vendredi 30 septembre 2016

CEREALIERS DZ, SEMEZ EN SEC!

CEREALIERS DZ, SEMEZ EN SEC!

L'an passé, à l'est du pays, la sécheresse automnale était telle que les semis de céréales ont été livrés très tôt aux moutons. Désespérés de ne pas voir de pluies, dès le début de l'hiver, des céréaliers avaient préférés que leurs parcelles de céréales, prématurément jaunies, servent de fourrage. Afin que ce scénario ne se renouvelle pas, les céréaliers ont une alternative : ne pas attendre la pluie et semer en sec.

SEMER EN SEC, MAIS PAR SEMIS DIRECT
S'il est proposé aux céréaliers de semer en sec, cette invitation se double du conseil suivant : semer en sec mais en adoptant le semis direct.
Pourquoi un tel conseil ? Car le labour ou le pseudo-labour au cover-crop assèche le sol et ne crée pas de conditions optimales à la germination des semences. L'expert marocain en semis direct, Rachid M'Rabet a montré qu'après un labour le sol est rapidement desséché. Or, ce n'est pas le cas en non-labour avec semis direct.
Par ailleurs, attendre la pluie pour semer conduit à des semis qui s'étalent jusqu'au mois de décembre. Cela EST UNE ABERRATION en zone semi-aride. Les semis doivent être terminés au 20 novembre. Différentes études algériennes et marocaines montrent l'intérêt des semis précoces.

Source: Symposium international «Agriculture durable en région Méditerranéenne (AGDUMED)», Rabat, Maroc, 14-16 mai 2009. Jouve: Stratégies de valorisation de l’eau dans les systèmes de culture pluvial. Nb: Dans le cas du blé, l'absence de désherbage est la cause du moindre rendement en semis précoce.
QUEL MATERIEL POUR LE SEMIS-DIRECT ?
Pour pouvoir utiliser le semis direct, il est nécessaire de disposer d'un semoir pour semis direct (SD). De plus en plus des semoirs pour semis direct sont disponibles sur le marché local. Mais ces engins sont chers; jusqu'à trois fois le prix d'un semoir conventionnel. Heureusement depuis peu, CMA-SOLA a commencé à produire à Sidi Bel-Abbés le semoir low-cost « Boudour ».

Les experts australiens basés de 2006 à 2012 à la station Icarda d'Alep (Syrie) ont montré que des artisans soudeurs locaux sont en mesure de fabriquer de tels engins. A Mezloug (Sétif), Mr Refoufi et ses fils ont démarré la production de semoirs pour semis direct. Il est à espérer que plus de constructeurs locaux apparaissent.

RECONVERTIR UN SEMOIR CONVENTIONNEL EN SEMOIR SD
En Irak, face à l'absence de constructeurs locaux, une autre voie a été choisie; la reconversion de semoirs conventionnels en semoirs SD.
A condition de posséder un minimum de savoir faire et de pièces détachées, ce type de reconversion est à la portée d'artisans soudeurs, voire d'agriculteurs possédant d'un atelier de soudure.

Le mode opératoire est simple. Sur un chassis, il s'agit de fixer des dents en acier et une trémie de semoir. Les dents travaillent le sol sur quelques centimètres. Le fait de fixer une tubulure de descente derrière chaque dent permet de positionner les graines en provenance de la trémie. L'idéal est de partager la trémie en deux afin qu'en plus des semences, des engrais soient également apportés.

DES AUTORITES ALGERIENNES DEPASSEES TECHNIQUEMENT
Face aux risques de sécheresse automnales ou printannières, les céréaliers n'ont plus qu'une alternative: passer au SD. Les avantages sont multiples. Ces semoirs permettent de mieux valoriser l'humidité du sol. En rendant le labour inutile, ils évitent le desséchement du sol. Mais surtout en plaçant la semence dans un sillon, ils permettent, dès l'automne, la collecte des eaux et donc la réussite de la délicate phase de germination-levée.
« Cerise sur le gâteau », du fait d'un seul passage pour « travailler le sol » et semer, ces engins réduisent de 40% les coûts en carburants et main d'oeuvre.
Si les autorités algériennes commencent à s'intéresser à cette technique révolutionnaire, la mobilisation des services agricoles est nettement insuffisante. Or, face aux défis du réchauffement climatique qui frappe le pays et en particulier l'Ouest, il y a urgence à passer au SD.


CEREALIERS, ESSAYER LE SD SUR UNE PARTIE DE VOTRE EXPLOITATION
Il est recommandé aux céréaliers ne connaissant pas le SD de réaliser un essai sur une partie de leur exploitation. Pour cela, ils peuvent emprunter le semoir d'un voisin, passer par une entreprise de travaux agricoles ou une CCLS qui dispose de tels engins. Enfin, reste la solution de modifier son semoir conventionnel.
L'enjeu est primordial. Divers essais montrent que là où on ne récolte que 2 qx/ha en cas de sécheresse, avec le SD les parcelles voisines produisent 10 qx/ha. Le SD nécessite cependant de procéder à un désherbage chimique et donc une certaine maitrise technique.

La balle est dorénavant dans le camp des pouvoirs publics. A eux d'organiser les conditions favorables au développement de ce mode de semis « anti-sécheresse ». Mais, les céréaliers se doivent d'innover et de maîtriser cette technique sans attendre l'aide hypothétique des services agricoles parfois dépassés.