer en sec.
SEMER
EN SEC, MAIS PAR SEMIS DIRECT
S'il
est proposé aux céréaliers de semer en sec, cette invitation se
double du conseil suivant : semer en sec mais en adoptant le
semis direct.
Pourquoi
un tel conseil ? Car le labour ou le pseudo-labour au cover-crop
assèche le sol et ne crée pas de conditions optimales à la
germination des semences. L'expert marocain en semis direct, Rachid
M'Rabet a montré qu'après un labour le sol est rapidement desséché.
Or, ce n'est pas le cas en non-labour avec semis direct.
Par ailleurs, attendre la pluie pour semer conduit à des semis qui s'étalent jusqu'au mois de décembre. Cela EST UNE ABERRATION en zone semi-aride. Les semis doivent être terminés au 20 novembre. Différentes études algériennes et marocaines montrent l'intérêt des semis précoces.
Source: Symposium international «Agriculture durable en région Méditerranéenne (AGDUMED)», Rabat, Maroc, 14-16 mai 2009. Jouve: Stratégies de valorisation de l’eau dans les systèmes de culture pluvial. Nb: Dans le cas du blé, l'absence de désherbage est la cause du moindre rendement en semis précoce.
Source: Symposium international «Agriculture durable en région Méditerranéenne (AGDUMED)», Rabat, Maroc, 14-16 mai 2009. Jouve: Stratégies de valorisation de l’eau dans les systèmes de culture pluvial. Nb: Dans le cas du blé, l'absence de désherbage est la cause du moindre rendement en semis précoce.
QUEL
MATERIEL POUR LE SEMIS-DIRECT ?
Pour
pouvoir utiliser le semis direct, il est nécessaire de disposer d'un
semoir pour semis direct (SD). De plus en plus des semoirs pour semis
direct sont disponibles sur le marché local. Mais ces engins sont chers;
jusqu'à trois fois le prix d'un semoir conventionnel. Heureusement
depuis peu, CMA-SOLA a commencé à produire à Sidi Bel-Abbés le
semoir low-cost « Boudour ».
Les
experts australiens basés de 2006 à 2012 à la station Icarda
d'Alep (Syrie) ont montré que des artisans soudeurs locaux sont en
mesure de fabriquer de tels engins. A Mezloug (Sétif), Mr Refoufi et
ses fils ont démarré la production de semoirs pour semis direct. Il
est à espérer que plus de constructeurs locaux apparaissent.
RECONVERTIR
UN SEMOIR CONVENTIONNEL EN SEMOIR SD
En
Irak, face à l'absence de constructeurs locaux, une autre voie a été
choisie; la reconversion de semoirs conventionnels en
semoirs SD.
A
condition de posséder un minimum de savoir faire et de pièces
détachées, ce type de reconversion est à la portée d'artisans
soudeurs, voire d'agriculteurs possédant d'un atelier de soudure.
Le
mode opératoire est simple. Sur un chassis, il s'agit de fixer des
dents en acier et une trémie de semoir. Les dents travaillent le sol
sur quelques centimètres. Le fait de fixer une tubulure de descente
derrière chaque dent permet de positionner les graines en provenance
de la trémie. L'idéal est de partager la trémie en deux afin qu'en
plus des semences, des engrais soient également apportés.
DES
AUTORITES ALGERIENNES DEPASSEES TECHNIQUEMENT
Face
aux risques de sécheresse automnales ou printannières, les
céréaliers n'ont plus qu'une alternative: passer au SD. Les
avantages sont multiples. Ces semoirs permettent de mieux valoriser
l'humidité du sol. En rendant le labour inutile, ils évitent le
desséchement du sol. Mais surtout en plaçant la semence dans un
sillon, ils permettent, dès l'automne, la collecte des eaux et donc
la réussite de la délicate phase de germination-levée.
« Cerise
sur le gâteau », du fait d'un seul passage pour « travailler
le sol » et semer, ces engins réduisent de 40% les coûts en
carburants et main d'oeuvre.
Si
les autorités algériennes commencent à s'intéresser à cette
technique révolutionnaire, la mobilisation des services agricoles
est nettement insuffisante. Or, face aux défis du réchauffement
climatique qui frappe le pays et en particulier l'Ouest, il y a urgence à passer au SD.
CEREALIERS,
ESSAYER LE SD SUR UNE PARTIE DE VOTRE EXPLOITATION
Il
est recommandé aux céréaliers ne connaissant pas le SD de réaliser
un essai sur une partie de leur exploitation. Pour cela, ils peuvent
emprunter le semoir d'un voisin, passer par une entreprise de travaux
agricoles ou une CCLS qui dispose de tels engins. Enfin, reste la
solution de modifier son semoir conventionnel.
L'enjeu
est primordial. Divers essais montrent que là où on ne récolte que
2 qx/ha en cas de sécheresse, avec le SD les parcelles voisines
produisent 10 qx/ha. Le SD nécessite cependant de procéder à un
désherbage chimique et donc une certaine maitrise technique.
La
balle est dorénavant dans le camp des pouvoirs publics. A eux
d'organiser les conditions favorables au développement de ce mode de
semis « anti-sécheresse ». Mais, les céréaliers se
doivent d'innover et de maîtriser cette technique sans attendre
l'aide hypothétique des services agricoles parfois dépassés.